À la Croisée des Chemins | Shania & Adil

La matinée avait été plutôt calme, c’est ce qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mes journées étaient rarement tranquilles. Mais émotionnellement parlant, il était beaucoup plus simple de gérer une affaire de licenciement abusif qu’une affaire de divorce par exemple. Si je me faisais un devoir de rester professionnelle en toute circonstance et donc de garder mon calme, cela ne voulait pas dire qu’intérieurement je n’étais pas en train de bouillonner. Mais s’il y avait bien une chose que j’avais apprise en pratiquant ce métier, c’était que la moindre faille pouvait être exploitée par l’adversaire. C’était la principale raison pour laquelle je ne laissais jamais mes émotions s’afficher sur mon visage, mais justement parce que la matinée avait été calme j’aurais dû me dire qu’il ne s’agissait là que du calme avant la tempête.

“Maitre King”

- Entre Malya que se passe-t-il ?

“Un appel du tribunal pour vous, c’est urgent”

- Transfert le sur ma ligne, je te remercie.

Malya mon assistante juridique sortie, je décrochais le téléphone. Si le tribunal m’appelait cela ne voulait dire qu’une chose c’était pour être commis d’office. J’apportais mon aide bien volontiers aux associations de la ville, et de ce que la personne au bout du fil me disait, il s’agissait d’un jeune de l’orphelinat. Et apparemment, il n’en était pas à sa première “bêtise” si on pouvait appeler ça comme ça, on pouvait même dire qu’à 19 ans il avait un dossier bien rempli. Je savais que l’Orphelinat manquait de moyen, c’était pour cette raison que j’étais enregistré comme commis d’office pour cette institution également si je devais représenter quelqu’un lors d’un procès. Et quelque chose me disait que là, Adil Jibari n’allait pas y couper. Je devais passer au commissariat pour avoir plus d'informations, mais je sentais que ce dossier n’allait pas être simple.

- Malya, je dois me rendre au commissariat, j’ai un dossier urgent. Si quelqu’un appel dit que je suis en rendez-vous, et s’ils insistent tu connais la procédure habituelle.

Mon ordinateur portable en bandoulière, je traversais l’entrée à pas pressant pour m’installer rapidement dans ma voiture et filer en direction du commissariat. Après avoir donné mon nom à l’accueil on m’envoya en direction de mon nouveau client, de son représentant et de l’agent chargé de l’affaire afin d’en apprendre plus.

- Maître King, dis-je en tendant la main à l’agent. Le tribunal m’a brièvement briefé sur l’affaire avant de m’envoyer ici.

Je les regardais échanger un regard avec la personne que je supposais être le responsable du jeune Adil mais me contentait de hausser un sourcil, il y avait quelque chose qui se tramait mon instinct ne me trompait jamais sur les choses louches. Il y a des jours où j’aimerais bien pourtant, je décidais cependant de les ignorer pour me tourner vers le plus jeune des trois :

- Je suppose donc que c’est toi mon client. Je n’ai eu qu’un bref aperçu de ton dossier mais tu es plutôt connu dans le milieu

“Je pense que vous devriez vous asseoir maître” décida d’intervenir l'agent avec un raclement de gorge gêné l’agent.  

D’accord, je supposais que c’était maintenant que les mauvaises nouvelles arrivaient. Lorsque l’on me demandait de m’asseoir généralement c’était pour ça, et d’un coup j’avais l’impression d’être une mère convoquée par un professeur à cause du comportement de son fils et pas une avocate pour défendre son client.

“Voici monsieur Kenobi, il dirige l’orphelinat de la ville et entre ses mains c’est un dossier qui vient de la police scientifique. Une correspondance ADN entre vous et le jeune Jabari ici présent, elle établit un lien de parenté entre vous deux.”

