Maïa avait un nombre assez importants de maîtresses et d’amants, mais, pour la plupart, elle n’entretenait pas de relation plus profonde. En fait, la plupart de ses compagnons, féminins ou masculins n’étaient que les amants d’une nuit. Il n'avait pas intérêt ha ce montrer jaloux ou possessif et s'il l'a rappelé, il devait s'attendre un refus tout net d'une seconde nuit, à moi que Maïa n'en est envie. Dans ces relations, c'était elle qui dictait les règles et il fallait faire avec. Elle avait plus d’une fois repousse quelqu’un qui allait trop loin de ce côté-là. Elle avait de la poigne et savait faire respecter sa volonté.

Mais il y avait des exceptions. Quelques élus qui avaient su la toucher d’une façon différente des autres. Certains avaient eu droit à plusieurs nuits à ses côtés, voir à une relation de longue durée même si elle n'était pas exclusive. Il ne fallait pas demander à Maïa d'être exclusive, c'était le meilleur moyen pour que la relation se termine et que la personne n'entende plus jamais parler d'elle. Cela ne voulait pourtant pas dire qu'elle n'avait pas un certain attachement pour ces personnes là. Elle leur accordait même bien plus d'attention qu’aux autres, et certains gagnaient parfois le statut de confident.

Sarah était de ceux-là. Maïa ne parvenait pas à se souvenir depuis quand elles avaient une relation suivie, mais cela avait simplement commencé par une glace pour les enfants, et maintenant, c'était elle qui se régalait d'une toute autre façon. Il n'y avait rien de plus délicieux que la façon que cette jeune femme pouvait avoir de lui offrir un degré de tendresse qui lui manquait beaucoup dans sa vie quotidienne. Elle ne pouvait s'empêcher de commencer à se demander si elle n'avait pas quelqu'un qu'elle aimait dans le passé et dont elle ne se souviendrait plus. C’était peut-être pour ça que plus que jamais, elle refusait de se lancer dans une relation suivie.

Pourtant, quand sa maîtresse lui avait demandé de venir dans sa boutique de glaces afin de parler, et quoi qu'elle ne sache absolument pas ce qu'elle pouvait bien lui vouloir, Maïa n’avait pas hésité une seconde. Il ne lui paraissait pas impossible qu'elle veuille lui parler d'un problème qu'elle avait et la mère d'accueil considérait comme important d'être présente et à l'écoute pour quelqu'un d'aussi précieux. Les enfants étaient à l'école mais elle avait été obligé d'emmener le bébé. L'enfant ne poserait pas de problème, quoi qu'il en soit, puisqu'elle dormait.

« Bonjour Sarah, est-ce que tu vas bien ? Tu avais une drôle de voix au téléphone. »

Le fait qu'elle lui ait préparé sa glace préférée ressemblait bien à une tentative de corruption, mais en réalité, la quadragénaire était quasiment certaine qu'elle avait simplement envie de lui faire plaisir. Il ne changeait rien au fait qu'elle était un peu inquiète et qu'elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui tourmentait les pensées de sa jolie maîtresse. S’il s'agissait de quelqu'un qui lui avait fait du tort, on pouvait compter sur Maïa pour que ça ne reste pas impuni. On ne touchait pas aux gens pour qui elle avait de l'intérêt.

« Oh là là, c'est grave à ce point, ce que tu as à me demander, pour essayer de m'acheter avec une glace », la taquina-t-elle.

Il n'y avait rien de plus dangereux que de tomber amoureux de Maïa Bloom. Elle avait toujours tenue ses maîtresses et ses amants loin de son cœur quelle que soit la place qu'ils avaient dans son lit. Il lui semblait impossible de s'attacher vraiment à quelqu'un. C'était pour cette raison qu’elle multipliait les partenaires et qu'elle ne cherchait pas à revoir l'un ou l'autre en particulier. Du moins, en règle générale. Elle s'était promis de ne pas développer d'affection pour ses partenaires, dès qu'elle avait mis en place ce genre de relation dans sa vie. Le résultat, c'était que si quelqu'un lui disait qu'il voulait quelque chose de sérieux avec elle, elle avait pour habitude de couper totalement les ponts.

Ce à quoi elle ne s'attendait pas, c'était que certaines relations lui deviennent trop précieuses pour qu'elle consente à les abandonner complètement. Il ne s'agissait pas d'amour, il ne se croyait pas capable de ressentir un véritable amour. Mais pour certains, l'attachement était réel et profond. Sarah en faisait partie. Ses mots qui auraient dû la faire fuir inexorablement en tant que promesse d'un futur dangereux plein de sentiments non désirés, apportait une véritable chaleur dans son cœur, à laquelle elle devait s'habituer de plus en plus au fur et à mesure que certaines personnes prenaient de l'importance.

