Depuis des jours, Esteban ne faisait que ruminait. Il aurait été mentir de dire que cela ne lui ressemblait pas, mais c’était plus que d’habitude. Il avait quitté la maison deux heures plus tôt, quand un certain Armand avait fait son apparition dans le salon. Même s’il faisait confiance à Esperanza, et qu’elle lui avait à plusieurs reprises dit qu’il n’avait aucune inquiétude à se faire, Esteban ne pouvait pas s’empêcher de vouer une haine farouche à cet homme. Une haine qui n’arrivait pas vraiment à maîtriser et qui s’expliquait sûrement par la manière dont cet Armand regardait la femme qu’il aimait. Esteban en était certain, ce n’était pas Joaquin qui intéressait Armand, mais bien sa mère. Sauf que bien évidemment, Esperanza ne le remarquait pas, préférant sûrement croire en cet homme et à ses valeurs. « Valeurs, tu parles ! » Lâcha t’il alors qu’il marchait d’un bon pas dans un chemin bordant une rivière. « Monsieur le Comte avec ces froufrous et ses voitures de luxe, et ses colliers de perles !!!! » Quiero qui portait son cavalier, renâcla et secoua la tête, visiblement en accord avec son cavalier. « Elle a dit qu’elle me croyait, oui je te crois Esteban et voilà qu’elle fricote avec cet infâme comte. » Il roula des yeux tout en essayant tant bien que mal de se calmer, mais il n’y arrivait pas. Le simple fait de savoir Armand assis à côté d’Esperanza sur leur canapé le rendait fou et c’était d’ailleurs pour ça qu’il avait décidé de partir se balader à cheval, la seule chose capable de le calmer. «Même Joaquin peut pas le sentir, je te jure Quiero, Esperanza ne voit rien. C’est pas comme si je ne l’avais pas prévenu. » Et le pire c’est qu’elle avait dit qu’elle le croyait, qu’elle aussi partagé ses rêves étranges, mais cela ne semblait pas suffire, parce que cet abruti était toujours là. Et autant dire que quand Esteban et Armand se retrouvaient dans la même pièce, ils ne mettaient pas long à se foudroyer du regard. Le simple fait de partir et de le laisser était pour Esteban comme une défaite et une victoire pour ce crétin d’Armand… « Je devrais lui crever les pneus de sa jaguar… » jura t’il avant de rouler des yeux et d’indiquer à Quiero de prendre le chemin sur sa droite. Il inspira un grand coup pour se calmer et essayer de profiter du reste de la balade.  Il relâcha la pression sur ses rênes et claqua la langue contre son palais et l’étalon noir s’élança un galop avec plaisir. Il adorait tout autant ça que son cavalier et prit un malin plaisir à accélérer l’allure une fois la ligne droite atteinte.

Quand il arrive à destination des écuries, il voit la jaguar quittait la propriété et ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire satisfait. « Bon débarras. » Laisse-t-il échapper avant de mettre pied à terre et d’enlever tout le matériel du dos du magnifique étalon noir. Vu la chaleur du jour, il prend le temps de le doucher avant de le remettre au pré pour ensuite regagner les écuries et ranger sa selle. Quand il sort de la sellerie, son regard ne met pas longtemps à accrocher celui d’Esperanza, particulièrement séduisante dans cette robe blanche et légère. A croire qu’elle a fait exprès de la mettre pour qui la pardonne, mais non, non, non, il est trop en colère et jaloux pour ça. « Hmmm monsieur le comte est parti… » Il appuie bien sur le mot comte avant d’ajouter. « ça me fait une belle jambe ! » dit-il en râlant avant d’indiquer du coin de l’œil, le collier qu’elle porte. « Très joli collier en perle ! » En fait non, il le trouve particulièrement moche et le simple fait qu’elle porte un truc que ce crétin lui a offert lui donne envie de vomir. « Mouais ??? Qu’est-ce tu veux que je fasse de ce truc ? » dit-il en regardant le fleuret qu’elle lui tend. « Tu devrais demander à monsieur le comte, visiblement, il aime manier le fleuret ! » dit-il quelque peu excédé avant d’attraper la bride de Quiero pour la poser à sa place.
@Esperanza Montero

