Cela faisait longtemps qu’Alejandro devait s’occuper de repeindre la balustrade de la terrasse. Voila qui était chose faite, il avait enfin eu le temps de s’y mettre. Il avait opté pour une couleur bleue, pas trop pétante, qui s’accordait avec le reste de la décoration de la terrasse. Il redressa la tête en voyant passer une de ses voisines sur leur petit chemin, qui avait une fois de plus visiblement oublier d’utiliser son levier de vitesse. Vu le bruit que faisait sa voiture, elle avait grandement besoin de rétrograder. Sauf que sa voisine, octogénaire, était bien plus doués pour raconter des potins que pour se rappeler des règles de conduite. Il s’était pris plusieurs fois la tête avec elle, pour qu’elle fasse plus attention en roulant sur leur chemin… Elle passait par là pour gagner du temps, mais ça commençait sérieusement à prendre la tête du brun. Sur le podium des vieux relou, elle serait surement montée sur la première marche, tant elle n’en faisait qu’à sa tête, se moquant totalement des autres êtres vivants. Le brun l’insulta avant de se redresser pour passer sa main sur la peinture sèche. Parfait.

Il partit en direction de la cuisine et passa sa main autour de la taille de sa femme, avant de la laisser glisser sous son chemisier pour toucher sa peau douce qui suffit pour faire frémir l’espagnol. Ses lèvres embrassèrent avec tendresse son cou.  « Tu es magnifique » lui susurra t’il à l’oreille. il lui vola une tranche de saucisson qu’elle était en train de préparer pour leur petit piquenique et attrapa une bouteille d’eau dans le frigo pour se servir un verre d’eau froide, agréable après avoir passé deux heures à dorer au soleil. « Je vais préparer les chevaux …. » lui dit-il avant de poser de ses lèvres sur son front. Avant de partir, il partit en direction du couffin dans lequel dormait Joaquin. C’était un petit bébé sage, souriant et aussi beau que son père. « Je t’emprunte encore ta maman aujourd’hui, mais demain et le reste de la semaine, on sera tous les 3. »

Arrivé dans les écuries, la première chose que fit Alejandro fut de changer la chaine de radio. Les deux animateurs étaient en train de parler de la Transatlantique à la voile, ce qui n’intéressait pas vraiment l’Espagnol, qui préférait des sports ou les sportifs avaient les pieds sur terre. Il changea pour une chaine de musique, préférant écouter des chansons plutôt que du sport. Alejandro avait bien des qualités, mais il chantait faux et évita donc de pousser la chansonnette. A la place, il si dirigea vers un box ou se trouvait une jeune pouliche de 6 mois qu’il avait acheté une bouche de pain, à cause d’une vilaine blessure à l’antérieure. Délicatement, il passa sa main sur l’articulation, descendant le long du membre pour vérifier si le traitement qu’il avait mis en place fonctionner. Le muscle était moins dur, plus souple et la plaie bien plus propre. « C’est parfait ma jolie. » il la gratifia d’une caresse et remis du foin dans son filet pour l’occuper et vérifia que tout était bien pour que la demoiselle se sente à son aise. Il savait qu’il lui tardait de sortir et de rejoindre les autres chevaux, mais pour le moment, sa blessure l’en empêchait. Elle allait devoir attendre un peu, le temps que sa blessure ne soit plus qu’un vilain souvenir. Elle boiterait peut-être le reste de sa vie, mais pourrait vivre une vie paisible et c’était bien le plus important.

Alejandro s’était déjà occupé de brosser les chevaux dans la matinée, il leur passa tout de même un nouveau coup de brosse avant de les seller. Il rajouta à chaque selle des sacoches pour y mettre le piquenique et tout ce qu’Elena avait prêvu. Il n’avait plus qu’à espérer que cela rendre dedans. Alejandro claqua sa langue contre son palais et Tornado s’élança à sa suite, suivit par l’étalon d’Elena. Alejandro les attacha tout d’eux à la barre d’attache qu’il avait mis devant la maison et vérifia une dernière fois les harnachements, juste au moment ou Elena sortait de la maison armée de deux énormes sacs. « Chéri, tu sais qu’on va juste piqueniquer, pas besoin de déménager la maison… J’ai pas prévu d’acheter un cheval de trait »


