[Fe] Intrigue #1 : Le Temps du Rêve

Si tu faisais un peu confiance à Haizea, je suis sur qu'elle peut faire quelque chose pour qu'on soit sur de ce que tes rêves signifient, osa finalement dire Ouroboros alors qu'il travaillait sur un chronomètre de son invention (ou qu'il tentait d'inventer).

O.B., tu es la seule personne de toute la Création qui sait pourquoi je ne lui ferai pas confiance. Tu t'ouvrirais à quelqu'un en sachant ça du futur ? Marmonna un Kronos ronchon, mécontent de la remarque du mécanicien.

Un silence s'installa, principalement parce que O.B. se concentrait sur quelques petits détails sur son cadran. Mais il releva la tête en soupirant. Je crois que c'est une impasse.

Depuis qu'Haizea avait démontré qu'il existait aussi une forme de temps au TVA, O.B. essayait de découvrir comment on pouvait le percevoir pour ensuite découvrir comment l'exploiter. Mais ce n'était pas simple, les montres ne fonctionnaient pas ici et celles qui tournaient indiquaient une heure factice. Le temps n'existe pas selon tous les instruments de mesure connus, et O.B. ne savait pas encore comment le trouver. Je ne peux pas appeler ça du "temps". C'est trop différent. Quelque chose de temporel, certes, mais rien à voir avec la matière que je forge pour le multivers.

Kronos, les pieds sur le bureau d'O.B. en train de griffonner sur un carnet, soupira sans lacher sa tache des yeux. Derek et Duncan l'ont appelé "le temps intemporel", et ces deux crétins sont contagieux : ils sont déjà plusieurs agents à l'appeler comme ça dans les couloirs.

Puisqu'il n'y eut pas de réponse, Kronos leva les yeux vers lui pour le voir en train d'y penser. Derek et Duncan faisaient l'exploit de convaincre les gens avec leurs idées sorties de nul part, même quand ils n'étaient pas là.

Mais pour en revenir au sujet principal, tu rêves du futur... euh intemporel et ça a commencé à peine quelque jours après qu'Haizea, qui vient justement du futur intemporel, soit arrivée ici. Te confier à elle pourrait aider, elle pourrait comprendre d'où viennent ces visions.

Arrête d'appeler ça futur intemporel.

Moi j'aime bien, ça fait sens.

Je lui ai déjà demandé, rappela l'agent.

Non. Tu lui as demandé si elle connaissait un Niccolò ou un Mirael au TVA, tu ne lui as jamais dit ce qu'il se passait exactement dans ta tête, précisa O.B.

Et il se passe quoi exactement dans ta tête ? Se fit soudainement entendre la voix d'Haizea à l'entrée de l'atelier.

O.B. et Kronos sursautèrent aussitot comme des enfants surpris en pleine bétise. C'est une conversation privée, sors de là ! Tonna l'ancien titan.

Non, riposta Haizea, la tête haute. Je suis désolée mais ça me concerne aussi. Il se passe quelque chose que tu ne comprends pas et je peux peut-être aider, il serait temps que tu me parles enfin, sermonna-t-elle.

Kronos ferma son carnet et passa devant elle pour quitter la pièce. J'ai géré mon travail pendant longtemps sans qu'un visiteur du "futur intemporel" ne vienne m'éclaircir, merci.

Du futur quoi ? Ecoute, ta fierté ne va en rien t'aider !

Kronos n'eut rien à répondre. A la place, il fut pris d'un vertige soudain et se rattrapa au mur. Papa ?! S'écria Haizea en se précipitant vers lui.

Et merde, ça recommence, pas maintenant... marmonna Kronos.

O.B. se mit à courir. Vite Haizea, il faut l'allonger !

Pourquoi ? Demanda-t-elle en portant son père par un bras, pendant qu'O.B. prenait l'autre. Qu'est-ce qui recommence ?

Il va rêver du futur...


Cette fois, Kronos et Niccolò n'étaient que tous les deux, assis ensemble dans une voiture garée dans l'allée des Elysées du 3ème district d'Anjea. En planque depuis deux heures, il y avait déjà trois sacs de fast food entamés dans l'habitacle.

Tu sais que la tendance multiverselle de tes variants, c'est de ne quasiment rien manger ? S'étonna Kronos. Tu dois être le petit Di Angelo le plus musclé et le plus goinfre du multivers.

Niccolò avait déjà 37 ans, l'appelation lui fit lacher un petit rire. Et le plus joyeux, rajouta finalement l'agent.

Le demi-dieu haussa les épaules. Je n'ai jamais ignoré avoir eu beaucoup de chance. Ca veut dire quoi "tendance multiverselle", si y a une infinité de toutes nos versions ?

C'est ce qu'on trouvera plus facilement d'un variant. Genre pour toi, un demi-dieu pas loin de l'anorexie, sombre, et amoureux d'un Percy puis d'un Will, si je me souviens bien, expliqua Kronos.

Niccolò s'étouffa dans son Big Mac. Percy Jackson et Will Solace ? Je tombe amoureux d'eux dans les autres univers, vraiment ?

Kronos acquieça. J'ai été dans un univers où toi et Percy étiez ensemble. Vous étiez mignons avant que Zeus ne vous tue tous les deux et plonge son monde dans une apocalypse à cause de la colère de Poseidon et Hadès, raconta-t-il en continuant à manger, absolument pas perturbé par ce qu'il venait de dire.

Niccolò, lui, le regarda avec de grands yeux. Dooonc Percy et moi ne sommes définitivement pas fait pour être ensemble.

Mais ça veut dire que toi, t'as jamais aimé Percy ? T'as flashé immédiatement sur Connor avant de l'épouser comme dans un film pour adolescents américains ?

Niccolò s'esclaffa. Pas du tout, je reste moi aussi un garçon italien sorti tout droit de la guerre mondiale qui avait honte d'être gay. J'étais fou amoureux de Jason Grace, et je l'ai vraiment mal vécu. Parce que y avait Piper, principalement, mais aussi parce qu'il représentait un idéal de l'homme parfait, le soldat romain blond aux yeux bleus et valeureux et généreux... tout le packaging. Même quand il est mort, alors que je sortais déjà avec Connor entre temps, ça m'a bouleversé. Connor a du s'occuper de moi pendant longtemps durant mon deuil.

Désolé, répondit Kronos l'air soudain plus grave. Je voulais juste dire que tu es plus heureux que la moyenne de tes variants, je voulais pas dire que t'as rien vécu de...

Hé, t'inquiète. J'ai bientot 40 ans, je vis avec l'homme de ma vie avec qui j'ai une fille qui a déjà 8 ans. Bianca et Connor me rendent vraiment heureux, le soulagea le demi-dieu.

Kronos se sentit coupable un instant mais ne le verbalisa pas. Niccolò, Persée, Carol, Gothel avaient du quitter leur famille pour combattre sur Anjea, et ils le faisaient héroiquement. Surtout pour Persée... Kronos se sentait horrible de lui demander de se joindre à eux dans son état, mais il n'avait pas eu le choix. Heureusement que la demi-déesse ne s'y était pas opposée (au grand dam d'Anael Chase).

Tout au bout de l'Avenue principale du 3ème district, les portes blindées de la Forteresse Bleue s'ouvrirent, coupant en deux l'illustration du dragon orange et turquoise qui y était gravée. Kronos et Niccolò se redressèrent alors, se débarassant de leur repas pour se préparer.

Kronos appuya sur son oreillette pour activer les communications avec le reste de l'équipe. Le Gardien du 3ème s'apprete à sortir Walking Dead, on execute le plan dès que Niccolò réussit à s'emparer du dragon.

Les deux hommes sortirent alors de la voiture, pour remonter des capuches sur leurs têtes. Ils se donnèrent un dernier regard avant de se séparer, l'agent traversant la route pour marcher sur le trottoir d'en face. Doucement, ils remontaient l'Avenue vers la Forteresse.

La-bas, un gigantesque dragon oriental, aux écailles oranges et aux détails turquoises, s'éleva du batiment principal alors que le Gardien, dans sa tunique rouge et son voile blanc sur le visage, sortait par la porte avec ses gardes - des morts controlés grace à Walking Dead, le dragon ainsi nommé par Persée.

Kronos tourna la tête, et vit Niccolò lever les mains discrètement, caché par les voitures et la distance. D'abord, il ne se passa rien. Les habitants d'Anjea étaient droits, respectueux (ou craintifs) pour la sortie du Gardien et du Dragon protecteur et ignoraient le demi-dieu.

Puis au bout d'un moment, les gardes flanchèrent et le Gardien s'arreta aussitot, sentant une perturbation dans la connexion qu'il avait avec le dragon. C'était le signal : Mirael et Artémis attaquèrent la Forteresse derrière eux pour laisser Gothel et Persée y pénétrer.

Qui ose ?! Tonna la voix du Gardien dans toute l'Avenue. Qui ose s'emparer du pouvoir d'Akurra ?!

Je préfère largement Walking Dead comme nom, crétin ! S'annonça Niccolò en glissant dans une ombre pour apparaitre tout près du gardien, deux épées en fer stygien dans les mains.

Le Gardien leva les mains pour intimer à ses gardes-morts d'attaquer l'intru, mais alors que ceux-ci s'élancèrent, le demi-dieu leva les mains à son tour et les zombies se retournèrent contre leur précédent maitre.

Désolé mon grand, Walking Dead vient de se trouver un nouveau maitre, provoqua Niccolò.

Un être doué de psychokynésie ! S'indigna le Gardien. C'est impossible, seul les Gardiens...

... n'arrivent pas à la fermer ? Ouais, je trouve ça lourd aussi ! Compléta le fils d'Hadès avant d'abattre son épée sur le Gardien trop occupés à repousser ses morts avec ses pouvoirs.

Mais il était trop rapide : il bougea en une fraction de seconde pour esquiver l'attaque. Walking Dead (ou Akurra) tournait en rond dans le ciel juste au-dessus d'eux. Le Gardien du 3ème District intima à une centaine d'autres morts de venir l'aider.

Ok, du challenge, commenta Niccolò en levant les yeux vers la Forteresse. Il vit Persée par une des fenetres, ils avaient bientot atteint leur objectif.

Kronos arriva à peine au point de rencontre avec Octavia et Carol. La première était armée d'une lance qu'elle plantait dans les gardes (vivants, ceux là) qui essayaient de passer. La seconde les endormait par magie.

L'équipe C a réussit à rentrer, leur expliqua Kronos.

J'ai peur pour Niccolò, le Gardien n'a pas l'air de lacher si facilement sa connexion avec Akurra, partagea Carol, inquiète.

Les gars ! Hurla Octavia alors qu'une armée de morts venaient vers eux aussi. Kronos sortit son baton de suppression pour leur préter main forte, mais ça n'allait pas : il y avait beaucoup plus de morts qu'ils ne l'avaient prévu. Kronos comprit ce que Carol voulait dire. Jamais ils n'avaient pensé que Niccolò devraient en controler une aussi grande quantité pour s'emparer du dragon.

Les gars, je suis désolé, se fit entendre la voix de Niccolò dans leurs oreillettes. J'étais mal préparé, je vais pas y arriver.

On y est presque ! Implora la voix de Persée. Par pitié on y est presque !

Mais Niccolò commençait à crouler sous les morts, et bientot Kronos, Octavia et Carol se trouveront dans la même situation.

Je ne pourrais pas m'emparer de Walking Dead, mais je peux quand même couper la liaison avec le Gardien.

Il est trop rapide Niccolò ne fais pas ça !! Hurla de peur Octavia.

Dites à Connor et Bianca que je les ai aimé jusqu'à la dernière seconde.

Ce fut la dernière chose qu'on entendit du demi-dieu. L'instant d'après, il tomba dans une ombre pour apparaitre juste en face du Gardien. Celui-ci lui planta la main dans sa cage thoracique qu'il broya aussi facilement qu'un fruit pourri. La dernière chose que le fils d'Hadès put faire, c'était la Dernière Contagion : il rendit sa mort contagieuse, et le Gardien chuta avec lui.

L'armée des morts s'écroula, et le dragon hurla dans le ciel avant de s'enfuir. Le seul bruit qu'on entendait à présent, c'était les pleurs horrifiés de Persée dans leurs oreillettes.


Kronos se réveilla en sursaut devant Haizea et Ouroboros. Son coeur battait à cent à l'heure. Ca va ?! O.B. m'a tout raconté, tu fais des rêves du futur depuis quand ? Demanda sa fille, inquiète.

L'agent ne répondit rien, le souffle saccadé. Il avait l'impression que son estomac était retourné. J'ai vu la mort de l'un d'entre eux, réussit-il finalement à articuler.

Kronos rêve d'une équipe qu'il formera dans le futur, quand le Multivers sera sauvé à nouveau, depuis un mois, expliqua O.B. C'est quand les rêves sont devenus insistants qu'on a compris que c'était de véritables visions d'un autre temps.

Papa, tu as vu... une mort future ? Fit Haizea, inquiète. Tu...

Je sais, l'arrêta Kronos. Je sais ce que ça fait de moi, je déteste ça, mais je l'ai pas choisi. Il prit le bras d'O.B. Localise moi tous les variants de Nico di Angelo qui ont survécu à Baiame, s'il te plait.

Nico va mourir ? Se préoccupa Haizea qui l'avait déjà rencontré.

Pas lui, fit-il tout simplement.

C'est... impossible, souffla O.B. bouche bée devant son écran. Kronos, les variants de toute l'équipe dont tu rêves... ils ne sont plus dans l'univers 1218.

Kronos et Haizea se levèrent aussitot. Mais c'est le dernier univers...

Pas dans notre présent, compris Kronos.

Ils se trouvent dans les univers profonds, ce doit forcément être à un moment où ils existent à nouveau, souligna le mécanicien.

Kronos tourna la tête vers Haizea. Tu veux que je te fasse confiance ? Très bien, ça commence maintenant. Transporte nous dans le futur, ordonna-t-il.

Je te l'ai dit, je ne controle pas mes sauts temporels, je ne sais pas comment ça fonctionne, se défendit-elle.

J'ai compris comment. Ca vient de ton dragon. Il est temps que tu domptes Pelée très chère.

"Où est-ce que..."

Le réveil presque paisible se fait plus chaotique quand je réalise que j'ignore où je me trouve, et que j'ai dormi assez profondément pour m'y retrouver sans m'en rendre compte. Le jour semble levé depuis un moment, ce qui rajoute assez à mon trouble pour que je ne prenne pas le temps d'observer la couleur du papier peint. Ce qui m'intéresse en revanche, c'est de trouver ma ceinture et mes armes posées sur une table. Armes dont je me rapproche, mes doigts hésitants un instant avant de me saisir de la poignée de la Griffe, m'attendant à un nouveau duel de volonté avec elle.

Alors qu'on vient à toquer à la porte, je passe ma ceinture à ma taille, replace la Griffe dans son fourreau, avant de rejoindre la porte, ma dague en main. Je me positionne près du chambranle avant d'actionner la poignée, juste assez pour entrouvrir la porte et laisser à mon visiteur impromptu l'occasion de s'y glisser. Un visiteur auquel je ne laisse pas le temps d'agir avant de le saisir par le col et le plaquer contre le mur, ma dague sous la gorge. Découvrant par la même occasion qu'il s'agit d'une visiteuse, plutôt que d'un visiteur. En tenue de nonne, pour m'être désagréable au premier abord.

"Monsieur, nous ne vous voulons aucun mal."

Je fais glisser la lame de ma dague sur sa gorge pour que la pointe entre en contact avec la peau délicate de son cou, me retenant de justesse de lui offrir un aperçu du pouvoir vampirique de cette arme. Par curiosité, plus qu'autre chose.

"D'autres ont fait la même promesse avant vous. Peu l'ont tenue. Aucun n'est encore présent aujourd'hui."

"Vous étiez inconscient dans la foret, à la merci du froid ou des elfes noirs. C'est une de nos prêtresses qui vous a trouvé. Elle a suggéré appeler une ambulance mais nous ne savions pas quelle était votre histoire, certains passants souhaitent rester discrets alors nous avons voulu respecter cette possibilité en vous soignant à l'Eglise. Mais je dois dire que vous êtes également un mystère pour nous. Je vous prie de prendre en considération le risque que nous avons pris en vous soignant sans savoir qui vous puissiez être... aucune de nos prêtresses n'a réussi à voir votre avenir."

Je passe sur le désaccord historique entre Faerun et l'idée saugrenue d'une ambulance, mes souvenirs corrompus par Baiame et sa malédiction ne parvenant pas, sur le coup, à trouver quelque chose à y redire, pour laisser un vague sourire émerger sur mes traits l'espace d'une seconde à entendre qu'aucune de ces prêtresses n'est parvenue à se servir de ses dons prophétiques sur moi. Cela me convient tout à fait. Mon avenir m'appartient, et je ne compte laisser ni le destin ni personne en décider pour moi. Surtout pas un lamentable clergé.

"Grand bien leur en fasse. Quant a mon avenir, il ne regarde que moi."

"D'accord. Si vous désirez garder vos secrets, l'Eglise de Sélune le respectera, vous n'êtes pas prisonnier ici. Si vous le désirez uniquement, l'hospitalité vous y est offerte, ou au contraire de l'aide pour retourner chez vous. Je ne suis pas armée et ne suis pas lycanthrope, vous pouvez poser ce couteau."

Son ton bienveillant, presque maternel, en adoucirait certainement plus d'un, mais ça aurait plutôt tendance à me hérisser le poil. Ne jamais faire confiance à ceux qui donnent l'impression qu'on peut leur offrir une confiance aveugle. Davantage encore s'ils suivent une déité quelconque. Sélune plus qu'une autre d'ailleurs.

"Selune... Je retire ma dague de sa gorge, pour la placer sous ses yeux. "Conduisez moi au doyen Yinochek. Il se souviendra de cette lame, j en suis convaincu"
Son expression m'apprend avant ses paroles que quelque chose cloche dans le tableau.
"Monsieur, il est mort il y a déjà vingt ans."
Rares sont ceux qui peuvent se vanter de me faire perdre mes moyens. Elle rejoint même un cercle des plus restreints. Ce qui doit se voir sur mon visage, d'ordinaire presque aussi discipliné que celui de Kimmuriel, si cela est possible, car sa réaction est immédiate à la mienne.
"Vous... vous n'étiez pas au courant ?" Elle marque une pause, haussant finalement les sourcils en émettant une hypothèse des plus grotesques.
"Etes vous un voyageur temporel comme celui qui a recruté le jeune Artémis ?"
"Personne ne m'a recruté."

Un commentaire qui n'a appelé aucune réflexion de ma part, comme l'aboiement d'un chien sauvage que l'on tenterait de caresser dans le sens du poil. Bien sur que j'ai eu des employeurs, dans une autre vie, un passé qui me semblait déjà lointain avant que Baiame ne s'en mêle, mais aucun à Memnon, pas dans cette cité que j'ai quitté par la force d'une cage et d'un marchand d'esclaves abusif alors que je n'avais pas douze ans d'âge.

