♪ ♫ ♪ Parcourez le tracé, les routines dans la nuit. Certaines portes sont peintes à la bombe en blanc « restez à l'extérieur ». Pendant que tout le monde dort, je me promène à la place A travers les souvenirs, dans les couloirs de ma tête.
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Sujet: voyage • ft. sohan Sam 20 Juil 2024 - 15:14
Le passant chagrin que tu frôles est ébloui par la santé qui jaillit comme une clarté de tes bras et de tes épaules.
Terminé. Malgré toute ta bonne volonté, le magasin ne pouvait pas rester ouvert toute la journée. C’était bien dommage. Il y faisait bon vivre, contrairement à ton appartement. Tu avais beau l’enjoliver de fleurs et de plantes offertes de bon cœur par ta patronne, cela ne suffisait pas à lui rendre un cachet charmant. L’empreinte de la banlieue sud sur ton logement demeurait. Tu devais y retourner d’ailleurs, mais tu ne dégageais pas une grande motivation. Tu y vivais parce que c’était abordable et qu’il te fallait un toit. Apparemment. Tu n’as jamais vu d’inconvénient à dormir à la belle étoile, mais ce n’était pas convenable. T’avait-on dit. Ton sac bien calé sous ton coude, tu as trainé. Tu as beaucoup trainé dehors, au point que la nuit commence à tomber. Tu t’étais arrêté pour prendre de quoi manger et boire. Comme à ton habitude, on te regarde de travers mais tu les ignores. Tu es facilement repérable avec ces étranges tatouages noircissant l’entièreté de ton cou et de tes deux mains. Tu te contentes de manger ce burger accompagné de ses frites assis sur un banc de la gare Khonsu.
Tu t’étais tenu au courant des dernières activités et forcément, tu ne pouvais pas passer à côté des festivals de musique organisés. Tu les avais presque tous faits, mais à aucun tu n’étais parvenu à décrocher une place sur scène. Les organisateurs préféraient sans doute les artistes connus, pour attirer comme des mouches les jeunes avec des têtes d’affiches. Déçu ? Oui, mais sans plus. L’optique de te retrouver face à une foule d’un millier de personne ne te plait pas trop, alors tu trouves un certain confort dans ces refus. D’autan qu’ils ne vont en rien gâchés ton plaisir de jouer. La preuve en est, une fois ton burger fini, tu es resté un moment à fixer le piano en libre-service de la gare.
Un piano. C’était le premier instrument qu’on avait mis entre tes mains et donc, tu n’as jamais cessé d’en jouer. Tu y reviens toujours, comme un retour aux sources de ton apprentissage et à présent, tu connais ses sons par cœur, comme si tu les avais toi-même façonné.
Tu hésites néanmoins à t’y installer, parce que la gare n’est pas un endroit vide et en plus cela, étant un grand espace, le son s’entend de loin. S’il est facile de limiter l’écoute dans un studio insonorisé, c’est une opération beaucoup plus délicate sous une verrière. Tu essuies ta bouche grossièrement et finalement, non. Tu ne t’y installes pas. Tu rassembles tes papiers et tu les jettes à la poubelle. Non sans une certaine audace et nonchalance, puisque tu t’amuses à faire des paniers une fois le tout roulé en boule. C’est entré du premier coup et tu n’auras pas besoin de te déplacer pour corriger tes bêtises. “Le train en direction de Charon va entrer en gare, voie deux.” Il arrive. Ton train. Ton billet de retour. Tu te diriges vers les quais et finalement, tu changes d’avis.
Tu n’as pas envie de rentrer et ton regard se repose sur le piano. Encore. Son attrait est bien trop fort. Tu n’en as pas chez toi. Tu n’as pas assez de place. Tu es obligé de pratiquer sur des pianos qui ne t’appartiennent pas. Il y a moins de monde. C’est jouable. Profite. Hormis être un mauvais pianiste, personne ne te chassera de celui-ci. Sous le regard de quelques badauds attendant leur train, tu t’installes et tu commences à jauger le caractère de celui-ci. Tous ont leur petite différence, c’est ce qui les rend unique en leur genre. Les graves, les aigues. Les blanches, les noirs. La musique est semblable à une peinture. À la différence que tu ne composes pas avec des couleurs sous forme de pates, mais des sons différents. Il y a une infinité de sons, tout comme il y a une infinité de palette et toi, tu as trouvé ton aise là-dedans. C’est un jeu. Un jeu de rythme, un jeu de créativité dans lequel tu trouves ton aise. Où tu te permets de te dévergonder un peu. De te laisser aller. Tu as toujours ces airs de voyou, mais aux commandes de ton piano, ceux-ci s’envolent et cette déconnexion du monde qui t’entoure dans ton regard s’explique. Tu joues ce qui te passait par la tête. Tes doigts leurs donnent une existence et tu finis par te concentrer à tel point que tu ne tiens plus compte de tout ce qui se trouve autour de toi. De ces badauds curieux qui, une fois la surprise passée, s’amusent de t’écouter. Se laissent attendrir et bercer. Tu viens de rendre l’attente du prochain train moins monotone, moins morne.
