Favorite Ice Cream ∣ Maïa

Quand elle la prit par la main et que ses lèvres se posèrent sur les siennes, Gothel comprit que, même si elle était comblée d’avoir retrouvé sa fille, elle n’était complète que maintenant, avec Sarah. Il avait fallu revenir à elle, reprendre conscience de qui elle était, pour savoir qu’elle voulait prendre ce chemin. Elle ne savait pas pour quelle raison c’était à cette porte que son cœur avait frappé, pourquoi c’était ici qu’il avait retenu son attention, mais c’était elle qu’elle aimait et désormais, rien ne pouvait lui faire dire le contraire. Elle avait ouvert les yeux en même temps que son âme sur ce qu’elle était vraiment.

Mais avant qu’elle ne puisse lui dire à nouveau combien elle lui était chère et combien elle regrettait de ne pas l’avoir dit plus tôt, sa bien-aimée lui apprit son adorable secret. Elle aussi avait été réveillée à une autre nature, celle d’une Reine de Glace. Comme cela lui allait bien, une reine, oui, c’était parfait pour elle. Elle sourit quand elle lui dit qu’elle était magique. Non, ce n’était pas difficile à croire pour Gothel. Elle était tout simplement celle qui faisait battre son cœur, et elle prenait tout, la magie avec. Et puis, elle l’était aussi.

« Tu as toujours été magique pour moi. Tu m’as ensorcelée », dit-elle en riant avant de se reprendre. « Et puis, tu sais, je suis magique aussi. Pas aussi spécifiquement que toi, mais je suis une sorcière. »

Et c’était uniquement de cette façon qu’elle était parvenue à être une maman. Sans ses pouvoirs, loin de tout partenaire, elle n’aurait pu espérer mettre au monde un enfant. Elle ne l’avait pas spécifiquement mise au monde, mais elle était sa fille, aussi certainement que si elle l’avait portée dans son ventre. La fleur avait pris l’essence de Gothel, peu importait dans quel ventre elle avait poussé. Et puis, le roi et la reine avaient prouvé qu’ils n’étaient pas dignes du titre de parents. Pas après la façon dont ils l’avaient traitée. Raiponce avait été malheureuse avec eux. Pas avec elle. C’était pour cela qu’elle était une vraie mère.

« Je suis magique, et je suis maman aussi. J’ai une fille. Raiponce. C’est vraiment ma fille, moi, pas comme l’autre Gothel qui l’avait kidnappée. Je suis la gentille dans mon histoire ! »

C’était quelque chose qui lui réchauffait énormément le cœur. Être la gentille de son histoire. Être celle qui avait fait les bons choix, qui avait sauvé l’héroïne. Être celle qui offrait un peu de bonheur dans le cœur des autres. Ingrid, en tout cas, n’allait avoir aucun mal à poursuivre son activité avec ses pouvoirs magiques. Elle n’avait même pas besoin de matériel pour maintenir ses glaces froides. Mais aussi glaciale puisse-t-elle être, elle, elle la réchauffait.

« Tu peux glacer le monde, pour moi, tu seras toujours la flamme de ma vie. »

S'il fallait que Gothel se montre niaise et presque adolescente en compagnie de Ingrid, ainsi soit-il. Ce genre de minauderie lui semblait tellement ridicule quand elle le voyait faire par d'autres. Et pourtant, cette façon de se dire l'une à l'autre qu'elles s'étaient mutuellement ensorcelées et qui semblait tellement saupoudré d'eau de rose lui faisait pétiller le cœur. Voilà qui était tout à fait extraordinaire et inattendu. Mais elle ne voulait pas chercher plus loin. Elle était heureuse de se sentir aussi spéciale pour cette femme que celle-ci était spéciale pour elle. Elle n'en demandait pas plus à la vie.

« Eh bien nous voilà deux sorcières ensorcelées. Cela promet pour le futur. »

Elle était impressionnée parce que tout le monde semblait penser qu’elle était la gentille de son histoire alors qu’elle était persuadée d'être une méchante parce que c'était tout ce qu'elle connaissait de Gothel et qu'elle savait qu'elle en était une depuis cette aventure extraordinaire dont elle n'avait pas vraiment compris tous les rouages jusqu'au moment de son éveil. En y repensant, utiliser les sorts de Harry Potter pour réveiller ses propres pouvoirs lui semblait des plus risibles. N’empêche que ça avait marché, mais elle ne ferait absolument pas les choses comme cela si elle s'y remettait maintenant.

« Je suis sûre que tu ferais une maman formidable. Pourquoi ne pas choisir un enfant à l'orphelinat ? Je serai ravie de t'aider avec elle, ou lui. Il y a un grand nombre d'enfants qui auraient bien besoin d'une maman et je suis certaine que tu es suffisamment bien installée pour qu’on ne te le refuse pas. »

Elle lui proposa de partager les nouveaux goûts qu'elle avait en matière de glace et évidemment, la friponne que Gothel était ne put s'empêcher de la taquinée à ce propos. Après tout, elles n'étaient pas des novices au jeu de l'amour. Elles avaient passé beaucoup de temps ensemble, à partager un lit et un début de relation sentimentale à-peine ébauchées, mais suffisamment pour qu'une certaine intimité s'installe. C’était la partie de leur relation qui était la plus aboutie et avec laquelle il leur serait donc probablement plus facile de jouer, tout en découvrant le reste qui ne serait sûrement pas moins agréable à profiter.

« Je suis prête à goûter tout ce qui vient de toi, ma chérie. Je suis sûre que ce sera délicieux », lui dit-elle malicieusement avant de poursuivre. « Sais-tu que j'ai rencontré quelqu'un qui te ressemblait étrangement durant ma petite mésaventure. C’est une femme qui travaille au lycée, et je dois dire que la ressemblance était étonnante. Je n'avais vu ça qu'une seule fois, chez une personne que j'avais rencontrée et qui me ressemblait comme deux gouttes d'eau. »