Byleth avançait dans la vaste salle du château où se tenait le premier conseil royal, ses talons résonnant sur les pierres avec une cadence à la fois gracieuse et assurée. Elle portait une somptueuse robe d’un ambré profond, ornée de fines broderies dorées qui scintillaient sous la lumière vacillante des torches. Sa chevelure émeraude, relevée en un chignon élégant, laissait s'échapper deux mèches ondulées qui encadraient délicatement son visage aux traits fins. Sur sa tête, le symbole de son pouvoir régalien brillait avec éclat, imposant sa présence. Byleth Eisner-Blaiddyd, désormais reine des eldoriens, avait accédé au trône dans des circonstances aussi surprenantes qu'inattendues. Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait propulsée au sommet du pouvoir. Dans son monde, elle avait été une mercenaire redoutée à travers Fódlan, avant de devenir l’instructrice de l’héritier du trône de Faerghus, qui, plus tard, fit d’elle sa femme. Ensemble, ils avaient régné avec une volonté inébranlable, cherchant à instaurer un monde plus juste et à réparer les maux causés par la guerre.

Arrivée sur Baiame, Byleth avait été frappée par l'amnésie, tout comme son mari, @Alexandre Dima, qui ignorait encore qui elle était pour lui. Se retrouvant sans son alliance qu’elle lui avait laissée dans l'espoir que son bien-aimé lui revienne un jour, elle erra jusqu’à Eldoria. Ses prouesses, sa bonté d'âme, son héroïsme, et son leadership l’avaient rapidement distinguée, poussant les habitants à la proposer comme dirigeante, puis à l’élire. Bien qu’elle fût d'abord réticente, Byleth comprit vite qu’Eldoria avait besoin d’un leader, d’une structure pour prospérer. Elle accepta cette nouvelle responsabilité, bien qu’avec une certaine amertume, sentant qu’elle échouait à tenir la promesse qu’elle avait faite à Alexandre — ou plutôt à Dimitri — d’être toujours à ses côtés.

Là voilà, avançant devant ses nouveaux sujets, le peuple qu’elle devait désormais représenter. Byleth n’avait pas le droit à l’erreur ayant déjà entendu les murmures sceptiques de ceux qui doutaient de sa capacité à les guider. Accueillant ses conseillers et tout ceux qui le souhaitaient dans la salle, elle fût la dernière par choix à s'assoir à côté de son suivant, le désigné @Artémis Entreri avant de prendre enfin la parole.

« Cher peuple d'Eldoria, je me tiens aujourd'hui devant vous par votre fait, élue pour représenter vos intérêts, vos espoirs, et vos craintes. C'est avec une profonde humilité et un sens aigu de la responsabilité que j'accepte cette tâche. Aujourd'hui, nous nous trouvons à un moment crucial de notre histoire, un moment où des décisions importantes doivent être prises pour le bien de notre royaume, pour notre avenir commun. »

Byleth maîtrisait parfaitement cet exercice, même si elle se considérait bien moins éloquente que son époux qui déjà, par son charisme naturel, arrivait à subjuguer la foule en un claquement de doigts.

« J'entends et je comprends les inquiétudes de ceux qui craignent pour leur sécurité, qui ont vu des mondes ravagés par diverses créatures. Mais je demande à chacun d'entre vous de ne pas laisser la peur guider nos décisions. Nous sommes un peuple nouveau, un peuple uni par le désir de bâtir un royaume où chacun peut prospérer et vivre heureux. » Un doux sourire rempli de conviction se dessina sur ses lèvres, pensant tout comme ils l'avaient fait à Faerghus et conjointement avec Claude que rien n'était impossible.

« Je ne vous demande pas de fermer les yeux sur les dangers potentiels. La cohabitation doit être encadrée, les risques doivent être évalués, et des mesures de sécurité doivent être mises en place. Nous devons trouver un équilibre entre la liberté et la protection, entre l'ouverture et la prudence. Le trône d'Eldoria ne prendra pas cette décision à la légère, et c'est pour cela que je me tiens devant vous aujourd'hui, pour écouter vos voix, pour peser vos arguments, et pour agir en conséquence. Ensemble, nous déciderons de notre avenir. Ensemble, nous construirons un royaume qui reflète nos valeurs, notre force, et notre capacité à tout surmonter. »

Byleth laissa son regard parcourir l'assemblée, ses yeux émeraude perçant les doutes comme un rayon de soleil à travers les nuages.

« Je vous encourage à vous exprimer avec conviction, mais aussi avec respect et sagesse. Que cette décision, quelle qu'elle soit, soit le fruit d'une réflexion collective, un véritable dialogue entre nous tous. C'est ensemble que nous ferons d'Eldoria un royaume digne de notre héritage et de notre avenir. »

Elle marqua une pause, ses mots résonnant encore dans la salle.

« Je vous écoute. Que celui ou celle qui souhaite prendre la parole le fasse maintenant. »

L'atmosphère était empreinte d'une gravité solennelle, mais aussi d'une sérénité apaisante. Byleth savait qu'elle avait semé la graine de la réflexion, et que désormais, il appartenait aux eldoriens de la faire fleurir.