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Dernière édition par Ambrose Pheles le Mer 24 Juil 2024 - 23:51, édité 1 fois
Sohan Mallet
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Sujet: Re: voyage • ft. sohan Mer 24 Juil 2024 - 23:47
Le passant chagrin que tu frôles est ébloui par la santé qui jaillit comme une clarté de tes bras et de tes épaules.
L'avantage de la tombée de la nuit, hormis le fait que la moitié des gens de l'ile rentrent dans leurs peinâtes à peine le dernier rayon de soleil a-t-il quitté le ciel, est qu'elle offre une vision bien différente des choses que l'on peut trouver banales en plein jour. C'est exactement pour cela que mon carnet de croquis ne quitte jamais la besace qui accompagne chacun de mes déplacements hors de ma tanière personnelle aka mon atelier. Si le choix de la gare n'est pas un tantinet paradoxal pour quelqu'un qui aime aussi peu les gens que moi? Totalement, mais mon inspiration du moment me conduit à observer les jeux de lumière qui filtrent à travers les verrières du lieu.
Mon crayon noircit la page de mon carnet sans que je ne me pose réellement pour le faire, mes errances hagardes, le regard tantôt rivé au plafond, tantôt sur mon dessin, me faisant bousculer autant de personnes que d'autres me bousculent en retour, dans leur hâte de se précipiter vers un train qu'ils ont si peur de louper. Si on se demande l'intérêt de telles recherches pour mon travail? A première vue, aucun. A seconde vue, il leur faut bien un décor, aux personnages enfantins que je dessine. A troisième vue, j'adore mon travail, ne pensez pas le contraire, mais il m'arrive aussi de dessiner des choses bien plus complexes qu'une tortue partageant sa salade avec son ami lapin pour expliquer la morale du partage et de l'amitié à des enfants de moins de trois ans. Mon inspiration en a besoin.
La musique qui se fait entendre soudain dans le hall de gare me fait relever le nez du coup de gomme que je donnais pour atténuer l'ombre de mon dessin, mon regard en cherchant un moment la source avant de me rappeler de l'existence de ce piano solitaire qui ne trouve pas souvent pianiste à sa hauteur dans les environs. Si je m'y suis moi-même déjà essayé? Mes doigts savent faire bien des choses, mais parcourir le clavier d'un piano sans faire de fausse note est bien au delà de mon champ des possibles. Rendons à César ce qui est à César, laissons le dessin aux dessinateurs et la musique aux musiciens, s'il vous plait.
Par curiosité, et appréciation je dois bien l'admettre, je range mon carnet et mon crayon dans ma besace pour me rapprocher du piano et mettre un visage sur le musicien qui va avec. Me permettant même d'applaudir sobrement quand les dernières notes laissent la place à un silence soudain trop vide, malgré les brouhahas des gens alentours, et mon amour pourtant relativement passionné pour la solitude.
"Pardon, mais je n'ai pu m'empêcher de prêter l'oreille à votre musique. Sohan."
Je tends la main dans sa direction pour le saluer, même si son attitude, qui tend à me rappeler la mienne dès qu'on parle d'œuvrer en société, me laisse à penser qu'il aurait préféré que je l'ignore comme le reste du monde.
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Sujet: Re: voyage • ft. sohan Jeu 25 Juil 2024 - 12:39
Le passant chagrin que tu frôles est ébloui par la santé qui jaillit comme une clarté de tes bras et de tes épaules.