"Non, je parlais de... Elle s'arrête en pleine phrase, semblant faire la lumière sur un point qui me demeure ténébreux. Ses yeux s'écarquillent davantage encore si cela est possible. "Initié Artémis, est-ce vous ? Vous êtes si différent !"

"Initié de rien du tout. Et c est Entreri pour vous. Il ne me semble pas que nous ayons combattu les orcs ensemble."

Sur la défensive? Toujours dès lors qu'il est question de religion.

"Entreri ? Artémis avait oublié son nom quand l'Eglise l'a recueilli après le massacre de Waterdeep. Sélune est le seul nom qu'il prend depuis qu'il suit la voix pour devenir prêtre, depuis que la déesse l'a sauvé. Vous n'êtes pas le même Artémis que je connais. Cet homme qui est venu d'un autre monde, Kronos, nous a parlé de la cause du multivers. Vous êtes le Artémis d'une autre version de Toril n'est-ce pas ?"

"Si vous me connaissiez réellement, vous prieriez pour qu'il n existe qu'une seule et unique version de moi même. Maintenant, conduisez moi au chef de votre temple, avant que je ne décide que vous avez suffisamment abusé de ma patience."

"La Haute Pretresse n'est pas présente ici, elle prend actuellement un avion pour une mission diplomatique. Cependant, nous pouvons vous aider à retrouver ce Kronos pour vous ramener dans votre univers d'origine, en essayant de contacter Artémis de Selûne qui est avec lui. Etes vous familier avec le concept de multivers ? Nous ne l'étions pas avant que le TVA ne recrute notre néophyte, je comprendrais si c'est également votre cas."

"Un avion?! ..." Là je tique réellement, trouvant que le terme est bien trop moderne pour qualifier un portail dimensionnel. Mais décidant d'en apprendre davantage avant de me traiter de fou. "Faites donc ça, ça vous rendra moins inutile que vous en avez l'air."

"Suivez-moi."

Elle s'écarte de moi, se moquant de la dague qui continue à la menacer, plus ou moins, malgré le trouble certain qui m'a saisi au cours de notre conversation, s'arrêtant finalement pour m'attendre au pied de ce qui semble être un ascenseur.

"Vous semblez bien différent de notre Artémis, votre histoire ne vous a pas épargné n'est-ce pas ?" Elle pénètre dans l'ascenseur à son ouverture, et j'hésite devant l'exiguïté de l'endroit avant de l'y suivre. Qu'elle essaye de prononcer un début de sort, et ma dague lui trouera la gorge avant la fin du premier mot. "Vous n'etes pas obligé de répondre, comme je l'ai dit l'Eglise respectera vos secrets.

"Pourquoi poser une question dont vous connaissez déjà la réponse?"

Malgré que mon attention reste centrée sur la prêtresse, qui me fait, à certains égards, penser très fortement à celles que l'on peut trouver chez les drows, mon regard dévie vers le paysage à l'extérieur, qui diffère tant de celui de Baiame que de celui de Memnon. Où suis-je tombé exactement? Je n'ai cependant pas le loisir de me poser davantage la question que les portes s'ouvrent sur un hall digne de celui du chateau de Zengyi, bien que la décoration fasse plutôt penser à ces vieux films qu'on peut croiser à Baiame. Hormis l'invasion de prêtres et prêtresses qu'on y trouve. Occupés à méditer, au moins jusqu'à notre arrivée. L'une d'entre elle s'adresse finalement à ma guide.

"Pretresse Leliana, nous n'avons pas eu de réponse de la déesse concernant notre invité."

Leliana donc, vu que tel semble être son nom, pour ce que cela m'importe, lui répond.
"Elle n'aura pas de réponse à apporter, notre invité vient de plus loin encore que notre déesse Lune. Je vous présente Artémis Entreri, il provient du multivers dont nous a parlé l'agent Kronos. Il n'est pas venu ici volontairement et aurait besoin d'aide pour regagner son univers. "

La tension devient tout à coup palpable dans la pièce, et mes mains se portent instinctivement sur les gardes de mes armes.
"Très bien, nous allons envoyer une prière à l'initié Artémis dans l'espoir qu'il nous entende depuis le vide intemporel."

La première prêtresse se tourne vers moi, me laissant deviner que ses prochaines paroles me sont adressées.
"Le vide intemporel est un espace en dehors des univers alors il ne va pas être simple de nous faire entendre. Puisque vous êtes également un Artémis, vous asseoir au centre du cercle de prière pourra aider les prêtresses et les prêtres à le contacter."

"Et si je refuse? Plutôt embrasser les pattes velues de la Déesse Araignée, maudite soit-elle, que suivre aveuglément les consignes de ceux de votre ordre."
"Je vous l'ai dit, vous êtes libre, vous ne bénéficierez de notre aide uniquement si vous le voulez. Si vous désirez quitter l'Eglise, nous vous laisserons le faire."
"Sans arrière pensée? Où est le piège?"
"L'Eglise de Sélune est bienveillante, et offre un refuge à tout le monde, nous ne sommes pas là pour vous piéger. Nous ignorons ce qui a causé le déplacement de votre univers jusqu'au notre."
Un éclat de rire involontaire me prend, à la pensée que les dévots sont aussi frappés les uns que les autres, quelle que soit la religion. Les prêtresses de Lloth, au moins, assument leur perfidie, même si d'aucuns pourraient affirmer en les rencontrant pour la toute première fois que le mal peut se montrer terriblement séduisant.
"L'église de Sélune est une hypocrisie, comme la plupart des clergés d'ailleurs. La mort d'Yinochek n'y change rien, un autre du même acabit aura repris sa fonction. Les dieux chaotiques tels que Lloth ont au moins le bon gout de ne pas dissimuler leur traitrise derrière de bonnes intentions. Le peuple de Memnon meurt de faim, réservant leurs derniers deniers au culte dans l'espoir de sauver leur âme et celle de leurs défunts, tandis que le Temple s'enrichit chaque jour davantage. Et dans les veines de combien de ces enfants coulent le sang des prêtres de Sélune? Ne venez pas me parler de bienveillance."

Dans les miennes? Très certainement. Pour ce que j'en ai à faire. Pour le reste, petit conseil aux néophytes. Pour faire sensation dans un temple, blasphémez en son sein. L'attention de tous m'est désormais entièrement donnée, si je la recherchais.

"Yinochek a sacrifié sa vie pour établir une paix durable ici. Le peuple se porte bien, et les libertés populaires n'ont jamais été aussi grandes. Le massacre de Waterdeep qui a fait de notre Artémis un orphelin a été l'une des dernières horreurs du continent, il y a déjà plus de deux décennies. Les guerres et la misère ont pris fin ici. Je suis navrée que vous n'ayez pas connu cela. Si vous ne voulez pas revenir chez vous, notre Faerûn vous sera très hospitalière, j'en suis certaine."
"Yinochek a... j'aurai du tenter de le tuer plus tôt celui-là. Quant à votre proposition, merci mais non merci. Un monde de paix, aussi illusoire soit-il, n'est pas pour moi. Artémis Entreri est né de la douleur et mourra dans la douleur."

Des bruits d'agitation se font entendre à l'extérieur. Les prêtresses se ruent aux fenêtres, et je les suis plus calmement, et surtout, à bonne distance, pour observer le carambolage de voitures fracassées. Ce monde est décidément un étrange mélange entre mon pays natal et Baiame, et je ne veux même pas savoir dans quoi j'ai encore mis les pieds sans le chercher. Je relève le regard pour observer le ciel au dessus et surtout le ver géant qui s'y promène. Celui qui fait des apparitions dans le ciel de Baiame depuis un bon mois, depuis le jour où il a fait exploser la montagne qui surplombait la ville.

"C'est la créature que nous avons vu la nuit dernière avant de trouver cet homme dans la foret !"

Je n'écoute cependant qu'à moitié, mon attention détournée d'un problème par un autre. Et je crois bien que pour une fois, je n'ai même pas d'elfe noir à blâmer pour la situation actuelle... quoique, avec eux, on ne sait jamais. Et même si celui là, sans les ailes caractéristiques de sa race, ressemble davantage à un ver géant qu'à un dragon, une seule pensée me vient en tête.

"Il y a toujours des dragons..."

La sensation de se réveiller dans un lieu inconnu sans savoir comment on était arrivés là était toujours assez surprenante. Mais pour Maïa, le dépaysement était encore plus total que ce qu'elle aurait pu penser. Elle se trouvait dans une chambre qui lui paraissait immense, dans un lit à baldaquin des plus confortables et dans une tenue qui ne lui appartenait pas, même si elle ne pouvait pas nier que la soie était douce et qu'elle était agréable à porter. En tournant légèrement la tête, elle aperçut ses vêtements pliés sur le côté et même si les rideaux étaient fermés, elle pouvait voir transparaître un peu de lumière. A priori, il faisait déjà grand jour.

Il fallait qu'elle trouve où elle était et comment elle était arrivée là. Chez elle, les enfants avaient dû se réveiller et se demander pourquoi elle n'était pas là pour leur préparer leur petit-déjeuner. Ils étaient débrouillards et ils pourraient sans-doute gérer leur propre petit déjeuner tout seul, mais elle n'était pas sûre qu'il s'en sortirait pour s'occuper du bébé. La petite adorait le cajoler mais elle n'avait jamais eu à le langer ou à préparer son biberon. Le plus grand serait peut-être le faire mais il n'était pas le plus responsable des enfants. Parlant d'enfants, elle aperçut une petite tête blonde à la porte. Dès que l'enfant la remarqua, il s'enfuit à toute allure.

« Hé, attends ! » lui dit-elle, avant de se précipiter à sa poursuite.

Elle sortit dans le couloir où elle se retrouva face à une ville somptueuse, de style moyenâgeuse. Elle ne savait pas où elle avait atterri mais c'était un endroit où elle n'avait pas l'habitude d'aller, et il était évident qu'elle n'était plus chez elle. Elle était muette de stupéfaction mais elle reprit le contrôle d'elle-même au moment où la voix du petit garçon qu'elle avait entraperçu se fit entendre au tournant du couloir.

« Nanny, la dame s'est réveillée... »
« Thorn, je t'ai déjà dit de ne pas ennuyer les invités du roi. »

Une jeune femme s'approcha de Maïa avec un sourire sur les lèvres. Elle était habillée de façon très élégante. Elle devait sans-doute être la mère du petit garçon ou une personne de haute prestige. Maïa remarqua également que le garçonnet portait une tunique sur laquelle il y avait un soleil. Elle ne savait pas où elle était tombée mais il était certain elle n'était pas dans un endroit où il serait facile de reprendre le chemin de sa maison rapidement.

« Bonjour, je vois que vous vous portez mieux, j'en suis ravie. La reine n'est pas présente pour vous soigner elle même, mais je n'ai jamais douté de mes soupes. Je suis désolée si le prince vous a importunée, il est juste un peu curieux. »

Elle n'était donc pas la mère de cet enfant et elle n'était pas la reine de ce royaume. Mais Maïa était complètement sidérée en se rendant compte qu'elle était apparemment dans un royaume loin de chez elle, sans savoir comment on l'avait amené là et comment ces enfants se portaient. Elle ne pouvait pas faire autrement que d'être un peu nerveuse et de se demander de ce qu'elle faisait là et pourquoi elle était là.

« Bonjour, Madame. La reine… le prince… mais où je suis exactement ? Et pourquoi suis-je ici ? »
« Oh, vous n'avez pas de souvenirs de votre arrivée ici ? » demanda la femme, inquiète. « Les soldats du palais vous ont trouvée devant les portes de la cour, la nuit dernière, inconsciente, mais aucun d'entre eux ne vous a vu arriver jusque là. Quand le roi Finnian l'a appris, il a ordonné qu'on vous soigne avant que vous ne mourriez de froid là-dehors, je me suis occupée de vous cette nuit. »

Elle se tourna vers la balustrade et indiqua la ville d'un geste de la main. Maïa se tourna dans cette direction avec curiosité. Et l'endroit était magnifique. Elle pouvait comprendre que ses habitants soient fiers de leur contrée. Mais elle n'avait pas précisément envie de s'y attarder.

« Vous êtes dans le royaume de Corona, dans le palais du Roi Finnian et de la Reine Gothel. Vous souvenez-vous d'où vous venez au moins, très chère ? »
« Oui. Je me souviens. Une ville appelle Baiame… » répondit Maïa un peu distraitement, avant de marmonner pensivement, « mais comment j’ai pu entrer dans un conte de fée ? »

Le royaume de Corona été mentionné dans l'histoire de Raiponce, et Gothel en était la cruelle méchante qui séquestrait la pauvre princesse. Ici, cette femme était peut-être la reine, mais ça ne voulait pas dire que ce n'était pas un conte de fées. La situation était vraiment très bizarre. Mais Maïa avait vu voler un dragon dans le ciel de Baiame. Elle savait que les gens s’y trouvaient sous une identité qui n'était pas la bonne. Elle pouvait accepter l'idée de se retrouver coincée dans un conte de fées, même si ça ne lui plaisait pas vraiment. A priori, elle réalisa qu'elle ne devait pas être partie de la maison depuis très longtemps.

« Juste cette nuit donc ? Je n’ai dormi qu’une nuit ? »

Elle n'était pas sûre que la femme l'ait entendue car elle ne lui répondit pas. Elle se contenta de parler de la ville d'origine de Maïa.

« Baiame ? Eh bien, ma géographie du continent n'est pas parfaite mais je ne pense pas avoir déjà entendu le nom d'une telle ville. »
« Ma maman, elle est à Anjea, tu connais ? » intervint le prince avec un grand sourire.
« Thorn, nous t'avons appris la bienséance il me semble ? On ne s'adresse pas aux inconnus avec tant de familiarités, encore moins s'il s'agit d'une invitée du roi », le sermonna la gouvernante.
« Pardon, Madame. »
« Je ne connais pas du tout cet endroit, je te l’avoue » répondit Maïa au prince avant de se tourner vers la gouvernante. « Ce n’est pas grave. J’ai l’habitude à la maison. C’est ce qui me préoccupe, justement. Il y a chez moi deux enfants et un bébé. J’espère qu’ils vont s’en sortir… »

Personne ne pouvait l'aider sur ce point. Qui pourrait savoir comment ses enfants allaient gérer son absence ? Mais la gentillesse de la femme et du petit prince fit penser à Maïa que les choses n'allaient pas si mal. De toute façon, ils n'allaient pas pouvoir lui donner des réponses qu'il n'avait pas.

« Écoutez, je vous propose de me suivre jusqu'à la salle du buffet, vous méritez un bon petit déjeuner pour vous remettre d'aplomb. Nous essaierons de comprendre ce qui vous est arrivé. Depuis que ce Kronos nous a rendu visite, le château est habitué aux étrangers originaires d'endroits inconnus », affirma la gouvernante avant de tenter de la rassurer. « Ne vous inquiétez pas, je suis sur que le roi dépêchera les meilleurs cartographes et chevaliers pour vous escorter jusqu'à votre Baiame »

« Si seulement c’était si simple… » marmonna Maïa, indistinctement.

Elle suivit néanmoins la gouvernante et le jeune prince jusqu'à la salle du buffet en question. Elle avait plutôt faim et, de toute façon, il valait mieux suivre le mouvement et faire ce qu'on lui disait plutôt que de se retrouver dans une situation où elle se comporterait de manière hostile. Ce ne serait pas le meilleur moyen de se retrouver en sécurité et de faire en sorte que rien ne lui arrive.

« Installez-vous, je m'en vais prévenir le roi de votre présence », dit la gouvernante, avant de se tourner vers le prince. « Je compte sur toi pour bien te tenir avec Milady... Oh, pardonnez mes bonnes manières, je ne sais même pas comment vous vous appelez. »
« Ho Maïa, Maïa Bloom », se présenta la femme en réalisant honteusement qu'elle avait oublié de le faire.
« Enchantée Milady Maïa Bloom, vous pouvez m'appeler Nanny. Je m'en vais chercher le Roi Finnian. »

Peut-être que le roi pourrait apporter des réponses que la femme était incapable de donner. Maïa s'accrochait à cet espoir car elle ne pouvait pas imaginer que les choses en resteraient là. Il n'était pas facile de se dire qu'elle était coincée aussi loin de chez elle sans aucun espoir de pouvoir s'en sortir. Mais elle se trouvait en compagnie d'un petit garçon qui avait certainement besoin d'une autre façon de voir les choses que le désespoir d'une personne coincée loin de chez elle. Elle se tourna donc vers lui et lui offrit un clin d'œil et un grand sourire, à celui qu'elle réservait à ses petits protégés.

« Bon, on se le prend ce petit-déjeuner ? Tu en penses quoi ? »
« Nanny, elle dit qu'il faut attendre que le roi mange en premier, mais Papa dit toujours qu'il veut que ses invités mangent avant. »

Voilà qui était épineux. Maïa ne voulait pas manquer au protocole et au décorum. Ne sachant pas quoi faire, et alors que le petit garçon s'était installé sur une chaise un peu plus haute que les autres à la droite de celle qui se trouvait en bout de table, elle décida d'aller s'asseoir en face de lui pour ne pas occuper la place qui devait être réservée à un membre de la famille royale. Autant tenir compagnie au prince jusqu'au moment où le roi arriverait et attendre son accord pour commencer à manger.

« Comment sont ton papa et ta maman ? » lui demanda-t-elle gentiment.
« Ma maman, elle est magique, c'est pour ça que le soldat du futur il est venu lui demander son aide dans le ciel. Papa a un peu peur, mais il me dit qu'elle est très forte. »

Un soldat du futur. Maïa avait l'impression que quelqu'un était en train de réunir des troupes pour se battre. Quant à savoir le combat qui les attendait, c'était quelque chose d'un peu mystérieux. Mais si cette femme avait réellement des pouvoirs, il était tout à fait possible que son influence soit grande contre quelque chose de malveillant ou de nocif. Si c'était le cas, et qu'une guerre se préparait, Maïa n'était pas vraiment sûre de pouvoir être efficace puisqu'elle était dénuée de tout pouvoir, du moins, a sa connaissance.

« Elle est magique ? Elle sait faire quoi comme magie ? »
« Elle peut soigner toutes les blessures quand elle chante avec ses cheveux qui brillent, c'est pour ça qu'elle les coupe jamais ! Et mon professeur il dit qu'un jour moi aussi je pourrai faire pareil ! »

Effectivement, elle était puissante. Il était clair, à entendre le petit garçon parler, il était fier de sa mère et de son propre pouvoir. Maïa espérait grandement que personne n'allait demander à ce garçonnet de participer à la bataille qui se préparait. Ce n'était pas la place d'un enfant. Mais son instinct de mère d'accueil ne pouvait faire autrement que se réjouir de la joie du petit garçon et elle lui posait plein de questions, simplement pour lui faire plaisir. Elle avait conscience que cela devait le rendre fier de posséder cet héritage particulier avec sa mère.

