Smoke and fire. Ft. Marco Newgate

Les vacances au nord de Baiame semblent désormais lointaines alors que Marco se gare précipitamment devant les barrières de sécurité érigées à la hâte par la police. Les pompiers sont déjà sur place, et un vaste dispositif médical a été mis en place. Marco est parmi les derniers à arriver ; personne n'avait anticipé le besoin d'autant de médecins en ce début de soirée. Mais en levant les yeux, il comprend l'ampleur du désastre : une tour entière est en flammes devant lui. Des appartements qui s'effondrent les uns après les autres. Bien que l'équipe médicale soit installée à une distance jugée raisonnable, l'air est brûlant et lourd à respirer à cause de la fumée. Cependant, il n'y a pas d'autre choix : un compromis a été trouvé entre tous les services qui partagent une mission commune : sauver le maximum de vies. Marco prend naturellement la tête des médecins présents sur place et, sans perdre un instant, commence à prodiguer des soins. Les civils sortent au fur et à mesure que les pompiers les amènent, certains encore sur pied, d'autres dans un état critique. Marco sait qu'il ne pourra pas tous les sauver, mais il est déterminé à faire tout ce qui est en son pouvoir.

Il est en train de réaliser un massage cardiaque près d'une ambulance lorsqu'on l'appelle. La tâche est trop importante pour s'interrompre, mais cette voix si familière le force à lever la tête. Ace. Son propre cœur semble s'arrêter, la vie s'étirant à l'infini devant lui. Il ne peut pas se permettre de s'arrêter, sinon une vie sera perdue. Ses yeux gris brûlent de larmes, chassées par une bourrasque d'air brûlant alors que le bâtiment continue de s'effondrer. Ace s'en va, sans équipement, sans rien. Marco le regarde partir, impuissant. Mais ça ira, ça ne peut qu'aller, hein ? Ace est l'enfant du feu... Ace est-il vraiment de retour ? Quelqu'un s'agenouille finalement à ses côtés et lui donne un coup d'épaule, le remplaçant. Ils échangent de place avec une précision chorégraphiée et enfin, l'homme a un pouls. Un soupir de soulagement parcourt l'assemblée. Marco frotte ses genoux poussiéreux, les yeux fixés sur le bâtiment mourant. Sors de là, Ace, allez. Sors de là. Plus rien n'existe pour Marco, et les minutes se transforment en heures. Il sait qu'il doit y aller.

Un pas, deux pas, Marco franchit les cordons de sécurité, déterminé. Des pompiers tentent de l'arrêter, mais rien ne peut le retenir. Et puis, enfin, Ace sort du bâtiment. « Ace !! » Sa voix se brise sous le poids de l'émotion et de la détresse, premier signe que Marco est en train de perdre la raison. Il voit Ace s'effondrer, impuissant. Ça recommence ! Cette fois, l'adrénaline prend le dessus, annihilant toute rationalité. Il se précipite vers le plus jeune, tombant à genoux à ses côtés. « Ace !! Tiens bon !! » Marco le soulève, un bras sous les genoux, l'autre derrière les épaules, et traverse les différents checkpoints à grandes enjambées pour rejoindre une ambulance. Vide. Il dépose Ace sur un brancard et referme les portes derrière eux. Ils sont seuls, et dehors, le monde n'existe plus. Marco n'entend plus le crépitement des flammes, ni les sirènes des autres ambulances. Rien d'autre n'importe que la vie de son frère.

