A quoi pense-t-il le reste de ses journées ? A quoi passe-t-il son temps quand il n’a plus rien d’autre à faire que de rester à fixer un mur, les yeux dans le vague et l’âme dans le vague. Le scientifique broie du noir, les lèvres trempées dans des verres d’alcool qui désinhibent ses sens, à chercher une solution à un problème de longue date. Se débarrasser de lui, être libre et ne pas se perdre dans la noirceur de son âme partagée avec cette entité, avec cette présence inlassable. Le plus dur c’est de ne pas sombrer, de ne pas se laisser envahir, de rester du côté lumineux sans frapper, sans tuer, sans faire souffrir. Le Bouffon Noir fait mal, et Harry Osborn essaie de réparer les pots cassés, de ne pas mettre plus d’affliction dans ce monde de merde.
Black Goblin. He hates that name. He hates everything to do with this monster.
Pourtant, il n’a pas le choix, il s’impose parfois comme une évidence, comme s’il n’y avait pas d’autre alternative. Lui, Harry, il ne fait que supporter difficilement cette souffrance interne. Il voudrait s’enfuir, mais il n’a pas les commandes, il ne fait que regarder comme un spectateur, comme s’il n’était plus lui-même dans son corps, mais si seulement c’était aussi facile, fermer les yeux, il n’y arrive pas, il voit, il sait, et il ne peut rien faire à part hurler dans le vide, un vide si immense que personne ne peut jamais l’entendre.
Déambuler dans les rues de cette foutue ville, de cette ville aux rues qui peuvent parfois puer la pisse et l’avarice. Un endroit qui lui plaît, qui lui redonne foi en cette humanité trop parfaite. Quand il a découvert cet endroit, il était catastrophé, ne plus voir sa New-York préférée, celle où il pouvait semer le chaos et commander les autres, parce que qui d’autre que lui pouvait le faire ? Le Bouffon Noir, l’être le plus supérieur de tous les autres de la ville, le seul capable de pouvoir le faire, de pouvoir diriger les autres plus grands méchants, leur donner un but, un objectif. Ici, il n’a plus rien. Alors il a recommencé depuis le début. Et créer un empire, c’est tout ce qu’il aime.
Seulement, ce soir. Ce soir, il y a un mais. Un mec lui doit de l’argent. Beaucoup d’argent. Et s’il le laisse passer, pour qui passerait-il ? Le Bouffon Noir ne doit pas être considéré comme faible. Il n’a plus son équipement, plus son costume de l’époque, alors il s’est réinventé, avec cette combinaison entièrement noire et ce masque sur le visage qui permet de conserver son anonymat. Même si le Bouffon Noir est une immense raclure, il sait qu’il ne pourrait pas vivre sans son hôte, sans le faible Harry Osborn.
Armé de son pistolet, ainsi que d’une épée rétractable, il s’avance vers la rue désirée, cet endroit où il sait qu’il le retrouvera ce rat d’égout pleutre et veule.
— Alors petite raclure de merde, qu’il déclame en avançant vers lui, dépliant son épée d’un geste expert. Tu sais pourquoi je suis là ?
Il fend l’air de son arme, et la stoppe à un millimètre de son visage rendu blême par la peur. Il le regarde, et il sait très bien que l’autre a peur, il le ressent au plus profond de lui, et il jubile, il aime cette sensation de puissance alors que l’autre commence à bégayer, à être fébrile. Il prétend ne pas l’avoir, ne pas savoir. Le Bouffon perd patience, l’attrape par le col pour le soulever à trente centimètres du sol pour ensuite le plaquer contre un mur sans le ménager, un os craque, un cri retentit.
— Mauvaise réponse.
— La semaine prochaine. Je le promets.
Il ricane, le pousse et le jette au sol avant de s’éloigner tout en rétractant son épée.