« C’est un pouvoir très utile ! Tu vas avoir les cheveux longs aussi, alors, quand tu seras grand ? »
« Moi j'ai le droit de les couper ! »
« Thorn nous réserve de nombreuses surprises, et puisqu'il a hérité du pouvoir de la fleur grâce à sa mère, nos mages ont estimé qu'il aura les mêmes capacités sans les contraintes que connait Gothel. »

Maïa regarda dans la direction d'où provenait la voix. L'homme qui venait d'entrer dans la pièce avait énormément de charisme et une grande élégance. Toute sa majesté se faisait sentir rien que dans sa présence. Elle se leva aussitôt pour l'accueillir et il s'inclina profondément devant elle.

« Enchanté, Milady, j'étais ravi d'apprendre que les soins de Nanny ont été efficace. Je m'appelle Finnian, et je vois que vous avez déjà appris à connaitre mon fils. »
« Votre Majesté », le salua son invitée en faisant une profonde révérence. « Vous avez un fils adorable. Votre histoire est un peu différente de celle que l’on m’a contée. C’est étonnant… et intrigant. »
« Rasseyez-vous, vous êtes mon invitée, les révérences sont pour mes soldats, vous êtes ici chez vous aussi longtemps que vous le souhaitez », dit-il avant de s’installer en bout de table, entre Maïa et son fils. « Une histoire différente ? Que vous a-t-on raconté à notre sujet ? »

Elle était vraiment touchée par l'accueil et la gentillesse du roi. Si elle avait eu le choix de se trouver ici avec les enfants dont elle avait la charge, elle aurait été comblée. Mais puisqu'ils n'étaient pas là, elle se sentait quelque peu inquiète.

« Merci, votre Majesté. A vous dire vrai, ce n’est pas si simple et avec un bébé à la maison, j’aimerais pouvoir rentrer quand il me plairait, aussi douce que puisse être votre hospitalité. Mais je crains de n’avoir pas ce loisir. »

Elle lui sourit cependant pour lui faire comprendre que ses propos n’étaient absolument pas contre lui. Il avait l'air charmant. Et il ne faisait aucun doute que sans sa bienveillance, elle aurait pu mourir de froid dehors. Ce n'était pas sa faute si elle s'était trouvée là mais elle se demandait si ça avait du sens pour quelqu'un et qu'il y avait une mission qu'elle avait à accomplir ou s'il s'agissait de quelque chose de plus obscur et qu'elle était en danger. En attendant, la compagnie de ces personnes étaient plutôt sympas. Et s'il voulait qu'elle lui raconte le conte de fée qu'elle connaissait, ça ne la dérangeait pas.

« Dans la version que je connais, c’est Raiponce, la princesse et non la reine qui possède ce don et Gothel est une mauvaise femme qui veut posséder Raiponce pour son pouvoir. Peu appréciable n’est-ce-pas ? Cela dit, je suis curieuse de savoir de quelle façon votre femme est entrée en possession de ses pouvoirs. Il semblerait que chez vous, ce soit l’héroïne de l’histoire. C’est tout à fait délicieux. »

Quitte à tomber dans un conte de fées, elle avait bien envie d'en connaître l'histoire. Mais elle regretta sa demande assez rapidement quand elle se rendit compte de la peine que cela avait mis sur le visage du roi. Elle n'avait absolument aucune envie de lui faire de la peine, mais il devait y avoir une raison pour qu'il se sente triste.

« Oh, je n'aurais pas dû être roi, c'est ma grande sœur, Raiponce, qui aurait du gouverner sur le royaume. Mais je ne l'ai pas connue, elle s'est éteinte quelques jours après sa naissance, elle était très malade. Je suis né quelques années plus tard, et j'ai été touché par la même maladie mais les effets ont mis plus de temps à m'affecter. Je devenais à-peine un adulte quand mes jours étaient comptés, mais les messagers du royaume ont fini par trouver Gothel, une femme qui tient des pouvoirs de guérison d'une ancienne fleur disparue. Elle m'a sauvé la vie et j'ai fini par tomber amoureux d'elle. »
« C’est une belle histoire d’amour, Majesté »

Assez commune, mais très belle, il fallait le reconnaître. C'était le genre d'histoire ou une femme tombe amoureuse de la personne qu'elle soigne et inversement. Mais c'était tout à fait digne d'un conte de fées. Infiniment plus qu'un homme qui monte aux cheveux d'une fille, ce qui devait être très douloureux, pour la sauver d'une femme qui la gardait prisonnière. Elle aimait mieux la version du roi. Il vint tenir la main de son fils en lui donnant un petit sourire avant de reprendre.

« Mais je crois avoir compris d'où vous venez, dans ce cas. Il n'y a qu'une seule personne qui m'a raconté notre histoire comme vous venez de le faire. Cela risquera d'être un peu plus compliqué pour vous ramener chez vous, à moins de parvenir à contacter Gothel. »

Les propos du roi lui semblaient complètement inespérés. Depuis qu'elle était arrivée ici, elle s'était confrontée aux questions sans jamais réellement avoir beaucoup de réponses. Apparemment, le roi en avait quelques-unes qui pourrait éclairer sa lanterne. À l'attention de Maïa, il se redressa tout-de- suite et elle réagit aussitôt à la remarque du souverain.

« Vous savez ? Pourriez vous m’expliquer ce qu’il se passe ? »
« Il y a quelques années, un soldat est apparu derrière une porte de lumière en nous démontrant qu'il combattait dans l'armée du multivers, le regroupement d'une infinité d'univers dont nous faisons partie. Passé les joies du miracle, il a également expliqué qu'une menace pèse dans une ville du nom d'Anjea, qui met à risque tout le multivers, et que les talents de ma femme seraient utiles dans ce combat. Ce soldat, Kronos, est le seul capable d'ouvrir ces portes d'un univers à l'autre, il pourrait vous ramener chez vous, j'en suis certain. »

Donc ce n'était pas directement l'épouse du roi qui pourrait l'aider mais elle devrait l'orienter vers quelqu'un d'autre. C'était un véritable jeu de piste. Mais cet individu semblait quand-même être important pour ce qui était des mystères qui étaient en train de se produire. Elle avait entendu parler de lui par la gouvernante et elle avait l'impression qu'il était concerné par une situation compliquée. En fronçant les sourcils, elle lui répondit pensivement.

« Votre gouvernante a mentionné ce… Kronos. Ce serait lui qui m’a amenée ici ? Dans quel but ? Le savez-vous ? »
« Je n'en ai aucune idée, votre arrivée ici, seule et sans indice, est très curieuse. Mais nous avons quelques mages à qui je peux demander d'essayer de contacter Gothel par la pensée. »

Soudain, et avant qu'elle ne puisse analyser la situation, une cloche retentit tandis que des voix apeurées se faisaint entendre. Maïa jeta un coup d'œil en direction du roi qui se leva soudainement avec un regard sombre sur le visage.

« Nous sommes attaqués ! »

La gouvernante entra soudain dans la pièce, accompagnée par deux soldats. Elle avait l'air complètement affolée et il était donc évident que la situation était grave. Mais elle ne pouvait pas encore savoir à quel point. Elle s'était spontanément dirigée vers le prince autour de qui elle avait désormais un bras protecteur. S'il y avait bien une chose que Maïa faisait lorsqu'elle était en danger, c'était de protéger les enfants.
 
« Il y a un monstre dans le ciel, Votre Majesté ! Il se dirige vers le château ! » s'écria la gouvernante.
« Majesté que devons-nous faire ? » s'informa Maïa, le bras toujours autour du prince.
« Les soldats vont vous protéger. Thorn, suit Nanny et Lady Maïa. Vous, apportez-moi mon armure ! »

Maïa ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur pour la sécurité du roi. Mais il n'était pas temps de s'affoler. Il fallait mettre le prince à l'abri. Docile, elle suivit les soldats dans le couloir et aperçut par la fenêtre, un immense dragon qui survolait la ville. Ce fut en reconnaissant celui qui avait survolé la ville de Baiame, quelques temps auparavant que la mère d'accueil comprit le danger de la situation actuelle. Ce n'était pas un rêve et il y avait quelque chose de très étrange dans tout ça. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle faisait ici mais si elle pouvait venir en aide à la population, elle le ferait.

Chaque détails. Chaque petit détail. Tout. Je m’étais souvenue de tout. Et parfois, la douleur même de perdre tout ce qu’on a me foudroie. Je revivais au fond de moi la disparition de mon fils, de ma fille et de mon Santa adoré. La douleur… Je ne saurais comment expliquer mais c’est là, au plus profond de mes entrailles et ça reste. Un souvenir. Présent dans ma chair plus que je ne le voudrais. Comme une cicatrice qui a du mal à s’en aller. Je revois encore tous les lutins. Tout ce qu’on a crée pendant presque trente ans. Je revois tout ça partir en fumée. Toute ma vie être réduite au néant, tout simplement. Puis je me retrouve à Baiame. Sans trop savoir comment, sans trop savoir pourquoi.

Une nouvelle vie, de nouveaux souvenirs, une nouvelle histoire. Bien trop lointaine de celle que je suis au plus profond de moi. C’était une autre. Différente de Carol Newman, la proviseure qui a épousé le Père Noël et qui au fond d’elle, n’a jamais cessé de croire en sa magie. Sous cette malédiction, j’en étais le total opposé. Pour elle, la magie n’était que pure fantaisie et penser ne serait-ce qu’au fait que toutes les légendes qu’on raconte aux enfants puissent exister lui passait littéralement au dessus. Bien que le temps passe, depuis le retour de ce souvenir des profondeurs de ma mémoire me fait chavirer le coeur. La douleur de perdre les gens qu’on aime. La douleur de sentir qu’on perd pied, qu’on ne peut pas les sauver.

Une douleur ressentit en accélérée quand c’est à mon tour de disparaître. L’impression de ne devenir qu’une simple pincée de poudre d’étoiles. Disparaître comme si notre vie n’avait pas comptée. Comme si notre monde ne devait pas exister, comme si tout ça n’était que folie. Je vivais avec. Avec la douleur du souvenir. La douleur de savoir l’incapacité naissante au creux du coeur de ne pas avoir pu agir pour les sauver. Tous les sauver. Des cauchemars qui me hantent certaines nuits désormais. Cauchemars dont personne n’a connaissance. Cauchemars dont je n’oserais parler…Des cauchemars que même le Croque-Mitaine ne saurait en produire.

Pourtant des terreurs silencieuses. Une absence qui ronge de l’intérieur mais dont je ne dirais mot tandis que j’ouvre les yeux et que je comprends bien vite que je ne suis plus à la maison. Plus sur Baiame. Mais de retour au Pôle Nord. Tout du moins au premier coup d’oeil. Lorsque je me relève dans le lit, je reconnais les détails décoratifs qui tenaient tant à coeur à Scott. La féérie de noël. Des détails qui me replongent dans mes souvenirs alors que pourtant, mon monde avait connu une fin tragique. Le souvenir m’en brûlait les entrailles.

« Par tous les flocons…Je crois que je suis revenue à la maison… » lâchais-je alors avant de voir certains éléments différaient de ce que je connaissais jadis « Churro, Betty, Noël, Patapouf, Pain d’Epices, Mentholé, Nougat, Petit Pois, Edie, Crouton, Riley… Vous êtes là ? » Peut-être que j’aurais la surprise de retrouver les lutins qui sait…

Je tourne le regard vers la porte alors que des voix s’y font entendre. Deux pour être exacte. Une voix féminine, une voix masculine. Semblerait-il qu’ils tentent de chuchoter mais beaucoup plus fort que cela ne devrait. Et je reste donc quelques instants à écouter leur échange, tout en m’approchant doucement de la porte.

« Elle s’est réveillée ! » « Je t’avais dis qu’elle était pas morte, ça ne respire pas les morts ! » « Les morts ça bouge ici aussi, andouille, on n’est jamais trop sûr ! » « On fait quoi, on la tue ? »

Je fais inconsciemment un pas en arrière mais écoute la suite de leur conversation.

« On va pas la tuer espèce de taré, et si c’était une amie de Mère Carol ? »

Ouf. Attends quoi ?

« Tu veux vraiment prendre le risque ? »

Un petit rire m’échappe bien malgré moi avant que je ne m’approche de la porte pour l’ouvrir.

« Bonjour, ce serait gentil d’éviter de me tuer avant que je me présente quand même. »

Je fais donc face à deux lutins qui hurlent de terreur avant de se mettre à courir.

« La Légende Noire va nous tuer !!!! »

Une alarme retentit dans l’intégralité du domaine que je reconnais bien comme étant chez moi, enfin une version de chez moi, du Pôle Nord. Est-ce-que c’est seulement possible ? Je comprends rapidement que je ne suis pas autant chez moi que je ne l’imaginais. Les décorations varient du Pôle Nord que j’ai connu. Je perçois rapidement des décorations rappelant Mère Nature, le Vénérable Temps, Le Lapin de Pâques, la Fée des Dents, Le Marchand de Sable, Cupidon ainsi que la Mort et beaucoup d’autres… Alors que je tourne le regard, je le pose sur des gardes qui arrivent vers moi. Je comprends rapidement qu’ils proviennent des domaines des autres légendes, autant certains du Pôle tandis que d’autres portent les symboles du Vénérable Temps, Mère Nature, Cupidon, Frost, la Fée des Dents… Toutes les légendes.

L’armée s’arrête à bonne distance de moi, leurs armes pointées directement sur moi, en formation droite, bien militaire. Dans l’incompréhension totale, j’observe les choses se produire en simple spectatrice alors qu’un chemin se forme dans l’armée pour laisser passer un jeune homme, d’à peine une vingtaine d’années à première vue. Son visage est marqué par une immense cicatrice qui lui aveugle un oeil, recouvert d’un cache. Quelque chose me prends au creux des entrailles en le voyant.

« Identifiez-vous » m’ordonne t’il « Et expliquez-nous comment avez-vous pu entrer dans le domaine de la Mère Noël. »

Essayant de me remettre les idées en place, laissant de côté les questionnements qui prenaient naissance dans ma tête, je reprends finalement la parole.

« Qu’est-ce-que… » commençais-je alors tandis que je lève les deux mains en signe de paix, histoire qu’ils ne me tirent pas dessus avant de fixer le jeune homme quelques minutes « Je m’appelle Carol Calvin-Claus et je…Je suis la Mère Noël, enfin aux dernières nouvelles en tout cas. »

Toute l’armée charge leurs armes, prête à attaquer. Le jeune homme semblant diriger les opérations lève la main alors que je fais un pas en arrière.

« Arrêtez ! Rien ne nous dit qu’il s’agit d’une Légende Noire, elle n’est pas habillée comme eux. N’oubliez pas que ma Mère a sauvé les Légendes de tous les univers en bas du notre. »

J’essayais de faire des liens dans mes idées. J’essayais de comprendre ce qui se passait mais c’était assez compliqué de réussir à tout comprendre. Qu’était-ce que ces Légendes noires ? Je repensais à ses précédents propos. Le domaine de la Mère Noël…Le Pôle Nord était dirigé par le Père et la Mère Noël, tout du moins dans mon univers… Le jeune homme fait un pas vers moi et croise les bras.

« Vous venez de toute évidence d’un autre univers. Connaissez-vous le numéro de cet univers ? »

Je reste sans voix quelques instants avant de baisser les mains en respirant profondément.

« Je viens d’une île du nom de Baiame. Enfin à la base, je suis originaire de la Terre 2238, là-bas, je vivais au Pôle Nord aux côtés de mon mari et de mes enfants. Nous étions les premiers humains à vivre au Pôle Nord. » m’expliquais-je alors.

Le jeune homme se tourne vers un soldat vêtue des motifs du Vénérable Temps.

« Vérifiez ces informations. »

Le soldat range son arme et sort un petit appareil qu’il pointe sur moi. Il émet un petit bip. Je respire. Le jeune homme reprend rapidement la parole.

« Elle dit la vérité. Baissez vos armes, reprenez vos activités. »

Sans d’avantage de discussion, toute l’armée exécute les ordres et se disperse. Le jeune homme s’approche de moi et me tends la main pour la serrer.

« Je suis désolée pour tout ça, mais vous trouverez ici un refuge. Je m’appelle Buddy. Qu’est-ce-qui vous mène ici ? J’ignorais que les univers bas avaient connaissance de l’existence du Multivers. »

Buddy…Mon fils. Etait-il un…un variant ? Etait-ce pour cela que j’avais ressenti ce chagrin léger au fond de mes entrailles en voyant son visage. Le coeur d’une mère reconnaît sans doute son enfant à travers tous les univers… Je reste silencieuse quelques secondes avant de reprendre.

« Il faut croire que la garde du Pôle s’est bien plus renforcée que la notre. » énonçais-je alors avec un petit sourire avant de lui serrer la main « Mon fils aussi s’appelle Buddy. » ajoutais-je « Pour tout dire, je n’en sais rien. Je me suis réveillée ici, c’est tout ce que je peux dire. Et d’ailleurs, il faut bien reconnaître que l’armée multi-légendes est assez impressionnante quand on s’y attend pas. » terminais-je.

« Je m'en doute bien, je suis un variant de votre fils. » me répond t’il lorsque je lui énonce qu’il porte le même nom que mon fils. Donc je ne m’étais pas trompée. Mon instinct de mère ne s’était pas trompé « Vous vous êtes retrouvée ici sans savoir comment ? C’est étrange, d’autant que l’Armée du Temps renforce les protections contre les incursion multiverselles. Nous contacterons Kronos pour avoir d’avantage d’informations mais il est hors de portée alors vous pouvez rester sur la Terre 10 005. Suivez-moi, nous vous trouverons quelque chose à manger. » « D’accord, merci » repris-je à mon tour.

Nous nous mettons à marcher tandis qu’il reprend la parole.

« Cette armée est une précaution. Vous ignorez tout des Légendes Noires, et c’est une bonne chose : sachez que ma mère vous a sauvé la vie, ainsi qu’à tous les univers de Légendes se situant en bas du notre. Nous avons découvert l’existence du Multivers de la plus violente des manières. Et si la menace a été éradiquée, nous savons que le Multivers est infini et qu’il existe logiquement d’autres menaces similaires. » « Oh je vois…le plus gros problème que nous ayons connu dans notre univers, c’est Jack Frost qui a manqué de peu d’ailleurs d’effacer notre réalité pour de bon » énonçais-je alors « oh et aussi Mad Santa mais avec lui, ça s’est bien fini… » repris-je « Jack Frost a su causer du soucis ici aussi mais maintenant il manque à beaucoup de gens malgré tout. Ils manquent tous à beaucoup de gens. »

Soudainement prise par la folle envie de manger une pizza à la pâte croustillante, je pose mon regard sur Buddy avec un léger sourire.

