De surprise en surprise ◈ Flora

Les choses allaient plutôt bien en ce moment, ma thèse avançait comme je le souhaitais, je n’avais pas eu d’autres soucis de vol et le mieux, j’avais retrouvé Bloom ainsi que Musa. Ce point était sans doute le plus important à mes yeux car il me donnait du baume au cœur. Valtor et moi n’étions pas les seuls de notre univers à être ici, cela voulait dire que les autres Winx ainsi que mes parents ou bien les amies que je m’étais faite étaient là quelque part et n’attendait peut-être qu’une chose : qu’on les retrouve. Je passais régulièrement au bureau du RVA pour en savoir plus, pour l’instant les recherches n’avaient pas beaucoup avancé mais qu’importe, il en fallait plus pour entâcher ma bonne humeur. De plus, quelqu’un avait répondu à mon annonce concernant la colocation posté sur le site du campus. Nous avions rendez-vous aujourd’hui dans un café au centre ville, l’idée était de voir si ça collait entre nous et de voir ce que chacune attendait de cette colocation. Ce n’était jamais une chose facile, puisque les parties communes n’étaient pas privées et qu’il fallait les partager. Je préférais donc voir avant d’envisager quoi que ce soit afin que personne n’ait de mauvaises surprises.

J’avais de mon côté, préparé à l’avance une liste de points à évoquer et de questions pour ma peut-être future colocataire. J’avais vu deux appartements pour l’instant, un qui irait pour deux personnes, et un autre qui pourrait aller pour plus. Je n’en avais pas encore vraiment parlé avec Bloom ni avec Musa, mais si le coeur leur en disait, et que ma potentielle future colocataire n’était pas contre, nous pourrions passer de deux à quatre. Mais inutile de tirer des plans sur la comète, pour l’instant j’allais me contenter de rencontrer une personne et on verrait déjà à deux comment les choses se passeraient.

J’étais en avance, un coup d'œil à mon téléphone me l’apprit, je pouvais donc me permettre de faire un petit crochet par la chocolaterie. Je ne savais pas comment se passerait notre entretien mais je souhaitais quand même lui offrir quelque chose en guise de remerciement pour s’être déplacé. C’était après tout la moindre des choses, et puis tout le monde aimait  le chocolat pas vrai ? Je pensais ne pas trop m’avancer en me disant que c’était quelque chose qui lui ferait plaisir. Alors j’en profitais pour pousser la porte de la chocolaterie, j’adorais venir ici et je pouvais y passer des heures à flâner, regarder les nouveautés ou tout simplement m’imprégner des lieux. Sous ses airs bourrus, le patron était un véritable artiste. Et puis j’avais déjà une petite idée de ce que je souhaitais prendre ce qui faciliterait les échanges.

Mon paquet en main, je me dirigeais à présent vers le café. J’avais toujours un peu d’avance mais moins que tout à l’heure. Je commandais leur nouvelle boisson à base de caramel et de chocolat chaud blanc puis m’installait attendant ma potentielle nouvelle colocataire. Cette dernière ne tarda d’ailleurs pas à se manifester et je restais scotché à ma chaise, en la dévisageant presque comme si j’avais vu un fantôme :

- Flora ? C’est toi qui as répondu à mon annonce ? Ça alors ! Le monde est petit. M’exclamais-je avant d’éclater de rire.

D’un côté, je ne m’étais pas vraiment attendue à cela en postant cette annonce, mais j’en étais ravie. Je pouvais à présent ajouter une autre de mes connaissances à la liste des personnes retrouvées et je n’aurais pas pu être plus heureuse. Décidément, cette journée s’annonçait extrêmement bien.

- Je t’en prie, assieds-toi repris-je en lui désignant la chaise. Plus important encore, comment vas-tu ?