Il tremble de tous ses membres, les mains aussi agitées que le reste de son corps. Il a complètement perdu son calme, son sang-froid. En se hâtant il perfuse Ace et lui ajuste rapidement un masque à oxygène. S'il s'agissait de quelqu'un d'autre, il aurait gardé un semblant de contrôle. Mais c'est Ace. Ace putain. Avec des gestes précipités et imprécis, il découpe le haut du vêtement d’Ace pour évaluer l'ampleur des blessures. La vue des brûlures et cette cicatrice familière lui confirme que c'est bien lui. Heureusement, le bas du corps du jeune homme est en meilleur état, protégé par son pantalon. Ses doigts tremblants se posent doucement sur le visage de Ace. « Je ne te laisserai pas mourir une seconde fois. » En pleurs désormais il invoque ses pouvoirs de Phoenix, des flammes bleues et jaunes émanent de ses mains pour se répandre sur les brûlures : le visage, les bras, le torse d’Ace. Les blessures semblent se cicatriser sous ses doigts, la peau se reconstruit lentement. Ses pouvoirs ne sont pas aussi efficaces qu'ils le seraient sur lui-même, mais Ace survivra. Peut-être avec quelques douleurs résiduelles pendant encore quelques jours, mais il survivra.

Les flammes s'évanouissent lentement, laissant Marco avec les bras tombant lourdement le long de son corps. Épuisé, il se laisse lui-même tomber sur un petit tabouret à côté du brancard, libérant enfin la vague de détresse qu'il tente de contenir depuis la mort d'Ace et de Barbe Blanche. Il s'affaisse, les coudes sur les genoux, retirant ses lunettes pour enfouir son visage dans ses mains. Il ne se retient pas : les larmes coulent, les sanglots éclatent, une tristesse profonde déferle en lui. Après un moment, il relève lentement la tête, reniflant bruyamment en découvrant qu’Ace est éveillé. « Tu es… mort… Comment est-ce possible ? » Oui comment est-il arrivé là, en train de se battre contre les flammes ? Comment est-il encore vivant ?

Mort, oui, c'est exactement ça. Il n'y avait plus rien à faire, les blessures étaient trop graves pour être soignées, ni par lui ni par un autre médecin. On lui avait arraché l'une des personnes les plus précieuses à ses yeux. Alors, il ne peut accepter ce qu'il entend, ça n'est pas possible. Il se souvient en détail de ce jour, rejoue la scène des obsèques avec Shanks dans sa tête. « Je t'ai enterré, Ace. » C'est tout ce qu'il parvient à articuler entre ses sanglots, encore bouleversé par les retrouvailles et la réalité qui lui échappe. Il pressent quelque chose sans pouvoir encore mettre le doigt sur le fait qu'ils viennent de deux mondes différents. Mais peu importe, Ace est là, vivant, et pour le moment, n'importe quelle justification lui suffit. Il avait posé ses lunettes quelque part pour venir frotter ses yeux de son pouce et son index, essayant de retrouver un semblant de calme. Il inspire profondément, renifle bruyamment. Tout est réel, il n'est pas fou.

Il ne résiste pas quand il sent Ace l'accueillir dans ses bras. Au contraire, il se redresse et passe ses deux bras autour de la taille de son frère. Sa tête se niche quelque part sur l'épaule d'Ace, et il pleure encore un peu avant de retrouver peu à peu son sang-froid. « Ça n'a jamais été de ta faute, Teach est le seul... » responsable, mais le mot reste coincé, car il ne parvient pas à le croire entièrement. « Je suis responsable de tout ça. En tant que commandant de la première division, j'aurais dû être plus vigilant. J'ai manqué à mon devoir, et à cause de moi, Thatch et toi... Père... » Il ne peut terminer sa phrase. Marco serre les dents et ferme les paupières pour empêcher un sanglot d'éclater, pour empêcher de nouvelles larmes de couler. « Pardonne-moi. » Des excuses, voilà ce qu'il aurait aimé dire à son père, à Ace, à tous ceux partis avant lui. Il se sent vulnérable. Mais dehors, un incendie vient tout juste d'être éteint, et des hommes et des femmes se battent pour leur propre vie. Il doit se reprendre. « C'est bien toi. » Il murmure tandis que ses lèvres s'écrasent quelque part dans les cheveux d'Ace. Il soupire, comme apaisé, comme réconforté. Père avait raison : "Tes frères reviendront, sois patient." « C'est bon de te revoir, Ace. Bon retour parmi nous. » Il le serre encore un peu avant de le lâcher pour se lever. Il partage cette peur que l'autre s'évapore. Pour l'avoir vécu une fois, il ne supporterait pas de le perdre à nouveau.

