Des retrouvailles amnésiques... Qui es-tu ? [PV Maia Bloom]

Il y a du soleil aujourd’hui, nous sommes samedi et je n’ai pas de copie d’élève à corriger. Je veux profiter de ce bon temps pour sortir me promener sur l’île et plus précisément à la plage. Je ne pense pas que cette journée va être différente des autres et pourtant, je me trompe. Il y a beaucoup de monde ce qui n’est pas étonnant et peu de place.

Je regarde autour de moi et ça ne va pas être simple de trouver une place. Mon regard se pose sur une dame accompagnée d’enfants, il ne me faut même pas une seconde pour la reconnaître. Il s’agit de ma mère, je marche d’un pas décidé vers elle. J’ignore actuellement que celle-ci ne me reconnaîtra pas.

- Maman ?

Il est évident que j’ai envie de la serrer dans mes bras, elle m’a manqué. Je n’étais pas en sa présence lorsque notre univers a été détruit.

Il faisait beau et il n'y avait pas d'école ce jour-là, c'était typiquement un jour idéal pour aller à la plage. Kevin et Tuk étaient particulièrement enthousiastes et elle leur permet d'aller jouer un peu plus loin au beach-volley à condition de ne pas déranger les personnes qui prenaient le soleil. Comme le père d'origine de la petite Martha était professeur, les jours où il n'y avait pas classe, elle ne l'avait généralement pas non plus. Les deux grands jouant dans une certaine autonomie, c'était le genre de moment où elle allait pouvoir se détendre et profiter un peu pour elle-même de l'ambiance de la plage.

La voix qui l'interpella ne pouvait être celle d'une ancienne protégée. Elle s'était toujours fait appeler tante, estimant que c'était quand-même plus cordial de permettre aux enfants un rapprochement de ce type mais ne voulant pas se substituer à une mère possible actuelle ou future. Elle estimait que c'était la façon la plus saine de faire les choses et par conséquent, ici, personne ne l'appelait maman. Elle se retourna pour croiser le regard d'une jeune femme aux longs cheveux noirs, de longs cheveux comme pouvaient l'être ceux d'une Raiponce, mais Raiponce était blonde, de ce qu'elle se souvenait.

« Excusez-moi ? Nous nous connaissons ? »

La pensée de Raiponce lui était venue naturellement pour la bonne raison qu'elle se savait maintenant être une Gothel. Elle savait aussi qu’elle n'était pas celle du conte qu'elle connaissait. Par une curieuse coïncidence, la Raiponce de ce conte était une ancienne enfant qu'elle avait gardée. Celle-ci lui avait aussitôt dit que, même si elle lui ressemblait physiquement beaucoup, elle n'était pas exactement la Gothel dont la jeune fille se souvenait. Maïa n'avait donc encore aucun indice sur sa véritable nature. Elle savait juste que son histoire était différente.

« Etes-vous sûre que je sois la personne à laquelle vous pensez ? Il existe des personnes qui se ressemblent ici. On m'a dit que j'étais une Gothel, je ne sais pas si ça vous parle. »

J’étais tellement heureuse de la revoir, mais elle ne me reconnaissait pas. Ma mère n’avait pas encore retrouvé ses souvenirs. Comment c'était possible ? Je me souvenais de ma vie dans notre univers. Je ne m’attendais vraiment pas à cette réaction de la part de ma mère qui me demanda si on se connaissait. Qu’est-ce que je devais lui répondre ? Je restai quelques minutes silencieuse pour réfléchir.

- Oui, nous nous connaissons. Vous n’avez sûrement pas encore retrouvé vos souvenirs.

La tutoyer ou bien la vouvoyer ? Telle est la question que je me posais tout en écoutant ce que ma mère disait. Elle me demande si je suis sûre que c’est bien la personne que je recherche. Il y avait des personnes qui se ressemblaient apparemment. Quelqu’un lui avait dit que c’était une Gothel, mais qui savait ça ? Y avait-il une autre personne de notre univers à Baiames ?

- C’est exacte, vous êtes bien une Gothel. Je suis votre fille Raiponce, mais tu ne t’en souviens pas depuis que notre univers a été détruit.

Il était dur pour Maïa d'envisager d'être une mère Gothel, à-cause de ce qu'elle connaissait de l'histoire de ce personnage dans la littérature présente à Baiame. Elle se souvenait d'avoir entendu le personnage entonner une chanson horrible, un personnage qui devait toujours être sur le podium, et qui maltraitait Raiponce en lui disant des trucs faux et en lui demandant d'être sage, coincée derrière une balustrade, parce qu'elle avait besoin d'elle pour retrouver sa prime jeunesse. Elle ne voulait surtout pas être cette personne-là. Elle préférerait encore prendre un transatlantique et filer en Europe sans rien se rappeler. Mais avec tout ce qu'elle avait vécu récemment, elle n'était même pas sûre que l'Europe existe actuellement.