Oui parce que depuis la destruction de notre monde, nous avions toutes vécues de nouvelles choses et il me tenait à cœur de savoir comme Flora allait. Si elle avait retrouvé d’autres de notre entourage par exemple ou bien si j’étais la première. Si c’était le cas, il faudrait que je la mette en contact de manière impérative avec Bloom et Musa. J’étais néanmoins heureuse de la revoir, pour moi c’était la preuve que tout le monde devait être à Baiame, d’abord ma sœur, puis Musa et maintenant Flora, cela ne pouvait en aucun cas être une coïncidence j’en étais certaine.

Coleur dialogue:

Une personne de plus de retrouvé, un nom en plus sur ma liste. Flora était la troisième que j’étais contente de revoir, parce que c’était la preuve qu’en dépit de la destruction de notre univers, il y avait des survivants autres que Valtor et moi. Et puis tomber sur trois personnes en aussi peu de temps, j'interprète cela comme un signe de mon côté. Il semblerait également que nous ayons le même problème toutes les deux : les loyers de Baiame. En tant qu’étudiante, se loger ce n’était pas facile. Je ne savais pas depuis combien de temps j’étais sur cette île et le TVA l’ignorait également, de ce fait impossible pour moi de savoir si j’avais travaillé à mi-temps dans une librairie ou bien si j’avais toujours été professeur assistant, je savais juste qu’en me fiant aux souvenirs de la malédiction, je gagnais nettement mieux ma vie ainsi. Pour autant, je ne pouvais pas me permettre de prendre un appartement toute seule avec toutes les charges à assumer, c’était la raison pour laquelle j’avais posté une demande de colocataire.

- Ce n’est pas moi qui te dirais le contraire. Mon studio est pourtant proche de l’université, mais quand bien même pour jongler avec tout, ça devient rapidement cher et c’était tout ce que je pouvais trouver seule à un prix convenable. Malheureusement, l’isolement n’est pas génial, et pour travailler quand on entend toutes les disputes des voisins, ça n’a rien d’agréable.

C’était peu dire, je n’avais pas besoin de connaître toute leur vie et le pourquoi du comment ils se disputaient, honnêtement c’était extrêmement gênant particulièrement lorsque les insultes commençaient à pleuvoir. Qu’il s’agisse d’une famille avec des adolescents ou d’un couple, avoir accès à leur vie privée de cette manière me mettait mal à l’aise. Raison pour laquelle j’évitais généralement de les croiser, afin d’éviter un moment tendu entre nous. Je n’étais d’ailleurs pas la seule à qui cette situation pesait, d’autres voisins qui aspiraient eux aussi à la tranquillité avaient laissé des mots accrochés sur la porte de l’immeuble mais sans grand succès vu que cela continuait toujours. De mon côté, la solution était simple : déménager et changer d’immeuble, ainsi que de quartier. Rester près de la fac demeurait pour l’instant une priorité, ou du moins dans la banlieue nord. C’était l’endroit où les prix étaient les moins élevés.

- J’ai également revu Musa, et Bloom. Tu es la troisième que je retrouve, enfin si on se fie à la Dimension Magique comme mesure tu es techniquement la quatrième personne de notre monde. Mais disons que tu es la troisième que je suis vraiment heureuse de revoir. Je t’en parlerai plus tard, Musa et Bloom sont déjà au courant alors je ne vais pas te le cacher, néanmoins ça gâcherait un peu l’ambiance actuelle.

En même temps Valtor, n’était pas vraiment un sujet dont on aime discuter quand on retrouve des amis. J’avais donné le feu vert à ma soeur et Musa pour qu’elles en parlent si elles venaient à retrouver d’autres personnes comme Layla, ou nos parents dans le cas de Bloom puisque j’estimais que c’était un sujet important, mais pour l’instant je n’avais pas envie d’en parler, je voulais encore un peu profiter et parler de ce qui nous intéressait toute les deux c’est à dire : colocation.

