« Tu es un Stupido! tu le sais ? » Quiero l’observait avec ses deux oreilles pointées vers son cavalier. Visiblement peu stressé, par ce qu'Esteban racontait, le cheval étira son encolure avant de se mettre à bâiller tandis que son cavalier ramassait le reste de la clôture qu’il avait tout bonnement défoncé pour rejoindre une des juments en chaleurs. Il était trop tard pour l’enlever maintenant, et de toute façon s’il les séparait, il était certain qu’il recaserait les clôtures pour partir retrouver la jument… Esteban avait donc abandonné l’idée de changer ce qui devait l’être pour juste réparer la clôture qui entourait le pré dans lequel se trouvait Quiero et une très jolie jument pur-sang de robe sabino qui répondait au nom de Furiosa. Cela lui allait d’ailleurs assez bien, la jument avait du tempérament, mais Esteban avait appris à la comprendre et ça se passait plutôt assez bien, après des premiers jours compliqués. S’occuper des chevaux ne le dérangeait pas, il aimait ça depuis qu’il était gamin et avait toujours espéré posséder une propriété qui lui permettrait d’élever des chevaux espagnols. Ici, il touchait un peu son rêve des doigts, même si tout appartenait à Esperanza.

D’ailleurs, en parlant de celle-ci, il n’arrivait pas à la sortir de sa tête. Il lui tardait de la retrouver pour reprendre là où ils s’étaient arrêtés ce matin-là dans la salle de bain. Une fois de plus, ils avaient joué de malchance et la réalité les avait rattrapés après que le portable d’Esteban destiné aux pompiers ne retentisse dans la pièce d’à côté. Il avait donc dû l’abandonner une énième fois, la gratifiant au passage d’un « mais ce n’est pas possible , en plus d'une propriétaire très très exigeante, le destin s'en mêle» avant de sauter dans ses affaires propre, encore mouillé, pour ne pas arriver en retard à la caserne. Ce n’était que partie remise, mais ça commençait à devenir un peu trop récurrent à son goût, ce qui augmentait pas mal sa frustration.

« Deux secondes Quiero. » Son cheval était une calamité, il ne comprenait même pas son prénom et passait son temps à jouer avec des nerfs, comme à ce moment précis quand il essayait de retirer son pied des mains du brun qui essayait tant bien que mal de lui soigner la plaie qui s’était faite au paturon après avoir détruit la clôture. Il siffla, ce qui eut pour effet de calmer l’étalon pendant quelques secondes… Esteban n’avait jamais compris pourquoi cela fonctionnait, mais il s’en accommodait très bien et laissa filer l’étalon noir en direction de sa douce dès qu’il eut terminé de passer une pommade cicatrisante sur la plaie.

Il lui fallut deux bonnes heures pour refaire les clôtures sous un soleil de plomb. Il aurait pu s’arrêter là, mais comme il y était et que la haie ne ressemblait plus à rien, il dégaina la tronçonneuse et s’occupa de donner une seconde vie à la haie. Cela faisait quelques jours qu’Esperanza lui demandait, mais jusqu’à aujourd’hui, il n’avait pas eu le temps de si coller. Il lui fallut encore deux bonnes heures de plus pour venir à bout de la haie qui affichait désormais une mine des premiers jours. Esteban quant à lui était ko, il avait mal aux épaules, aux genoux et une ampoule venait d’éclater sur son annulaire gauche. Super… C’était décidé, demain, il ne s’occupait de rien à part peut-être d’Esperanza, qu’il avait délaissé ces derniers jours, mais pas volontairement.  

Quand il rentra dans la maison, il était assoiffé et se dirigea directement vers la cuisine pour prendre un verre d’eau glacée. Il n’eut même pas le temps de s’approcher du frigo que la voix de la brune retentit dans la cuisine. « Mon portable ? » Il sortit le téléphone de sa poche, mais ce dernier était celui des pompiers, pas son perso qu’il avait oublié dans la chambre. « Il doit être là,  où  tu as abandonné mon jean hier.. » Dit-il sans se rendre compte de ce qu’il se passait, ni qui la tutoyait pour la première fois. « De l’eau ? Bha oui j’ai soif, il fait une cagnasse dehors… » Ah la la les femmes, jamais contente. Puis tout doucement, son cerveau se met à analyser ce qu’elle a lui à dit et ça fait tilt. « MERDE ! » Celle-ci, il ne s’y était pas attendu et se précipite vers Esperanza qu’une nouvelle contraction fait hurler de douleur… Elle accouchait, elle allait accouché, il avait encore du mal à accepter la situation, mais il avait franchement pas le temps d'y réfléchir, il devait agir. « Esperanza, regarde moi. Il faut que tu te calmes ! » C’est peut-être pas la meilleure des choses à dire, mais pour le moment ça lui semblait la chose la plus logique à faire. « Il faut que j’appelle les pompiers. » Vu la douleur des contractions, il était impensable qui la transporte. Il ne lui fallut que quelques secondes pour appeler ses collègues. Le seul problème entre la caserne et la maison d’Esperanza il y avait une trotte… Il se rappela alors que lui aussi été pompier et qu’il avait été entraîné à gérer ce genre d’événements. Malgré le stress et l’inquiétude, Esteban reprit contenance pour faire ce pour quoi on l'avait formé. « Esperanza, tes contractions ! Elles sont espacées de combien ? » Elle n’eut pas le temps de lui répondre qu’une nouvelle contraction la fit se tordre une nouvelle fois de douleur. Bordel, elles étaient hyper rapprochées. Il détestait la voir comme ça, mais il ne pouvait rien faire, pas pour la douleur en tout cas. « Mais attend, t’es comme ça depuis combien de temps ? » Après tout, il venait juste d’arriver, mais cela ne voulait pas dire que cela venait juste de commencer pour elle…


