Free me from darkness [PV Carol Newman-Calvin]

J’arrive pas à percuter, c'est super chelou. J'ai des souvenirs qui se mélangent, et c'est dur de dire ce qui est vrai et ce qui l'est pas. Jusqu’à ce que je comprenne complètement que tous les souvenirs que j'avais jusque là, c’étaient des trucs faux et je sais pas pourquoi c'est ce que je me rappelais. Je sais pas, mais je sais que l'histoire du Père Noël, c'est ça la vérité, aussi incroyable que cela puisse être. Même si ça ressemble une histoire inventée et que l'autre a l'air vraie, c'est vrai, je suis la fille du Père Noël et maintenant, je m'en rappelle.

Je sers Maman contre moi, aussi fort que je le peux. Je me rendais pas compte combien c'est précieux une maman. Et je m'attendais pas à trouver quelqu'un qui tienne assez à moi pour vouloir me ramener envers et par-dessus tout. Je comprends mieux pourquoi elle s'est ramollie du point de vue de Chrisma, ça doit correspondre au moment où elle a découvert qui elle était vraiment et qu’elle était ma maman et pas ma proviseure. Bon, dans un certain sens, elle est les deux, mais vous comprenez ce que je veux dire. En plus, c'est une super maman.

« Je comprends, Maman. c'est pas facile de vivre comme ça. Et moi, j'avais super peur que tu viennes un jour ici et que tu découvres Chocolat. Tu vois, même quand j'étais plus moi, j'ai toujours voulu passer du temps avec les animaux. J'ai eu de la chance quand-même, parce que les animaux ne sont pas autorisés à l'orphelinat. Et j'ai réussi à ce que la directrice ne le trouve pas, mais je pouvais pas le laisser la journée. Mais je pourrais peut-être le laisser à la maison. Enfin… si tu m'emmènes vivre avec toi. »

Oui, quelque part, c'est logique que Maman m’emmène vivre avec elle. Mais j'y peux rien, je refuse à partir du principe que ça va forcément se passer comme ça. Ça se trouve, c'est pas possible ou il y a quelque chose qui se passe ou je sais pas. C’est vrai que les petits vont me manquer, mais quand-même, j'ai pas tellement envie de continuer à habiter à l'orphelinat, j'ai envie de vivre avec ma maman et, en vrai avec mon père et mon frère aussi, sauf que je sais même pas s'ils sont ici. Mais même si je n'ai que Maman, j'ai pas envie de vivre loin d'elle.

« Tu n'habites pas avec Papa, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle en essayant de ne pas y adjoindre trop d'espoir.

Je sais pas pourquoi j'ai pensé pendant un instant que ma mère pourrait décider que c'était pas une bonne idée que je vive avec elle. Même quand on est revenu du pôle Nord pour vivre une vie normale, c'est resté ma mère et je suis restée sa fille. Y a rien qui pourra changer ça. Il ni le fait qu'elle soit le proviseur du lycée, ni cette histoire de malédiction. Au moment où elle me parle, je sais qu'elle va aller parler à la directrice de l'orphelinat pour me reprendre et je sais que Mademoiselle d’Arendelle ne m'empêchera pas de le faire puisqu'elle est ma vraie mère. C'est fini l'orphelinat, enfin.

Je lui saute au cou et je lui fais un gros câlin. Ça paraît peut-être puéril de faire un câlin à sa maman quand on a quatorze ans, mais je suis tellement heureuse de savoir enfin qui je suis. Les faux souvenirs qui m'ont tellement fait souffrir sont encore là. Et maintenant que je sais la vérité, je vais pouvoir les oublier. Je n'oublierai pas forcément tout ce que j'ai vécu, surtout qu'il y a des choses dont je ne suis pas tellement fière mais je voudrais oublier ce qui n'est pas vrai. Et puis, ça me fait comme un effet que maman m'a manqué, même si elle a toujours été là, dans un certain sens.

« Tu sais, je le dirai pas à l'école où on se moquerait de moi, mais en vrai, je suis vraiment très heureux que tu sois ma maman. Je t'aime. »

Et encore, ça c'est que ce que je parviens à lui dire. Je ne peux pas lui dire à quel point je suis fière de ce qu'elle est et de la force qu'elle a en elle pour soutenir mon père et pour se battre pour la famille et pour toutes les valeurs qui sont importantes pour nous. J'aimerais bien pouvoir lui dire tout ça, mais je sais pas vraiment comment le lui exprimer. C'est pas quelque chose de facile et j'ai du mal à mettre des mots sur ce genre de choses. Apparemment, elle n'a pas retrouvé Papa. Mais elle me répond avec confiance et espoir comme elle l'a toujours fait et comme toujours, j'ai envie de la croire. Mais cette fois, ça ne marche qu’à moitié. J'ai déjà compris que les choses sont un peu particulières ici et que ce n'est pas sûr que tout ceux que nous aimons soient ici aussi. Un choix a été fait dont nous ignorons les critères. Je souris, et mon sourire n'est pas tout à fait réel.

« Est-ce que tu sais ce qui s'est passé, Maman ? Comment ça se fait qu'on se retrouve ici ? Je ne me souviens pas avoir quitté le pôle nord ou avoir passé un trou dans le ciel avec le traîneau. »