« Vous avez de la pizza à la pâte croustillante ? » demandais-je alors avant de reprendre avec plus de sérieux « Votre mère ? Elle n’est pas ici ? »

Nous arrivons rapidement dans les cuisines. Buddy demande aux lutins de faire de la pizza à la pâte croustillante avant de se tourner vers moi.

« Tout le monde était réticent à ce qu’elle parte au début. Elle la première. Partir dans le multivers alors que le multivers était venu à nous avant ça pour nous massacrer…elle n’était pas fan de l’idée. J’ai réussi à la convaincre que je pourrais m’occuper de son domaine, mais ça n’a pas été simple non plus. C’est parce que le Noel Noir a essayé de me tuer qu’elle a du…enfin, elle va bien aujourd’hui. Elle combat pour une autre cause, ailleurs. » « Le Noël Noir ? Que…Où est Santa d’ailleurs ? » demandais-je « Est-ce que tu parles de l’Esprit de Noël ? » repris-je alors « Quand tu dis tous, tu veux parler des Légendes ? »

Je commençais à faire le lien avec toutes les décorations présentes, entre autre chose. La pizza exactement comme je l’avais demandé quelques instants plus tôt arrive, l’assiette est tendue à Buddy avant qu’il ne me l’a donne, m’invitant à m’asseoir. Je le remercie d’un mouvement de tête avant de porter un morceau de pizza jusqu’à ma bouche. Etonnement, mon appétit venait de s’ouvrir.

« Les Légendes Noires viennent de dix milles univers au-dessus du notre. Ce sont les Légendes que vous connaissez, mais tellement malfaisantes qu’elles ont annihilé la vie sur leur Terre. Mais ils ont eu soif d’autres mondes, alors le Temps Noir leur a ouvert des portes vers le Multivers, puisque chaque univers est constitué de Temps. Et ils ont envahi chaque univers de Légendes un par un, pour ne laisser que des Terres mortes sur leur passage. Notre univers est le dernier. Mon père a été tué. Ils ont tous été tués. Ma mère leur a survécu et a mis fin à la guerre. Sans elle, les Légendes Noires seraient venues jusqu’à vous. »

Je reste silencieuse quelques minutes. Scott. Je ne pouvais m’empêcher de penser à lui. Buddy 2 venait de me dire que son père était mort. C’est comme si on m’avait mis un coup de massue. Je revivais encore la perte de mon Santa Adoré alors même que ce n’était pas lui mais une version de lui mais pour moi, ça revenait au même.

« La pizza est parfaite » murmurais-je doucement avec une petite voix.

Je finis par reprendre la parole après quelques minutes.

« Il semblerait que ta mère soit bien plus utile au Pôle Nord que je ne l’ai jamais été. » énonçais-je alors d’un haussement d’épaules « Je suis désolée que tu aie eus à traverser tout ça Buddy… »

Passant machinalement une mèche blonde derrière mon oreille, je ne quitte pas Buddy des yeux.

« Ne dites jamais que vous avez été inutile ! » énonce t’il sur un ton élevé et très autoritaire, me faisant ainsi comprendre que Buddy avait appris à s’endurcir ici et qu’il était digne de pouvoir diriger « On ne réalise l’importance d’une légende que lorsqu’elle meurt. Si vous étiez inutile, vous ne seriez jamais devenue la Mère Noël. »

Et le pire dans tout ça, c’est qu’il a totalement raison. Mais une part de moi ne peut s’empêcher de douter…

« D’accord, d’accord. Et en plus, je crois que tu n’as pas totalement tord. » énonçais-je avec un sourire, quelque peu ennuyée mais avec cette élan de maturité qui fait du bien.

Un soldat des couleurs du Vénérable Temps arrive auprès de nous.

« Nous avons retracé l’activité de la nuit dernière, aucune incursion multiverselle n’a été détectée. »

Buddy se tourne vers moi.

« Vous n’avez donc vraiment aucune idée de la façon dont vous êtes arrivée ici ? C’est la première fois que vous voyagez dans un autre univers ? Parce que ça ne semble pas tant vous choquer, l’existence du multivers. » « Je l’assure, je me trouvais chez moi et je me suis réveillée ici. Je ne sais pas comment, ni pourquoi je suis là. C’est la première fois que je voyage vers un autre univers mais j’ai connaissance du multivers, sur l’île d’où je viens, c’est…commun dirons nous. »

Je termine ma pizza avant de ramener mon regard sur Buddy et le soldat.

« Vous avez vérifié les barrières magiques qui entourent le Pôle Nord aussi ? Je n’ai aucune idée du pourquoi de ma présence ici mais comme je suis une variante de ta mère, ça ne pourrait pas venir de là ? Tu as parlé de Kronos tout a l’heure, je l’ai déjà rencontré, il vient de la même île que moi, pourquoi est-il venu ? »

Buddy hausse les sourcils.

« Vous connaissez Kronos ? Il a demandé à ma mère de libérer une ville cachée du Vide Intemporel, Anjea. Si vous le connaissez, ça ne doit pas être une simple coïncidence. L’armée du Temps essaiera de le contacter. » « Oui. Effectivement, ça ne doit pas être une coïncidence. »  

L’alarme de tout à l’heure retentit à nouveau. Buddy se lève aussitôt, bientôt suivie par moi-même.

« Un intrus. Que se passe-t-il ? » « C’est la même chose, aucune incursion multiverselle, mais un dragon est apparu dans le ciel ! »

Buddy se tourne vers moi.

« Un dragon ?! Et ça, ça vous dis quelque chose ? » « Je crois oui… »

Aucun cauchemar ne vint assombrir mon sommeil cette nuit-là. Il fut si lourd que je ne crois même ne jamais avoir aussi bien dormi. Le retour à la réalité fut beaucoup plus brutal, cela dit.

Je me réveille dans un grand lit qui n’est pas le mien, au centre d’une pièce blanche semblable à une infirmerie avec une technologie beaucoup plus avancée que la normale. Je suis branchée à plusieurs appareils qui semblent mesurer ma tension et autres signaux indéchiffrables. J’aperçois d’ailleurs les lignes qui représentent sans doute les battements de mon coeur s’activer et la petite sonnerie s’accélérer. Pas étonnant, je n’ai aucune idée de l’endroit où je me trouve ni comment je suis arrivée ici. Brusquement, j’arrache les appareils de mon bras dans une grimace et pose mes pieds nus sur le sol glacé de la pièce. Face à moi, se trouve une grande vitre donnant sur un ciel noir parsemé d’étoiles. L’espace…? Comment est-ce possible ? Complètement abasourdie par la vue, je me déplace en titubant un peu jusqu’à la fenêtre. C’est étrange, mes cauchemars sont souvent peuplés par ce genre de vue. Je n’ai pas l’occasion de m’approcher plus de la vitre que la porte s’ouvre à la volée sur une femme dans la trentaine. Ses cheveux blonds tombent sur des vêtements amples d’infirmière qui semblent ne pas venir de ce Temps. Son air paniqué se miroite sur mon visage et je recule en la voyant avancer vers moi.

- Ah, vous vous êtes débranchée toute seule, j’ai cru vous avoir perdue. Je ne vous conseille pas de vous lever si vite, vous auriez dû mourir et je ne sais pas encore si tous vos signaux sont stables. Dit-elle soulagée.

Mes mains se posent par réflexe sur mes hanches, à la recherche de ma machette ou de mes couteaux de lancers, en vain. Je reste en garde, perplexe et terrifiée par cet endroit inconnu, prête à lui bondir dessus si jamais elle s’approche trop près de moi.

- Vos armes sont en sécurité, mais elles sont interdites ici alors toutes les armes sont stockées au même endroit, dit-elle en m’observant les chercher.

- Vous êtes qui et j’suis où là ?! Crié-je, complètement déboussolée.

- Je m’appelle Clarke Griffin, je suis le docteur de la Nouvelle Arche. Et je dois vous avouer que nous sommes tous très curieux de savoir comment vous avez pu vous retrouver sans combinaison dans le vide spatial en orbite autour de notre station.

Mes muscles se détendent quand j’entends son nom, comme si celui-ci résonnait en moi à la manière d’un vieux refrain oublié depuis une éternité.

- La Nouvelle Arche ?

Je ne comprends pas un traître mot de ce que cette femme me raconte, et encore moins le fait que j’ai été retrouvée dans l’espace sans aucune protection.

- Vous foutez pas d’moi, c’est impossible de comater dans l’espace sans combinaison. Je ris jaune en entendant cette stupidité. Vous devriez le savoir, vu tous les appareils avancés que vous avez. En tout cas, je m’souviens pas d’avoir atterri ici.

Mes soupçons refont surface et je ne lâche pas des yeux Clarke, alors que je me demande si elle n’y est pas pour quelque chose. Je ne sais pas comment elle aurait pu faire une telle chose, ni pourquoi, mais elle semble vivre dans un endroit bien plus avancé en termes de technologie et de sciences, alors elle aurait très bien pu, d’une façon ou d’une autre, m’amener dans cet endroit. Reste à savoir pourquoi. Ce qui est étrange c’est qu’elle non plus ne semble rien y comprendre.

- Mais je le sais, oui, c’est bien pour ça que nous espérions des réponses de votre part. Assure-t-elle. Les astro-mécaniciens vous ont repéré la nuit dernière pas très loin des blocs présidentiels et vous ont immédiatement oxygénée le temps de vous apporter dans mon hôpital. Les autorités sont venus mais personne n’a réussi à vous identifier. Comment vous pouvez être ici sans venir de l’Arche ? D’où venez-vous ?

Je fronce les sourcils, ma compréhension s’envolant de plus en plus. Comment ne peut-elle pas savoir d’où je viens ? Et d’où je peux venir si ce n’est de la Terre ? Je soupire en me redressant, ma patience envolée avec le reste de mon cerveau. Si seulement j’avais au moins un petit couteau, j’aurais pu lui faire cracher le morceau. Malheureusement, elle m’a l’air un peu trop coriace pour que je l’affronte à mains nues et tremblante comme je suis. Si elle dit vrai, mon corps n’a pas dû raffoler de ma petite virée à poil en orbite.

- D’une île. Baiame. J’sais rien d’autre, ni comment je suis arrivée là, ni où j’suis. Je plante des yeux accusateurs dans les siens. À croire que vous n’êtes pas toute blanche dans cette histoire… 

- D’une… île ?! La Terre est invivable depuis plus d’un siècle, d’une île de quel monde vous êtes censée venir ? S’écrit-elle, choquée par ma révélation.

J’aimerais bien affirmer que je comprends encore moins bien la conversation que je suis en train d’avoir avec une docteure de l’espace qui ne semble pas venir du même univers que le mien, mais je ne pense pas pouvoir être moins compréhensive que je l’étais déjà.

- Je viens de la Terre oui, et j’vous assure qu’elle a toujours été viable. Affirmé-je, laissant de côté la logique. Attendez… Tout c’que vous dites n’a aucun sens, comment ça de quel monde je viens ? Que fait-on dans l’espace ? Comment j’suis arrivée ici et qu’est-ce que vous m’voulez ?

Mon ton grimpe dans les octaves, de la même manière que ma peur et mon incompréhension me noient. Je jette un regard furtif autour de moi, mais je ne trouve aucun objet qui pourrait faire office d’arme, à l’exception du lit. Hélas, je suis loin d’avoir les muscles pour le balancer au visage de Miss Je-cache-bien-mon-jeu. Elle ne dit rien, se contentant de me regarder comme si je venais de me transformer en démon. Puis finalement, elle prend la parole.

- Vous venez du multivers vous aussi, forcément. Kronos avait paniqué toute l’armée en débarquant au milieu de tout le monde.

Ah mais oui, voilà. Je viens du multivers. Et dire que je n’y ai même pas pensé ! Quelle cloche je fais. Mes traits se raidissent. J’ai juste envie de lui planter le matelas sur sa tête d’ange, à la blondasse.

- Vous n’avez pas l’air de savoir ce que ça veut dire, mais tout ira bien. Assure-t-elle en remplissant un verre d’eau qu’elle me tend et que je mets du temps à prendre. Nous avons appris l’existence du multivers il y a quelques mois. C’est un regroupement de réalités, d’univers, dans lesquels il existe plusieurs versions de l’existence. Ici, la Terre a périt il y a un siècle à cause d’une guerre nucléaire, contrairement à chez vous. Vous avez dû tomber au travers d’un portail de Kronos, l’agent du multivers qui peut voyager à sa guise. Laissez-moi avertir le vice-président Kane et ils feront le nécessaire pour le contacter et vous aider.

La bouche béante et le verre à la main, j’hésite entre m’écrouler de rire au sol, lui lancer le verre au visage ou prendre au sérieux tout ce qu’elle me raconte. Même si la deuxième option est la plus attirante, je me retiens. Elle parle de m’aider, après tout. Et j’ai beau ne pas être complètement débile et être une combattante hors paire, j’aurais bien besoin d’aide actuellement. Ma confiance n’étant par contre pas gagnée, je pose le verre d’eau sur une tablette sans y avoir touché.

- Je rêve, oui ça doit être ça. Tout s’explique. Le multivers, un regroupement de réalités, des portails, tout ça n’a AUCUN putain de sens.

J’en ai fait des cauchemars ces derniers temps. Des violents, des sanglants, et finalement pas grand chose d’autre, mais jamais je n’en ai fait d’aussi fous que celui-ci. Je lui lance un signe de main évasive, l’invitant avec joie à déguerpir pour prévenir son vice-président et me laisser me réveiller en paix.

- Je sens que vous êtes sceptique, et je le comprends. La Terre se lève, ça devrait pouvoir vous convaincre un peu plus. Dit Clarke tout en m’indiquant la fenêtre tandis qu’elle se dirige vers un appareil au mur, sans doute pour communiquer avec ses pairs.

Sans comprendre, j’observe curieusement la vitre donnant sur l’espace et aperçois avec stupéfaction une immense sphère verte et bleue. Une planète. La Terre. Je m’approche du mieux que je peux de la fenêtre, jusqu’à y coller mon front. La vue est impressionnante, elle est magique, à couper le souffle. Je devine les immenses étendues d’eau, les forêts, les déserts, rehaussés de quelques mers de nuages. C’est chez moi, là-bas. Je suis censée vivre ma petite vie insignifiante en bas, sur cette sphère incroyable. Je suis si loin, moi qui n’ai jamais voyagé, me voilà au beau milieu de l’espace. Des larmes me montent aux yeux alors que je me refais le cours de mes quelques derniers jours. Bourrée de nostalgie, je repense aux petites choses de ma vie auxquelles je ne prête aucune attention d’habitude. Mon verre de jus de pomme le matin, le vent frais sur mon visage quand je rentre du boulot, le bruit des glaçons dans le shaker et les rires de mes collègues. Je veux rentrer chez moi.

- Est-ce que vous pouvez m’aider à retourner sur… sur Terre ? Je murmure sans quitter la planète des yeux, la voix tremblante.

Je sursaute presque mais ne me dégage pas lorsque je sens une main se poser sur mon épaule. La voix douce de Clarke semble vouloir assoupir mon angoisse naissante.

- Le vice-président Kane va être prévenu, il va vous aider. Dans notre Histoire, nous ne sommes jamais retournés sur Terre mais la présidente Blake s’est battue pour que la vie ici soit bonne. Ça n’a pas toujours été évident mais grâce à Octavia, la Nouvelle Arche ne s’est jamais aussi bien portée. Alors en attendant que vous puissiez rentrer chez vous, je suis certaine que Kane vous permettra de rester dans le confort de notre station.

J’ai du mal à réaliser l’étendu de la triste situation. Je ne sais pas si je navigue dans un cauchemar horrible ou si tout cela est la réalité. Clarke ne semble pas me vouloir du mal, si elle voulait ma vie, elle me l’aurait prise il y a un moment déjà. Je renifle et me retourne vers elle.

- Alors vous vivez ici, au beau milieu de l’espace ? Comment savez-vous que la Terre n’est plus viable ? Si ça se trouve elle n’attend que vous.

- Il y a plus d’un siècle et des poussières, nos chers ancêtres ont massacré la Terre avec une guerre nucléaire, les radiations ont manqué de détruire l’humanité, mais une Arche a été créée pour survivre dans l’espace. Alors on vit ici depuis, et aujourd’hui ça n’est pas si mal. Ça n’a pas toujours été le cas, il y a encore dix ans les ressources commençaient à manquer et les droits n’étaient pas très respectés. Le gouvernement allait envoyer une centaine de jeunes sur Terre en crash test sans se soucier de notre survie, mais on s’est battu, on doit notre salut à Octavia qui a rétablit une vraie justice et de vrais droits ici.

Je hoche la tête, absorbant les informations les plus utiles. Cette Octavia semble être des plus importantes pour eux. J’aimerais bien m’adresser à elle, pour que l’on discute de ce qu’elle fera de moi. Ce n’est pas d’une infirmière ou d’un vice-président dont j’ai besoin. Mais bien de la présidente elle-même.

- Une déesse vivante, cette Octavia. Soufflé-je en m’asseyant sur le lit, toujours autant attirée par la vision de la Terre.

Ma remarque fait rire la jeune femme qui me corrige.

- Déesse je sais pas, mais oui, elle a du mérite. Il y a quelques mois elle a été recrutée pour aider le multivers, dans une équipe où elle est la seule à n’être qu’une humaine ordinaire. Apparemment le multivers est rempli de sorciers ou de créatures en tout genre, mais la partie surprenante c’est qu’Octavia attire quand même l’attention dans cette foule d’êtres supérieurs.

Je fronce les sourcils en entendant certains termes comme sorciers ou êtres supérieurs, prête à me moquer à nouveau. Je me révise cependant en repensant à quelques souvenirs des plus étranges qui se sont déroulés devant mes yeux ces dernières semaines, un dragon oriental perçant le ciel en tête de liste.

- Attirer l’attention c’est ma spécialité aussi… Dis-je, un sourire dans le coin des lèvres. Y’a pas moyen que je la connaisse votre Octavia Blake ? Son prénom me dit vaguement quelque chose… Comme si… Nan, oubliez, c’est n’importe quoi.

Je me redresse en secouant légèrement la tête. Ce nom ne m’était pas inconnu, comme s’il résonnait en moi de la même manière que celui de la docteure. Mais où les avais-je entendu ?
J’aperçois du coin de l’œil Clarke hausser les épaules. Apparemment, ça ne la surprend pas plus que ça.

- Kronos, celui qui a recruté Octavia, disait que dans certains univers, nous étions des personnages d’une série qui avait beaucoup moins bien tourné que notre histoire. Ce qui était tout aussi perturbant à…

Mh ? À quoi ? À croire ? Je lève les yeux vers elle, attendant la fin de sa phrase qui ne vient pas. Je tombe sur une Clarke totalement perturbée par quelque chose derrière moi.