@Elena De La Vega

Alejandro n’avait jamais passé autant de temps à la maison que depuis qu’il s’était éveillé dans ce monde. A l’époque ou il parcourait la Californie pour garantir la sécurité du peuple et son indépendance, il n’avait jamais le temps de trop s’attarder chez lui en compagnie de sa femme. Quand ils avaient du temps, ils l’utilisaient très souvent pour sortir et s’occuper de leur image, comme il était d’usage à leur époque. Ils ne pouvaient pas vivre comme ils le faisaient ici, sur cette île. Ils étaient beaucoup plus libres et cela plaisait à Alejandro qui avait toujours été à la recherche de la liberté. Ce n’était pas parfait, il y avait aussi de l’inquiétude parce que toute cette histoire était tiré par les cheveux, mais il avait envie d’en profiter sans trop se poser de questions. Elena était heureuse, Joaquim aussi et lui ne s’était jamais sentit aussi bien. Il devait avouer que le fait de ne plus passer sa journée à se battre et à prendre des coups, avait laissé à son corps le temps de se remettre de ses anciennes blessures. Beaucoup de ses anciennes douleurs avaient disparus, et il avait eu le droit à des soins qui n’avaient jamais existé dans son monde…

« Peut-être, mais Tornado n’est plus tout jeune ! » dit-il en passant la main dans le toupet de son cheval qui releva la tête visiblement vexée. Il ne savait pas s’il comprenait vraiment ce qu’il disait, mais il était assez amusé de le voir réagir de manière presque humaine. Alejandro laissa échapper un rire amusé avant de rajouter. « T’es certaine que tu ne veux pas que je sorte la cariole, comme ça tu pourras prendre encore plus de sacs… » plaisanta t’il avant de rajouter d’une voix amusée. « C’est juste que je pensais que les femmes préférées les perles aux valises… » Il se rapprocha d’Elena, lui vola un baiser et attrapa les sacs qu’il attacha sur le dos des chevaux de façon à bien repartir le poids pour leur rendre le voyage plus agréable. Puis, Gentleman, il aida Elena à monter avant de faire de même et d’enfourcher Tornado. « Hé… » Il ne put s’empêcher de râler quand Tornado se moquant bien qu’Alejandro ne soit pas totalement en celle, s’élança derrière l’étalon d’Elena pour le rattraper. Elle était impossible, elle voulait le tuer ou quoi… ou elle savait qu’il était un excellent cavalier et que cela ne risquait pas de le mettre en danger, ce qui était le cas…

Les chevaux étaient visiblement aussi heureux de sortir que leurs cavaliers. Après le long galop qu’ils avaient entrepris dès le début de leur randonnée, il mit du temps à se calmer et marcha en trottinant pendant de longues minutes avant qu’Alejandro puisse enfin lui redonner les rênes sans craindre qu’il ne s’élance de nouveau au galop. C’était un bonheur de pouvoir profiter de ce moment en tête à tête, ça lui rappelait l’époque ou ils étaient de jeunes mariés et qu’ils avaient du temps pour ce genre de choses. Ils mirent pieds à terre deux heures plus tard et Alejandro s’occupa des chevaux. Il installa un enclos entre des arbres et dessella les chevaux pour qu’ils puissent brouter en pré pendant qu’eux profiteraient de leur piquenique et vu qu’ils risquaient de s’attarder autant permettre aux deux chevaux de prendre aussi une pause bien méritée… Quand Alejandro se retourna vers Elena, elle avait ce petit air qui indiquait qu’elle avait une idée derrière la tête. Il attrapa le petit sac qu’elle lui tendit et en sortit la paire de chaussons. Attendrit, il sourit avant de lui dire. « Tu t’es mis au crochet ? » Elle n’était pas très manuelle. « Je croyais que tu détestais ça… » Il tourna les chaussons dans tout les sens, ils étaient très jolis, mais quelque chose le chiffonnait. « T’es sur que c’est pas trop petit pour Joaquin ? Il a pas de si petits pieds… »

