let's burn monsters - Twentieth Doctor

Tu ne regrettais pas ce détour à Novacrest. L’ennuie n’était pas. Il y a toujours quelque chose qui se passe et cela te plait. Cela te plait d’autant plus que tu peux être. Être toi-même, même séparé de ton vaisseau et de tes étoiles. Être le Docteur. L’homme qui soigne les maux. Tous les maux.

D’ordinaire, tu ne prenais pas parti. Les batailles motivées par les convictions de chaque groupe d’individu de la même espèce, tu leur laissais le soin de les gérer. La neutralité était ta principale force. Cependant tu ne pouvais pas rester aveugle. Tu t’es laissé convaincre et tu trouvais les méthodes de cette entreprise plutôt barbare. Tu t’es même demandé si elles étaient réellement humaines ou si elles étaient mises en place via une manipulation extérieure. Tu comptais régler le souci paisiblement et discrètement, loin de tout le raffut des militants, dont tu avais tout de même tiré profit pour te faufiler discrètement à l’intérieur. Il y avait sans nul doute des compromis à proposer, des solutions de transition pacifiques. Malgré tes siècles et tes siècles d’existantes, tu ne te laissais pas démonter par la violence et tu gardais tout de même les armes à distance.

Sauf quand il s’agit de Gallifrey, bien évidemment.
C’est d’ailleurs parce qu’elle t’oblige à prendre les armes, que tu la détestes autant.

« Ne t’en fais pas. J’attends que les analyses soient terminées et je mets les voiles ! Je n’ai pas envie de me retrouver mêlé à une guerre d’opinion. Profites-en pour te reposer, Larry. J’éteindrais en partant. Allez files, grand fou ! » Tu jacasses, tu déblatères et tu estourbis. Tu en profites pour lui piquer sa blouse, sous prétexte que tu allais lui mettre sur le porte-manteau et il s’en va. Il ne cherche plus loin. À peine la porte franchie, tu enfiles la blouse blanche. Tu retires le badge, que tu glisses dans la poche, assurant ainsi ton anonymat. Tu gardes le stylo quatre couleurs tout de même. Ça fait tellement plus ; professionnel et sérieux ! Il n’y a plus un chat, tu peux fouiner ! Le crois-tu, du moins. Sans gêne, tu extirpes ton tournevis sonique de tes poches et tu commences à le pointer sur les serrures. Aucune serrure ne te résiste. Pas même une trois points ou une serrure électronique.

Tu cherches un terminal.

Une recherche que tu fais sans réellement te soucier de ce qui se passe dehors. Tu sais ce que tu veux, tu sais ce que tu viens chercher, tu sais ce que tu vas laisser ; tu ne comptes pas faire grand bruit. Cela ressemble à une balade de santé pour toi et tu as ta couverture, même si elle est mauvaise et t’apportera probablement quelques soucis, mais on n’y est pas encore. Chaque chose en son temps. Tu vogues de salle en salle. Tu ne regardes pas autour de toi. Tu ne regardes pas ces caméras désactivées, qui te rend service d’ailleurs, ni les pancartes par les fenêtres.
Jusqu’à ce que tu tombes sur elle. Une jeune femme, avec un casque sur les oreilles. Tes yeux frétillent d’intérêts et ton air radieux s’affiche. Espiègle et curieux, tu es curieux de savoir ce qu’elle fiche ici, avant de deviner assez facilement à sa tenue et à ses mots, que tu entends alors que tu es dans son dos, que ce n’est pas une scientifique, mais pas une mauvaise personne non plus. Encore moins une quelconque tortionnaire. « Tout ce chemin pour un petit chat terrorisé ? En voilà une belle personne. » lances-tu, alors que tu es légèrement penché au-dessus d’elle.

Les bras croisés dans ton dos, une énergie difficilement contenue à en juger par tes balancements d’avant en arrière impulsés par le mouvement de tes pieds, tu reprends alors : « Oh ! Non-non, ne vous interrompez pas. Continuez, je vous en prie. J’aime beaucoup les chats également. Petits, moyens, grands, parfaits ou informes, ils sont bavards, mais reposants. Très intéressants aussi, plus que les poissons. Ils oublient trop vite, je suis obligé de me répéter au point d’en perdre moi-même le fil. Celui-ci vous fait confiance en tout cas. Il dit même que vous êtes la première à se soucier de son sort ici, ce que je ne peux m’empêcher de trouver cela assez triste. » Mimique excessive, tu débites et tu parles. Le chat notamment. Du moins, c’est ce que tu laisses à penser même si ce n’est pas vraiment. Pas tout à fait. Tu entends surtout sa petite voix. Cette voix suppliante dans sa tête.