Tu t’es laissé emporter, mais toute bonne chose possède une finalité. Le rythme s’essouffle. Tu t’arrêtes et tu étais prêt à retourner à ta solitude, mais une main se tend devant toi. Tu as toujours cet air déconnecté, comme si tu n’étais pas revenu totalement parmi nous. Machinalement, tu la saisis. Tu la serres et tu salues. « Ambrose. » Dis-tu sobrement, pour répondre à des présentations tout aussi sobres. Des milliers d’autres auraient mordu à l’hameçon pour tenter de se faire brosser. Pas toi. Tu te décales sur le banc, lui laissant assez de place pour s’asseoir s’il le désire. « Ne vous excusez pas d’avoir écouté. La musique est faite pour cela. Quel intérêt y’aurait-il autrement à composer ? » Ce n’est pas avec l’impulsion d’une bienveillance que tu lui dis cela, mais bel et bien avec un œil terriblement pragmatique. Peut-être trop pour un artiste.
Qu’à cela ne tienne, tu ne t’es jamais considéré comme tel. Tu n’en fais pas ton gagne-pain, ni éloge à tous ceux qui peuvent t’écouter. Il y a une simplicité enfantine lorsque tu pratiques. Quelque chose de sincère. « Vous voulez essayer ? » Une proposition bien étrange, mais pourquoi pas ? Après tout ce n’est pas un art privatisé et ce n’est pas non plus ton propre piano. Il est en libre-service et chacun à droit d’y toucher. Tu demandes sans la prétention de lui apprendre quoi que ce soit. Tu questionnes comme une façon détournée pour demander si tu dois quitter ce siège. Si tu déranges. Tu n’imposes rien, pas même ta présence et cela colle plutôt bien avec ce que tu es. Un garçon perdu dans une myriade d’individus, sans réels ports d’attaches.
De toutes façons, tu étais en route pour rentrer chez toi.
Tu te tournes vers le panneau des annonces et tu vois alors que ta rêverie t’a fait louper ton train. Le prochain est dans une heure. Tu ne peux donc pas quitter immédiatement l’endroit, sauf si tu t’armes de courage et décides de rejoindre la Banlieue Sud à pied. Tu ne manques pas de courage quand il s’agit de te défendre, mais quand il faut braver ta paresse, c’est une tout autre paire de manches.
« L’écoute est la clé. » Lances-tu avec ton regard dissipé toujours braqué sur le panneau d’affichage. Un court instant, il est facile de croire que tu penses tout haut. Que tu ne t’adresses pas à cet individu. Ce Sohan. Un court instant brisé par ton attention qui revient sur celui-ci. Tu le regardes à nouveau et tu reprends : « Tout le monde peut jouer. C’est une sorte de peinture sonore. Très peu réussi à percer et à se faire connaître, en revanche. Ce qui n’est pas très important. Ce n’est pas la gloire qui compte. C’est le plaisir d’être entendu. » Tu essayes de le convaincre de se lancer, curieux il faut bien l’avouer. Ton parallèle avec la peinture n’est pas anodin. Tu le crois peintre et tu n’es pas si loin du compte. Tu vois ce calepin, ces traces sur ses doigts. « Vous peignez, non ? »
Tu n’as jamais été doué avec les arts visuels. Tu n’as jamais réellement essayé, mais ce n’est pas ceci qui t’attire. Un dessin ne te fait pas vibrer autant que la musique, tout comme tu n’arrives pas à dicter tes messages avec une belle peinture. Tu te prétends fleuriste, mais tu ne fais que mimer les consignes, sans réellement capter l’intérêt de cet art. Tu le vois encore une fois de manière très concrète, très pragmatique, comme une façon de délivrer des messages. Ne dit-on pas le langage des fleurs ? Tu le vois ainsi, comme une langue apprise par cœur pour communiquer. Tu ne le vois pas comme un art.
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Sohan Mallet
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Sujet: Re: voyage • ft. sohan Dim 11 Aoû 2024 - 17:31
Le passant chagrin que tu frôles est ébloui par la santé qui jaillit comme une clarté de tes bras et de tes épaules.
Il se présente en retour, se décalant sur le banc pour me laisser de la place pour m'installer. Ou la place, tout simplement. Ca se ressent dans son attitude, qu'il est de ceux à qui on a suffisamment appris qu'ils dérangeaient qu'ils prévoient de s'effacer avant même qu'on ait l'idée de le leur demander. Ce que j'en sais? Supportez mes parents quinze jours et vous saurez ce que j'en sais. Je m'assied à ses cotés, sur le bord du banc, dos au clavier du piano, tâchant de voir la musique de son point de vue.