- Quoi ? Dis-je en fronçant les sourcils.

Je suis des yeux son regard qui ne change pas de direction. Qu’est-ce que c’est encore ? Le champ des possibles n’avait pas déjà été pulvérisé ? Je saute du lit en voyant ce qu’il se passe et rejoint Clarke, la même expression collée au visage. Par la fenêtre, au beau milieu de l’espace, le dragon oriental blanc et rouge, le même que celui qui s’est promené dans le ciel de Baiame, se dirige droit vers nous.

- C’est pas possible, c’est le même que j’ai vu sur Baiame ! Va falloir bouger Clarke, il arrive droit sur nous !

Et je ne souhaite pas savoir ce qu’un choc de type dragon géant pourrait causer comme dégât sur une station spatiale. J’espère que cet endroit à de quoi se défendre, genre des missiles, ou que sais-je… Il a beau être magnifique, je n’aurais aucun mal à lui tirer dessus.

- Mes armes ?! Crié-je à l’attention de Clarke qui reste stoïque.

Je lui secoue légèrement le bras avant qu’elle finisse par bouger. La porte coulissante de la chambre s’ouvre et je la suis sans demander mon reste.

Si jamais c’est un rêve, je me promets de devenir réalisatrice de film. Il ferait un carton celui-ci.

Elyan se demande intérieurement si quelqu'un ne s'amuse pas à lui faire une mauvaise blague. La première fois qu'il s'était réveillé hors de son lit, c'était pour se retrouver en plein dans une chambre d'hôpital, suite à quoi sa journée n'avait été qu'une succession de péripéties en tout genre, dont l'apparition au sommet d'un volcan.  Autant dire qu'il n'était pas prêt à recommencer l'expérience de sitôt.

Sauf que le destin en a décidé autrement, il faut croire.

A première vue, rien à signaler. Elyan a sans doute passé l'une des meilleures nuits de sa vie. Aucun rêve étrange habitée par une femme toute aussi étrange. Aucun cauchemar. Une nuit paisible en perspective. Sans parler du confort de son lit, comme jamais encore auparavant. Elyan s'y love, s'enfonçant encore un peu plus dans ses draps, ces derniers lui procurant chaleur et réconfort. Il pourrait y rester une éternité tant le matelas est moelleux. S'il sent le monde réel le rappeler à lui, l'envie de se rendormir est irrésistible.

Lorsqu'il ouvre les yeux, cependant, ce n'est pas la peinture blanche délavée de sa chambre étudiante qu'il découvre, mais bien des murs en marbre blanc avec des colonnades en pierre toute aussi blanche. Elyan cligne des yeux plusieurs fois, mais le décor ne change pas.  Sur les murs, il peut apercevoir plusieurs fresques en mosaïques, celles-ci représentant diverse scènes. Deux d'entre elles attirent particulièrement son attention. Sur l'une d'elle, une femme en toge grecque bleu océan tient en trident dans un main et provoque des tempêtes. La seconde dépeint cette même femme, mais cette fois-ci tirant un char tiré par des hippocampes. Il a déjà vu ses fresques, dans un livre que sa mère lui comptait étant plus jeune. Sauf que ce n'était pas une femme qui y était imagée, mais bien un homme, un Dieu - Poséidon.  

Elyan détache son regard des mosaïques pour venir observer le reste de la pièce, mais celle-ci demeure la même, avec ses murs en marbre et ses colonnes de pierre. Il reporte donc son attention sur le lit où il se trouve, désormais assis. Toute la literie est en soie, blanche, et aux bordures dorées. Quelque chose lui dit que c'est de l'or véritable, et pas juste une simple pastiche.

A première vue, donc, Elyan pense s'être réveillée en plein temple grec, comme ceux de l'Antiquité. S'il est toujours confus, il se rassure quelque peu en se disant que ce réveil là est mieux que celui à l'hôpital, un mois plus tôt.

A côté de son lit se trouve une table, sur lequel est posé un plateau. Une calice ainsi qu'une petite assiette s'y trouve, tous deux affreusement vides. Ce qui est regrettable, car Elyan commence à avoir faim. Et soif. Un verre d'eau ou de jus de fruit n'aurait pas été de refus.

Quelqu'un vient taper à la porte, tirant Elyan de ses réflexions. C'est un bruit sourd, presque indiscernable, comme si la personne de l'autre côté ne souhaite pas brusquer le jeune homme.

"Des nymphes du vent m'ont dit que vous étiez réveillé ?" demande alors un homme, la voix basse, comme s'il chuchotait.  

Elyan cligne une nouvelle fois des yeux. Si c'est bien un rêve, jusqu'à présent, ce n'est pas le plus étrange qu'il ait eu, ni même vécu.

"Des nymphes ? C'est elles qui ont bu dans mon verre et mangé dans mon assiette ?" Il ignore pourquoi il a dit ça, mais une fois de plus, ses lèvres ont réagi plus rapidement que son cerveau, il faut croire. Mais la faim le rend sans doute un peu plus grognon que d'ordinaire.

L'homme de l'autre côté de la porte se met à rire. "C'est moi qui ait retiré le contenu de l'assiette. Apollonia a mis de l'ambroisie et du nectar en oubliant que ça vous tuerait probablement.Mais j'ai un verre d'eau et des cookies adaptés à un humain, si je peux entrer ?"

Décidément, à peine débarqué, et voilà qu'on essaie déjà de l'empoisonner. "Euh... je ne dis pas non à de l'eau et aux cookies. Ils ne sont pas bleus, par hasard ?" Étrangement, cette obsession avec la nourriture bleue ne l'a jamais quitté depuis l'enfance. "Et vous pouvez entrer." Elyan contemple à nouveau l'endroit, s'enfonçant un peu plus dans ses draps. "Pour des kidnappeurs, vous êtes étrangement avenants et chaleureux. J'espère qu'il n'y a pas de serpent géant qui m'attend plus loin. Ou que vous comptez pas m'empoisonner avec des cookies vous aussi." S'il tente un trait d'humour, l'anxiété et le doute commencent à s'emparer de lui. Après tout, sa mère lui a toujours appris à se méfier des inconnus. Et même à vingt-et-un ans, Elyan suit ce conseil à la lettre.

La porte finit par s'ouvrir sur un homme aux cheveux blonds et aux yeux pâles, tirant sur le gris. Étrangement, ils lui rappellent ceux de sa petite-amie. L'homme ne doit pas être plus âgé que la trentaine, même si les traits de son visage sont actuellement marqués par le désarroi. Elyan espère que son trait d'humour noir ne l'a pas froissé. "Qu'est-ce que vous avez dit ?" qu'il s'interroge, l'air grandement perturbé. Si Elyan s'apprête à s'expliquer, ce sont les cookies qui attirent son attention - ils sont bleus.

Elyan hausse un sourcil, surpris. "Ah, bah ça alors". Il ignore si c'est le pur fruit du hasard (même s'il en doute fortement) ou s'il a acquis des dons psychiques depuis la dernière fois. Autre possibilité : c'est bel et bien un rêve. Une chimère purement et simplement. Après tout, ne dit-on pas qu'on est le propre architecte de ses rêves ? Voilà pourquoi les cookies sont bleus.

Il reporte son attention sur l'inconnu, le dévisageant quelque peu. "Vous me semblez étrangement familier." Il ne saurait dire d'où, ni même comment, mais il n'arrive pas à se sortir cette idée de la tête. En dehors des yeux du même gris que celui de sa petite-amie, Monsieur Blond-Top-Model a ce même regard inquisiteur. C'est un peu la même sensation qui le gagne à chaque fois qu'il regarde Nico - une étrange impression de déjà-vu. "Je m'appelle Elyan au fait, mais vous le saviez déjà probablement, vu que vous m'avez kidnappé et amené ici. J'ignore toujours les raisons pourquoi, d'ailleurs". Il n'est qu'à moitié sérieux avec ces accusations de kidnapping. On ne peut pas éliminer tous les scénarios à ce stade.

Bien que toujours troublé, l'inconnu se rapproche, lui tendant le verre d'eau et le plateau de cookies. "Vous êtes encore plus singulier que ce que nous pensions. C'est vous qui étiez dans mon lit la nuit dernière, pour information, et j'aurais espéré avoir des explications. Athéna a suggéré vous tuer quand les dieux ont appris votre intrusion."

Elyan s'empare de l'eau et des cookies et s'apprête à les manger quand les paroles de du blond le font stopper net dans son geste. "Comment ça, dans votre lit ? J'ignore quel est cet endroit, et encore plus qui vous êtes." Cette situation lui rappelle dangereusement une autre, bien plus récente, et il n'est pas certain de vouloir savoir de quoi il retourne. "Athéna ? Comme le prénom de la déesse de la sagesse et de la stratégie guerrière ? Celle de la mythologie ?" Sa mère lui a raconté bon nombre de mythes étant plus jeune, mais c'est la mythologie grecque qui l'a toujours le plus fasciné. "Huh" qu'il s'étonne, de manière très éloquente.

Elyan jette un regard suspect à l'assiette de cookies, avant de déposer celle-ci sur la table, avec l'autre assiette déjà présente ainsi que le calice. Tout le monde souhaite sa mort, à priori. N'est-ce pas fantastique ?! "Ecoutez, j'ignore qui vous êtes, et ce qui peut bien se passer ici, mais la dernière fois que je me suis réveillée dans un endroit étrange, un dragon est sorti du sommet d'un volcan." Sa voix monte d'un octave, quelque peu irrité. Il en a marre de ce genre de situation. Bien que cela confirme son idée qu'il est bien dans un temple grec. Pour quelque raison qui soit. "Laissez moi deviner, on est sur l'Olympe ?"

Monsieur Blond-Top-Model (et sérieusement, Elyan ne peut pas continuer à l'appeler ainsi. Un nom ne serait pas de refus à ce stade !) cligne des yeux, à priori pris de cours et abasourdi par toutes ces révélations. S'il reste plusieurs secondes sans rien dire, il finit par s'exclamer.  "D'accord, il y avait beaucoup d'informations étranges dans ce que vous venez de dire." Welcome to my life. Elyan est heureux de constater qu'il n'est pas le seul à trouver ça étrange. Sans se dépourvoir de son sourire toutefois, l'inconnu continue. "Mais je crois que j'ai compris ce qu'il se passe. Pour en être sur, avant de tout expliquer, si je me trompe pas... vous êtes sur que vous ne vous appelez pas Persée ?"

Elyan se retient de ricaner - sa vie tout entière est une succession de faits étranges ces derniers temps. "Persée ? Non, mais plusieurs personnes semblent me confondre avec cette personne là. Sauf qu'on m'appelle Percy. Du moins, c'est comme ça que Nico m'a appelé la première fois qu'il m'a vu." Décidément, il ne peut échapper à ce prénom, sous toutes ses formes. A force, il se demande même s'il n'est pas le dénommé Percy, vu comment tout le monde s'acharne à le prénommer ainsi. "Mais aux dernières nouvelles, je m'appelle bien Elyan." et même là, lui-même se met à douter d'une telle véracité.

"Nico, Percy... Athéna comme déesse de la sagesse. Nouveau prénom... Bon, et bien je crois que j'ai l'ensemble du tableau et c'est pas des moindres. Prêt ? Ça risque d'être un peu surprenant.", explique alors le blond, venant s'asseoir à ses côtés sur le lit. Rien ne peut plus surprendre Elyan à ce stade.

"Je pense que vous souffrez d'amnésie, ou quelque chose du genre, ça n'aurait pas été la première fois pour un ou une Persée Jackson. Je m'appelle Anael Chase, et je pense que vous avez fait un saut d'un univers à l'autre. On a appris que d'autres univers existent récemment, ça ne doit pas être une coïncidence. Vous vous êtes réveillé dans mon lit sans doute parce que vous êtes le double masculin de ma femme, Persée. Ce qui expliquerait les cookies bleus, c'est son truc avec son père, j'imagine que c'était le votre avec votre père. Enfin... votre mère, je suppose."

Elyan ne sait pas quoi répondre. A vrai dire, son cerveau a fait un court-circuit. "Percy Jackson, c'est comme ça que m'a appelée cette femme étrange la dernière fois." Mais il a beaucoup de mal à faire à cette identité, aussi familière puisse-t-elle paraître. Cela fait beaucoup d'informations à assimiler en peu de temps, et honnêtement, Elyan n'en a retenu que la moitié. L'idée du multivers ne le surprend qu'à moitié, ayant déjà eu un récapitulatif plutôt condensé lors de son dernier bad trip le mois dernier.

"Votre... femme." Et n'est-ce pas là la plus grosse surprise du jour. "Donc, si je comprends bien, si je suis bien ce Percy Jackson, je suis moi aussi censée avoir une... épouse ?" Sa petite-amie risque de l'assassiner s'il se présente avec une bague de fiançailles.

"Je ne sais pas si vous êtes déjà marié, vous avez l'air plus jeune que Persée et moi" dit-il en rigolant. Mais je vous souhaite d'avoir trouvé votre... euhm... Anaelle ?" rassure-t-il Elyan tout en haussant les épaules, l'air pensif.

Elyan soupire de soulagement. Un oint positif dans tout ça, néanmoins, c'est qu'il a enfin un prénom auquel associer Monsieur Top Model.

Ce dernier continue d'ailleurs toujours ses explications, indiquant le reste du temple. "Vous êtes bien sur Olympe. Je suis le fils d'Arès, le dieu de la sagesse et de la stratégie militaire. Si je comprends bien, dans votre univers il doit il avoir une inversion de genre et je trouve ça assez fascinant pour être honnête, désolé pour ça. Le verre et l'assiette qu'Apollonia vous a donné contenaient du nectar et de l'ambroisie, faits pour les dieux et leur famille. Je pensais que ça vous aurait tué en croyant que vous êtes un simple humain mais ce doit être cette sorte d'amnésie qui brouille votre vraie nature."

Elyan hoche la tête, lui aussi pensif. "Maintenant que j'y pense, Nico a laissé sous-entendre que ce n'était pas la première fois que je traversais une phase amnésique". Sauf que, quand on est amnésique, on est censé tout oublier. Or, Elyan se souvient de toute sa vie dans ses moindres détails. "C'est une théorie intéressante, sauf que je n'ai rien oublié, je me souviens de ma mère, de ma petite-amie, de toute ma vie. Comment serait-ce possible si je suis amnésique ?" Elyan sent la migraine pointer son nez. "Et oui, la nourriture bleue, c'est un rituel avec ma mère. Je n'ai jamais connu mon père ceci-dit, il est mort en père avant que je naisse."

Mais Anael ne semble pas surpris plus que ça. "Julia Grace a aussi traversé la même situation pendant que Persée était amnésique, mais de faux souvenirs s'était créée autour d'elle, c'est pas impossible que vous ayez la même chose... on peut se tutoyer ? Ça me fait bizarre maintenant de dire vous."

"De faux souvenirs?" Elyan n'y croit pas une seule seconde. Ses souvenirs à lui sont bien trop réels, bien trop perceptibles pour être factices. D'un autre côté, cela expliquerait pourquoi tout le monde s'entête à vouloir l'appeler Percy. "Euh oui, on peut se tutoyer"

Mais c'est autre chose qui vient attirer son attention dans tout ce que lui a raconté Anael. "Arès, dieu de la sagesse?" Elyan s'exclame, bouche-bée. "Bah ça alors. Le Arès de ma mythologie n'a rien de très sage. Et encore moins de très intelligent, sans vouloir te vexer." Au fond de lui, Elyan n'a jamais apprécié ce dieu, ressentant une colère profonde à chaque fois que son nom est prononcé, sans vraiment savoir pourquoi. Elyan observe à nouveau les mosaïques, aux scènes elles aussi familières, mais différentes également. "Par chez moi, c'est Poséïdon qui dirige le char et qui commande les océans. Si tout est inversé ici..." il préfère ne pas y penser. "Et je suis au courant pour le multivers, plus ou moins. Kronos a essayé de nous expliquer, mais j'ai un peu décroché, je dois l'avouer." Attendez. Kronos. Comme le Titan ? Maintenant qu'il y pense, rien n'est trop étrange. "Et je ne suis pas amnésique" qu'il réitère une nouvelle fois, comme pour mieux s'en convaincre lui-même. "Mais même si c'était le cas, je doute que le nectar ou l'ambroisie soit bénéfique. Je ne suis qu'un simple et banal humain". Oui, le déni. Toujours le déni.

Cette version de la mythologie pourtant si célèbre semble laisser Anael perplexe, mais très intéressé. "Arès, dieu de la guerre donc ? C'est Athéna chez nous ça, déesse de la guerre. Poseidon pour Poseis... D'accord, c'est super fascinant ! Pardon, ça a l'air dérisoire, mais j'adore cette perspective, on peut tous les faire ? Chez moi, comme dieux, nous avons Zeys, déesse du ciel et de la foudre, et Héros, son époux, dieu du mariage. Poseis, déesse des océans et Hadia, déesse des Enfers, celle-ci mariée à Perséphane, dieu du printemps. Il y a son père, Demeterion, dieu de l'agriculture. Après y a le duo Arès, dieu de la sagesse et Athéna déesse de la guerre, et le duo Apollonia, déesse du soleil et des arts et Artémios, dieu de la lune et de la chasse. Aphroditès est le dieu de l'amour et de la beauté, "normalement marié" à Héphéa déesse des volcans et des forges. Il y a également Hermiona, déesse des messagers. Et on peut finir avec Dionysia, déesse du vin, qui a pris la place olympienne d'Hestios, dieu du foyer... et chez toi, ils s'appellent comment alors ?" explique-t-il, semblable à un enfant fasciné par une nouvelle histoire.

Elyan cligne une nouvelle fois des yeux. Il a perdu le compte depuis. Il faut croire que les choses peuvent encore le fasciner. Sa version des mythes et des différents dieux le rend perplexe. "Nous avons Zeus, dieu des Cieux et de la Foudre. Sa femme, Héra" et son prénom laisse un arrière-goût amer à Elyan "déesse du mariage. Poséidon, dieu des mers et océan du coup. Hadés, dieu des enfers, ainsi que sa femme, Perséphone dont la mer est Déméter. Arès et Athéna sont donc inversés. Il y aussi les jumeaux Apollon et Artémis ; Aphrodite, déesse de l'amour et de la beauté, épouse de Héphaïstos. Hermès pour Hermonia. Et enfin Dionysos et Hestia" Ces noms paraissent banals pour Elyan qui a grandi en les entendant.

"Mais attendez, Heros? Chez nous, Eros est l'équivalent grec de Cupidon, le fils d'Aphrodite et un dieu de l'amour également." Et il imagine très mal Héra en allégorie même de l'amour. "Heros avec un H, la fille d'Aphroditès s'appelle Eria ici. C'est formidable, j'adore tout ça, je vais le noter quelque part c'est génial ! Je me demande si ta version de moi a aussi accepté de devenir un dieu. Une déesse, du coup, je suppose." conclut-il avant de se lever et de se diriger vers la porte.