« Jaloux ? Moi !? » oh oh que non, il leva les yeux au ciel avant de pincer ses lèvres, comme si elle venait de lui annoncer qu’il avait piqué un petit suisse dans le frigo, ce qui n’arrivait bien entendu jamais, si ce n’est une fois par ci ou par-là, mais ce n’était pas du genre régulier. Le simple fait qu’elle lui disse ça l’enerva encore plus, parce que bien évidemment elle avait raison. Il était jaloux, et pas qu’un peu, non il était très très jaloux et ce n’était pas le collier de perles qui se trouvait autour de son cou qui allait l’aider à ne pas l’être. Il n’avait pas les moyens de lui offrir ce genre de bijou, même pas un en plaqué or, alors des perles, ce n’était même pas envisageable, à part s’il vendait un rein ou Quiero. Ce qui bien entendu n’était pas du tout possible. D’un parce qu’il tenait trop à son rein et de deux parce que Quiero lui était fidèle lui, il n’avait pas besoin de perles. Non, il lui suffisait d’herbes, de granulés et de gratouilles. Les chevaux sont bien moins ingrats que les femmes.

« Princesse veut des perles maintenant, tu m’as dit que tu t’en moquais ! » Il souffla comme un taureau en colère avant de saisir le fleuret qu’elle lui tendait. Il les avait regardés à plusieurs reprises, intrigué par ces épées qu’il voyait bien souvent dans ses rêves, mais qu’il n’avait jamais pris en main en réalité. Pourtant quand sa main se refermer sur le manche de l’épée, il se sentit tout de suite à l’aise, comme s’il retrouvait une amie de longue date. C’était étrange et agréable à la fois et il fit tourner le fleuret dans sa paume avec une telle habilité que cela le surpris, mais il était un peu trop fier pour l’admettre… et il était bien trop aveuglé par sa jalousie pour y prêter une grande attention. « Pourquoi tu demandes pas à Armandchou… » laissa t’il échapper entre ses lèvres tandis qu’il entendait une petite voix lui dire "Et on se fend !". Etrange, vraiment étrange toute cette histoire, mais bon, il n’avait pas envie de plus y réfléchir pour le moment. « Même son fils peut pas le voir, tu ne vois pas qu’il minaude là pour essayer de te reconquérir. » Il regarda quelques secondes son fleuret. « Quoique, si j’enfonçais ce truc pointu dans le Armand, il finirait peut-être par te lacher ! » dit-il, bien qu’il ne le pensait pas vraiment… Enfin pas totalement ! « D’accord, princesse ! » finit-il pas dire, toujours autant excédé en se positionnant naturellement, comme il le fallait. Esteban avait perdu sa mémoire, mais son corps lui se souvenait très bien de ses heures d’entrainement et de ses années passés sous le masque du renard.

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Il aurait aimé que sa colère l’emporte, mais à chaque fois qu’elle lui souriait, il sentait toute sa motivation fondre comme neige au soleil. Pourquoi fallait-il qu’elle soit aussi séduisante et lui aussi sensible à ses charmes… Il n’avait envie que d’une chose attraper ses lèvres, mais il espérait réussir à camper sur ses positions. Parce que s’il cédait à chaque fois, elle ferait ce qu’elle voulait de lui, ce qui en soit était déjà le cas. Il roula des yeux en soupirant, faisant voler une de ses mèches, toujours aussi tendu, tandis qu’elle prenait un malin plaisir à se jouer de la situation. « Vous devez être heureuse, princesse ! » Il prit un malin plaisir à insister sur la princesse en lui montrant le collier qui ornait son cou et qui devait couter bien plus que ce qu’il gagnait par mois, peut-être même pas un, mais il préférait éviter de trop y penser.

