Je tourne le regard vers Trent et lui souris. Depuis notre réveil, il fallait se rendre à l’évidence, les choses étaient assez complexes. J’étais moi-même un peu paumée. Se réveiller d’un « sommeil » où tu as eu une autre existence pendant un temps et comprendre qu’en fait, tout était faux, ça fait bizarre. Mais c’est surtout que Maddox Cappa âgée de quatorze ans est toujours au fond de moi, bien présente dans mon esprit. Toujours cette rancoeur à l’égard de la société Warren&Warren de nous avoir volé nos parents et surtout quarante quatre ans de notre vie.
Lorsque j’ai rencontré Miss Peregrine, elle m’a expliquée tout savoir de notre problème, de notre source d’ennui. Et de ma crainte, une crainte débile sans doute mais une crainte tout de même. Qu’il nous arrive quelque chose à mon frère ou à moi-même. Après tout, nous n’étions pas sûre qu’il n’y ai pas aujourd’hui de répercussion sur notre organisme dû à notre vieillissement avancé. Prendre quarante quatre années dans la tête en vingt deux heures, c’est jamais bon.
Alors qu’il ferme son sac rempli de quelques affaires, j’avale difficilement ma salive. Notre bail pour notre appartement meublé en centre-ville terminait et j’avais choisi de ne pas le renouveler parce qu’une grosse part de moi-même ne sait pas vraiment où elle va. Et c’est sans doute un cadeau du destin mais nous avions un nouveau chez nous. Miss Peregrine m’ayant spécifié que le directeur des lieux acceptait de nous accueillir. Passant la bandoulière de mon sac autour de ma nuque, je suis mon frère à l’extérieur de notre appartement avant de refermer la porte derrière moi.
Tout en moi se chamboulait. Toute mon existence, notre existence. Quand on y réfléchit, Odyssea Martinez a tout. Un job de rêve, de l’argent et surtout des diplômes mais moi, Maddox Cappa, je n’ai rien de tout ça. J’ai 55 ans mais uniquement quatorze véritables années d’existence. Enfin onze en fait mais vu qu’on est en 2024, ça fait quatorze. Vous avez saisi le principe.
Prenant le ferry pour nous conduire à Novacrest, on se retrouve rapidement devant la porte du refuge.
« Et si ça se passe mal ? T’as pensé à ça Mado’ ? - Trent…de toute façon, qu’est-ce-qu’on peut faire de plus ? On va pas dormir dans la rue. Et ici, on sera en sécurité au moins. Ils sont au courant de notre état. »
Mon frère hausse les épaules mais me sourit. Qu’on le veuille ou pas, parfois on se comporte comme deux enfants mais après tout, c’est ce que nous sommes non ? Passant une mèche derrière mon oreille, je frappe à la porte et le propriétaire des lieux ne tarde pas à venir nous ouvrir.
« Bonjour je suis Maddox Cappa et voici mon petit frère Trent. » m’énonçais-je alors.
Sujet: Re: Deux enfants cinquantenaires ∣ ft. Dick Mer 16 Oct 2024 - 22:04
Deux enfants cinquantenaires
On s'accroche à nos conte de fées jusqu'à ce que le prix de ces croyances devienne trop exorbitant.Φ By Ramson Riggs
Plus les jours passaient et plus l’institut se remplissait. Ce qui au début n’était qu’une idée avait pris de l’ampleur et Dick était heureux de pouvoir accueillir ses jeunes dans le besoin. Au début, il ne s’agissait que d’enfants avec des pouvoirs, mais il avait fini par accepter les enfants et jeunes dans le besoin qui ne rentraient pas dans les cases, comme Louise et son daemon Marley. Ce monde était rempli de tant de possibilités que Dick acceptait de prendre en charge la plupart des jeunes qui en faisaient la demande. L’institut était devenu une sorte de refuge pour ses gamins naufragés du multivers qui n’avait nulle part où aller et qui étaient éveillés. C’était surement l’une des meilleures idées de sa vie et il était bien décidé à continuer sur cette voie tant qu’il le pourrait. Dick avait décidé de continuer à être le Batman, mais il était plus libre qu’à l’époque ou il était dans son monde. Ici, dans ce monde, la justice League offrait un vrai repos au superhéros et il n’était plus obligé de passer ses nuits à surveiller la ville. Dick pouvait donc profiter parfois d’une bonne nuit de sommeil, mais bien souvent il retrouvait ses habitudes et enfiler son costume pour veiller sur la ville, même s’il savait parfaitement que cette dernière était bien gardée.