« Oh, Sarah… »

Elle ne voulait pas lui exposait des platitudes, lui dire qu'elle comprenait qu'elle était touchée avec sa petite voix triste. Sarah méritait mieux. Elle méritait plus. Elle lui avait ouvert son cœur, avec la probable certitude de la perdre à tout jamais. Elle avait pourtant eu ce courage et Maïa, elle non plus, ne voulait pas la perdre pour de bon. Elle ne pouvait pas lui donner ce qu’elle supposait qu’elle voulait. Des attention peut être, de la confiance probablement, tout ce qu'elle pourrait offrir à une amitié sincère, Sarah pouvait l’avoir, Maïa lui était suffisamment attachée pour cela. Mais une relation exclusive, officielle, le sentiment profond d'amour sincère et unique, elle ne pouvait le donner à personne. c'était comme si quelque chose bloquait en elle la possibilité d'aimer de cette façon.

Il fallait pourtant lui répondre. Elle ignorait si c'était cruel de vouloir lui proposer de conserver leur relation telle qu'elle était actuellement, mais elle ne voulait pas non plus que Sarah pense qu'elle devait prendre de la distance à cause de ses révélations. Il y en avait beaucoup pour qui ce serait la règle, ce dont elle n'avait rien à faire, ceux qui n'étaient là que pour une nuit de plaisir. cela serait immédiatement éloigné à tout jamais de sa vie, mais pas elle. Pourtant, si c'était trop dur et qu'elle voulait ne jamais la revoir, Maïa comprendrait et accepterait.

« Je… je crois que tu le sais. Je ne suis pas capable de rendre de tels sentiments. Je n'en suis pas capable, tout au fond de moi, je sais qu'il me manque quelque chose pour que ce soit possible. Cela me fait très chaud au cœur, et tu es spécial pour moi. Je… je n'ai pas envie de te perdre. je n'ai pas envie de t'éloigner de moi, de renoncer à te voir et à te parler et je ne le ferai pas. Mais sachant que je ne suis pas capable de m'engager actuellement, sachant que je trouve une certaine sérénité à ne m'attacher à personne en particulier, pas de cette façon là disons, je comprendrais que tu veuilles te tenir éloigné de moi, si ça t'évite de souffrir. Mais si tu restes, moi je… je ne te repousserai pas. »

D'ordinaire, il n'était jamais difficile pour Maïa d'entendre ce genre d'aveu, tout simplement parce que quand elle l'entendait, elle mettait aussitôt un terme à la relation et elle passait à autre chose. Mais il n'y avait jamais eu quelqu'un pour qui ce serait difficile de renoncer complètement à la relation sans engagement qu'elle avait avec cette personne. C'était différent pour Sarah qui avait su prendre une place à part dans son cœur qu'elle ne savait pas encore réellement définir et pourtant, elle ne pouvait pas s'engager pour autant. Et Sarah le savait. Elle était consciente d'avoir pris un risque en lui disant la vérité et elle avait été prête à en assumer les conséquences parce qu'il fallait qu'elle soit en phase avec ce qu'elle ressentait. Maïa admirait ça et ce fut donc avec un regard très doux que son cœur se serra dans l'émotion de cet aveu.

« Je ne te mérite pas. »

En réalité, elle n'en savait rien. Peut-être que la femme qu'elle était censée être méritait tout et bien plus, mais elle ne le savait pas. C’était difficile à dire sans connaître cette personne et c'était peut-être pour ça qu’elle n'arrivait pas à s'engager. Elle ne savait pas ce que cette personne mystérieuse qu'elle était amenée à devenir peut-être un jour ressentirait si elle prenait un engagement en son lieu et sa place. Elle ignorait si Sarah serait capable de la partager au quotidien avec tant de personnes différentes et même si elle acceptait qui elle était, Maïa aurait compris qu'elle ne veuille plus la voir tant qu'elle ne se serait pas décidée à n’être qu’à elle. Mais ce ne fut pas vraiment le cas. Quand elle s'éclipsa pour servir un client, Maïa se contenta de hocher la tête pour la rassurer et lui montrer qu'elle comprenait et attendit patiemment qu'elle revienne auprès d'elle avant d'écouter ce qu'elle avait à dire.