Pour le coup, c’était comme recevoir un coup de massue en pleine figure. J’avais l’impression que plus rien autour de moi, n’avait d’importance mes oreilles bourdonnaient et c’est comme si tout d’un coup je voyais floue. Est-ce que je pouvais vraiment l’espérer ? Avais-je le droit d’y croire, alors que depuis mon réveil qui datait d’un mois déjà, je n’avais eu aucun retour du bureau du RVA concernant mes proches ? Le pire était peut-être le regard que “Adil” portrait sur moi, comme si j’étais une inconnue et qui ne devait dire qu’une seule chose : j’étais réveillée mais lui non. Comment faire dans cette situation ? Comment agir ? Devrais-je être Sarabi ou simplement Shania King l’avocate ? Je ne m’étais pas attendue à cette situation, et si le responsable de l’orphelinat était son référent, je n’avais pas à chercher bien loin pour en comprendre la raison. La situation venait de se complexifier et je ne savais pas comment réagir, qu’est que je pouvais bien lui dire : “Désolée que tu aies cru avoir été abandonné pendant tout ce temps, jusqu’à il y a un mois je croyais que mon mari et mon fils étaient morts ?” Je secouais la tête, il me semblait que l’on m'appelait mais j’étais dans un tel état entre panique et apathie que je n’en étais même pas sûre. Alors je sortie mon ordinateur portable et fouillais dans les dossiers pour finalement le tourner vers l’agent :

- Ceci est une copie de ma déposition au bureau du RVA. Dis-je d’une voix blanche. Vous pouvez y jeter un coup d’oeil. Vous aussi monsieur Kenobi, je pense qu’il y a les informations dont vous avez besoin. J’ai insisté pour avoir une copie de l'entretien que je pouvais numériser au cas où. Déformation professionnelle.

J’avais même du mal à parler, tellement j’étais sous le choc, ma respiration était saccadée et si je ne me connaissais pas, je dirais que j’étais à deux doigts de faire une crise de panique.

   

Je ne m’étais pas attendue à ce que Simba, accepte aussi facilement la nouvelle surtout vu ce que je commençais à comprendre de la situation. Mais de voir un tel rejet de sa part, c'était comme si je pouvais sentir mon coeur se briser un peu plus. Et si je n’avais évidemment pas envisagé que l’on se saute mutuellement dans les bras, ce qui était en train de se passer échappait complètement à mon contrôle, la seule chose qui me “rassurait” était que je n’étais pas la seule à ne pas savoir comment gérer la situation. Malheureusement, j’étais un peu à cran ces derniers temps, une de mes affaires en tant que commis d’office me prenait beaucoup de temps et d’énergie et je m’emportais plus vite qu’à l’accoutumé. Probablement m’en serais-je formalisée dans une autre situation, mais foutu pour foutu autant exprimer clairement ce que j’avais sur le coeur :

- Ça suffit ! Rugis-je en me relevant subitement.

Tout le monde s’immobilisa et se mit à me dévisager, je supposais qu’ils n’étaient pas habitués à ce que quelqu’un hausse ainsi la voix, mais c’était sortit tout seul. L’agent semblait s’être recroquevillé sur sa chaise. Honnêtement cette situation était encore pire que tous les scénarios que j’avais pu imaginer et ils n’étaient pas spécialement brillants non plus. Du moins, ceux impliquant la possibilité que mon fils soit maudit. Je ne pouvais pas le forcer, c’était hors de question, mère ou pas il avait raison il était majeur et forcer la cohabitation en espérant qu’il se réveille rapidement ne servirait à rien. Je me sentais à la fois confuse et déterminée. Confuse, parce que je ne voyais pas comment cette histoire pourrait bien finir, et déterminée parce que qu’il le veuille ou non j’allais l’aider. Pas nécessairement en tant qu’avocate mais j’en connaissais qui pourrait accepter ce dossier sans rien demander en retour contre un retour de service. C’était assez commun dans la profession

- Je ne peux pas prendre en charge de dossier. Dis-je

“Madame King, la loi…” commença l’agent

- Vous voulez m’apprendre mon métier ? Demandais-je d’une voix tranchante. Je connais parfaitement la loi je vous remercie, mais en plus de la loi il y a quelque chose que l’on appelle la “déontologie” vous connaissez ?

La loi n’interdisait pas qu’un avocat représente un proche, mais pour autant je ne pouvais pas m’occuper d’être l’avocate de mon fils. Hormis envenimer encore plus la situation, cela n’apporterait rien de bon. J’étais résolue et rien ne pourrait me faire changer d’avis.

