Comme un doux murmure des souvenirs ∣ ft. Daphné

On dit souvent que les rêves sont les souvenirs d'une autre vie. Sarah a toujours cru à cela. Elle sent que quelque chose est véridique dans ces propos. Il lui est déjà arrivé plus d'une fois de rencontrer des personnes pour la première fois et d'avoir l'impression de déjà les connaître, tout du moins de les avoir connus dans une autre vie. Et c'est ce qui s'est produit avec cette jeune femme, Daphné. Quand elle a passé la porte de sa boutique, c'était assez tranquille. Nous étions en début d'après midi et malgré la fraicheur extérieure, il faisait bon dans la boutique de Sarah et cette dernière tenait toujours à ce que les personnes se sentent bien tout en maintenant bien sûr les glaces au bon degrés mais tout ce qu'elle vendait de chaud également. Oui, elle s'était très vite tournée vers la vente de boissons chaudes quand nous étions en hiver, car c'était aussi plaisant de boire quelque chose de chaud tout en mangeant une bonne glace. Cela faisait une bonne équipe.

Pour en revenir à Daphné, Sarah a levé les yeux quand elle a poussé la porte de sa boutique et que le carrillon en forme de flocons à retentit. Elle s'est retournée et s'est stoppé quelques secondes. Quelques courtes secondes. Son visage. Son regard. Son allure. Tout chez cette jeune femme lui semblait familier mais elle n'arrivait pas à en exprimer la raison. Un léger frisson lui parcourt l'échine alors qu'elle sourit à la jeune femme.

"Bonjour mademoiselle, est-ce-que vous souhaitez vous installer à l'intérieur ?" demande t'elle avec un sourire.

Sarah est décontenancée mais elle ne le montre pas. Elle a cette impression de la connaître, elle le sent jusque dans la profondeur de sa chair. Cette fille lui rappelle quelqu'un mais elle est perdue, elle n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Elle n'arrive pas à dire de qui elle s'agit mais elle sait qu'elle ne se trompe pas. Elle ignore encore que ce n'est que le début...

Il était assez difficile pour Sarah de ne pas regarder Daphné avec curiosité. La jeune femme lui rappelait quelqu'un mais cette incapacité à pouvoir mettre le doigt dessus l'intriguait et l'embêtait un peu aussi. Mais elle sentais au fond d'elle qu'elle ne se trompait pas, quelque chose brûlait en elle. Une image, floue, rapide, un passé qui ne lui appartient pas ou plutôt qui ne lui appartient plus, tout du moins qui n'appartient pas à Sarah. S'humectant les lèvres, Sarah sourit à Daphné avant de lui proposer de s'installer à l'intérieur.

"Je suis ravie que vos pas vous aient menés jusqu'ici." énonce-t-elle avec un sourire.

Sarah attrape une carte sur le comptoir et l'amène à la jeune femme avant de reprendre la parole.

"En hiver, je propose aussi des boissons chaudes pour aller avec la crème glacé, le chocolat chaud est généralement ce qu'il y a de mieux. Je l'achète chez le chocolatier et il est à tomber !" énonce t'elle avant de reprendre "le cacao je veux dire...bon après le chocolatier est pas mal non plus mais là, je parle du cacao." reprends t'elle.

Effectivement, Sarah trouvait que le chocolatier avait du charme mais c'était surtout pour son chocolat qu'elle se retrouvait dans sa boutique plusieurs fois par semaine parce qu'elle appréciait aussi dévorer du chocolat, parfois même deux tablettes complètes en quelques minutes à peine. Passant une mèche blonde derrière son oreille, elle souris à Daphné.

"Vous avez un parfum de glace favori ou vous acceptez de me laisser vous guider sur le choix de nouvelles découvertes ?" demande t'elle alors en essayant de passer outre le fracas dans les méandres de son esprit que pouvait causer la présence de Daphné et ce regard similaire à une silhouette du passé...

« Il a l’air un peu bourru oui. » énonçais-je avec un petit rire. 

Le chocolatier semblait vraiment bourru oui mais il n’avait pas l’air méchant. Au moins, on s’entendait plutôt bien. Tout du moins en tant que commerçants. J’explique à la jeune femme que l’hiver, j’appréciais servir donc du chocolat chaud avec les glaces, ce qui me permettait au moins de pouvoir continuer à faire tourner la boutique. 