« Je ne peux t'offrir de décider à ma place le comportement que je vais adopter avec le reste du monde, mais je peux au moins te permettre de me conduire avec toi comme tu le souhaites. Je te promets de ne jamais te mentir ni chercher à te cacher mes véritables sentiments. Mais je me refuse à t'imposer quoi que ce soit, dans la mesure où je suis incapable de me réserver complètement pour toi. Est-ce que tu pourrais juste me dire exactement comment tu vois les choses ? Je ne voudrais pas… J'aimerais ne pas te blesser davantage encore. »

Sarah avait toujours été une femme formidable et Maïa en était tout particulièrement consciente, où elle ne serait pas devenue bien plus qu'une relation d'un soir. Non seulement elle lui accordait régulièrement des moments privilégiés en tête-à-tête, mais elle devait reconnaître qu'elle se confiait bien plus à elle qu'à ses autres amants. Cela voulait dire beaucoup de choses, mais elle n'était tout-de-même pas capable de s'investir et de lui donner l'exclusivité dont ses sentiments auraient sans-doute besoin. D'un autre côté, elle lui était trop précieuse pour qu'elle accepte de se priver de cette présence qui lui faisait du bien.

En l'entendant dire qu’elle la voulait heureuse et qu'elle ne souhaitait pas se retrouver exclue de sa vie, la brune sut aussitôt qu'elle avait vraiment beaucoup de chance d'avoir une personne de ce niveau qui ait de tels sentiments pour elle. Si elle avait dû s'imposer une relation exclusive, il ne faisait aucun doute que Sarah était en haut de la liste. Mais depuis qu'elle avait compris qu'il se passait des choses et que ce qu'elle ressentait, vivait et croyait était peut-être faux, elle ne pouvait s'engager de la même façon, en particulier sur le plan affectif. Toute sa vie lui semblait complètement suspendu à une seule question, celle de savoir qui elle était réellement. certains diraient que ça n'avait pas d'importance. Ça en avait pour elle.

« Je pense que c'est une excellente idée d'essayer de voir où tout cela va nous mener. Je veux absolument t'éviter de souffrir autant que je le peux. C’est ma seule condition en ce qui concerne la façon dont nous allons gérer cette situation compliquée. Qu'il y ait des choses pour lesquelles je ne suis pas prête, c'est un fait et je n'y puis rien. Et je ferai tout mon possible pour que tu n'aies pas à verser des larmes à-cause de moi. »

Ce qui augurait bien, néanmoins, de la nature de ce qu'elle éprouvait. Qu’elle soit capable de mettre des mots dessus, de croire ou pas en la sincérité de son propre cœur, de prendre le risque de s'engager sans aucuns détours, cela ne changeait pas le fait que sa simple façon de se conduire et la déférence dont elle faisait preuve de lui donner des indices qu'elle n'était même pas encore capable de percevoir ou d'accepter dans leur pleine totalité. C'était dans ce genre de moment qu’elle aurait voulu savoir la personne qu'elle était vraiment afin de pouvoir être certaine de ce qui correspondait réellement à ses envies et à ses besoins.

« En attendant, je crois que ce n'est guère risqué de partager une de tes délicieuses glaces, n'est-ce pas ? » lui demanda-t-elle avec un sourire malicieux.

Gothel se souvenait comme si c'était hier de ce moment où Sarah lui avait dit qu'elle était amoureuse d'elle, et qu'elle n'avait su répondre à cause de son incapacité à se consacrer totalement à quelqu'un. Pourtant, déjà, son cœur battait plus fort et plus vite lorsque la glacière se trouvait à proximité. Elle n'était pas seulement une maîtresse parmi tant d'autres, il y avait quelque chose de plus. Il y avait toujours eu quelque chose de plus. Mais elle ne pouvait pas le matérialiser par une véritable relation, tout simplement parce qu'il lui était impossible de s'engager, comme si elle n'était pas elle-même, quelque chose qu'elle n'avait pas bien compris sur l'instant.

Et maintenant, elle était elle-même et son cœur battait plus fort alors qu'elle avait compris pour quelles raisons elle n'avait pas pu laisser Sarah partir au moment où elle avait eu si peur que celle-ci exige elle une relation plus forte. Elle avait pas pu la laisser partir, parce que celle qu'elle était au fond d'elle-même l'aimait de tout son cœur. Et il avait fallu qu’elle redevienne cette femme qui s'était battue pour son bébé toute sa vie afin de pouvoir comprendre les secrets de son cœur. En mettant cela à jour, elle avait couru chez le marchand de glace pour la trouver.

« Sarah… », dit-elle, pleine d'émotion en croisant le regard de la belle glacière.

Alors que celle-ci lui demandait si tout allait bien, elle s'approcha, de plus en plus près, jusqu'à lui prendre ses mains avec les siennes. Les yeux dans ceux de la jolie blonde, les larmes aux yeux, elle ne put que prononcer une fois de plus ce nom si chéri qui faisait vibrer son cœur plus fort. Il était temps de lui dire la vérité, et elle savait qu'il n'y avait pas de vérité plus belle que celle qui vibrait dans son cœur en ce moment. Elle n'était seulement pas certaine que Sarah soit d'accord pour l'entendre et pour avoir ce qu'elle lui avait refusé deux semaines auparavant.

« Gothel. Je m'appelle Gothel. Et je suis amoureuse de toi. »