— Y a intérêt, qu’il déclame pour partir de cette ruelle sombre, celle qui pue la pisse, celle qui sent la peur de cette victime de ses manigances. Ceux qui ont besoin de lui doivent en payer le prix, et si tu ne peux le payer, ta vie sera la dîme.
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Sujet: Re: ultraviolence. (peter et harry) Jeu 22 Aoû 2024 - 16:11
Que ce soit auprès de la Novacrest City Police Department ou de la Guardian Society, Peter ou Spider-Man Noir était cette touche vintage (ou vieux jeu, selon), détective du siècle dernier, trouvant sa force dans les ombres et s'attendant toujours au pire comme si la Guerre Mondiale n'était ni loin ni la plus grande des fatalités, l'attention toujours aux aguets alimentée par les traumatismes des ténèbres. Le travail d'équipe n'était pas son point fort, mais ses connexions avec la police en tant que détective ou avec la Guardian Society en tant que justicier optimisé étaient d'une aide non négligeable pour veiller sur la métropole futuriste et surtout pour chercher ce qu'il voulait.
Car derrière le regard protecteur que le détective portait sur la ville victime du plus grand taux de criminalité de l'Archipel, se cachait en vérité des intentions bien plus égoïstes : Peter le cherchait, lui. Son affrontement contre les Goblins du Multivers, dont une réplique du Goblin Noir auprès de ses propres variants lui avaient donné l'espoir et la crainte qu'Harry se trouve dans ce monde, lui aussi. Le Goblin Noir qu'il avait affronté ne venait pas de son monde mais rien n'était moins possible que de voir son ami, celui de son histoire, dans cette nouvelle réalité qui les avait fait survivre. Car Peter essayait parfois de l'ignorer mais il ne pouvait pas : Harry n'était pas très loin derrière les pas de son père, et si la sauveuse du Multivers avait réuni plusieurs Goblins, alors celui de son univers pouvait être ici. Et il ne s'agissait pas de Norman. Plus depuis longtemps.
Peter refusait de le croire. Peter était amoureux. Mais Spider-Man Noir continuait à ouvrir les yeux sur cette crainte. Car Spider-Man Noir était encore conscient. C'est ce qui faisait que Peter détestait tant Spider-Man Noir. Puis, n'était-ce pas l'araignée qui avait fait perdre à Peter l'homme de sa vie en premier lieu ?
Ses connexions avec la Guardian Society et la police de la ville lui permettaient également autre chose : de la dissimulation de preuves. C'était illégal, certainement une preuve de trahison, mais il suivait une piste et il était impératif qu'il soit le seul à la suivre. S'il avait raison et que Harry se cachait derrière cette série de crimes, aucun policier ni justicier ne devait être sur la même enquête. Car si Spider-Man Noir se chargerait d'arrêter les actions d'Harry, Peter comptait encore le sauver de ses propres actions. Peter continuait à refuser de croire qu'Harry était le véritable coupable.
Il eut quelques remords lorsqu'il détruisit du matériel de communication de la NCPD pour qu'aucune information de témoin ne parvienne au central, mais il n'avait pas le choix. Une altercation aurait eu lieu dans le territoire vers lequel l'enquête de Peter l'avait guidé, et s'il avait raison, il devait à tout prix être le premier - et le seul - à y arriver.
Ses deux pieds joints atterirent sur le trottoir, à l'ombre du gratte-ciel d'en face, derrière l'individu qui s'éloignait de la victime qu'il venait de menacer. Le coeur de Peter loupa un battement, alors que les sens de l'araignée se mirent agressivement en alerte.
Je savais que c'était toi, annonça-t-il toujours derrière lui pour qu'il s'arrête. Mais j'espérais me tromper, je crois.
Il attendit qu'il se retourne pour contempler les traits de son visage. Les sens contradictoires de son alerte d'araignée et de ses sentiments provoquaient une tempête dans son esprit, mais il ne devait pas perdre la face. Harry était là. C'est Peter qui leva une main vers lui avant que Spider-Man Noir ne se sente obligé d'agir.