"Bon, tu as parlé de Kronos. On le connait aussi, c'est sur qu'il y est pour quelque chose quant à ton arrivée ici. Viens, Hermiona sera peut-être en mesure de le contacter. Ça me donnera une bonne excuse pour avoir des nouvelles de ma femme sans qu'elle me reproche de m'inquiéter juste parce qu'elle est enceinte. Bon, on va être honnête, c'est pas entièrement faux, mais au moins on a de quoi lui parler d'autre chose maintenant. Je suppose que tu voudrais rentrer chez toi, n'est-ce pas ?"

Au fond, cela ne le surprend guère que Kronos soit mêlé à cette histoire. Ce type a le chic pour être présent dès que Elyan est en pleine crise existentielle.

Et, une nouvelle fois, Anael vient perturber ses pensées. Il semble avoir un certain talent pour ça. "Enceinte?!" Il manque de s'étouffer. Oui, Elyan a la manie de se focaliser sur des détails qui peuvent parfois paraître insignifiant. Anael a cet air fier dans le regard. "Elle en est à 7 mois de grossesse. J'espère juste que la quête pour laquelle Kronos l'a recrutée sera terminée d'ici l'accouchement." Elyan ne répond pas, se contentant de hocher la tête. Bien qu'au fond de lui, il se demande qui de bien sensé envoie une femme enceinte accomplir une quête.

"Et oui, aussi confortable soit ce lit, rentrer chez moi n'est pas de refus". Il s'empresse de suivre Anael hors de la pièce, s'emparant d'un des cookies au passage - maintenant qu'il est quasiment certain que ces derniers ne sont pas empoisonnés.

Elyan ne sait pas vraiment à quoi il s'attendait en franchissant la porte, mais ce qu'il découvre dépasse toutes ses attentes, et tous ses rêves les plus fous. La cité d'Olympe, dans toute sa splendeur. Gigantesque ville grecque construite sur le sommet d'une montagne, dont le point culminant accueille les trônes olympiens. A côté, la chambre dans laquelle il s'est réveillé paraît bien moins démesurée qu'elle n'y paraît, n'étant qu'une simple dépendance. Celle-ci se trouve dans une cour qui donne sur une maison époustouflante, de l'autre coté d'une petite piscine. Cette maison mélange une architecture grecque à celle d'une maison contemporaine aux grandes baies vitrées et assez luxueuse. Une statue représentant un homme ressemblant à Anael et une femme à ses cotés, sur un char en bronze, trône au milieu de la piscine.

"Quand Zeys a fait de moi le dieu des arts architecturaux pour avoir reconstruit toute la cité d'Olympe, j'ai accepté la résidence, mais je n'étais pas fan de l'idée d'une statue de moi et Persée au milieu de la cour... C'est Persée qui a trouvé que c'était une super idée d'Héphéa." dit-il embarrassé.

En sortant dans la ville, c'est la population de l'Olympe qui alerte Elyan. Bien que familier avec les mythes, cela ne rend pas la chose moins surprenante. Des humains, des dryades à la peau vertes qui sortent de leurs arbres, des nymphes qui se matérialisent dans l'eau ou dans le vent, ou des satyres aux pattes de bouc. Une population des plus éclectiques, en soit. Population qui s'agite soudainement dans un mouvement de panique. Suivant leur regard, Elyan lève lui aussi les yeux, pour apercevoir un dragon. Mais pas n'importe lequel. C'est Pelée, celui-là même qui est sorti d'une montagne un mois plus tôt, et qui vole dans le ciel de Baiame depuis.

Pelée ?! qu'il s'exclame à sa vue, surpris de le voir ici. Contrairement aux autres, Elyan n'est pas pris de panique, s'étant quelque peu habitué à la présence du dragon en un mois. Il se demande simplement où se trouve cette mystérieuse femme, celle qui semblait si familière avec lui.

Elle aurait voulu que ce moment ne dure jamais, elle aimerait se réveiller de ce cauchemar, revenir dans sa réalité. Hélas il lui était impossible de prévoir ce qui allait arriver, encore moins comment elle avait bien pu faire pour se retrouver dans cette situation. Il est clair que pour Mirajane, rien de tout cela ne peut être qu’un mauvais rêve, qu’il lui est impossible pour elle de voir ce qui se passe sous ses yeux. La jeune femme garde encore le souvenir des dernier moments passé dans son monde, c’est quelque chose dont elle aurait bien voulu éviter de comprendre. Mirajane n’était pas au meilleur de sa forme, son mental en a pris un grand coup, le choc des émotions passé, mais la voilà dans une fâcheuse situation. La jeune femme ignore combien de temps ce sont écouler depuis qu’elle est dans cette situation.

Mirajane aurait bien voulu comprendre ce qui se passait en cet instant, qui était derrière tout cela, si on enlevait le fait qu’elle ne se trouvait non pas dans sa chambre, mais dans un endroit inconnu. Son esprit s'entremêlent avec une situation qui la dépassait, si ce n’est que son réveil s'accompagne par une étrange sensation désagréable. tout était froid et humide, quelque chose résonnait au plus profond de son être, sans pour autant comprendre ce que tout cela pouvait bien signifier. d’autant plus qu’à l'instant même où elle venait de reprendre conscience quelque minute plus tôt. un blocage étrange et soudain s’empara de son corps, mais surtout, de ses pouvoirs.

Son regard se perdait sous la silhouette impénétrable et immobile de cette étrange statue de pierre, il se détachait de cet endroit quelque chose de sinistre, voire familier. Puis l’instant suivant, son regard croisa une silhouette qui secoua ses souvenirs les plus profonds. Mirajane se concentra sur la femme qui se dressait devant elle, dans une meilleur position qu’elle ne l’était déjà. Elle ressent encore les effets de ce sommeil qui l'empêche de bien se relever.

- "Vous ne pouvez pas utiliser vos pouvoirs tant que Face les retient."

Un seul instant pourrait lui suffir pour s’enfuir, si ce n’était pas de ses pouvoirs qui refusa de se manifester et de la femme qui arbora une armure qu’elle semblait trop bien connaître. Serait-il possible que?

- "Qui êtes-vous et comment avez-vous trouvé la Guilde Strauss ?" demande-t-elle, autoritaire

“J'ignore ou je me trouve, je me suis réveillé ici et je ne connais aucune guilde Strauss"

Tout cela dépassait largement tout ce qu’elle avait vécu jusqu’à maintenant, Mirajane ne voulait sans doute pas comprendre la vérité qui se déroulait sous ses yeux.

“je m'appelle Mirajane Strauss et je fait partie de la guilde de Fairy tail.. mais face? comment est-ce possible?"

Mais avant même pouvoir comprendre davantage les choses,elle se retrouva coincée entre le mur froid de la pièce et l’arme qu'on lui tendait. Mirajane pouvait ressentir la froideur de la lame piquer sa peau, elle en avait vécu des choses, mais rien de comparable.

"Le Maitre Mirael Strauss ne connait aucune famille qui s'appelle Mirajane, et la guilde Fairy Tail a disparu il y a longtemps, qu'est-ce que vous essayez de faire avec des mensonges aussi ridicules ?"

Pourtant, les mots que la femme prononça fit écho dans son esprit et un sentiment beaucoup trop familier s’empara de ses pensées de ses émotions, l’empêchant de réfléchir correctement. Tout cela lui rappelait vaguement certain événement dont elle ne trouvera jamais l’issu final, malgré tout, Mirajane persistait à croire que c’était impossible qu’elle soit à nouveau dans son monde, un monde bien différent.

"Je ne mentirai jamais sur mon identité. Je viens d'un univers où Fairy tail a bel et bien survécu et je suis l'aînée de la fratrie Strauss. Pourriez-vous m'expliquer ou je me trouve? Pourquoi Face n'a pas été détruite?"

- "D'un univers ? D'un autre univers que le nôtre, comme Kronos ? Vous venez de la part du TVA ?"

" Vous connaissez Kronos? Pour être honnête, je ne saurai dire, j'ai entendu parler du TVA puisque je vis sur une île, Baiame tout comme Kronos."

Elle pouvait y lire la surprise et la consternation dans le regard de la jeune femme, ce qu’elle ressentait elle-même à l’instant. Si tout cela était bien réel, Mirajane ne pouvait s’empêcher de douter de ce qu’elle entendait. après tout, elle ne connaissait pas intimement le TVA, tout ce qu’elle avait eu à savoir depuis son réveil, ses souvenirs retrouver à Baiame, elle leur devait à eux, cette organisation qui faisait des choses au-delà de ses compétences, mais c'était pour leur bien à eux, au habitant de cette île.

- "Mirael Strauss a collecté Face pour forcer la paix dans le monde entier, personne ne compte la détruire."

“je ne sais pas du tout depuis combien de temps je me trouve ici et pourquoi on m'a envoyé ici, peut-être que si je rencontre ce Mirael, je pourrai avoir des réponses à mes questions?"

- "Baiame ? Kronos est actuellement sur l'île d'Anjea avec le maître Strauss. Vous devez donc être l'une de ces doubles du multivers dont il nous a parlé. Une Strauss féminine... j'aime bien cette idée, je dois avouer."


Cette simple information suffit à la jeune femme pour se retrouver davantage destabilisé par la situation, jamais elle n’aurait cru qu’un jour elle pourrait rencontrer d’autre version d’elle. Tout ce que Mirajane savait, elle le tenait de sa sœur ainsi que de Natsu, de ce monde, Edolas, qui renfermait déjà une version d’elle qui ne semblait non plus dérogé à la situation.

- "Nous ne savons pas quand Strauss reviendra, l'ile d'Anjea est un nouveau territoire où il doit imposer la paix. J'ai peut-être des réponses à vos questions, mais quelle garantie j'ai pour vous faire confiance ? Qui me dit que ce n'est pas une ruse pour nous détruire ?" Dit la femme qui lui enleva l’instant suivant la sensation désagréable qui pesait sur sa peau.

" je ne sais pas grand chose concernant Baiame, je sais seulement qu'elle fut construite suite à la destruction des autre univers... Cela me surprend tout autant de savoir que j'existe dans une version bien différente"

tout allait vite dans son esprit, mais quelque chose au fond d’elle lu idisait d’accorder un minimum de confiance envers la femme qui tolérait sa présence et voulait bien lui faire part de ses pensées et ses état d’âme.

" Je reste une mage de Fairy Tail, je suis une personne loyale qui tient ses promesses et ont nous a appris à être celle que l'on veut réellement et à ne jamais trahie qui que ce soit, je vous promet que tout ce que je vous dit est la vérité"

- "Des univers ont été détruits ? En entier ? La situation est plus chaotique que ce que Kronos a laissé entendre alors."

À l'instant suivant, Mira se retrouva à nouveau en possession de ses moyens, malheureusement quelque chose l’empêcha de faire usage de ses pouvoirs.

- "Très bien, mais par précaution, nous garderons vos pouvoirs attachés à Face le temps que vous restiez ici. Je m'appelle Silvia Fullbuster, générale de la guilde Strauss depuis que Mirael Strauss a conquis Tartaros, Grimoire Heart et Oracion Seis pour les fusionner et n'en faire qu'une."

" Je sais que ce ne doit pas être le genre de nouvelle que vous vouliez entendre, et malheureusement je n'en sais pas plus, mon seul souvenir qui me reste c'est de voir mon monde s'effacer pendant notre combat contre Tartaros"

Être Libre de tout mouvement et avoir l’impression que quelque chose bloque ses capacités était quelque chose d’à la fois déstabilisant et familier. Après tout, elle avait vécu à Baiame sans pouvoir jusqu’à son réveil, mais tout ce que la femme lui expliqua ne pouvait qu’accroitre son angoisse et sa peur.

" comment? Vous voulez dire que les trois guilde de l'alliance baram ont survécu? pardonnez-moi, mais dans mon monde, ce sont tous des guildes clandestines que Fairy tail sont parvenu à vaincre.. enfin pas en ce qui concerne Tartaros qui ont voulu prendre le pouvoir sur Face."


Mirajane n'était pas certaine de vouloir savoir davantage concernant la situation actuelle, encore moins ce monde qui lui rappelait trop le sien, avant sa destruction.

- "Mmh, je vois... donc nous sommes ennemis dans votre univers c'est ça ? Suis-je un homme là-bas ? Comment je pourrais m'appeller... Silvio ? Non, horrible. Silver, peut être ?"

"Le père de mon ami Gray, s'appelle silver fullbuster, il a transmis à son fils ma magie de chasseur de démon de glace."

-"Quand ma guilde, Tartaros, a massacré Fairy Tail, on l'a payé. Strauss, le seul survivant, est devenu le démon le plus puissant et le plus enragé du monde et il a assassiné Maldia Gheel, tout comme ceux qui étaient à la tête des autres guildes de l'Alliance Baram. Mirael a transformé l'Alliance en une seule guilde et nous a fait payer nos crimes en devenant un Maître impitoyable, mais au moins avons-nous survécu à sa colère."

Tout cela était beaucoup d'informations à prendre en compte, entendre tout cela laissait un arrière goût amer de ce que aurait pu être sa vie si elle avait pu perdre tous les personnes à qui elle tient. Cependant, Mirajane avait déjà traversé toutes ces phases d’émotions, liées à la perte d'un être cher, mais elle avait su se maîtriser et accepter un peu mieux la situation actuelle.

" C'est une drole de coincidence... Pour Mirael je veut dire, ma magie s'appelle le Take Over, c'est une magie d'assimilation démoniaque.. mais elle peut faire aussi d'autre chose.. mais j'ai longtemps accepté ma situation.. mais dans mon monde, Fairy tail à combattu férocement oracion Seis et Grimoire Heart et à l'heure actuel, notre combat contre tartaros est loin d'être gagné, mais nous avons pu détruire Face."

- "Gray est ma fille dans cet univers. Ces histoires d'univers miroirs en sont presque amusantes."

Mirajane ne pouvait s’empêcher de laisser un vague sourire animer son visage, amusé à la perspective de se retrouver devant une version féminine de son ami Gray, un camarade de guilde avec qui elle s’entendait bien, sans réellement être aussi proche que l’est Lucy pour eux. Puis son regard longtemps perdu dans la pénombre, retrouva un instant la lumière du jour. Elle pouvait parfaitement reconnaître les montagnes qui se distinguait dans ce paysage hivernal, lui arrachant un étrange sentiment d’être à la maison à nouveau.

- "Le Mont Hakobe refroidit chaque année, j'espère que vous n'êtes pas frileuse. Ca éloigne les curieux du repère caché de la Guilde Strauss."

" Ne vous en faites pas, nous avions souvent des missions au mont Hakobe."

- "Mirael maitrise aussi le Take Over, mais il se sert davantage de la magie du Nirvana depuis qu'il a mis la main dessus. Notre monde a été forcé de vivre en paix avec sa puissance, sous peine de violentes représailles, entre Face et le Nirvana qui sont en sa possession."

" J'ai du mal à croire que Gray puisse avoir une version féminine.. j'espère qu'elle n'a pas hérité des mauvaise manie de mon ami"

Dit-elle avec amusement, sans pour autant être réceptive face à tout ce qu'elle venait d’entendre, savoir ce qu’était devenu cette version d’elle dans cet univers lui procura une étrange sensation désagréable. Mirajane aurait-elle vraiment pu devenir comme Mirael en sachant qu’elle aurait survécu à tout le monde? que la perte de sa famille, de sa guilde, l’aurait bien plus affecté qu’elle ne voudrait bien faire croire? Sa propre réaction ne lui ressemblait pas du tout, mais c'était mieux ainsi finalement? Cela l’empêchait de sombrer dans le désespoir et la souffrance après tout ce qu’elle avait traversé. La mage finit par entrevoir ce qu’elle n'avait pas vu jusqu'à présent, entre son étrange cellule qui lui rappelait trop ses moments passés dans les laboratoires de Tartaros et la chaîne des mont Hakobe qu'elle connaissait bien. La voilà devant quelque chose d’encore plus surprenant, un domaine dont elle n’aurait jamais cru qu’il puisse réellement exister dans ces terres hostiles.

"je ne suis pas une combattante, plus maintenant, sauf lorsque la situation l'exige, je serai en mesure de me défendre.. Mais puisque vous êtes d'une grand hospitalité à mon égard, je vous promet de ne rien dire concernant votre univers.. je doute pouvoir un jour retrouver les miens"

- "Vous avez réagit beaucoup mieux que Mirael si vous avez perdu votre univers. Nous avons tué sa guilde et il nous a torturé pendant des années. Il massacre le moindre petit criminel pour préserver la paix aujourd'hui. Voler du pain équivaut à une peine de mort de sa propre main. Vous êtes tellement plus... paisible que lui. Ecoutez, Kronos et Mirael sont en dehors de notre univers, en train de mener une autre guerre. Vous devriez les rejoindre, si nous parvenons à les contacter. Si vous venez du Multivers, je pense que votre bataille est avec eux, ici elle a déjà été gagnée."

La tristesse s’empara un instant de son esprit, laissant entrevoir des trait beaucoup moins paisible et calme

" Je suis loin d'être toute blanche vous savez.. c'est grâce à ma famille, Fairy tail, si je parviens à garder le contrôle.. j'ai retrouver mes souvenir il y a peu de temps et je peux vous dire que savoir mon monde disparu, ainsi que mon frère et ma soeur, m'a totalement détruite.. j'ai déjà perdu le contrôle de mes pouvoir une fois, mais j'ai traversé beaucoup de chose et malgré tout, je n'hésiterai pas à montrer un côté plus sombre de ma personnalité."

Elle s’arrêta un moment, le temps de laisser ces informations couler entre eux.

“toutefois, j'ignore où il se trouve et comment quitter ce monde, bien que nous soyons à fiore, il ne s'agit pas du monde que je connais."

- "Je vous l'ai déjà dit, où ils se trouvent. Une ville en dehors de l'univers, Anjea. Il faut juste pouvoir les contacter pour que Kronos vous ouvre une porte. Pour ça il faut..."

"Savez-vous comment vous y prendre pour les contacter?"

Mirajane observa la femme à ses côtés, malgré les apparences froide et hostile, cette femme avait facilement accepté de s’ouvrir à la conversation. elle connaissait pas vraiment silver, celui de son monde, sachant parfaitement que peu importe la nature et l'allégeance, il restait avant tout un membre de Tartaros, ce qui semblait être aussi le cas pour silvia avec qui elle pouvait plus facilement avoir les renseignements qu’elle cherchait depuis son enfermement dans ces grotte. C’était un moyen pour elle de savoir ce qui allait se passer, comment retrouver Kronos et cet autre version d’elle.

"Je ressens une autre présence. Décidément, vous êtes combien en tout ?!"