« C’est sur qu’il doit pas savoir manier grand chose. » Laissa échapper Esteban acerbe alors qu’il ne pensait pas uniquement au fleuret. Vu le look de ce Armand, il n’avait jamais du planter un clou ni mettre la main dans du vrai boulot manuel. « Enfin à part peut-être un club de golf » mais même pour ça il n’en était pas certain. C’était plus le genre de type à se pavaner en costume 3éme dans un costume dernier cri, tandis que lui préférait sentir le crottin de cheval. Au moins c’était naturel et surtout ça lui ressembler, Esteban n’était franchement pas un homme de la ville , encore moins un comte prétentieux venu de France et qui fricotait avec sa femme, même si c’était pas vraiment sa femme, mais c’était presque pareil. « Oh oui le seul qui compte et celui qui est foutu dehors, et qui n’offre pas de perllleuuuuhhhh . » Visiblement il n’avait ni dirigé le coup de devoir aller aux écuries, ni celui des perles, mais de toute manière pour le moment, il était bien trop jaloux pour passer au-dessus. « Le valet a retrouvé son écurie, parfait ! » rala t’il tout en observant le fleuret qui tenait dans les mains. L’objet n’était pas si lourd que ça et assez maniable.

Alors qu’il s’apprêtait à lancer une énième remarque acerbe, Esperanza lança les hostilités. A sa grande surprise, Esteban para naturellement le coup et un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. « Je sens que je vais aimer ça. » Il ne savait pas d’où ça lui venait, mais d’une manière ou d’une autre, il était bon, très bon, voir exceptionnel doué avec un fleuret dans les mains, son corps répondait machinalement aux attaques de la brune, si bien qu’il arrêtera de se poser des questions pour simplement se faire plaisir. Quand l’occasion lui fut donné de prendre la main, il se colla à la brune pour l’embrasser avant de rajouter « Princesse ! » Puis il se recula de nouveau pour laisser la chance à la jeune femme de riposter, ce qu’il ne manqua pas d’ailleurs. Un rire amusé sortit de la gorge de l’ancien renard qui bondissait et sautait dans tout les sens avec une aisance qu’il ne se connaissait pas. Bientôt et après qu’elle lui ait touché l’épaule, il arriva à l’immobiliser en posant son fleuret délicatement sous sa joue… « Hmmm toujours aussi régulière Senorita, mais je crois que j’ai gagné la partie… » Puis sans vraiment qu’il comprenne pourquoi, il agita le fleuret et de deux coups experts coupa la robe de la brune qui glissa le long de son corps avec souplesse. « Oups… » murmura t’il avant de se rapprocher d’elle. « Vous vous promenez souvent nue dans les écuries ? C'est dangereux avec tout ces bandits...» lui demanda t’il taquin ?


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Il aurait sûrement été moins jaloux s’il n’avait pas ce foutu présentiment sur cet Armand. Quelque chose au plus profond de lui, lui disait de se méfier, de ne pas faire confiance à ce mec, même s’il était soi-disant le père de Joaquin. Esteban demeurait certain qu’il y avait un problème dans toute cette foutue d’histoire et il n’aimait pas cette incertitude. Il en faisait trop mais le brun était du genre entier et parfois cela le dépassait. Sans oublier qu’il avait dû se battre depuis qu’il était gamin pour y arriver, il savait que rien n’était jamais acquis et même si Esperanza lui disait qu’il n’avait rien à craindre, une partie de lui ne pouvait pas s’empêcher de croire le contraire… Finalement, lui ne pouvait pas lui offrir grand-chose, si ce n’est ce qu’il était avec ses qualités et ses nombreux défauts, rien d’autre… Pas de voiture de luxe, ni de collier en perles ou de voyage sur une île paradisiaque, il n’en aurait jamais les moyens. « Le polo ! » Il souffla une fois de plus en jetant un coup d’œil à son étalon qui broutait non loin d’eux. « Pauvre cheval, il doit en avoir plein le dos. » Porter Armand ne devait pas être un cadeau ! Il leva les yeux au ciel en réfléchissant, avant d’ajouter d’une voix posée et un brin amusé. « Et tu crois qu’il pense quoi quand tu me mets dehors… » Son regard suffisant voulait tout dire et cela le rendait de plus en plus dingue. Il le voyait bien qu’il profitait du moment, s’en délecter même quand Esteban prenait la porte et que lui restait à côtés de la brune… C’était peut-être même ça qui l’énervait le plus.