"Sortir de son esprit ce qu'on arrive pas à en sortir autrement. D'aucuns écrivent, d'autres peignent, et d'autres encore jouent. L'art n'a pas besoin d'être apprécié par les autres pour être art, du moment que l'artiste le revendique comme tel."
Autrement dit, si je n'avais pas besoin de manger, comme tout le monde, il est probable que peu de monde aurait le droit de poser les yeux sur mon travail. Déjà, parce que je suis un éternel insatisfait. Ensuite, parce que les gens ont la critique plus facile que le compliment. Enfin parce que je ne suis pas partageur. Mais il faut bien manger, alors je me dévoue à mon travail, même si j'ignore si Mickael lui-même a eu le loisir d'admirer certains de mes dessins. Tout artiste a son jardin secret, ses pièces banales aux yeux du monde mais précieuses pour lui. Même si j'ignore totalement pourquoi un dessin m'est plus important qu'un autre. Cela dit, vu que mon travail actuel consiste à donner vie aux personnages d'un livre de conte pour enfant avec assez peu de traits pour que ces jeunes lecteurs puissent reproduire leur héros... oui, parfois, la frustration est assez forte pour que je balance quelques boules de papier froissé dans la corbeille alors que le boulot était quasi fini.
Je fais la moue quand il me propose d'essayer, lui offrant une grimace assez éloquente pour que ma réponse ne le surprenne pas. "Si je m'y essayais, la gare se viderait instantanément. Et on dépêcherait très certainement un vigile pour nous virer de l'endroit." Chacun son talent, chacun son art. Autant il me suffit d'observer un endroit pour capter ce quelque chose à l'intérieur qui me permettra de le rendre sur papier dans sa vérité la plus exacte, autant je serai incapable d'apprendre l'art et la manière de poser un coup de crayon à quelqu'un, et ne tentez pas de me faire faire de la musique ou de la menuiserie. Dans le premier cas, seules vos oreilles en souffriraient, mais dans le second, je serai un réel danger public. Chacun son art.
Mon regard perdu sur les enchainements de touches blanches et noires du clavier devient vers le sien quand il compare la musique et la peinture, parvenant à obtenir un léger sourire involontaire de ma part. "Je dessine plus que je ne peins, mais à l'occasion, ça m'arrive oui." Machinalement, je porte mes doigts à mon oreille, où, pour une fois, ne se trouve pas mon crayon, avant de me rappeler l'avoir ramassé dans ma sacoche. "J'ai aucun mérite. C'est de l'observation, de la patience, et de la rigueur sur le rendu. Pis de toute manière, les gens préfèrent un Picasso à un rendu précis de la réalité donc..."
Je hausse les épaules, signifiant par la même ce que je pense de l'œuvre de Picasso. C'est un style c'est certain, mais je crois que mon petit cousin de trois ans et demi saurait à peu près imiter certains de ses dessins. Un style de peinture que j'admire plus que tout? Deux en vérité. Le réalisme des œuvres de De Vinci, surtout vu ce qui se faisait à l'époque, et l'effet produit par celles de Monet. De près, une succession de points semblant n'avoir aucun rapport les uns avec les autres, et de loin, un paysage, une scène, des plus réalistes. Bref, je peins à l'occasion, mais je ne me prétendrais pas peintre.
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Sujet: Re: voyage • ft. sohan Mer 14 Aoû 2024 - 11:23
Le passant chagrin que tu frôles est ébloui par la santé qui jaillit comme une clarté de tes bras et de tes épaules.
Tu étais à des lieux d’imaginer Ô combien il t’a si bien cerné. À tes yeux, ce n’était qu’un curieux poli, qui venait faire la conversation par ennui. Ce qui ne te gêne pas. C’est également ainsi que tu as forgé une belle amitié avec Seth, même si l’environnement était plus ; mortel. Une gare était à l’exact opposé d’un cimetière. Pleine de vie, toujours du passage dans son grand hall, de gens pressés ou d’autres à l’arrêt car perdus. À ces personnes-ci, tu envoies un minimum de compréhension, car toi-même tu es perdu dans la grande gare qu’est la vie. Tu as beau changé de quai, de voie, de train, tu ne parviens pas à trouver tes marques. Tu t’arrêtes. Tu réfléchis à ce qu’il dit. Tu reconnais une certaine forme de sagesse, mais tu retrouves également la patte individualiste sur laquelle tu n’avais pas trouvé d’accord avec ton ami déjà. Ton âme sourit, ton regard s’éclaire de son soupire ; « Et dans le cas où il ne se revendique pas artiste ? » Tu aimerais, mais tu es feignant. Tu n’as pas envie de t’enrober dans de la fausse-modestie. Si tu joues, c’est pour qu’on t’écoute. Qu’on écoute le garçon trop silencieux que tu es.