Tu fais comprendre tes bonnes intentions en lui tendant ta main, avant de la ramener dans ton dos ; elle ne va pas pouvoir te la serrer, elle tient ce chat et elle n’a pas quatre bras comme un Khezevian ou leur proche cousin. « Le Docteur. » Enchanté. Ton nom. Tu aurais bien continué ses présentations inopportunes, mais ton tournevis sonique se met à pulser. Il sonne dans ta poche et tu sors ce drôle d’instrument que tu pointes vers le plafond. Sans te soucier de la verrerie et de la paperasse, tu montes sur un bureau comme un étudiant cherchant du réseau avec ton téléphone. « Tu n’es pas toute seule. Basse fréquence, intru dans le réseau, caméra désactivée, porte automatique tout autant. Oh ! Non ! J’ai besoin du réseau. Laisse-moi une petite place, quiconque es-tu planqué derrière ton téléphone, ordinateur portable, routeur, que sais-je ! »

Tu parles et t’agace tout seul. Ton tournevis grésille, pointé vers l’une des caméras et il y a une petite explosion. Minime, interne, mais visible à cause de quelques étincelles. Méfait ou fait accompli, c’est une question de point de vue. Tu descends de ton perchoir et tu souffles près de la led rouge, comme un cowboy soufflerait sur son colt. « Mon réseau. Chacun son truc. Je suis territorial avec mes terrains de jeu. » Remarques à toi-même, puis tu te retournes : « Allez-y, ouvrez toutes les cages. Faites comme si je n’étais pas là. »

Tu fais totalement fit de cette brutalité, de ce manque de tact. Tu t’en amuses même, parce que c’est toujours un plaisir. Les nouvelles rencontres. Elles sont toujours différentes. Ce n’est pas ta première, ce n’est pas ta dernière et malgré cela, elle restera unique. « Un expér-Non ! Non-non, personne ne m’a trifouillé. Enfin ; Si. C’est arrivé. Quelque fois. Comment d’ailleurs ? Je ne m’en souviens plus, c’est que ça ne devait pas être très grave ! » Mensonge. Elles t’ont marqué, mais il y a des évènements plus graves encore pour tes deux cœurs qui ont changé l’ordre de priorité en termes de gravité. Tu relativises, même si tu as très peu apprécié toutes ces fois où, parce que tu étais un alien, on t’a attaché sur une chaise pour t’étudier. « Eh bien, je l’entends comme je t’entends toi ; parce que j’écoute. Je l’écoute. J’écoute sa petite voix. J’écoute tout le monde, qu’ils soient poilus ou non. Tu ne l’entends pas, toi ? Si c’est le cas, pourquoi tu es venu ? »

C’est évident, bien sûr !
Pour toi.

Cependant, tu n’as pas pu résister. Tu as fait un caprice égoïste et tu as foutu dehors cet hacker. C’est ton réseau. Pour ce soir en tout cas. Ton terrain de jeu à toi et il ne t’a pas demandé permission d’y entrer. Comme tu l’as si bien sous-entendu, tu l’as laissé vaquer à ses occupations, faire ce qu’elle avait à faire ici. Tu l’as ton terminal, alors tu es heureux. Tu trépignes et tu tiens difficilement en place. Toute cette pression, ça fait monter l’adrénaline. Tu adores ! Ça t’avait manqué. Tu t’installes devant cet ordinateur et tu cales ton tournevis entre tes dents, afin de libérer tes mains. Dès qu’un obstacle se dresse contre toi, comme un identifiant ou un mot de passe, cela reste une serrure. Les grésillements significatifs, ceux là même qui ont mis en déroute tous les efforts de son ami extérieur, retentissent à nouveau.

Tu y étais. Tu es finalement parvenu à entrer dans leur base de données. Il ne fallait pas plus longtemps pour que tu corromps les fichiers et que tu effaces tous ces ordres protocolaires de conceptions basés sur l’animal.

CEPENDANT !
Tu n’auras pas le temps de terminer.