- J’ai un excellent confrère, nous nous sommes affrontés plusieurs fois et il m’a donné du fil à retordre. Rassurez-vous, il est honnête sinon je ne vous le recommanderais pas. Il nous arrive de faire des échanges de service, si je lui demande il acceptera de reprendre le dossier contre service rendu.

Ils n’auraient pas à débourser d’argent, et je serais plus tranquille de savoir mon fils défendu par quelqu’un de compétent et en qui j’avais confiance professionnellement parlant. Les affaires dans lesquelles nous, nous étions affrontés étaient certes mineurs, mais il n’empêchait qu’il savait parfaitement dérouler son plaidoyer, il m’était arrivé d’improviser afin de pouvoir reprendre la main lors d’un procès lorsque nous nous affrontions.

- Et personne ici, n’a décidé tout d’un coup de monter cette histoire. Dis-je à l’adresse d’Adil. Essaye de réfléchir avec ta tête au lieu de sauter aux conclusions.

De toute façon, foutu pour foutu autant lancer ce que j’avais sur le coeur

- C’est comme si tu ressuscitais, tu ignores ce que ça veut dire pour tout le monde, ce que ça veut dire pour moi.

Je n’avais pas l’espoir que ces simples mots aient un quelconque déclencheur sur lui, que d’un coup comme par magie il se souvienne de tout. Peut-être trouveraient-ils un écho lointain dans sa mémoire, mais là encore je n’avais pas énormément d’espoir, je le faisais parce que je l’avais promis à Nala plus qu’autre chose si jamais Simba d’une manière ou d’une autre ne devait plus être “lui-même”. Mais je ne pouvais pas forcer les choses, quand bien même j’avais envie de le secouer et de lui dire de se réveiller, et au vu du mal de crâne dont j’étais en train d’écoper je n’avais pas envie d’être encore plus dans l’affrontement. L’agent n’avait pas bougé de sa chaise, semblant s’y enfoncer un peu plus a chaque fois que nos regards se croisaient. Il fallait dire que quand bien même je n’avais plus ni crocs ni griffes, j’avais tout du prédateur que j’avais été

- A moins que vous ayez besoin de moi pour autre chose. Je vais appeler mon confrère, vous verrez dis-je à l’adresse de monsieur Kenobi il est très compétent.

Et s’il n’était pas déjà mort, ainsi que le meurtre illégal nul doute que je me serais chargé de Scar moi-même. Je le maudissais de tout mon être, si Mufasa avait été là nul doute que nous aurions pu gérer la situation à deux, mais non, grâce à Scar je me retrouvais seule pour gérer Simba. De plus, il avait raison il était majeur personne ne pourrait l’obliger à m’accepter en tant que mère pendant qu’il était maudit. Du moment qu'il ne recommence pas à culpabiliser quand il retrouvera ses souvenirs…

   

Le coup de fil fût bref, j’avais donné suffisamment d'informations à mon confrère concernant le dossier sans trop en dire non plus. Après tout, notre relation n’était pas suffisamment proche pour que je me confie sur l’intégralité de mon choix de ne pas le prendre en charge. Certaines personnes avec qui je travaillais étaient devenus des amis comme Angélie, pour d’autres nous avions des relations de travail comme c’était le cas avec ce confrère précis. Je ne me voyais donc pas tout déballer d’un coup et vider mon sac, de plus j’estimais que le faire maintenant alors que j’étais quelque part dans une position de vulnérabilité n’était pas une bonne idée. Les vieilles habitudes ont la vie dure, quand bien même aujourd’hui je n’étais plus reine cela demeurait une partie de moi, et j’agissais en conséquence. Restait maintenant à retrouver Adil, et voir s’il était calmé afin de peut-être engager un semblant de communication. Lui dire toute la vérité serait compliqué, parce que dans cet état là lui faire comprendre qu’il s’appelait en réalité Simba, et qu’il venait d’une oeuvre crée par un studio d’animation américain bien que la version que tout le monde connaisse ne soit pas exactement notre histoire c’était peine perdue. Et je n’avais pas envie de dégrader encore plus nos relations.