Personne d'autre ne viendra, je m'en suis assuré. Viens avec moi Harry, supplia-t-il presque, dans un souffle torturé.
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Harry N. Osborn
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Sujet: Re: ultraviolence. (peter et harry) Jeu 22 Aoû 2024 - 20:53
Il s’éloigne, satisfait d’avoir pu régler ce différend qui pouvait avoir une énorme incidence sur le reste de ses intrigues malfaisantes dans cette ville au potentiel immense. Le Black Goblin est heureux, il jubile à l’idée de voir se construire petit à petit son aura passée de son ancien monde dans celui-ci, et tout ce qu’il souhaite, c’est pouvoir également rejoindre les traces de son père, le premier du nom, celui qui régnait alors sur New-York à la tête des Sinister Six.
Harry, lui, il a horreur de cela, il contemple ces méfaits, ces horreurs faites avec son corps, comme s’il était prisonnier de sa propre chair, de cette enveloppe qui ne lui appartient plus vraiment quand l’autre prend le dessus. Dissociation de l’identité, c’est facile comme excuse, mais le Goblin prend réellement le pouvoir et parfois Harry n’est que spectateur de ses propres mouvements.
Et alors qu’il s’éloigne, laissant sa proie derrière-lui, probablement avec son pantalon mouillé par la peur, il entend un bruit, une personne qui tombe et se réceptionne avec grâce selon le son. Il soupire, mais ne s’arrête pas, n’en a pas envie de toute manière. Jusqu’à ce qu’il entende sa voix.
— Je savais que c'était toi.
Le Goblin s’arrête. Mais ne se retourne pas. Il reconnaît cette voix, et elle lui donne envie d’hurler, de se dépêcher pour lui mettre toute sa rage dans la face. Mais Harry, cette fois, il reprend le contrôle, quelques instants.
— Mais j'espérais me tromper, je crois.
Et lui, il espérait le retrouver, sans y parvenir, ou alors il n’espérait peut-être pas assez fort. Il avait encore le cœur brisé, et surtout, il savait que ça n’aurait mené à rien de bon. C’était trop dur de devoir faire face à ses sentiments, à ce qu’il aurait pu avoir en continuant avec lui. La culpabilité a été trop forte et il a préféré fuir, aller loin, partir dans un autre pays pour ne pas avoir à endosser la responsabilité de ses actes cruels et égoïstes.
— Personne d'autre ne viendra, je m'en suis assuré. Viens avec moi Harry.
Il ne se retourne toujours pas, attendant de voir ce que Le Goblin décide lui aussi, et la mâchoire crispée, les poings serrés autour de la crosse de son pistolet, il hésite. L’homme voudrait l’écouter, mais le vilain voudrait l’éclater. Cruel dilemme auquel la passion de ses sentiments passés vient s’ajouter. Il reste alors dos à lui, le masque toujours sur le bas de son visage, camouflant ses traits violentés par la douleur, les regrets et les joies passés.
— Qui te dit que j’ai envie de venir avec toi Spider-Man ?
Il ne l’appelle pas par son nom, il n’en a pas envie. Peter l’a rejeté, Peter lui a bien fait savoir que leur relation était terminée, que le chapitre de leur histoire commune était définitivement clos. Alors à quoi s’attend-t-il réellement ? Au fait que Harry se jette dans ses bras ? S’il y a bien une chose sur laquelle Le Goblin et lui sont d’accord, c’est qu’il en est hors de question.
— Tu es la… il s’arrête quelques secondes, cherchant ses mots. Dernière personne que j’aurais envie de suivre, et tu me l’avais bien fait comprendre.
Du moins, c’est ce qu’il a choisi de croire, de comprendre vis-à-vis des regards torves que le lui lançait Peter quand ils se sont vus juste après la bataille contre les Sinister Six à New-York. Il préférait croire que c’était mieux pour eux deux, pour ne pas avoir à se rejeter la faute l’un sur l’autre pour leurs échecs communs.
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