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres quand il se rappela qu’une de ses sorties nocturnes ou plutôt une de ses nuits blanches lui avait permis de rencontrer Alma. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi à l’aise en présence d’une femme et même s’il ne cherchait pas plus, il appréciait la retrouver. Elle s’occupait d’enfants particuliers, ils étaient en train de voir pour mettre en place des ateliers à l’institut afin que les enfants dont elle avait la garde puisse venir et y participer. Cela permettait aux jeunes d’en découvrir d’autres et de s’entraider malgré leur différence. Alma était fantastique pour trouver de jeunes gens avec des parcours atypiques, c’était d’ailleurs elle qui lui avait parlé du cas des deux jeunes qu’il avait accepté d’accueillir. En vérité, ils ne s’agissaient pas d’enfants, mais de deux cinquantenaires. Le genre de personnes qui n’avaient rien à faire dans un institut pour jeunes, si ce n’est en tant que membres du personnel. Sauf que leur cas était spécial et vraiment hors norme. Dans leur monde, Maddox et Trent avaient été victime d’une sorte de malédiction. C’était en tout cas ce que Dick avait compris… La chose à savoir c’est qu’ils vivaient dans un corps qui n’auraient pas dû être le leur. Ils avaient été victime d’un vieillissement accéléré, ainsi le frère et la sœur se retrouvaient dans des corps âgées d’une cinquantaine d’année, alors que leurs esprits restaient celui d’enfants. Autant dire que Dick n’avait jamais eu à faire à ça, mais il ne voyait pas leur fermer ses portes.
Quand la sonnerie de la porte retentit, Dick qui avait enfilé son exosquelette s’avança en compagnie de Ragnar qui aboya pour signifier sa présence. Quand il ouvrit la porte, Dick sourit à ses deux nouveaux pensionnaires. Cela faisait étrange de se retrouver avec deux personnes plus âgées que lui. « Bienvenue au manoir, Alma m’a prévenu de votre arrivée. » Il se poussa et leur fit signe d’entrer puis il referma la porte derrière eux. « Vous pouvez m’appelez Dick » Dit-il en les saluant l’un après l’autre. « Vous voulez boire quelque chose avant que je vous fasse visiter et qu’on parle un peu de votre histoire ? » leur proposa t’il tandis que les enfants qu’il accueillait, allaient et venaient en tout sens.
Respirant profondément, je souris à Dick avant de m’avancer suivie par Trent. D’un premier regard, je comprends que nous sommes chez nous. Comme si c’était une évidence. Notre cas était clairement tout ce qu’il y a de plus particulier mais au moins, nous étions en sécurité. Parce qu’il faut se le dire, depuis notre réveil à tous les deux, par moment, nos esprits enfantin reprenaient le dessus sur notre conscience qui se veut adulte. Donc autant être « à l’abri » dirons nous.
« Merci beaucoup » énonçais-je alors « Ravie de vous rencontrer Dick » je mets un léger coup de coude à mon frère qui regardait fixement l’un des enfants qui avait dans ses mains un code secret comme celui qui nous avait permis de nous enfuir de cette plage maudite « oui, ravi » un petit sourire perle sur mon visage avant que je ne reprenne la parole pour répondre à ses questionnements « je veux bien un chocolat chaud si vous avez » « et moi un verre de sirop à la menthe » demande mon frère.
Ça allait, ça venait. Nous avions conscience d’être adulte, tout en étant des enfants qu’on a forcé à grandir trop vite sans leur consentement. Des esprits qui n’ont pas eu le temps de ressentir, de vivre, d’agir. Alors on se rattrape comme on peut et parfois, ça apporte moqueries mais parfois, c’est relaxant, surtout quand on fait tous les deux un chateau de sable « ce lieu est incroyable Dick » énonçais-je alors à l’intention du propriétaire des lieux.