@Elena De La Vega

Alejandro aurait pu passer des heures sur le dos d’un cheval, il avait toujours pris un malin plaisir à parcourir la Californie en tout sans, à l’époque ou il était encore un homme masqué. Pourtant, très souvent, il découvrait des endroits inconnus et surprenants, sans parler des changements de saisons qui amenait une lumière différente et changeait l’ambiance des lieux. Pour le moment, il n’avait pas eu le temps de trop visiter Baiame. Il était un peu trop occupé par une brune et beaucoup moins par son ancienne activité masquée. Alejandro pensait encore à enfiler de nouveau son costume, mais pourquoi faire ? Il se trouvait dans un monde bien différent du sien, ou des personnes possédaient des supers pouvoirs… Lui il n’avait qu’un lasso et un fleuret, pas certain que cela soit vraiment avantageux. Il était clair que Zorro était légèrement dépassé par rapport aux autres héros qui se promenaient dans la ville. Pour autant, Alejandro ne pouvait totalement effacer Zorro de sa vie. Son costume était bien caché dans un coin, près à ressortir au cas où. Passer moins de temps sous son masque lui permettait de passer plus de temps avec sa famille et ça n’avait pas de prix. D’une certaine manière, il avait eu de la chance en arrivant ici, parce qu’il n’aurait jamais pu accorder autant de temps à Elena et à Joaquim en essayant de sauver son peuple de l’oppression. Peut-être trouverait-il l’envie, plus tard, de remettre le masque de manière plus régulière, mais pour le moment, il n’en éprouvait pas le besoin. Après tout, il avait passé plusieurs années sous le masque du renard et aspirait désormais à un peu de paix, à vivre une vie d’homme lambda qui partait travailler et retrouver sa femme le soir, sans craindre de finir pendu à une potence.

Il avait beau chercher, il était incapable de se souvenir de la dernière fois, ou ils étaient partis se balader à cheval en toute quiétude, sans être inquiéter par quelque chose. A vrai dire, ça n’était tout bonnement jamais arrivé en Californie, ni sur cette île. Depuis leurs retrouvailles, leurs vies avaient été assez mouvementé, sans oublier qu’ils étaient devenus parents et que cela prenait pas mal de temps de s’occuper d’un petit être dépendant totalement de vous. Parfois, cela l’inquiétait d’ailleurs, il se demandait s’il était à la hauteur, s’il faisait bien les choses, mais c’était peut-être normal en tant que parents de toujours douter de soi.

Alejandro adorait ce coin, c’était paisible, un pré herbeux et bien vert, une petite rivière qui serpentait, des arbres hauts et ombrageux pour leur offrir de l’ombre et un peu de fraicheur. Ils allaient passer un très bon moment, les chevaux compris car les équidés avaient déjà trouvé le paradis en fourrant leur nez dans l’herbe grasse. Tornado arrachait plus d’herbes qu’il ne pouvait en manger… C’était un estomac sur pattes, il allait prendre du poids, c’était sur. Alejandro retourna son attention sur sa femme, elle était magnifique comme à chaque fois, elle avait ce petit sourire malicieux qui signifiait qu’elle savait quelque chose que lui ignorait. « Qu’est-ce que j’ai dit ? » demanda t’il, vexé, ce n’était pas comme si elle était claire aussi. Il n’était pas censé savoir que madame s’était mise à faire du crochet… Surtout qu’elle avait toujours détesté ça. « Je te promets, un jour, tu les auras tes perles… » dit-il amusé avant de passer sa main délicatement sur le visage de la brune. En tout cas, il avait raison, elle n’aimait pas le crochet, alors pourquoi… En voyant la malice dans le regard de sa femme, la lumière s’éclaira enfin dans l’esprit d’Alejandro, alors qu’elle lui annonçait ce qu’il venait de comprendre. Il ouvrit la bouche, oublia de la refermer et laissa son regard glisser des yeux de sa belle à son ventre, avant de faire marche arrière et de recommencer ce manège. « Enceinte ? » Il fit la moue… « Hmmm c’est vrai qu’on n’a pas été trop trop prudent… » dit-il alors qu’un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il laissa un bras s’enroulait autour de la taille de sa femme tandis que son autre main ne guidait pas celle d’Elena se poser sur son ventre plat qui abritait un nouveau trésor. Alejandro ravala ses larmes, non non, il ne pouvait pas pleurer ! Il attrapa Elena et la fit tourner de bonheur. « Quelle belle nouvelle !!! » Ce n’était pas prévu, mais cela ne le gênait pas, il aimait Elena, il aimait leur fils, un enfant de plus ne lui faisait pas peur. « Par contre peut-être qu’après on pourrait se calmer, histoire que j’ai le temps de profiter de toi… » «Oui parce qu’ils avaient enfin le temps de profiter l’un de l’autre et Alejandro n’avait pas envie de passer son temps à s’occuper d’une ribambelle d’enfants…

@Elena De La Vega