Marco frotte ses yeux rougis avec son bras avant de remettre ses lunettes. Il se sent vidé, comme si toutes ses forces l'avaient abandonné. L'ouragan d'émotions qui vient de le secouer ne l'a pas laissé indemne, lui rappelant la même sensation qu'il avait ressentie en voyant Ace et son père s'éteindre. Par automatisme, il éteint l'oxygène, replie le masque qu'Ace a lui-même ôté, et attrape son bras pour retirer la perfusion d'anti-douleur qu'il lui avait administrée. Son pouce caresse doucement la zone piquée, une flamme bleue refermant la peau percée. « J'ai guéri tes brûlures, mais tu auras encore mal pendant plusieurs jours. » Marco sourit, mais ses yeux restent tristes. Il lâche enfin le bras d'Ace et constate que le t-shirt de celui-ci est dans un état lamentable : brûlé et déchiré par ses coups de ciseaux. « À l'avenir, Ace... » En parlant, il retire sa veste médicale noire, sertie de bandes réfléchissantes et arborant le logo de l'hôpital de Novacrest dans le dos. « Tu te dois de montrer l'exemple à tes hommes. » Sa voix ne tremble plus, elle a retrouvé sa douceur pour donner ce conseil à son nakama. Qu'on soit commandant chez Barbe Blanche ou commandant chez les pompiers, il faut toujours tenir son rôle.

Marco tend enfin sa veste à Ace. « Prends-la, s'il te plait. » Ses yeux dérivent un instant sur la cicatrice laissée par Akainu, ravivant de mauvais souvenirs qui lui font mal, alors il détourne les yeux. « Tu n'as plus le Mera Mera no Mi-yoi. » Ce n'est pas une question, mais une constatation. « Sois prudent ».

Malgré l'urgence et la gravité de la situation, Marco ne peut s'empêcher d'étouffer un rire contre le dos de sa main en voyant qu'Ace nage un peu dans la veste qu'il lui a prêtée. Il se rappelle qu'il avait lui aussi dû dire adieu à ses chemises ouvertes et s'habituer à se couvrir davantage, notamment à l’hôpital ou en intervention, où la tenue conventionnelle était de rigueur. Finalement, il s’y était fait assez vite, tout comme à Sphinx. « De toute façon, il n’y a plus rien à faire. Le feu est sous contrôle. » dit-il en s'approchant des portes de l'ambulance pour jeter un coup d'œil par la fenêtre. Ce qu’il voit confirme ses paroles. Les lances à incendie ont été éteintes, mais les pompiers continuent de faire des allers-retours dans le bâtiment, achevant les dernières sécurisations. Marco réfléchit un instant, le regard perdu sur les ruines fumantes. « Ils sont tous sortis, grâce à toi. » Il ne peut cependant pas se résoudre à dire qu’ils ont tous été sauvés, car ce n’est pas la vérité. Certains n'ont pas survécu, et d'autres ne passeront peut-être pas la nuit. Mais personne n’a péri seul et sans défense dans cet immeuble en flammes, et c’est déjà quelque chose. Le pompiers ont fait leur travail, maintenant les médecins doivent faire le leur : soigner les blessés, annoncer les mauvaises nouvelles aux familles...