Cependant, c’est lui qui brisa la glace en premier alors que je m’approchais réfléchissant à la meilleure manière de l’aborder sans que cela ne vire à l’affrontement. Quelque part, je pouvais comprendre qu’il soit perdue et se sente trahie, lui qui n’avait connu ni parents ni véritable famille du jour au lendemain de se voir “attribuer” une mère il y avait de quoi s’énerver. Qu’il se rassure, je n’avais pas l’intention de le traîner de force jusqu’à ma maison et de le forcer à vivre avec moi. Comme il l’avait si bien fait remarquer il était majeur, c’était donc à lui de décider ce qu’il souhaitait faire de cette information. Si je devais le regarder de loin, jusqu’au jour où il me reviendrait en pleine possession de ses souvenirs je m’y plierais, il était mon fils et je l’aimais c’était pour cette raison que j’étais prête à faire ce qu’il disait sans concession.  

- Mon mari occupait une haute position dans la sphère politique. C’était une âme noble, et il était apprécié de beaucoup de personnes. Je pourrais dire qu’avoir un enfant était en quelque sorte ce que l’on attendait de moi, ce ne serait pas entièrement faux mais pas entièrement vrai non plus. Nous voulions un enfant, parce que nous voulions qu’il existe cette preuve de notre amour, notre envie de fonder une famille tous les deux ensemble, voilà la véritable raison. Et nous étions heureux, mais cela fût de courte durée. Des personnes mal intentionnées convoitaient sa position, plus on s’élève dans les hautes sphères et plus l’on est confronté à l’envie et la jalousie. Et puis un jour, j’ai reçu un coup de fil de la police, ils avaient eu un accident alors je me suis précipitée à l’hôpital pour que l’on m’annonce qu’il n’y avait aucun survivant. Peut-être est-ce de ma faute, au lieu d’être submergée par le chagrin j’aurais dû demander à identifier les corps. Nous n’en serions probablement pas là aujourd’hui.

Ce n’était pas tout a fait vrai, sans pour autant être faux. N’importe qui souhaitant faire des recherches sur “Shania King” pourrait remarquer que ce que je venais de raconter et mon histoire personnelle étaient exactement pareils. Mais ça c’était ce que la malédiction et Baiame avaient fait de moi, ma véritable histoire elle, était probablement raconté dans un des films passant au cinéma de la ville.

- J’ai appelé mon confrère, il a accepté de reprendre ton dossier. Déontologiquement parlant, je ne peux pas le prendre en charge. Je ne peux pas te forcer à me faire confiance en tant qu’avocate c’est pour cela qu’il vaut mieux qu’une personne plus neutre s’en charge. Lorsque tout cela sera fini, si tu souhaites refaire un test pour vérifier par toi même que l’on ne t’as pas raconté d’histoire sache que je ne m’y opposerais pas. Cela fait partie de tes droits, et je ferais une piètre avocate de ne pas t’en parler. Je ne compte pas non plus t’obliger à venir avec moi, ou à éprouver de l’affection envers moi. Tu es libre de tes propres choix, déjà parce que comme tu l’as très bien souligné tout à l'heure tu es majeure mais également parce que c’est contre ce que je suis et ce que je défends.

Autant éviter tout autre malentendu entre nous, ce serait pour le mieux de mettre directement les choses à plat.

   

Fuir devant les problèmes…Il n’était peut-être que “Adil” à ce moment-là, mais “Simba” n’était manifestement pas si loin que ça. Si j’avais été Nala, très certainement me serais-je permise d’être plus frontale. Avec lui, elle passait rarement pas quatre chemin et cette attitude provocatrice ne l’aurait certainement pas plus déstabilisé que cela. Non pas que je le sois également, quitte à faire un pas en avant, trois pas en arrière. Je ne pouvais pas dire qu’en tant que Simba il avait été simple à gérer, bien au contraire. C’était une tête de mule, impatiente et qui n’en faisait qu'à sa tête. Mais notre relation était tout de même meilleure que maintenant, et au moins il m’écoutait quand je commençais à hausser le ton. Moi ou son père d’ailleurs, là j’avais l’impression d’être face à un mur, et bon sang ce que c’était exaspérant. A croire que l’univers avait un sens de l’humour particulier et me faisait vivre maintenant la “phase ado” dont avaient été témoins Timon et Pumba. Il avait beau avoir 19 ans, l’adolescence n’était pas très loin et là pour moi il avait tout de l’ado rebelle, une phase que n’importe quel parent aimerait zapper tant elle est ponctuée de nombreux conflits et autres rapports de forces.