« Je ne suis pas sûre de vouloir les retrouver et d'alimenter les potins du quartier sur les raisons qui m'ont poussé à enlever une jeune fille, si c'est ce que j'ai fait. Vous ? »

En tout cas, elle avait la confirmation que ce qu'elle avait vécu n'était pas un rêve et qu'elle était bien une Gothel. La demoiselle le lui confirmait sans hésiter, ce qui lui valut l'envie soudaine d'ouvrir une bonne bouteille et de s’en payer une bonne tranche pour oublier la possibilité qu'elle soit une mauvaise personne, mais elle se demandait quand même pourquoi cette fille était venue la voir spontanément alors que la Raiponce d'origine détestait celle qui l'avait enlevée. Elle se demandait aussi pourquoi elle avait envie de la prendre dans ses bras, de la toucher, de l'embrasser comme une fille chérie alors que la version qu'elle connaissait n'était intéressée que par ses cheveux.

« Tu es donc une Raiponce. Et tu es pourtant venu vers moi naturellement et sans peur. Cela voudrait-il dire que je ne suis pas comme celle que nous connaissons tous ? Je ne suis pas elle, une autre Raiponce me l'a dit. Mais ça n'implique pas forcément que je me sois toujours bien conduite. Voudrais-tu me dire qui je suis ? »

Elle ressentait une petite tension dans ces articulations, signe de la nervosité qui la taraudait. mais cette conversation était un bon levier pour savoir exactement de quoi il retournait. La jeune femme l'avait reconnue et elle pouvait donc lui apporter une part de vérité dans ce qu'elle redoutait. Ses paroles pourraient peut-être réveiller sa mémoire et lui permettre de retourner à son identité réelle a moins qu'elle ne continue de s'y fermer avec beaucoup de fermeté. Elle savait qu'elle en était capable. Elle avait pourtant envie de connaître cette jeune femme. Elle avait envie d'être sa mère pour elle-même et non pour ce qu'elle pourrait lui apporter. Elle se demandait quel genre de personne elle était.

« Parle-moi de nous ! Parle-moi de toi ! Es-tu comme celle que je connais ? Est-ce que toi aussi tu me demandais de te rapporter des couleurs quand tu étais petite pour faire de la peinture ? »

J’avoue que je suis un peu déboussolée sur ce que venait de dire ma mère. Je n’étais pas au courant qu’il existait plusieurs version de nous-mêmes à Baiame. J’avais lu le conte qui portait mon prénom qui ne ressemblait pas à ma vie. Cette dernière était au courant de cette version et pensait même que c’était sa vie.

- Vous n’avez pas eu cette vie, je suis votre fille biologique. Ma naissance est comment dire… Assez spécial. J’ai été conçue à partir d’une fleur créée par vous, cependant ce n’est pas vous qui l’avez mangée. C’est la reine du Royaume de Corona et disons que j’ai été utilisée à mauvais escient par eux.

J’avais déjà donné pas mal d’information actuellement, il fallait sûrement le temps que ma mère les assimile. Elle se posait des question ce qui n’était pas étonnant puisque cette dernière avait rencontré une autre version de moi. Cette Raiponce-là se méfiait des Gothel apparemment

- C’est normal, vous m’avez sauvée du roi et de la reine de Corona et protégée de ceux-ci en me logeant dans une tour.

Je marquai une pause durant laquelle celle-ci me demande de lui parler de nous deux, mais de moi également. Il ne me fallut pas deux secondes pour comprendre que cette Raiponce et moi étions différentes.

- On était très complices jusqu’à ce que je me rebelle à l’adolescence où je me suis un peu rebellée. Je ne t'ai jamais demander de ramener des couleurs, je suis pasionnée de musique. Pourquoi cette question ?

Au moment où la jeune réponse commença à lui raconter son histoire, Maïa sentit la tête lui tourner. Il lui semblait que certaines choses revenaient tout doucement. Elle aurait pu leur dire de partir, mais c'était le moment. Elle sentait qu'elle devait l'accepter et suivre ce chemin, même si elle avait peur et qu'elle ne savait pas ce qui se trouvait au bout. Elle ferma les yeux et se laissa porter par l'histoire, se souvenant soudain de la fabrication de la fleur et de son cœur brisé au moment où elle lui avait été volée. Elle se souvenait de la naissance de sa fille et du moment ou elle l'avait récupérée et où elle avait construit magiquement la tour pour la protéger.

Elle se souvint de tout jusqu'au moment où elle en arriva à ces derniers souvenirs. Elle se trouvait dans le château et elle cherchait l'adolescente partout. Elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où elle se trouvait, et elle avait très peur de l'avoir perdue pour toujours. À la pensée que l'on ait pu lui faire du mal, elle avait le cœur serré. Et sa fille était devant elle maintenant, elle allait bien. Elle avait réussi à la retrouver, même s’il avait fallu que le monde s'écroule pour que cela soit possible. Mais ça ne faisait rien. L'essentiel était qu'elle était là.

« La musique, oui. Tu jouais de la musique… Tu as toujours aimé la musique… Je me rappelle… »

Ses yeux étaient embués de larmes et elle s’avança timidement pour prendre Raiponce dans ses bras. Elle n'était déjà plus Maïa. Elle était devenue la mère qu'elle avait toujours été. Et c'était parce qu'elle était cette mère qu’elle était désormais heureuse, autant que l'on peut l'être avec des personnes qui vous étaient aussi chères que sa petite fille l'était pour elle. Elle la sSerra dans ses bras aussi fort qu'elle le pouvait, et quand elle la lâcha enfin, elle avait les yeux remplis de larmes et le cœur débordant d'amour.

« Ma petite fille chérie. C’est bien toi. Et tu n'es pas blessée ! Le roi et la reine ne t'ont fait aucun mal, dis-moi ? »