« Parfait ! Je note ça. » énonçais-je alors que je griffonnais sur un petit carnet que j’avais en main avant de me rendre au comptoir pour préparer la commande. 

Le chocolat chaud prêt, j’avais opté pour lui faire découvrir ma dernière recette : une glace vanille et touche de rose. C’est quelque chose que j’avais découvert depuis peu. Amenant la commande à la jeune femme, je lui souris avant de reprendre la parole, bien que j’étais quelque peu troublée encore par son apparence. 

« Effectivement. Généralement à cette heure de la journée, la plupart de mes clients sont au travail ou en cours. En début de semaine, c’est un peu plus bruyant que ça. » énonçais-je avec un sourire « Mais j’ai beaucoup de clients et clientes qui viennent ici pour bosser un peu. La boutique est faite de telle manière à ce qu’on entende pas trop le brouhaha ambiant. » avouais-je alors « mais généralement, c’est assez paisible comme lieu. » énonçais-je finalement. 

M’humectant les lèvres, je finis par reprendre la parole. 

« Voilà le chocolat chaud et une glace vanille, touche de rose. C’est quelque chose de nouveau, vous me direz ce que vous en pensez. » énonçais-je avec un sourire. 

« Dans ce cas, vous êtes la bienvenue ici, aussi souvent que vous en aurez besoin. » énonçais-je avec un sourire.

Mon regard ne pouvait pas quitter le sien. Certains traits de son visage me rappelait un passé si lointain mais pourtant si proche à la fois. Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi mais je ne pouvais m’en empêcher, c’est quelque chose qui n’arrivait pas à s’échapper de mes pensées. C’était oui. Oui, plus fort que moi. M’humectant les lèvres, je prépare la glace de la jeune femme avant de finir par lui apporter à la table où elle s’était installée.

« C’est vraiment gentil de votre part. » repris-je avec douceur.

Il était rare de trouver des gens qui appréciaient manger des glaces durant l’hiver mais néanmoins, je possédais toujours ma clientèle et c’était plutôt agréable de voir des têtes connues qui passait parfois chaque semaines. Puis, je m’étais adaptée. Je vendais désormais des boissons chaudes avec les glaces ou même encore des gaufres mais c’était uniquement l’hiver. L’été, je me contentais de vendre mes glaces. Posant mon regard sur la jeune femme, je finis par reprendre la parole.

« Je suis vraiment désolée mais votre visage ne m’est pas inconnue. Vous êtes sûre que c’est la première fois que vous venez ici ? J’ai l’impression de vous connaître… » avouais-je alors.

Après être venue apporter la glace à la jeune femme, je n’avais pas pu m’empêcher de lui demander si nous nous étions déjà vues. Si elle était déjà venue à la boutique. Son visage ne m’était pas inconnue, quelque chose me titillait l’esprit mais je ne saurais dire quoi. La jeune femme m’expliqua que malheureusement, c’était bien le cas. C’était la première fois qu’elle venait ici. Que nous nous étions peut être déjà croisées chez le chocolatier mais j’en doutais. Je lui fis un léger sourire.

« D’accord, vous avez sans doute raison. » énonçais-je à la jeune femme avant de reprendre, toujours avec un léger sourire « Cela doit sans doute être ça. Peut être que je finirais par comprendre pourquoi j’ai cette impression de déjà-vu » énonçais-je alors.

Passant une mèche blonde derrière mon oreille, je respire profondément avant de reprendre la parole par la suite après quelques instants, silencieuse.

« Il paraît qu’il y a en ville deux femmes qui me ressemblent, je ne les aient jamais rencontrées mais je pense que ça doit être une sensation assez étonnante non ? » demandais-je alors.

Les deux mains posées sur le dossier de la chaise en face d’elle, je ne la quittais pas des yeux alors que son visage m’intriguait. J’étais certaine de connaître une personne qui lui ressemble mais je ne saurais dire. Pourtant, je ne pouvais pas me tromper, il y avait sans doute une explication à tout cela. A ses propos, un flash léger me parvint, juste une chevelure rousse coiffée de deux nattes. Une jeune femme de dos face à un renne. Je ne saurais dire ce que cela pouvait expliquer mais c’était assez étrange.

« Etrange…Je…une rousse avec deux nattes et un renne. » lâchais-je alors, reprenant contenance.