Tu sens une force te tirer vers l’arrière par le col. « Non-non-non, j’avais presque fini ! » Tu es déconnecté. De ce qui se passe, du fait que tu es trainé, de la situation dans lequel elle pense être plongé, de sa colère également. Pour toi, c’est un mercredi. La gravité est une notion relative en fonction des points de vue et de ton côté, tu savais que tu avais une chance d’être dans la sauce à partir du moment où tu t’es fait passer pour un laborantin. Tu t’agites de manière désordonnée, mais pas pour te libérer de son emprise, pour retourner sur le pc. Elle finit par te lâcher et te réprimande. Ce à quoi tu fais la sourde oreille et tu te relèves d’un bond, en prenant le temps de remettre ta veste en place et dépoussiérer ce qu’il y avait à dépoussiérer.
Ça t’a pris quelques secondes, mais elles ont paru une éternité. « Personne. » Tu trifouilles et tu regardes autour de toi. Tu jauges et tu as toujours ce sourire. Personne ? Personne ne t’envoie. Tu es là de ton propre chef, car tu n’as pas besoin de chef pour t’engager dans quelque chose. « Si tu veux ! Tout comme ; si tu veux que je désactive les caméras, il suffit de demander. Même si je soulève l’incohérence ; tu te donnes en spectacle, pourquoi avoir peur des caméras dans ce cas ? Je peux aussi ouvrir les cages et tout ce petit monde va se retrouver plus vite dehors. À moins que ton sac soit plus grand à l’intérieur et que tu comptes mettre tout le monde dedans. »

Ils ont tous des petites papattes. Ils peuvent sortir d’eux-mêmes et à la rigueur, garder son sac pour ceux qui ne peuvent vraiment pas se déplacer. C’est ; malin, un peu rudimentaire comme idée, mais tu sembles surtout être pour le chaos et y prendre ton pied. Sauf qu’à te crier dessus comme ça, elle te stresse. Elle te fait paniquer et les rares notions d’ordre qui te restait disparaisse dans ton esprit. Tu te dépêches et avec ce même tournevis, tu ouvres les cages. Toutes en même temps. « Pas le temps de les faire une par une. Allez hop hop ! On décampe ! » Tu tapes dans tes mains et tu t’adresses aux animaux comme une instructrice s’adresserait à des jeunes enfants.

Ils partent devant, s’engouffrent par la porte et toi, tu reviens vers la jeune fille avec toujours cet enthousiasme. Tu l’attrapes par le poignet et tu l’entraines à sa suite en courant. « C’était mon attention. De vous aider. Dès le départ ! » Tu dévales les escaliers et tout en se faisant, tu retires cette blouse, que tu laisses à l’abandon sur la rambarde de sécurité. Larry t’en voudra probablement d’avoir laissé trainer ses affaires. À moins que cela ne soit pas la première raison pour laquelle il t’en voudrait. Les pas des agents de sécurité se mettent à raisonner dans les couloirs, mais vous avez une bonne avance. Lorsque vous sortez du dit couloir, ils entrent tout juste à l’autre bout et c’est en partie grâce aux animaux libérés qui les retardent. Notons d’ailleurs la bravoure de ce rat qui s’est jeté sur le visage d’un des agents pour lui mordre l’oreille.

« Ça m’avait manqué ! » T’exclames-tu avec un grand sourire, comme un gosse en cavale.

Ton énergie ne s’essouffle pas. Elle retrouve même un regain lorsqu’elle t’explique que, même sourde à cette petite voix, elle était tout de même venue. « Admirable ! Super ! » furent tes seuls mots à son encontre, car tu étais incapable de faire de l’ordre dans ta tête. Tout s’y bouscule, tout veut sortir à la fois et tout s’entrechoque pour finalement donner qu’une poignée de syllabe prononçable, mais claire. Tu n’es pas sourd à ce qu’elle a dit. Tu as simplement fait comme si tu n’avais rien entendu. Tu as volontairement occulté ses propos.
De toute façon, c’est elle-même qui a dit que vous ne deviez pas trainer alors : hop hop hop ! On ne traine pas. On n’épilogue pas. Tu auras tout le loisir et le temps de le faire une fois que vous serez sortis d’ici, avec toutes ces petites bestioles sympathiques qui ne demandent que ça, de goûter aux parfums de la liberté. « Est-ce que ces mêmes lois autorisent la maltraitance animale ? Si ce sont ces mêmes lois qui te font peur, dis-toi que ce sont des armes comme d’autres que l’on peut retourner contre l’accusateur à tout moment. Tu ne vas pas aller en prison pour ça. Payer des dédommagements pour la casse en revanche ; il y a des chances. » Tu ne veux pas lui vendre le monde merveilleux des Bisounours, mais visiblement son côté extrémiste n’est pas valable que pour ses actions. Ses pensées sont dictées aussi par de sombres perspectives d’avenirs, sans nuances.