Manier le fleuret l’amusa bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Il avait toujours été curieux quant à la discipline, mais ne s’était pas imaginé apprécier à ce point-là. Les parades et les attaques lui venaient naturellement, à croire qu’il avait fait ça toute sa vie, mais c’était la première fois qu’il s’essayait à l’escrime, pourtant une fois de plus, il ne pouvait s’enlevait de l’esprit cette impression de déjà vue qui lui collait à la peau de plus en plus depuis qu’il avait fait la rencontre d’Esperanza. « Tu ne m’aurais jamais laissé gagner… » Laissa t’il échapper entre ses lèvres, conscient que si elle avait pu le tenir en joue, elle ne se serait gênée pour le faire. Elle lui ressemblait sur ce point, elle aimait gagner, tout comme lui.

De nouveau collé contre la brune, Esteban sentait ses barrières fondre comme neige au soleil. Il faut dire que sa nudité ne l’aidait pas à rester concentrer, surtout qu’elle ne faisait rien pour la cacher, mais ça c’était un peu de la faute du brun…Son regard flamboya quand elle lui parla d’Armand. « Nous voilà d’accord sur un point ! » finit-il par dire en attrapant la brune par les hanches pour le coller contre le mur porteur de l’écurie. Il attrapa ses lèvres avec avidité, oubliant bien vite ce qu’il s’était dit en la voyant rentrant dans l’écurie ! Non, il n’était pas fait pour être ensemble et pourtant ça marchait très bien, leurs âmes s’appelaient, se désiraient avec une telle force qu’ils ne pouvaient pas lutter. Le brun mit fin à se baiser brûlant quelques longues secondes plus tard pas parce qu’il n’avait plus d’air, mais parce qu’il sentait bien qu’il risquait de lui sauter dessus dans l’écurie et que ce n’était peut-être pas la meilleure idée du moment après son accouchement. « Bordel, tu m’énerves, je m’étais juré de pas touché quand je t’ai vu arriver ! » rala t’il sans vraiment se décoller d’elle, de toute façon, même s’il essayait, il n’y arriverait pas, alors pourquoi lutter..

@Esperanza Montero

Il l’observe d’un regard enflammé, mi amusé, mi séducteur et totalement sur de lui. Non, elle ne l’aurait jamais laissé gagner, parce qu’elle lui ressemblait trop. Sur ce point, ils étaient tout les deux pareils et très semblable. Ils détestaient perdre et Esteban savait parfaitement qu’elle ne lui avait pas laissé la victoire, il l’avait gagné. Et c’était bien ça le plus surprenant, même s’il n’allait pas y réfléchir trop longtemps, bien trop intéressé par ce qui était en train de se jouer entre eux, plutôt que pour son don d’escrimeur. Il la colla bien trop rapidement au mur, ce qui n’était pas très en adéquation avec ce qu’il avait prévu en la voyant arriver dans l’écurie. Il était pourtant décidé à résister à ses charmes, mais voilà dès qu’elle rentrait dans une pièce, il perdait peu à peu pieds et elle le savait très bien. Sans oublier qu’il n’était pas vraiment rancunier, buté oui, mais pas rancunier, encore moins quand il était amoureux.



@Esperanza Montero