Premier contact ∣ Ryu

Mais pourquoi…pourquoi avait-il décidé de s’occuper des enfants et surtout des tous petits. Il les détestait. Ils étaient bruyants, ils bavaient, n’étaient pas capable de tenir sur leurs jambes. C’était simple de toutes les espèces animales, ils étaient les plus faiblards. Un coup de queue de sa part et il en aurait anéanti une dizaine. Sauf que malgré tout leurs nombreux défauts, ils avaient ce petit truc d’attachant qui empêchait la divinité de leur ôter la vie. S’en occuper, ce n’était clairement pas son truc et cela lui demandait énormément d’énergie et de Selfcontrol. Il se demandait souvent par quel miracle, Chihiro arrivait à faire ce métier avec autant de motivation et de passion. Elle était tellement solaire qu’il se demandait s’il n’allait pas lui faire de l’ombre avec son caractère bien plus froid et plus sombre que le sien. En tout cas, il aimait travailler avec elle et plus il la côtoyait, plus son cœur s’ouvrait au monde.  Elle avait exactement le même effet sur lui que lorsqu’il l’avait rencontré au village de Yubaba. Elle n’avait pas changé, elle avait juste grandi et s’épanouissait au milieu de ses culottes courtes que lui avaient tant de mal à comprendre, mais certains commençaient tout doucement à attendrir l’esprit de l’eau. Encore fallait-il qu’il accepte de baisser un peu sa garde. Haku avait toujours appris à ne rien ressentir, c’était comme ça que vivait les esprits, parce qu’ils ne devaient pas prendre part à la vie humaine.

Ici, sur cette île, Haku vivait comme l’un d’entre eux pour la première fois de sa vie et cela lui demandait énormément d’efforts. Ce n’était pas du tout inné chez lui et il ne prenait pas énormément de plaisir à le faire, mais il le faisait parce qu’il n’avait pas le choix et qu’il s’agissait aussi du meilleur moyen pour se rapprocher d’une certaine brune. D’ailleurs en parlant de Chihiro, elle avait toujours ce don de lui faire faire ce qu’il ne voulait pas. Il n’avait aucune envie de se trouver là et de venir à ce rendez-vous. Franchement, ce n’était pas comme si les activités des gamins l’intéressaient… ils n’étaient même pas capable de colorier sans dépasser, quand ils dansaient, ils ressemblaient à des personnes fortement alcoolisés… et c’était sans parler du chant. A chaque fois qu’il rentrait chez lui le soir, il avait mal au crâne à force d’entendre des hurlements.

Selon Chihiro, il ne devait absolument pas rater ce rendez-vous. Elle mettait vraiment beaucoup d’espoir en lui. Il prit place sur le siège qu’on lui indiqua avant de poser son regard sur la femme. Elle était plus âgée que lui, mais son instinct primaire lui disait de se méfier, comme l’on se méfie de l’eau qui dort. « Vous voulez vraiment proposer un spectacle avec nos mini monstres en culottes courtes ? » dit-il d’un air ahuri avant de se rappeler que dans se monde, les gens adoraient ça les enfants. « Enchanté madame Grimaldi ! » Ryu passa sa main dans ses cheveux, en observant l’immense pièce dans laquelle il se trouvait. Elle était richement décorée, ce qui fit encore plus douter Haku quant à ses attentions. « Allez y , explique moi ce que vous avez en tête… Ce qui est sur c’est que moi je n’y participerais pas, mais ma collègue, elle est intéressée.» Les enfants eux adoreraient, comme à chaque fois qu’on leur proposait un truc, ils n’étaient pas difficile à cet âge.

Mais qu’est-ce qui foutait là ? Sen aurait dû être à sa place. Elle était bien plus à même de répondre à ce genre d’invitation. Ryu était pourtant habitué à ce genre de réunions, sa famille l’avait éduqué en ce sens. Aller chercher des contrats et les obtenir ça faisait un peu partie de toute sa vie. Ses parents ne parlaient que de ça, de contrats et de fusion d’entreprise. Sauf que Ryu n’avait jamais rien écouté… Pour Haku c’était juste du charabia, son monde était loin de tout ça… Quoiqu’il en faisait peut-être un peu trop et se créait un problème là où il n’y en avait pas. Madame Grimaldi ne lui parlait que d’une classe qui permettrait aux enfants de travailler leurs capacités artistiques. En soi ce n’était rien d’extraordinaire, même si franchement Haku ne voyait pas ce qu’elle pouvait obtenir. D’un, ils étaient incapables d’écouter, ni de colorier sans dépasser. Ils étaient bruyants et collants…Comment avoir envie de s’entourer de leur compagnie pour essayer de leur faire faire quelque chose d’assez intéressant pour que les gens viennent les voir. Enfin si y aurait bien leurs parents… Le père d’Haku était un esprit, entre eux il n’y avait jamais de mièvreries dégoulinantes… Les parents humains pensaient que leur rejeton était une petite perfection. Ils étaient fous et s’émerveillaient pour des trucs aussi basiques que le fait qu’ils n’aient pas vomi leur déjeuner…

Ryu finit tout de même par se reconcentrer sur la discussion, essayant de garder sa vision d’esprit de côté. Celle-ci est tellement éloignée de celle des humains que parfois il a l’impression d’être à des années lumières de cette nouvelle réalité dans laquelle il a mis les pieds. Une réalité dans laquelle il avait décidé de vivre pour retrouver Chihiro avant que leur monde ne s’écroule. Le truc c’est que Chihiro, elle les adore les petits êtres humains… « Ok…. Vu leur capacité à peindre les murs de l’école, vous trouverez surement de grands artistes. » ne peut-il s’empêcher de dire en se rappelant les fois où il avait dû tout nettoyer pour ne pas que la directrice leur tombe dessus. « Non pas vraiment, mais merci de proposer. » Certaines choses demeuraient inscrites dans la mémoire de l’ancien de la rivière comme ne rien acceptait à boire ou à manger de quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Il avait déjà fait une belle avancée en acceptant la nourriture servi dans les restaurants contre de l’argent, mais pour le reste il demeurait compliqué pour lui de faire confiance. « Vous pensez vraiment que des gens se déplaceront pour voir jouer des enfants de 3 à 5 ans dans un spectacle ? » demande t’il sérieux. « On a déjà du mal à les mettre en rang » Ne peut-il s’empêcher de rajouter avant de marquer une pause pour réfléchir. Il ne pouvait pas totalement rejeter l’idée. En fait, même si l’idée de devoir gérer les enfants le fatiguaient déjà, il savait que pour leur propre construction c’était une bonne idée. Sen allait adorait cette proposition. « Enfin j’imagine que pour les enfants, ça doit être une expérience intéressante pour leur permettre de s’épanouir et développer leur confiance en eux. » finit-il par admettre en évitant de penser au temps qu’il perdrait à les rassurer et à calmer les crises de larmes qui viendraient sans aucun doute. « Et du coup, quand vous parlez de classe, vous imaginez quoi ? Les grandes sections mélangées à des primaires ? Ou plusieurs élèves de maternelles de n’importe quelle classe, avec des primaires dans une activité extrascolaire, un peu comme un club de théâtre ? »