Our rage will burn everything

Johnny & Hyuna

V bossait, les mains couvertes de cambouis, les doigts plongés dans les entrailles métalliques des caisses qu’on lui ramenait. Des bagnoles en vrac, des motos à moitié mortes, et parfois des engins à peine capables de tenir sur leurs roues. Mais ça, c’était rien qu’un échauffement pour V. Il aimait ça, sentir l’huile et le métal sous ses doigts, écouter le grondement d’un moteur qui reprend vie.

Chaque véhicule qui franchissait les portes de son garage avait une histoire, un passé, et un propriétaire qui voulait en faire une bête de course ou une arme sur roues. Et V, lui, savait exactement comment transformer ces tas de ferraille en machines qui dévoraient le bitume. Débrider les moteurs ? C’était presque trop facile. Ajouter des mods clandestins, des systèmes de refroidissement boostés, ou même des armes dissimulées ? Ça, c’était son terrain de jeu.

Les outils cliquetaient, l’odeur d’essence flottait dans l’air du garage, et chaque vibration sous ses doigts lui disait si une pièce était prête à tenir le coup, ou si elle allait craquer sous la pression. V n’avait pas besoin de manuels, ni de specs techniques. Il avait l’instinct, ce sixième sens qui faisait la différence entre une machine ordinaire et un monstre prêt à tout bouffer sur son passage.

Il s’essuya le front du dos de la main, laissant une trace d’huile sur sa peau, mais s’en foutait. Un moteur, un châssis, une caisse : c’était tout ce dont il avait besoin pour décrocher un sourire satisfait après des heures de boulot.

Puis, la sonnerie persistante de son téléphone le tira de ses pensées. Le bruit résonna dans l'atelier, se mêlant au cliquetis des outils et au grondement lointain des machines. V soupira, agacé, avant de se redresser et de sortir le téléphone de sa poche, ses doigts encore pleins de cambouis. Le nom de Hyuna s’affichait à l’écran.

Il hésita une seconde, puis décrocha avec une moue fatiguée.

« Quoi ? » lâcha-t-il, sans même cacher son irritation.

De l'autre côté de la ligne, la voix de Hyuna débita rapidement ce qui ressemblait à un plan tordu impliquant Arasaka, ou du moins ce qu’elle pensait être eux. Rien que d’entendre ce nom, V leva les yeux au ciel. Arasaka… encore eux. Sa journée ne pouvait pas être plus merdique. Il écouta d’une oreille distraite, ses pensées déjà loin alors qu’Hyuna parlait du plan, et bien sûr, de Johnny.

Ses oreilles se mirent presque à saigner en entendant le nom de Johnny. Lui aussi était dans le coup. Bien sûr qu’il l’était. Et évidemment, il fallait qu’ils aient besoin de V pour voler une putain de caisse. Il ne put s’empêcher de soupirer bruyamment, le genre de soupir qui disait "Foutez-moi la paix, j’ai juste envie de finir ma journée sans emmerdes."

« Sérieux… » marmonna-t-il, les yeux rivés sur le moteur qu'il venait à peine de remettre à neuf. Il voulait juste un moment tranquille, là. Rien de plus. Mais avec Johnny dans le mix, la tranquillité, ça restait un rêve lointain. Il finit par lâcher, résigné. « OK, OK. J'arrive. » Il raccrocha sans attendre de réponse, balança son téléphone sur l’établi et se passa une main sur la nuque. V regarda son œuvre inachevée avant de secouer la tête. Tant pis pour la tranquillité, encore une fois.

Il jeta un dernier coup d’œil à ses outils éparpillés sur l’établi et lâcha un long soupir. Sans ses implants, tout était devenu une vraie galère. Mais bon, c'était devenu la routine. Dans ce taf, fallait être prêt à tout, pas le choix. Il attrapa quelques outils qu’il planqua dans les poches de sa veste : un petit crochet pour forcer les serrures, une clé multifonctions, et un mini-module de piratage bricolé à la va-vite. Pas de quoi faire sauter un bunker mais largement assez pour ouvrir une caisse. En mode discretos comme toujours, histoire d’éviter les emmerdes si ça dégénérait.

V fit rugir le moteur de son bébé. En deux temps trois mouvements, il dégagea, filant à travers la ville.

Il roulait vers le point de rendez-vous. Johnny et Hyuna l’attendaient dans un coin bien pourri de la ville, comme d’hab. Leur mission du jour ? Choper une caisse. Évidemment, c’était encore sur V qu’ils comptaient pour la partie technique. Ça devenait une habitude, ces conneries. Le vent fouettait son visage mais il sentait bien la tension monter. Le genre d’opération qui finissait rarement bien avec ces deux-là.

Arrivé sur place, il ralentit et coupa le moteur en se glissant dans une ruelle planquée à l’écart. À quelques mètres seulement de la cible, une belle bagnole qui brillait sous la lumière du jour. Avec un peu de chance, ça serait vite fait, bien fait. Mais V connaissait la chanson. Avec Johnny dans l’équation, la merde était jamais loin. Il s'approcha, l’air détendu, mais avec cette fatigue qu’il ne cachait plus.

« Alors, c’est ça le plan ? Voler cette putain de caisse en plein jour ? » lâcha-t-il avec un sourire en coin, levant légèrement les bras comme pour dire "c'est vraiment ce que vous avez trouvé de mieux ?".

Il balaya du regard la voiture puis fixa Johnny, l’air un peu plus sérieux. « Me fais pas regretter d’avoir laissé mon garage pour ça. On fait ça vite fait, proprement, et on se tire. Pas envie qu’on attire plus de merdes que d’habitude. Vous pigez ? »

Il sortit ses outils de sa veste et se mit à observer la rue autour d’eux, toujours sur ses gardes. « Allez, briefez-moi rapidement et j’ouvre cette foutue caisse avant que quelqu’un nous remarque. Pas de conneries ce coup-ci, Johnny. »