@Esperanza Montero

C’était le genre de situations où personne n’aimerait se retrouver, même lui. Pourtant, maintenant qu’il y était, il ne pouvait pas faire volte-face, encore moins avec Esperanza. La première chose à faire et qui était sans doute la plus compliqué, c’était de la rassurer, parce qu’il était clair que rien n’allait se passer comme elle l’avait prévu. « Que 20 Minutes ? » Le plus souvent un premier accouchement prenait du temps, mais chez certaine femme les règles habituelles ne s’appliquaient pas et visiblement Esperanza faisait partie de ce groupe-là. « Tu me les auras vraiment toute faites » dit-il avec tendresse en caressant la joue de la future maman pour essayer de la rassurer. Ce n’était pas facile, mais il n’y avait pas beaucoup de solution, vu la situation. Autant être clair avec elle, ce n’était pas le moment de passer par quatre chemins. « Non, y a pas de chance qu’ils arrivent à temps et je peux pas te conduire dans cet état à l’hopital, ça serait prendre le risque de te faire accoucher sur la plage arrière de la range rover. » Ce qui n’était pas la meilleure idée du siècle pour la belle et son bébé à venir. « Va falloir qu’on se débrouille jusqu’à qu’ils arrivent. » Ce qui signifiait, qu’il allait devoir assurer et qu’il n’avait pas le droit à l’erreur. « J’ai déjà fais des accouchements, ça va bien se passer. » Il préféra éviter de lui dire, que la plupart du temps, il assistait un de ses collègues, mais ce n’était pas le plus important. Il connaissait les gestes à faire et les manipulations basiques. La seule chose qu’il espérait, c’était que l’accouchement se passe bien et que le bébé se présente par la tête et non par le siège, ce qui pourrait franchement compliquer la manipulation et la douleur…

« On va commencer par de sortir de là, parce que franchement, la cuisine ce n’est pas le meilleur endroit pour donner la vie à ton fils. » Ils en avaient parler, pas énormément, mais assez pour qu’il sache qu’elle attendait un garçon. D’un côté, même si elle ne lui avait rien dit, il aurait pu s’en douter parce qu’il avait pas mal bossé sur les peintures de la chambre… qui étaient plutôt orienté petit garçon que petite fille. « Accroche toi. » Il la souleva avec tendresse et l’amena sur son lit pour qu’elle soit plus à l’aise. « Je vais chercher des serviettes et ce qui faut… » Il partit en direction de la salle de bain pour prendre des serviettes, des pinces, un ciseau qu’il désinfecta, ainsi qu’une couverture de survie qu’il trouva dans sa chambre. Il revint quelques minutes plus tard et se laissa glisser à côté d’elle. « Bon, Esperanza, va falloir que je regarde entre tes jambes… » Et pas comme il avait fait les jours précédents, non là, ses paroles avaient un tout autre sens…. « Aiiiee, mais t’es pas obligé de me broyer la main ! » ne put-il s’empêcher de dire alors qu’elle lui serrait comme dans un étau, prise d’une énième contraction. « J’y suis pour rien moi ! »