C’est ton cas, mais tu ne le dis qu’à demi-mot. Tu ne lui dis pas du tout d’ailleurs, mais il semble perspicace, alors tu te doutes qu’il verra l’anguille sous la roche de tes propos et de ton faciès. « Je suis d’accord sur un point, cela dit. » Tu ne joues plus, car tu ne pourrais écouter ce qu’il a à te dire. Tu t’es mis en pause, mais ce n’est qu’un temps mort. Tu as une heure à combler, s’il faut le rappeler et tu doutes qu’il veuille passer autant de temps avec toi. Là encore, tu peux t’induire en erreur. « Sortir des choses de son esprit. » Mettre des notes sur des mots qui te manquent, qui te font défaut.
Cela te parait tellement plus facile et tellement plus sincère. Tu ne serais pas capable de broder des longs discours, mais faire vibrer l’âme d’un autre pour qu’il comprenne, cela te semble être dans tes cordes.
Elle sourit à nouveau. Ton âme. Il s’éclair encore une fois, ton regard. De malice et d’amusement à sa réponse, mais sans excès. Tu restes cette espèce de zombie sorti de sa tombe par la force, à trainer ta carcasse insomniaque dans le dédale urbain. Tu vas rejoindre un lit sur lequel tu t’allongeras simplement pour reposer tes jambes, mais où tu ne trouveras pas suffisamment de sommeil pour t’endormir. « Vous me rendriez service dans ce cas. » Vider la gare. Le simple fait de l’imaginer t’apporte un certain confort, mais ce ne serait en effet sans compter sur la vigil. Tu ne l’as pas occulté de tes pensées. Tu l’as simplement mis de côté, car tu ne saurais quoi faire dans ce cas. Si ce n’est plaider sa cause, peut-être. « Que dessinez-vous ? » Demandes-tu lorsque ton hypothèse est corrigée pour correspondre à ce qu’il est vraiment. Tu le fais presque aussitôt, car il y a un éclat d’intérêt dans ton comportement. Ce n’est pas tous les jours que tu croises un artiste, un dessinateur, alors tu jauges. Tu t’intéresses, tu questionnes. « Picasso ? » Tu n’es pas certain. Cela t’évoque vaguement quelque chose, mais sans être précis. Là encore, ton manque d’investissement sur cette part de la culture artistique pêche.
« Je ne voudrais pas faire l’avocat du diable, mais peut-être fuient-ils cette réalité et qu’ils cherchent dans les arts un moyen de s’évader ? Faire une copie conforme de celle-ci, c’est comme leur demander de rêver de leur journée et de la vivre deux fois plutôt qu’une. »
Tu ne comprends pas où est le problème. Tu n’es pas un utopique. Tu es réaliste, pragmatique, mais tu conçois que toi-même ; tu as besoin de rêver de temps en temps. Quitte à te perdre dans tes rêveries. Pour souffler, pour te reprendre ta respiration, pour te laisser bercer par ton imaginaire. D’autant que même si tu n’es pas pleinement réveillé, tu sens que tout autour de toi, ce même imaginaire prend des proportions incontrôlées. Que même un dieu peut se retrouver là, à marcher à vos côtés. Tout ce qui s’égare sous forme de rumeur, ça te parait tellement irréel et pourtant, c’est ton quotidien. C’est ta réalité. Cette réalité, du moins. Comment trouver ta place, dans ce beau foutoir ? « À mon avis le véritable souci, c’est qu’ils choisissent la facilité. Qu’ils ne creusent pas. Qu’ils ne cherchent pas à voir cette vision, à trouver la différence de point de vue. Peut-on leur en vouloir ? Non. Ils ont intégré jusqu’à leur subconscient ce qu’on leur a rabâché à l’école ; la fermeture d’esprit. »
On ne passe pas à grand-chose que tu les traites tous et toutes d’idiots. Sans doute parce que tu le penses, mais tu leurs accordes le bénéfice du doute.