Botanic Nerd ➶ Wendy

Botanic Nerd

De tout temps, il y avait eu des personnes en quête d’exotisme, qu’il s’agisse d’une décoration ou une préférence en termes de nourriture, voire une envie de voyager. En revanche, il y avait une forme d’exotisme qui m'insupportait, c'était celui des particuliers avec les plantes. En soit, avoir une plante dite exotique n’était pas le problème en lui-même, non le problème était plutôt de l’impact de la dite plante sur un écosystème local. Certaines plantes avaient besoin d’un environnement bien particulier pour s’épanouir, c’était d'ailleurs la raison pour laquelle les jardins botaniques existaient. Ils ne s’amusaient pas à planter une fougère arborescente avec un érable du japon, ils faisaient en sorte de s’intéresser aux besoin  des plantes et faisaient cohabiter ensemble des espèces qui répondaient aux mêmes spécificités. Que l’on souhaite des plantes différentes dans son jardin ne me gênait pas, j’avais moi-même un très grand terrain et j’avais commencé à réfléchir à comment l'aménager pour créer un jardin qui me ressemble, et j’avais prévu entre autres d’y ajouter des arbres d'origine japonaise. Néanmoins, la Botanique me fascinait depuis des années, et c’était mon métier, je savais donc quels arbres pouvaient s’adapter au climat et à l'écosystème de Baiame. Le reproche que je faisais, c’était de n’en avoir rien a faire et de privilégier son petit plaisir personnel de manière égoïste.

J’avais lu un article indiquant la prolifération de vers plats issus d’Argentine en Europe, le tout issus de l’importation de plantes en pot venant tout droit d’Amérique Latine. C’était dangereux pour les cultures et la flore locale. Ce vers faisant de la prédation vis à vis des espèces locales, cela pourrait sur le moyen terme entraîner leur disparition. Sauf que les espèces locales étaient utiles à l’agriculture ou bien la vie des plantes, et elles étaient déjà en danger à cause de l’utilisation répétée de produits chimiques et autres pesticides. Il y avait pourtant d’autres méthodes plus naturelles pour préserver ses plantes. Mais justement, l'adaptabilité des espèces exotiques dans l’environnement urbain américain, avait été mon sujet de thèse et demeurait une grosse partie de mes recherches. L’important était de comprendre la nature de ces plantes, et de voir si elles pouvaient aider l’écosystème local ou non. Pour cette raison, ma journée se passerait au jardin botanique. J’avais des prélèvements à faire, et je devais aussi m’occuper des boutures que mon directeur de recherche avait planté, elles entraient dans le cadre de recherches communes et cette fois-ci c’était à moi de m’y coller.

Il y avait cependant du bon dans tout cela, j’avais la permission d’emmener mes chiens avec moi, il m’avait fallu du temps pour convaincre qu’ils étaient bien éduqués et ne causeraient pas de dégâts. Généralement, je prenais du temps le matin pour m’occuper d’eux, et lors de ma pause midi j’avais du temps pour leur faire une balade plus grande, où ils pourraient se dépenser physiquement et mentalement. Pour l’après-midi j’avais constamment avec moi leurs jouets, et il y avait des paniers dans le labo au cas où ils décideraient de faire la sieste. Tout le monde avait ainsi pu voir qu’ils n'allaient pas s’amuser à creuser des trous dans le jardin botanique si on les lâchait. Généralement, ils restaient dans la cour devant la serre et préféraient jouer à celui qui tirera le mieux la corde pour Vega et Rigel, quant à Alioth, en bon Golden Retriever, ce qu’il préférait c’était les flaques d’eau quand les plantes venaient d’être arrosés. S’il y avait option boue il était encore plus content. Moi je l’étais moins lorsqu’il fallait repartir, c’était d’ailleurs la raison pour laquelle j’avais également des affaires de toilettages dans le coffre, on avait beau dire “Golden boueux, Golden heureux” le toilettage n’était pas ma partie préférée vu qu’il fallait s’assurer qu’Alioth n’aille pas se rouler à nouveau dans la boue juste après.

Je garais la voiture sur le parking, et m’occupait de faire sortir la troupe du véhicule, une fois dans la cour du jardin je déballais leurs affaires, et les laissaient vaquer à leurs occupations pendant que je cherchais Wendy. S’il y avait bien une personne capable de m’aider pour mes recherches c’était elle. A force de venir ici, nous avons sympathisé toutes les deux, en discutant je m’étais rendue compte qu’elle aussi tout comme moi ressentait cet espèce de “lien” avec la nature. C’était je supposais, ce qui nous avait poussé l’une et l’autre à exercer nos professions respectives.

- Wendy ? Dis-je en apercevant une silhouette familière. Ah tu es là, justement je te cherchais. Tu n’es pas occupée ? Si c’est le cas, je pourrais repasser plus tard ce n’est pas un problème.

J’avais suffisamment de quoi m’occuper en attendant qu’elle ait terminée si c’était le cas. Je ne souhaitais pas la déranger surtout si elle était en plein travail.