- Donc. Si j’ai bien compris, pour toi la solution face aux problèmes c’est de fuir.

Je venais de poser nonchalamment ma tête dans ma main, pendant que je dévisageais mon fils. Vraiment, ce n’était pas gagné avec lui, des fois j’avais l’impression de voir Mufasa au même âge, tout aussi borné et persuadé d’avoir constamment raison. C’était bien une attitude d’homme en fait, a croire que cela se transmettait de père en fils, Uru la grand mère de Simba m’avait dit que son mari avait aussi eu une attitude similaire. Quant à Scar, n’en parlons pas. Il suffisait d’imaginer une version plus égoïste, et persuadé d’être lésé. Avec une attitude pareille, je me demandais ce que j’allais bien pouvoir faire de lui.

- Tu sais, toute cette attitude “quand le monde entier te persécute, tu te dois de persécuter le monde entier” il y a une question que je me pose à son sujet : est-ce que tu l’apprécie vraiment ou bien est-ce que c’est pour toi un moyen de tenir les gens à distance ? Parce que de mon côté, ça ne prend pas.

Nos relations n’allaient pas s’améliorer comme ça, et quitte à ce que ce soit un combat perdu d’avance, autant exposer mes arguments. Qu’il les écoute ou ne les écoute pas, à ce stade là hormis le secouer afin d’espérer lui faire entendre raison, je ne voyais pas vraiment quelle autre solution il pouvait y avoir. Même si je préconiserais plutôt la patience, étant donné les maux de têtes qu’il arrivait déjà à me donner. Son mécanisme de défense, c’était de rejeter les mains qu’on lui tendait avec un air bravache, estimant que c’était lui contre le monde entier. Choisir de lui rentrer dedans d’entrée de jeu et d’initier un conflit ne donnerait aucun résultat.

- L’herbe n’est pas nécessairement plus verte ailleurs, et si je suis devenue avocate c’est justement parce que j’ai choisi de prendre mes problèmes à bras le corps et de me battre pour mes convictions. Parce que la justice américaine a bien trop tendance à se montrer complaisante envers les personnes ayant suffisamment d’argent pour l’acheter. Un ami de ton père avait pour habitude de dire que si le passé était douloureux on pouvait soit le fuir, soit tout en apprendre. De mon côté, j’ai choisi la seconde option.

Parce que je n’avais pas fait en sorte de limiter la casse sur La Terre des Lions du temps où Scar avait tenté de prendre le pouvoir pour lui tout seul pour rien. Si j’avais tenu toute ses années en tant que co-régente, ce n’était pour d’un coup fuir mes responsabilités et ce que j’avais bâti. Il en était de même ici, qu’importe que ce monde soit aussi accueillant qu’un coussin de belle mère, je n’avais pas l’intention de le laisser avoir l’avantage sur moi. Y compris cette foutue malédiction qui me privait actuellement de mon fils, je ne baisserais pas les bras, et je ne laisserais pas le fatalisme dicter mes actions. Parce que j’étais plus forte que cela, je l’avais toujours été, j’avais toujours su comment me relever même après l’annonce de Scar au sujet de Simba et Mufasa, j’avais refusé de laisser le désespoir s'emparait de moi et de tout lui déléguer comme mon beau frère l’avait envisagé.

- Si je décidais de partir maintenant, ce ne serait pas faire honneur à la mémoire de ton père. J’aurais au contraire l’impression d’être une lâche, qui parce qu’elle a retrouvé son fils, décide qu’il est plus facile de tout laisser derrière. Ce genre de situations, je ne suis pas la seule à l’avoir vécue et il y a des personnes qui ont eu moins de chance que moi, parce qu’un foutu système préfère laisser les privilégiés s’en sortir. De quel droit, la justice devrait toujours être complaisante avec eux quand ils ont commis des crimes ? Rajoutais-je férocement.

Adil pourrait bien décider une fois encore de tirer les conclusions qui l'arrangeait, je n’avais pas l’intention de le lâcher pour autant. Etrangement, cette discussion m’avait requinqué, me redonnant un élan de combativité. D’habitude c’était dans un tribunal, pas contre une tête de mule pareille. Pour autant, j’y trouvais un amusement certain.