Une idée ! Une idée ! Oui ! Tu l’avais dite, mais est-ce qu’elle t’a écouté à ce moment-là ? Tu avais mentionné cette possibilité, mais cette même possibilité s’est perdue dans le flot de ton discours sans sens. Un coup de panique et tu l’as mis à exécution, sans demander son consentement. Tu grimaces, tu réalises trop tard, puis l’instant d’après tu rigoles. L’important c’est qu’il n’y ait pas de blessés. C’est ta priorité. Après le sauvetage des animaux, bien entendu !

« Tu ne me l’avais pas demandé ! Attends, quoi donc ? Pour l’aide, ou pour les cages ? Les cages, je l’ai dit ! Tu m’as stressé et pressé, j’ai pris ça pour un oui ! » L’aide aussi, mais là tu n’avais rien contre. Tu étais venu pour aider justement, à l’initiative de ; personne. En faites, tu comptais même régler cette affaire en solitaire et en douceur, en toute discrétion. L’affaire se règle ; loin d’être en douceur, loin d’être en solitaire et loin d’être en toute discrétion. Tu restes néanmoins optimiste, car la base reste respectée. Vous libérez les animaux.
L’air frais frappe ton visage, car c’est avec fracas que vous veniez d’ouvrir l’ultime porte. Celle qui vous mène à l’extérieur de tout ce chantier. Les plus petits animaux en profitent et passent également en toute hâte pour se précipiter à l’extérieur. Les plus grands, comme les chiens ou les chats, tardent et doivent attendre que vous libériez le passage avec vos silhouettes. Une fois que c’est fait en revanche, ils ne se font pas prier pour suivre ou prendre les mêmes libertés que les rongeurs ou les oiseaux. Tu t’arrêtes et tu prends une profonde inspiration. Pause. Temps mort ! « Bon et bien, c’était un plaisir de vous rencontrer. J’espère que nous nous rever- ! » Tu n’as pas le temps de finir ta phrase, ni même de partir de ton côté, que c’est à ton tour de te faire entrainer.

Dire que tu venais de te recoiffer en poussant cette tignasse à mi-chemin entre le roux et le rouge, que tu es bon pour recommencer à l’arrivée. Pris par la stupeur, tu restes sans voix. Tu clignes plusieurs fois des yeux et tu as désactivé tout reflex d’autodéfense. Tu te contentes de suivre et lorsque tout te revient, dont l’entrain, tu te remets à sourire. « Non ça ira, avec plaisir ! » Ça te change de te faire conduire, tu n’as rien contre. Tu enfiles donc ton casque, tu bondis sur la moto, tu t’installes derrière elle et tu te cramponnes pour ne pas tomber. Tu as l’air un peu plus nerveux, un peu plus inquiet à l’idée de ne pas être aux commandes, mais tu y voies comme un retour des choses. En regardant derrière vous, tu voies que la foule de manifestants commencent à se disperser et que la sécurité, appelés en renfort, semblent perplexe. Certains d’entre eux ont une gestuelle qui laissent à penser qu’ils ont reçu une nouvelle déplaisante.

L’explosion retentie.
Tu comprends mieux.

« Oh. Je comprends. Un spectacle sans son et lumière, ce n’est pas un spectacle. » Ta remarque, aux allures de plaisanterie, ne s’accompagne pas en revanche d’un éclat de rire. La visière du casque permet également de cacher ta perplexité face à cela, mais tu t’efforces de croire que les bureaux sont vides et que personne n’a été pris dans cette explosion. Après tout, tu étais officiellement le dernier “employé” de ce laboratoire à être resté pour fermer. « Heureusement que je n’y travaillais pas. Je n’aurais pas besoin de pointer demain pour fournir des explications. Par contre, Larry… » Une nouvelle grimace, mais cette fois-ci de compassion et d’excuse. Larry va prendre un savon pour avoir autant manqué de vigilance, c’est sûr. Peut-être même qu’il va perdre son boulot, mais ce n’est pas plus mal. Au moins sur son CV, il ne sera pas obligé d’expliquer pourquoi il a une entreprise scandaleuse dans ses expériences. « Aux faites ! Je t’ai donné mon nom, mais je n’ai pas le tiens. » Bonne remarque, ça.