Mirajane ne pouvait que suivre la femme à ses côtés, elle ne comprit pas réellement ce qu’elle voulait dire, à sa propre connaissance, elle était seule, dans un monde qui n’téait pas le sien, malgré son étrange ressemblance, outre cette histoire improbable, mais vrai.


"Et vous connaissez cette créature ?!"

Le temps de comprendre ce qui se passait entre la conversation et ces questions, Mirajane observa finalement ce que silva voulait lui dire. Devant elle se dressait une magnifique dragon blanc et rouge, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas vu ces créatures. Toutefois, c’est au moment où elle avait observé le mont Olympe sur baiame qu’elle avait réellement pu avoir un vrai contact avec ce dragon asiatique, le voir quitter la montagne ou il en était sortie l’avait énormément secoué. toutefois, Mirajane connaissait assez bien les dragons, pour avoir exister dans son monde, cependant, les mots évoqué par la femme à ses côté la surpris.

" en effet, c'est le dragon qui est apparu sur Baiame il y a peu de temps.. mais comment peut-il être ici? Je doute qu'une simple épée suffit à l'arrêter, croyez en mon expérience, ce n'est pas le premier que je vois"

Nico se réveilla en sursaut. Etonnament, c'est justement parce qu'il avait bien dormi que c'est paniqué qu'il se réveilla dès que son cerveau reprit conscience. Nico ne dormait pas bien, Nico ne dormait jamais sereinement. Si on oubliait le fait que tous les demi-dieux faisaient des rêves qui avaient toujours un sens sur le passé, le présent ou l'avenir et que ça rendait leurs nuits agitées, en plus de ça Nico n'était de toutes façons pas un garçon qui se reposait correctement.

Oh, il l'a été, brièvement. Les quelques années aux cotés de Will avaient fait de lui un garçon plus optimiste, moins fermé, qui prenait davantage soin de lui (que ce soit en terme nutritif qu'en sommeil) et qui se détestait moins. Mais le multivers est arrivé, et quand ses souvenirs sont arrivés, Nico avait du faire face à la disparition de Will, de nouvelles menaces comme si sa vie n'allait être qu'un éternel champs de bataille, le face à face avec un Percy qui refusait de se souvenir de lui, creusant la solitude qu'il lui a toujours fait ressentir, et le retour des souvenirs quant à la destruction de son univers et des gens qu'il aimait.

Donc Nico ne dormait pas sereinement, comme un demi-dieu en pleine guerre. C'était exactement comme si un nouveau titan les menaçait et qu'ils étaient en situation critiques comme c'est arrivé plusieurs fois. Comme durant son adolescence, il ne se nourrissait quasiment plus (ne se contentant que  de quelques céréales quand son corps commençait à flancher au bout de plusieurs jours), et ils passaient les nuits à invoquer la mort plutot qu'à recharger ses batteries.

Alors réaliser, à la fin du sommeil, qu'il avait passé une bonne nuit, qui avait semblé complète, et dans un lit confortable avec de l'espace, ça aurait du être agréable mais puisque c'était tout l'inverse de ce qu'il vivait depuis quelques mois, il s'était redressé en panique, sur la défensive typique du sang-mêlé. Alors qu'il cherchait son arme du regard il se rendit compte de l'endroit où il était.

Il dormait là où se tenait l'ancien cadavre de la Pythie autrefois.

Bien sur, lorsque Rachel Elizabeth Dare avait accepté de devenir le nouvel Oracle d'Apollon, donnant enfin à la voix de Delphes un hote vivant après des siècles piégée dans un cadavre que les demi-dieux devaient consulter, le cadavre en question ne se trouvait plus dans le Grenier de la Grande-Maison de la Colonie des Sang-Mélés.

En revanche, personne n'avait eu l'idée totalement folle d'y foutre une chambre.

Pourtant, tout le grenier de la Grande Maison était à peine reconnaissable (Nico avait compris où il était surtout avec l'architecture des murs, la forme de la pièce et de la petite fenêtre ronde). Il avait été retapé et décoré en véritable chambre conjugale dans laquelle il y avait même le petit bazar des jouets d'un enfant. Plus notable encore : Nico, en tant que fils d'Hadès, pouvait ressentir la Mort, et il ne sentait plus aucune trace du cadavre de l'ancienne Pythie.

Nico se leva, décontenancé par l'endroit et par... l'endroit. L'univers. Il était certes choquant de voir une chambre parentale là où s'était tenue la momie parlante d'Apollon, mais il était plus choquant encore de voir... quoique ce soit. Nico s'était souvenu de la destruction de son univers lorsqu'il avait rencontré Haizea. Il était juste devant cette maison quand il avait assisté au fil de son existence se transformer en poussière.

Se trouvait-il dans les réminiscence de sa réalité, perdues dans le vide intemporel ? Y avait-il une version différente de sa vie qu'il restait quelque part malgré la Chute du Multivers ?

Il trouva son épée en fer stygien contre le mur. Sa bague en forme de crane était sur la table de chevet, signe qu'on le lui avait enlevé sans pour autant lui voler. L'avait-on emmené dans cette chambre juste pour... prendre soin de lui ?

Une voix provenant de l'étage du bas se fit entendre. Béa, va dire à Conrad que le Mikael miniature s'est réveillé, fit l'homme blasé.

Nico se raidit sur place. C'était la voix de Monsieur D. Dionysos, éternel blasé condamné à rester directeur de la Colonie des Sang-Mêlé, sans pouvoir boire de vin, pendant au moins un siècle parce qu'il avait eu l'audace de draguer la même fille que son père, Zeus.

La voix d'une petite fille répondit. Je m'appelle Bianca ! Mon papa c'est pas Conrad c'est Connor, et lui c'est pas Mikael c'est Niccolò ! Riposta la jeune enfant qui devait avoir à peine quatre ou cinq ans à en juger par le timbre.

Nico reconnaissait facilement Dionysos par sa capacité légendaire à s'en foutre du nom des gens et à se contenter à en dire de vaguement similaire. Cependant, il se concentra sur ce qu'avait dit la fille en question. Il ne reconnaissait absolument pas sa voix, mais deux choses l'avait fait tilter.

1 - Elle connaissait son véritable nom.
2 - Elle s'appelait... Bianca.

Bianca, c'était le nom de sa première grande soeur, celle qu'Artémis avait condamnée à mort dans la grande insensibilité de cette déesse hypocrite, et qu'il avait toujours été incapable de retrouver aux Enfers (Nico espérait que c'est parce qu'elle avait atteint les Champs Elysées pour se réincarner mais il ne pouvait pas en avoir la certitude, il ressentait la mort, pas la vie).

Oui oui, c'est exactement ce que j'ai dis, gromella le dieu.

Suite à quoi Nico entendit les bruits de pas d'une enfant qui courait dans les escaliers jusqu'à sortir de la maison, avant que le dieu ne reprenne. Nigel, tu peux descendre je vais pas te changer en fraise. Uniquement parce que j'ai pas le droit, mais ça devrait suffire comme garantie, s'écria-t-il à son intention.

A la fois fébrile et méfiant, Nico s'approcha de l'escalier pour y descendre. Son coeur battait fort alors qu'il descendait aux étages précédents. Il ne vit pas Dionysos (les bruits de pas indiquaient qu'il était descendu au rez-de-chaussée) mais il put découvrir l'état de la Grande Maison en la traversant de haut en bas. Le batiment qui servait de centre administratif et de logement à Chiron et à Dionysos avait radicalement changé. Il n'y avait plus de trace trahissant la présence de Chiron parmi les résidents, mais une famille semblait avoir repris entièrement l'aménagement de la batisse.

Seul le rez-de-chaussé semblait ne pas avoir changé, toujours décoré avec les motifs léopard (symbole du dieu du vin) et la tête de Seymour, léopard empaillé réanimé par le dieu.

Celui-ci se trouvait sur une chaise près d'une table, son éternel verre de coca light à la main (la seule chose qu'il buvait car interdit de vin).

Je m'appelle toujours Nico, répondit simplement le demi-dieu alors qu'il le rejoignait, sans pour autant s'asseoir à coté de lui.

La vue de la Colonie des Sang-Mélés lui retournait l'estomac. Elle était différente que celle qu'elle connaissait, mais c'était bien elle. Les champs de fraises, les bungalows, le lac, le pavillon-refectoire...

Il y avait plus de monde aussi, et de tous les ages. Nico ne savait pas si le plus surprenant était de voir de nombreux adultes dans la trentaine et la quarantaine, ou d'y voir des enfants qui était bien en dessous des dix ans, voyant même quelques bébés dans les bras de quelques demi-dieux.

Oui oui, c'est ce que j'ai dis. Alors, il est comment ton univers ? Est-ce que chez toi mon père a été plus clément et m'a enfin libéré de cet enfer ? Demanda Dionysos, toujours aussi blasé.

Euh... non. Mais vous n'avez pas le même visage, souligna-t-il.

Toi non plus t'as pas le même visage que notre Nigel. Même quand il avait ton age, rétorqua le dieu.

C'était bel et bien le multivers, comprit Nico. Il était dans le Multivers et plus surprenant encore, cette version de l'existence était au courant de l'existence du Multivers. Nico ne l'avait pas été avant de se réveiller de sa malédiction à Baiame. Et même après que le TVA lui ait expliqué tout ça, le voir de ses propres yeux était assez déroutant.

Comment vous saviez que c'était moi, du coup ? Demanda-t-il en arretant de souligner l'erreur de prénom (nouveau Dionysos, même caractère de merde).

L'épée en fer stygien, la bague en forme de crane, le corps aussi maigre qu'une feuille de papier... Et le fait que je sois un dieu, grand malin. On t'a pas vu venir par contre, tu t'es juste glissé dans les draps de ton mari au milieu de la nuit, je suis quasiment sur que c'est pas légal dans ce siècle. Tu dois avoir quoi... 4/5 ans en age mortel ? Connor est bien plus vieux que ça, répondit Dionysos sans sourciller, si mauvais pour estimer les humains qu'il ne savait même pas estimer leur age. Nico était certes jeune, mais il était déjà majeur.

Cela dit, ce n'était absolument pas ça qui le dérouta le plus. Attendez... comment ça glissé dans les draps de... "mon mari" ? Connor ?! Répéta-t-il en begayant, à deux doigts de faire un malaise.

Est-ce que la version de lui-même dans cet univers s'était marié (déjà, choquant) avec cet abruti de Connor Alatir ? Le destin lui faisait perdre son premier petit ami, Will, rayonnant enfant du Soleil, pour lui montrer une réalité où il était marié avec ce toquard de rejeton du dieu des voleurs ?

Avant que Dyonisos ne puisse répondre, une petite fille revint vers la Grande Maison, accompagné d'un homme qui devait avoir un peu moins de quarante ans, qui lui offrit un sourire timide.

Bonjour, Niccolò, je suis Connor, s'introduisit-il calmement comme pour le ménager.

Le premier reflexe de Nico fut la défensive. Nico. Je déteste qu'on m'appelle Niccolò, grommela-t-il.

Tiens, c'est marrant, le notre déteste qu'on l'appelle Nico. Mais très bien, j'en tiendrai compte, dit-il.

Je ne suis pas venu de moi-même dans votre chambre, poursuivit Nico dans le même élan défensif.

Oui, j'imagine. On ne sait pas très bien comment fonctionnent les sauts multiversels mais on s'en est vite douté. Ca a un peu fait peur à Bianca mais elle est très intelligente, elle a compris la situation quand nous la lui avons expliqué, rajouta-t-il en regardant sa fille timide qui se tenait derrière la jambe de son père.

Vous l'avez appelé Bianca ? Demanda Nico, cachant difficilement l'émotion de sa voix.

Oui, en l'honneur à la grande soeur de... enfin, tu sais, j'imagine, répondit Connor sur un ton compatissant. Je vois bien que tu n'es pas ici de ton propre chef et que tu es un peu perdu. Veux-tu manger quelque chose ? J'ai demandé à mes frères et soeurs du bungalow d'Hermès d'envoyer un message à Kronos, il saura certainement ce qu'il t'est arrivé.

Nico fit un pas en arrière. Non content d'avoir épousé un idiot dans cette réalité, il était en plus adepte de Chronos ? Luke Castellan, demi-frère de Connor Alatir, avait-il réussi à convaincre les siens dans cette version ?

Connor vit son alerte et le rassura immédiatement. Ce n'est pas le même Chronos ! Ca ne s'écrit pas pareil, Kronos est un agent du multivers qui est venu recruter Niccolò il y a quelques mois.

Nico haussa les sourcils, soudainement piqué d'un vif intêret. Kronos avec un K ? L'agent du TVA ? C'est comme ça que vous êtes au courant du multivers ? Demanda-t-il alors immédiatement.

C'est ça. Si tu le connais, on ne devrait pas avoir de mal à te renvoyer chez toi grace à lui. Mais d'abord, tu ne m'as pas répondu. Tu dois avoir faim, non ?

Non merci, grommela-t-il. Je veux juste pouvoir rentrer dans mon univers. Si le Multivers existait à nouveau, alors Nico pouvait retrouver sa propre version de la Colonie, non ? Retrouver Will...

Connor soupira et s'approcha de lui, bienveillant, mais Nico recula d'un pas. Le fils d'Hermès s'arreta alors. Ecoute, je sais ce qu'il se passe, Niccolò ne mangeait rien aussi quand il était jeune. Tu te sens mal et tu ne prends pas soin de ton corps, je suis terriblement navré pour toi. J'aimerais t'aider pour que tu te sente...

Je veux juste rentrer chez moi ! Coupa Nico, un peu agressif, pour cacher la peine qui se creusait en lui avec tout ça.

Moi aussi je veux juste rentrer chez moi, rétorqua le dieu à leur coté. Alors il va se détendre Nigel, parce que techniquement, t'es pas censé pouvoir être ici. T'as pas été transformé en fraise parce que l'entraineur des demi-dieux a insisté pour que tu reste malgré ton intrusion, je te signale, sermonna Dionysos.

A la mention de l'entraineur, Nico chercha du regard la moindre trace de centaure, mais il ne vit Chiron nul part. C'est moi, l'entraineur des demi-dieux. Enfin, c'était Niccolò, mais en son absence j'ai pris la relève. Chiron enseigne sur Olympe à présent, expliqua Connor en comprenant ce qu'il cherchait.

Ca faisait beaucoup à encaisser. Il était marié avec Connor, il avait une fille qui s'appelait Bianca, il se trouvait dans une Colonie après tout ce temps à Baiame, mais il n'y avait pas Chiron... si Kronos l'avait envoyé ici, Nico se ficherait de la puissance de la technologie du TVA, il n'hésiterait pas à s'en prendre à lui pour lui faire payer sa cruauté.

Qu'est-ce que le Tartare a encore laché comme bête cette fois... marmonna Dionysos en se redressant.

La foule de demi-dieux s'était armée. Au loin, Pelée le dragon protecteur de la Toison d'Or (un dragon grec avec des ailes, pas celui de Baiame) s'était levé en soufflant nerveusement des naseaux. Nico leva les yeux au ciel et eut la surprise de voir Pelée, le dragon blanc et rouge (un dragon oriental, celui de Baiame) voler au-dessus de la Colonie et foncer droit sur eux.

Je connais ce dragon... commenta Nico.

Connor s'empressa de prendre sa fille dans ses bras. Ok, et il est gentil ? Demanda-t-il nerveusement.

Euh... J'en sais rien. Nico n'avait jamais comprit le role de Pelée. Il avait eu l'air protecteur envers Haizea, mais c'est tout ce qu'il avait pu garantir.

Dans le doute, il prit son épée et adopta la même forme défensive. Dionysos, lui, brilla par sa puissance divine : il ne fit absolument rien. Pelée fusa vers le sol, alors que Connor fuyait pour protéger Bianca, sa seule priorité. Nico le vit faire du coin de l'oeil, un pincement au coeur en voyant la scène.

Distrait, il n'attaqua donc pas la créature qui s'enfonça dans le sol pour y disparaitre sans même faire de cratère.

Merci pour votre intervention ! Hurla Connor plein de reproche à Dionysos.

Quoi ? Il a rien fait, non ? Fit le dieu en haussant les épaules.

Alors que tout le monde reprenait ses esprits, et qu'on s'appretait surement à demander à Nico des explications qu'il n'avait pas, un rectangle orange plus grand que lui apparut devant lui. Nico reconnut ceci comme le portail du TVA : Kronos lui offrait sa porte de sortie.

Ah, c'est... commença Connor.

Je sais. C'est pour moi, coupa Nico en s'avançant vers la porte.

Il s'arreta juste avant, tournant un dernier regard vers Connor et Bianca, troublé et le coeur en peine. Connor lui adressa un sourire compatissant. Je suis sur que ça ira chez toi. Et si tu vois Niccolò, dis lui bonjour de notre part, demanda le père alors que la fille lui fit un coucou de la main.

Nico ne répondit rien. Il passa le portail, et arriva dans un grenier sombre au faible éclairage qui n'avait rien de la Grande Maison de la Colonie cette fois. Devant lui se tenait Kronos autour de qui plusieurs portails formaient un cercle desquels sortaient plusieurs habitants de Baiame.

Nico se tendit en voyant Percy. Ne pouvait-on pas le laisser tranquille tant qu'il n'était pas redevenu lui-même ? Qu'il ne reconnaisse pas Nico était déjà douloureux, mais le fils d'Hadès se sentait terriblement responsable de lui dans cet état.

Kronos soupira. Avant que qui que ce soit me demande quelque chose, je n'ai aucune idée de ce qu'on fout ici. Et je viens de me taper un voyage en dragon absolument affreux alors vous avez pas intéret à me faire des reproches parce que je suis de très mauvaise humeur, commença-t-il.

Mais finalement, il fit un grand sourire. Mais quoiqu'il se passe, bienvenue dans le futur, quand le Multivers a été restauré.

Là où je me contente d'être blasé, ayant croisé bien trop de dragons ces dernières années sous l'influence d'un certain elfe noir qu'il va me falloir arrêter de citer sous peine de le voir débarquer, autour de moi, on tente de s'organiser pour contrer l'attaque du ver géant qui fonce sur nous. En faisant appel à des loups-garous?! J'ignore ce qui se passe réellement ici, mais ce monde ne tourne vraisemblablement pas très rond.

"Des loups garous comme ligne de défense... et pourquoi pas faire sortir les rats garous de leurs égouts aussi?!"

Pour être honnête, je n'ai jamais eu à combattre avec ou contre des loups-garous, et n'ai sans doute jamais entendu parler de cette race. Mais le mot "garou" me suffit pour considérer qu'ils doivent être plus proches des rats-garous que des elfes. Et le dernier rat-garou qui a tenté de me proposer une collaboration est mort avant de finir sa proposition. Ne jamais faire confiance à un être qui peut être seul le matin, et entouré d'une bande de deux cents ou trois cents congénères par simple contamination le soir venu.