- J’ai déjà fait un peu de repérage avant, et j’ai sélectionné plusieurs appartements qui semblaient convenir, n’hésite pas à y ajouter un coup d’oeil et me dire ce que tu en penses, notamment en termes de budget. Si tu estimes que même à deux c’est compliqué, alors il faudra peut-être envisager d’ouvrir cette colocation à d’autres personnes. Je ne sais pas pour Musa et ma soeur, mais si jamais ça les tente on pourrait éventuellement voir avec elles dans le cas où à deux le budget est serré. Sache en tout cas, qu’en termes d’ordre entre Bloom et moi je suis la plus ordonnée.

C’était un petit défaut que ma cadette compensait par des qualités comme un grand cœur et un courage à toute épreuve.

Oui là-dessus Flora avait bien raison, là d’où nous venions on ne pouvait pas dire que les voisins étaient un problème. D’un côté, comme toute fée à partir de 16 ans, chacune de nous était partie étudier à Alféa et les étudiantes disposaient d’un appartement avec des parties communes ainsi que des chambres dont certaines étaient partagées et d’autres non. On ne se marchait pas vraiment dessus, dans ces colocations et comme beaucoup de fées de mon côté j’appartenais à une famille royale, le château de Domino était bien assez grand pour que je n’entende pas mes parents se disputer par exemple. Il ne fallait pas se fier uniquement aux apparences, si les souverains de Domino étaient toujours amoureux et régnaient ensemble contrairement à ceux de Solaria par exemple, cela n’empêchait pas les disputes de temps en temps. Rien de trop virulent, mais ils avaient tout de même des désaccords et généralement on le voyait venir à des kilomètres lorsqu’ils étaient fâchés. Mon père avait une attitude penaude et ma mère semblait plus distante qu’à l’accoutumée. Rien de bien grave puisqu’ils se réconciliaient dans la journée, mais des fois cela me faisait gentiment lever les yeux au ciel.

- C’est vrai que le côté sans voisin était bien pratique. Admis-je avec humour. J’espère pouvoir en trouver des un peu moins bruyants ou bien avoir un endroit avec une meilleure isolation.

Je supposais de toute façon qu’il ne pouvait pas exister pire que mon studio, question intimité c’était comme si on vivait chez ses voisins et évidemment ce n’était pas agréable d’où le besoin de déménager, parce que si je restait encore trop longtemps là-bas je sentais que ma patience serait mise à rude épreuve. 6 mois oui, mais pas un an où je ne répondais plus de rien. Cette fois-ci, je n’hésiterais pas à directement aller voir les gêneurs pour leur dire le fond de ma pensée et ce ne serait pas joli.

- J’ai croisé Bloom par pure hasard à l’université, et elle a revu Musa à son tour, alors on a décidé de se rencarder à la cafétéria. J’étudie l’histoire antique. D’ailleurs j’y pense, je pourrais peut-être contacter Bloom, je pense que la cafétéria est encore le meilleur endroit pour pouvoir se voir entre nos différents emplois du temps.

Ce n’était pas une mauvaise idée, j’avais à peu près mémorisé celui de ma sœur, et je savais quand on pouvait se voir entre deux cours ou pas. Il me suffirait de lui dire que j’avais une surprise pour elle, et le tour serait joué. Et puis, Bloom serait ravie de revoir Flora, aucun doute là-dessus. Nous étions toutes les trois actives dans la recherche de nos proches, qu’il s’agissent de nos amis ou de nos parents respectifs, pour nous il était impensable d’imaginer qu’ils avaient été détruit en même temps que notre univers, et je savais que ni Bloom, ni Musa ni moi ne baisserons les bras, nous étions au contraire plus déterminée que jamais. Tant pis, si cela devait prendre des mois ou des années, l’important c’était les résultats et non le temps passé à les obtenir. C’était du moins ainsi que je voyais les choses

- Tiens dis-je en lui tendant une pochette plastifiée. Je les ai classés par ordre croissant en termes de prix, j’ai aussi mis des notes sur les pièces à fournir pour les dossiers de location, mais ça c’est a voir plus tard et c’était surtout pour ne pas oublier.

Il pouvait m’arriver d’être distraite, alors je préférais me montrer prévoyante et faire les choses à l’avance plutôt que de m’y mettre au dernier moment.