Tout est bien qui finit bien, n’est-ce pas ? Presque bien ; si on met de côté cette explosion finale en guise de bouquet, ces pauvres agents de sécurité qui ne faisaient que leur boulot et ces autres personnes tierces qui auront été impactées d’une manière ou d’une autre dont faisait parti le dénommé Larry. Bien était un euphémisme pour dire que ça aurait pu être bien pire. Un pire que tu n’aurais pas supporté, alors que pour le moment tu te faisais conduire à moto, de manière très badass, sans même avoir calculé cette possibilité. Celle que tu avais retenu consistait surtout à se dire “tchao” une fois ce laboratoire foutu en l’air. Tu te cramponnes innocemment, simple mesure de sécurité, à cette accolyte choisie par le destin et tu profites de ce temps comme une pause. Tu ne regardes pas derrière toi, mais tout autour, afin de mémoriser les éléments indicatifs pour t’aider à repartir en sens inverse quand viendra le temps du retour.

Ce n’est qu’une fois à l’arrêt, devant une enseigne, que tu te décroches de Na. Si tu t’en fis au nom qu’elle t’a donné. Sa remarque te fait un mouvement de tête perplexe. « C’est mon vrai nom. Le Docteur. » On t’en a fait, des remarques sur ton nom, mais jamais des comme celle-là. Pourtant tu ne sembles pas offusqué. Tu rajoutes même une surcouche avec ce vent enjoué revenu sur ton visage : « Fallait le dire, si tu voulais que je te surnomme. Je ne suis pas très doué pour trouver des surnoms, mais “Na” ça fait un peu léger. Nana c’est trop … Trop. Na. Na. Na na na, ça me donne une idée de musique. Pas bon, pas bon. Ou si. Peut-être. Bref ! Je divague ! Entendu pour le verre ! » Elle ne te doit rien, mais ce n’est pas correct de refuser une invitation. Ni de s’inviter de son propre chef soit dit en passant, mais tu as toujours occulté de ton esprit ce pan de la courtoisie.

Tu la suis et tu t’installes.
Tu ne prends pas la fuite. Tu as une envie subite de gouter à ce café.

Un café ne te ferait pas de mal, même si tu n’as pas besoin d’excitant à première vue. Tu les observes discuter avec des yeux brillants, mais tu n’interviens pas. Tu te contentes de t’asseoir, de t’installer, de te mettre à tes aises même si tu ne sembles pas si à l’aise que ça, à l’arrêt. Assis. Tu bouges encore, tu tritures tes doigts et finalement, tu reviens. « Non. Sauf s’il s’agit d’un pseudonyme pour un endroit que j’ai déjà visité, mais je n’en ai pas souvenir. Je ne sais même pas ce que c’est. Ni d’un quelconque jardin à vrai dire, même si j’en ai vu des centaines et des milliers. Plus au moins fleuris. Plus ou moins “jardin”. J’en ai détruit aussi, mais ceci est une autre histoire. »  Sans souci ni te soucier d’avoir brisé ta couverture, tu démens tout de suite les films qu’elle se faisait. Tu les exploses même, avec peu de tact et de subtilité, de la même manière qu’elle a fait exploser les traces de votre passage dans le laboratoire.
« Je suppose cela dit que si tu m’en parles avec autant de sérieux, c’est de là que tu viens, hm ? » Tu goutes le café en ponctuant ta phrase, mais aussitôt tu tires une tête semblable à un bébé qui gouterait du citron pour la première fois. Quelle horreur. « Dire que j’aimais ça avant. Argh. » C’est amer. Terriblement amer. Tout ton organisme se refuse d’avaler ceci. Tu te notes pour toi-même ; « Bien, plus d’amertume. Compris. » en repoussant la tasse.

« Vous avez du thé ? » Demandes-tu afin de remplacer le café par cette boisson plus sucrée. Ça devrait mieux passer. Normalement.