Le regard sérieux de la prêtresse me fait ravaler mon sarcasme, jusqu'à ce qu'elle puisse réellement se vanter de m'avoir mouché. Ce qui est assez compliqué à faire en temps normal.

"Ne soyez pas moqueur. Artémis est un loup-garou dans cet univers."

S'il n'y avait pas eu un ver volant prêt à nous dévorer, j'aurai pu rester figé un bon moment encore, seulement, le cri d'alerte de la femme, "Mettez vous à l'abri !", parvient à me faire retrouver mes esprits à temps pour plonger sur le coté et éviter l'attaque. Si attaque il y a vraiment eu, parce que me retournant, je ne vois que la queue de la créature finir de disparaitre dans le sol, tel un fantôme.

Je me relève pour voir apparaitre ce qui me semble être un portail dimensionnel, à l'exception prêt que rien ne filtre à travers du paysage qui se trouve derrière. Sans doute le psioniste à son origine n'est-il pas aussi bon que Kimmuriel en la matière. Meilleur au point de dissimuler la destination du portail? Je méprise le drow au plus haut point, mais je sais reconnaitre ses talents en la matière. Meilleur que lui dans son domaine ne peut être qu'illithid. Une pensée qui me tire un frisson, léger, au moment où la prêtresse prend la parole à nouveau.

"C'est pour vous. Il doit savoir que vous êtes là. Cette créature l'a peut être prévenu ?"

"Comment vo... Laissez tomber. Si c'est pour moi, allons y. Quitte à devoir frayer avec les dragons..."

Et puis, si ça peut me permettre de quitter cet endroit maudit, je peux bien plonger tête la première dans un portail dimensionnel. Pas sans prendre la précaution de dégainer mes armes, tout de même. Ma dague à la poignée ornée de joyaux dans la main gauche, la Griffe de Charon, mon épée à la lame rouge comme le sang, dans la droite, à mon habitude. Un dernier regard à mes lames et c'est sans hésiter que je franchis la porte, plongeant dans l'inconnu.

Ou dans un débarras. Des vêtements, des armes, des affaires personnelles, et un nombre assez considérable de bouteilles autour d'une table aussi encombrée que le reste. Le grenier d'un bar? Je garde mes armes relevées, remarquant que d'autres portails s'ouvrent autour de moi, laissant passer une, deux, puis six autres personnes. Mon regard se pose plus intensément sur l'une d'entre elles, Maia, que je connais particulièrement bien, et sur la présence de laquelle je me questionne réellement. Un questionnement qui attendra, cependant, comme le créateur de ces portails se montre finalement, prenant la parole.

"Avant que qui que ce soit me demande quelque chose, je n'ai aucune idée de ce qu'on fout ici. Et je viens de me taper un voyage en dragon absolument affreux alors vous avez pas intéret à me faire des reproches parce que je suis de très mauvaise humeur" Puis il finit par sourire. "Mais quoiqu'il se passe, bienvenue dans le futur, quand le Multivers a été restauré."

"Donc c'est toi le dragonnier?!"

Je ne lui accorde guère le temps de me répondre avant de faire parler mes lames, lançant une attaque directe avec mon épée tout en lui commandant de produire de la cendre, un rideau opacifiant que j'utilise pour diminuer la prévisibilité de l'attaque de ma dague en second plan. Plutôt que de chercher à se défendre, il se contente de tapoter un artefact étrange dans sa main, et avant d'avoir pu ralentir le mouvement, je me retrouve à plonger dans un nouveau portail, qui me renvoie en roulé boulé à l'autre bout de la pièce. J'utilise l'élan de la chute pour me relever sur un genou, puis totalement dans l'instant suivant, mon regard lui lançant probablement quelques éclairs en passant.

" On se calme tout de suite Grincheux, c’est pas parce que vous êtes 7 que je m’appelle Blanche-Neige. Si tu veux pas que je t’enferme dans une cellule temporelle au TVA, tu vas coopérer gentiment et on va tous rentrer chez nous. " Il regarde tout le groupe comme s’il cherchait quelqu’un en particulier, et répond sur un ton songeur " Le dragonnier est un nom que je trouve stupide, mais s’il doit y en avoir un, non, ce n’est pas moi. Mais je ne sais pas pourquoi elle n’est pas apparue ici avec moi… "

"Parce qu'elle est trop grosse pour cette salle?"

Ma réponse au tac'o'tac vient probablement d'une mauvaise compréhension de ma part et surtout de la joueuse qui était pas concentrée xD, mais il peut se vanter de m'avoir perdu entre ses histoires de Blanche-Neige, de TVA et de "cellule temporelle". Si les jours finissaient par se ressembler à Portcalim, avant qu'on ne m'envoie chasser ce maudit voleur halfelin et que ma route ne croise celle de Drizzt Do'Urden pour la toute première fois, dans ces contrées perdues du Nord appelées Dix-Cités où seuls les parasites viennent se réfugier, il y avait tout de même moins de situations rocambolesques à décortiquer. Les baguettes magiques de Jarlaxle, les tours de passe-passe de Jarlaxle, les dons psionistes de Kimmuriel, le clan aussi hétéroclite que l'alliance d'un drow, un nain, une humaine, un barbare et un halfelin de Drizzt et compagnie, le plan démoniaque où vit Feu Noir, mon cheval démon, quand je ne l'invoque pas grâce à la figurine à laquelle son esprit est rattaché (et que Jarlaxle a surement dû garder, vu que contrairement à mes lames, je n'ai pas su remettre la main dessus... l'ai-je réellement cherché? Son utilité à Baiame est somme toute limitée).

"Je parle de la fille qui contrôle le dragon, Einstein. Je sais pas pourquoi vous avez été transporté dans le futur du multivers, mais quelqu'un essaye de nous montrer quelque chose d'important ici. Alors je compte bien récupérer ces informations, et de toutes façons il nous faudra un dragon pour repartir"

Un des autres arrivants, presque un enfant, finit par prendre la parole à son tour.
"Vous avez trouvé comment voyager dans le temps du Vide Intemporel ?"

"Mouais, plus ou moins. Le plus important pour vous tous, c'est que là, on est... chez vous. Je crois. Alors on ferait mieux de s'en aller avant que "vous" ne rentriez à la maison."

Un dragon pour ouvrir un portail dimensionnel... je vais revoir mon opinion sur Kimmuriel, finalement. Le drow psioniste a au moins l'avantage d'avoir meilleure haleine qu'un dragon, pour les dix fois par an où il ouvre la bouche pour donner son avis (toujours cinglant) sur une question ou une autre. Bref, devant m'avouer dépassé, à peu près comme quand deux drows se mettent à parler en signes à la vitesse à laquelle ils savent signer, je préfère attendre la traduction résumée de la conversation plutôt que me faire un nœud aux neurones avec tout ça.

Soudain, l'impression de ne plus être maître de mon corps, comme lorsque j'ai dû affronter Maitre Kane. Immobile, et incapable d'émettre le moindre son. De quoi me faire mobiliser chaque parcelle de mon esprit et de mon corps pour me libérer de ce joug, clairement issu du seul être présent capable de se mouvoir en toute liberté. Enfin, il a l'air bien surpris. Et n'est bientôt plus si seul.

"Oh non, il se passe quoi cette fois ?"

Finalement, des bruits de pas se font entendre, indiquant clairement que quelqu'un monte un escalier dans notre direction. Une femme aux cheveux bruns, environ la trentaine et demie, passe la porte, sur ses gardes, une arme à feu entre les mains. Il parait soudain évident qu'elle connait le mage à l'artefact, son attitude entière évoquant le soulagement quand elle semble le reconnaitre. Elle s'adresse ensuite à quelqu'un derrière elle, "Mirael, relâche les, ils sont avec Kronos.", avant de reprendre en s'adressant à lui, nous ignorant totalement, Bon sang les gars, Mirael était sur le point de vous transformer en zombie et vous faire attaquer les uns les autres. Je crois, je comprends rien à sa magie. C'est qui eux ?"

Et si je peux dire être certain d'une chose, c'est que le fameux "Kronos" ne semble pas en comprendre beaucoup plus que nous sur ce qui se passe autour de lui.

"Ok euh... Octavia Blake, c'est ça ?" Il se tourne vers l'une des femmes du groupe. "Tiens, ça doit te... ah non t'es maudite, tu dois t'en foutre je suppose."

La fameuse Octavia Blake (trop de nom inintéressants à faire mine de retenir, les groupes multi-ethniques ne sont pas si mauvais en fin de compte... le drow, l'elfe, la semi-orque, l'humain... beaucoup plus simple) n'a pas l'air plus réveillée que le grand patron, alors autant dire qu'on est bien avancés.
"Quoi ?"

Un nouveau venu, un gamin au milieu des autres, entre à sa suite, et je me demande sincèrement combien il va encore y en avoir avant que d'aucuns ne jugent le groupe au complet.


Kronos reprend la parole, concrétisant le doute que j'ai eu quand je l'ai vu apparaitre, celui-là. Il pue l'enfant de bonne famille à plein nez, et mon expression montre surement tout le dégoût qu'il m'inspire quand l'homme se tourne vers moi pour achever les présentations. "Ah, Artémis de Selune, je crois... Bah voilà, Artémis... euh. Quelque chose."
"Entreri."

Le jeune homme, encore un autre presque enfant, nous regarde, l'étranger omniscient et moi, à tour de rôle, ne semblant pas savoir ce qu'il fiche ici non plus. Génial. Pour ma part, mon regard sur lui reste aussi froid qu'il se doit de l'être, avec ce que j'ai pu avoir comme informations sur lui sans les avoir cherchées.
"Ok, c'est bien joli, mais on sort d'ici comment? Et sinon, on compte bouger aujourd'hui ou passer trois heures à faire des présentations inutiles?"

Le premier gamin décide alors de jouer avec sa vie en optant pour la contrariété, assez mauvaise idée quand mes armes restent dans mes mains, mais je crois que je vais faire l'impasse dans l'immédiat. La chair à canon, c'est stupide de la décimer avant le combat, j'aurai au moins appris cela des drows.
"Euh, non, c'est qui eux ?" insiste-t-il. "On est pas sur des présentations inutiles, ça veut dire quoi ça ? Tu connais nos doubles ?" Demande-t-il à Kronos.

Artémis de Selune va s'approcher, alors que quatre autre personne les rejoignent derrière eux. Ton double va également demander à Kronos "Des doubles ? Kronos que se passe-t-il ?"

Kronos va soupirer. "La grande question de mon existence. Non, je ne connais pas vos doubles", répond-il à Nico. "Je rêve d'eux depuis un mois, ils viennent de notre futur et vous avez rejoint leurs univers aujourd'hui, je sais pas pourquoi."
Il s'adresse alors à vos doubles. "Je sais pas qui vous êtes, désolé."

Le groupe de vos doubles va alors se regarder d'un air grave, semblant comprendre quelque chose qui les choque un peu. Après un instant de silence étrange, Artémis de Selune va s'approcher de toi et te tendre la main pour te la serrer.
"Enchanté. Vous êtes les victimes des districts d'Anjea, navré pour ça. Heureusement vous avez été emportés par Kronos, et non par les Gardiens, vous serez en sécurité. Je m'appelle Artémis... mais je crois que tu le sais déjà."

"Loup garou et adepte du culte de Selune, j en connais bien assez sur toi."

Je relève légèrement la pointe de la Griffe dans sa direction, le mettant au défi de s'approcher davantage dans ma direction.

Kronos va avoir l'air agacé "Bon sang, s'il est pas capable de se calmer sans lever ses armes lui, hésitez pas à lui faire le coup du zombie."

Le gamin, mon soi-disant double, tombe très bas dans la mièvrerie en prenant l'attitude la plus bienveillante du monde, de quoi en faire vomir plus d'un, si vous voulez mon humble avis.
"Ce doit être synonyme de mauvaises choses chez vous, j'en suis navré. La déesse m'a sauvé de la mort quand les Elfes Noirs m'ont tué avec mon village, mais personne ne vous demande de croire en quoique ce soit. Tout ce qui importe, c'est vous libérer des districts."

Je laisse mon regard l'étudier de haut en bas et de bas en haut, finissant par accepter l'idée qu'il ne doit pas même avoir un kanif dans sa poche, et qu'il est possible que nous soyons, temporairement du moins, contraints à nous allier. Ce qui ne signifie pas que ma dague ne saura pas trouver un cœur ou deux d'ici la fin de ces péripéties. Quand on devient une gène à l'avancée du groupe... je suis de ceux qui pensent qu'il ne vaut mieux pas mettre en péril la majorité pour un seul homme.
"Faisons ça."
Je rengaine mes lames aux fourreaux, laissant tout de même mes mains posées sur leurs pommeaux, de manière tout sauf discrète.
"Donc, on s'y prend comment pour rentrer au pays, et au bon? J'en viens presque à regretter l'absence de Jarlaxle et sa clique, et ça, ça a de quoi me donner de l'urtiquaire."

"Si vous venez d'une autre époque, que Kronos ne nous connait pas encore, et qu'il a rêvé de nous avant votre arrivée, ça ne peut vouloir dire qu'une chose, vous êtes arrivés par la chose qui vous fera partir. Les dragons des Trois Premiers Districts. Mais ça fait longtemps qu'on essaye de les capturer."

"DES dragons, bien sûr qu il y a toujours des dragons..." Ah j ai l air d un habitué ? "La dernière fois, c était une dracoliche, ca change..."

"Les trois districts à l'est d'Anjea sont controlés par les Gardiens qui puisent leurs pouvoirs de trois dragons distincts, controlant le temps, les rêves et la mort. Avec ces pouvoirs ils controlent la population qui est capturée dans le multivers. Mais avec votre aide, peut-être avons nous enfin une chance de les capturer. Celui du 1er District, qui controle le Temps..."

Une femme du groupe des doubles, qui est enceinte d'ailleurs, prend la parole à son tour. "Marty McFly, c'est comme ça qu'on appelle le dragon du temps."

Kronos va lever un sourcil "Tiens, nous on l'appelle Pelée."

Artémis ne se destabilise pas et va reprendre "... devrait vous suffire à vous renvoyer chez vous si nous parvenons à en devenir le Gardien."

"Donc votre idée, c'est de dompter un dragon?! J' en connais un autre qui a essayé. Aux dernières nouvelles, il est bien content que l esprit de la bête soit piégé dans son phylactère. Mais faites vous plaisir."
"Le dragon se dompte tout seul, il se lie à celui qui en prend le controle... La partie compliquée, c'est d'affronter celui qui en a le controle."
"S'il ne s agit que d'un homme à tuer... Et aucun de vous n'y est parvenu ?"

Moqueur? Un peu, sur les bords, mais curieux également. Parce qu'ils ont presque l'air de connaitre leur sujet, et je me demande ce qu'il peut y avoir en face qui leur donne tant de difficulté. Cela dit, Mariabronne, le Héros de la Damarie en personne, n'a pas eu le loisir de voir le dracoliche de son vivant, les monstruosités du château de Zenghyi l'ayant arrêté avant... alors, il vaut mieux ne jamais présumer des capacités des héros. Me concernant? Je ne présume de rien. La certitude de la réussite est le meilleur moyen de voir l'échec survenir. On peut avoir combattu une armée de morts vivants au petit déjeuner et mourir d'un mauvais coup d'épée d'orque manchot pour le diner. Cela dit, j'ose espérer que ma mort sera un tout petit peu plus glorieuse que cela.

Octavia, la première qui est arrivée, va croiser les bras et lever un sourcil. "Le Gardien du 1er district peut remonter le temps à sa volonté. Celui du 2ème district peut controler tous les êtres vivants qui s'approchent de lui. Et le dernier, le plus puissant, peut te tuer et t'utiliser pour tuer tes amis, et ainsi de suite. Et toi, en tant que "juste un homme" tu es capable de mieux que ça ?"
"Sans doute parce que je suis "juste un homme", et que le dragon me sous-estime au moins autant que tu le fais actuellement. J'imagine qu'il doit en être de même pour qui côtoie ces créatures trop longtemps. Je ne dis pas que c'est "facile ", et je suis bien le premier à rire de ces explorateurs du dimanche prétendant aller occire le premier monstre venu. J'ai vu des hommes considérés comme les meilleurs bretteurs de leur royaume se faire massacrer, et je n'ai parfois du qu'a la chance et un peu de réflexion d'être encore en vie aujourd'hui. Mais croyez bien que si je le suis, ce n'est pas parce que j'occupe mes journées au coin du feu. Personne ne vit bien longtemps de cette façon d'où je viens. Le premier peut remonter le temps à sa guise vous dites? Trouvons un plan qu'il ne verra pas venir. Je suis à peu près certain que si celui là venait lui glisser une dague dans le museau pendant que ceux qui paraissent le plus menaçant l'attaquaient réellement, il ne le verrai pas venir. Mais c'est vous qui connaissez la bestiole."

"Ca suffit avec tes conneries", va dire un homme parmi les doubles, aux cheveux blonds, le fameux Mirael. "Je sais exactement pour qui tu te prends, intelligent, sur de savoir ce qui lui fait face. Tu n'en as aucune idée. Les Gardiens que tu prétends pouvoir affronter alors que tu ne sais même pas ce que tu affrontes, ils peuvent effacer tout ton univers juste en clignant des yeux. C'est toi qui ne "vivras pas bien longtemps de cette façon" avec ton comportement. Tu crois qu'on fait quoi depuis des mois ici ? Un camps de vacances ? On vit dans ces districts, c'est toi qui vas nous écouter sur tu veux en sortir vivant."

Kronos va avoir l'air choqué sur un seul petit détail de sa phrase "Ils peuvent détruire les univers ?"

Mon regard passe rapidement sur lui, avant de revenir sur l'homme à la langue bien pendue. S'il espère que je m'énerve en retour, il est mal tombé. Il a beau se prendre pour un roi, je ne compte guère lui offrir le genre de laïus que j'ai pu offrir au roi Gareth en son temps. Non, c'est même avec le calme habituel qui est le mien que je lui répond, même s'il est possible que la pression que ma main exerce sur le manche de la Griffe raconte une autre histoire.

"J'ai déjà participé à ce genre de quête. Ou appelle cela comme tu veux. En compagnie d'hommes de bien qui possédaient des vérités depuis longtemps vérifiées. Et je peux te dire qu'un regard neuf ne fait jamais de mal. Tu l'as dit, ça fait des mois que vous y êtes. Pour quelle avancée?" Je marque une pause, dardant mon regard sombre dans celui de l'autre. "Et pour ta gouverne, je me fiche d'en sortir vivant. Et je me fiche que mon opinion ne t'intéresse pas. Et s'il me faut faire cavalier seul sur cette mission, par pitié, évitez de monter une mission de sauvetage pour un seul homme. Je ne le ferai pour aucun d'entre vous."

Même pas pour Maia? A une époque, clairement que non. Aujourd'hui, avec les effets encore bien présents de la flute d'Idalia sur mon esprit... peut-être.