Je n'ai guère l'habitude de parler politique, ou même d'accorder un quelconque intérêt aux décisions politiques d'un souverain ou un autre. Je suis plutôt de ceux qui restent tant qu'on leur permet de rester, et qui partent quand ils ne se sentent plus les bienvenus. Portcalim avait cet intérêt d'offrir à un assassin tel que moi le terrain de jeu idéal, avec une politique très (bien trop) laxiste en matière de justice, et son lot de guildes rivales cherchant à prendre le contrôle du plus grand nombre de quartiers possibles, à coups de dessous de tables, arrangements et autres meurtres jamais élucidés. Sous la coupe du Pacha Basadoni, puis du Pacha Pook, ou encore Amas, selon mon bon vouloir, les sommes qu'ils étiaent prêts à verser pour mes services ou simplement l'intérêt que je portais aux contrats qu'ils souhaitaient me voir remplir, j'aurai pu devenir un roi parmi les ruelles crasseuses de cette ville. Pour nombre d'assassins de bas étages, je l'étais. Ce qui avait également fait de moi une cible, car celui qui aurait la peau d'Artémis Entreri pourrait s'octroyer cette couronne que lui-même refusait de porter.

En compagnie de Jarlaxle, j'ai vu d'autres systèmes politiques. La royauté portée par le roi Garrett, héros du peuple cependant bien aidé par la génétique qu'il fallait avoir pour s'installer sur le trône de la Damarie, le système matriarcal des Drows, le système autonome de Bregan d'Aerthe, dont Jarlaxle, fondateur et maitre incontesté, savait pouvoir laisser le pouvoir à son premier lieutenant et le reprendre quand bon lui semblerait (très certainement aidé par le fait que rien de tel que le pouvoir n'intéresse le maitre es esprits qu'est Kimmuriel), ou encore la soumission aveugle des gens de Memnon envers un culte qui les prive de toute existence un tant soi peu digne des êtres humains qu'ils sont. J'ai cette capacité à l'objectivité envers le pouvoir, moi qui ne l'ai jamais cherché quand bien même j'aurai pu le prendre à plus d'une reprise. C'est ce qui m'a fait m'intéresser à celle de cette ile nouvelle qu'est Eldoria. Un nouveau monde, un nouveau royaume, de nouvelles bases qui se doivent d'être assez solides pour que la politique à venir dessus soit la meilleure possible. Conseiller de la Reine? Je n'en demandais pas tant, mais puisque l'occasion s'est présentée, et que je n'avais pas mieux à faire dans l'immédiat, soit.

Au milieu de la foule déjà bien compacte regroupée dans la salle du trône, je profite des ombres pour me faufiler tel le fantôme que je sais être quand je le décide. Mes bottes auraient pu claquer fortement sur le sol, mon pas plein d'arrogance faisant comprendre au reste du monde que ma présence se devait d'être remarquée, mais je choisis plutôt d'opter pour la discrétion qui me caractérise depuis toujours, mon pas fluide et aussi silencieux que celui d'un drow, ma tunique sombre ne me faisant guère remarquer au milieu des badauds. L'attention, je ne la cherche guère, et sans doute ne se rendra-t-on compte que je suis installé sur l'estrade que lorsque les regards se tourneront finalement vers la Reine en personne. Si je l'apprécie? Pour être honnête, je suis en phase d'observation, et cette décision qu'elle compte prendre en rapport avec les créatures magiques sera un premier moyen pour moi de me faire un avis sur elle. La décision m'importe peu. Ce qui m'intéresse, c'est la manière dont elle sera prise.

"Je suis d'accord sur l'idée que faire une généralité n'est ni aisé, ni idéal. J'ai côtoyé des Dragons. J'en ai combattu d'autres. Et au vu du nombre d'univers qui se croisent en ces lieux aujourd'hui, il est certain qu'il en est de même pour bien d'autres races. Parler de bons orques, ou de géants du givre bienfaisants serait une profonde hérésie sur les terres d'où je viens, mais sans doute que chez d'autres, c'est d'évoquer de bons elfes ou des halfelins rusés qui en est une."  

D'aucuns diraient que je suis l'exemple même que même la race humaine n'est pas aisée à cataloguer parmi les "races de bien", si on gratte un peu la surface, se détachant du nombre pour observer les individus un à un. Tazmikella et Ilnezhara nous offriraient bien un exposé détaillé sur les différences entre les Dragons métalliques, dont elles font partie, et les Dragons chromatiques, leurs sombres cousins "auxquels il ne faut surtout pas accorder sa confiance". J'ignore si les origines de chacun sont le seul fossé entre eux, si un chromatique élevé par un métallique suivrait ses préceptes ou si l'inné prendrait le dessus. Mais je pense surtout que les deux sœurs dragonnes ont su s'adapter au monde qui a évolué autour d'elles, préférant se mêler aux hommes plutôt que se réfugier dans les grottes privilégiées par nombre de leurs frères.

"Toutes les races peuvent être bonnes ou mauvaises. J'ai même rencontré des Drows honorables, c'est pour dire. La question, à mon sens, est de savoir déterminer quelle créature peut être digne de confiance et quel créature doit être refoulée à la frontière. En tant qu'individu."

Si une telle décision devait se faire concernant les races intelligentes qui se côtoient ici, laisserait-on Artémis Entreri franchir les frontières de l'ile? Surement pas sans le destituer de la dague ornée de pierres précieuses et de l'épée à la lame pourpre qui ne quittent sa ceinture que pour gagner ses mains... et là encore, on ne pourrait pas affirmer que tout danger est écarté. Même si mon séjour non intentionnel chez les elfes noirs aura eu le bon goût de m'apprendre l'humilité. C'est l'effet provoqué par une cité où 20000 Artémis Entreri sans scrupules et à la pratique parfaite de l'escrime vous rappellent à chaque seconde que vous n'êtes qu'un être inférieur, à peine digne de respirer le même air vicié qu'eux. Les Drows ont un terme agréable pour désigner tout ce qui n'est pas Drow... Iblith. Notez qu'ils utilisent le même terme pour désigner les excréments. Pour les échanges culturels, je ne recommande pas.