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« J’adore quand tu me dis ça. » dit-il d’une voix amusée pour détendre l’atmosphère et essayer de la détendre par la même occasion. Il sait que plus elle va s’inquiéter, plus elle va se tendre et plus cela risque d’être compliqué, mais il sait aussi qu’une femme qui accouche ne peut pas être totalement détendu. C’est tout simplement impossible, mais le simple qu’elle lui fasse confiance, c’est déjà un bel avantage et ça devrait leur faciliter les choses.« C’est vrai que c’est un plan de travail très intéressant… » Esteban se souvient très bien du petit moment qu’ils ont passé sur celui-ci, ce qui n’était pas la meilleure idée du siècle, vu l’état dans lequel se retrouvait Esperanza. Elle n’aurait dû accoucher que dans 3 semaines, ce qui était en avance, mais pas trop tôt non plus pour que cela soit trop inquiétant. « J’ai comme l’impression que tu n’aimes pas faire les choses comme tout le monde. » lui glisse t’il à l’oreille, en parlant d’eux, qui clairement n’avaient pas opté pour le chemin le plus logique, mais franchement Esteban s’en moquait totalement. Il ne regrettait rien, encore moins le fait d’être venu habiter dans cette maison et celle d’avoir abandonné sa chambre pour celle de la jolie brune. Il n’avait juste pas imaginé que cette pièce deviendrait aussi une salle d’accouchement, alors qu’elle avait été utilisée quelques heures plus tôt pour tout autre chose.

« C’est bon, c’est bon, c'est pas grave » dit-il en grimaçant et en prenant sur lui. Il a bien compris qu’elle souffrait terriblement et pour le moment, il est bien la seule personne sur qui elle peut passer ses nerfs ou tout simplement trouver un soutien. « C’est juste que là, je vais en avoir besoin pour regarder ce qui se trouve sous ta robe… » D’ailleurs en parlant de celle-ci, il l’aide à l’enlever, histoire d’être débarrassée de tout ce qui est superflu.


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Esteban n’est pas très à l’aise, il aurait préféré mille fois qu’Esperanza soit entre les mains d’un professionnel. De quelqu’un dont c’était le métier et qui savait comment réagir en cas de problème. Sauf qu’il était tout seul, et qu’il devait bien se débrouiller pour que tout se passe au mieux. Le plus difficile c’était de ne surtout pas lui communiquer son stress, parce qu’il savait que cela compliquerait les choses. Alors il essayait de trouver des moyens pour détendre l’atmosphère et il y arrivait pas si mal.  Malgré le stress qui envahissait Esteban, ce dernier le cachait bien. Ses années passées en tant que pompier étaient d’une aide considérable car il savait gérer ce genre de situation, sauf qu’en temps normal, il ne venait jamais en aide aux personnes qu’il connaissait et ça changer la donne. Surtout que ce n’était pas n’importe qui, c’était Esperanza et il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour elle et pour le bébé, priant pour que tout se passe bien.



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Il va avoir du mal à s’en remettre, c’est sur. Plus jamais de sa vie il n’assisterait à un accouchement, c’était fini, il laisserait ça à ses collègues, c’était bien trop de pression pour lui. Pendant quelques secondes, il avait vraiment pensé qu’il n’y arriverait pas, qu’il devrait à annoncer à Esperanza qu’il n’avait pas réussi. Heureusement et parce qu’il avait quand même eu beaucoup de chance, le destin en avait décidé autrement et le petit d’Esperanza avait fait le reste. A peine né, qu’il commençait déjà à inquiéter sa mère, ça allait donner pour la suite. En tout cas une chose était certaine, le gamin était un battant, ça se sentait dans sa manière de pleurer, de gesticuler, jusqu’à ce qu’il se calme en trouvant la chaleur du corps maternel.

Toujours sous le choc, Esteban laissa Esperanza l’embrasser sans réagir, ce qui en soit était un signe de son malaise. Il était blanc comme un linge et commençait tout doucement à perdre pieds, jusqu’à ce que la brunette se love contre lui et prononce le nom de son fils qui le ramène doucement à la réalité. C’est un prénom espagnol aux sonorités chantantes. « C’est un joli prénom » lui murmure t’il avant de passer ses bras autour de ses épaules. Il reste cependant un retrait, ne sachant pas trop comment réagir. Il laisse Esperanza et son fils s’observer tandis que lui, il pose sa tête contre le mur pour reprendre doucement le contrôle de sa respiration. Avec les minutes qui s’écoulent, Esteban reprend doucement contenance et finit par porter son attention sur le petit Joaquin qui observe le monde de ses grands yeux. Il est trop petit pour distinguer clairement leur visage, mais il ne quitte pas sa mère du regard et finit même pas poser son regard sur l’étrange individu qui l’a extirpé du seul monde qu’il connaissait. « Il est magnifique » lui glisse t’il à l’oreille avant d’approcher un de ses doigts des petites mains trop mignonne du bambin. Ce dernier ne met pas longtemps à lui saisir le doigt ce qui amuse pas mal le grand brun. « Ah bhé visiblement, il a la même poigne que sa mère ! » dit-il en plaisantant avant de poser ses lèvres sur le front d’Esperanza.« Promets-moi de plus me faire vivre ce genre d’aventure, je préfère milles fois tailler la haie. » D’ailleurs dans la bagarre son ampoule a fini par exploser, mais franchement ce n’est rien par rapport à ce qui vient de vivre.



@Esperanza Montero