« Tu dois te reposer... » Marco parle en même temps qu'Ace, conscient que convaincre le jeune homme de rester tranquille sera une tâche ardue après une journée aussi éprouvante. « Je ne t’aurais pas laissé ici, quoi qu'il arrive. Je n’ai pas réussi à te garder la dernière fois, mais je ne ferai pas la même erreur deux fois. » Il se retourne en sentant Ace se rapprocher de lui, et l’idée qu'il le colle comme une sangsue lui semble étrangement réconfortante. Quand ses yeux se posent de nouveau sur Ace, la surprise le frappe à nouveau. Le jeune homme est là, vraiment là. « C’est bien toi. » murmure Marco, sa main se levant pour saisir une mèche de cheveux noirs entre son pouce et son index. Tout est bien réel. Il n'a pas de larmes, mais il lui faudra du temps pour s'habituer à cette nouvelle réalité. « Tu m'as tellement manqué, tu sais... Je suis venu tous les jours pour fleurir vos tombes, toi et père. » Il ne peut réprimer cet élan de sincérité. Les pirates ne sont pas des âmes sensibles, et bien que Barbe Blanche soit devenu une figure paternelle pour lui, il n'avait jamais su exprimer pleinement son amour pour ses frères. Comment exprimer à Ace l'importance qu'il a pour lui ? Il ouvre la bouche pour dire quelque chose de plus, mais la porte de l'ambulance s'ouvre derrière lui, faisant retomber le bras de Marco.

Il reconnaît l'infirmière qu'il croise souvent à l'hôpital, elle est clairement épuisée et visiblement secouée par ce qu'elle vient de traverser. "Tout le monde a été pris en charge, Marco. Il faut partir maintenant, tout de suite." Le commandant acquiesce d'un signe de tête. « On évacue alors. Prévenez toutes les équipes. Je vous rejoins sur place. » Elle ne perd pas de temps et referme la porte derrière elle. Marco se tourne de nouveau vers Ace, se recentrant sur le jeune homme. « Je ne peux pas les laisser. Je dois y aller. Viens avec moi à l'hôpital. » Il place ses mains sur les épaules d'Ace pour capter pleinement son attention. « Il y a quelque chose de très important que tu dois savoir. » En réalité, il a beaucoup de choses à dire à Ace. « Père est ici. Il est vivant, mais il est malade. Nous étions en vacances récemment, mais sa santé s'est détériorée. J'ai préféré qu'il soit sous surveillance à l'hôpital. » Dehors les sirènes des ambulances s'accordent, le bruit est assourdissant, un à un les véhicule partent. « Accompagne moi, s'il te plaît. Va le voir, je suis sûr que ça lui ferait plaisir. Il ne s'y attend pas. » Marco parvient à sourire en pensant à son père. Il l’imagine en train de rire avec les médecins, ou draguer une infirmière pendant que, couché à ses pieds, Stefan dort paisiblement. Le vieil homme est devenu un habitué des séjours à l'hôpital, au point qu'ils ont même autorisé la présence de Stefan à ses côtés. Et puis, tout le monde connaît Marco ; personne n'aurait osé lui refuser cette faveur.

Doucement, il relâche son étreinte sur Ace, reculant lentement tandis que ses mains glissent de ses épaules. L'expression grave qui marquait son visage s'efface peu à peu, ses traits retrouvant leur douceur habituelle alors qu'il range quelques affaires. Il est temps de partir, de sécuriser l'arrière de l'ambulance, de se rendre à l'hôpital pour s'assurer que tout le monde est pris en charge. Il lui faudra signer les derniers papiers, rendre des comptes pour la soirée, et rendre visite à leur père s'il en a la force. Mais surtout, il compte rester avec Ace. Ils auront tous les deux besoin de repos. Marco, qui prévoyait de passer la nuit à l'hôpital pour veiller sur les blessés et prêter main-forte, envisage maintenant de déléguer ses responsabilités à quelqu'un d'autre. Passer la soirée avec Ace, rattraper le temps perdu, semble bien plus important. « Il est très fatigué. » C'est tout ce qu'il parvient à dire au sujet de Barbe Blanche. La santé de leur père fluctue, un jour il se sent invincible, le lendemain, il est cloué au lit. Peut-être serait-il plus sage de reporter la visite, étant donné l'heure tardive. Mais toutes les certitudes de Marco s'effondrent dès que son regard croise celui d'Ace. Que faire ? Quelles sont ses envies ?

Il s'apprêtait à sortir de l'ambulance lorsque la voix d'Ace le retint, l'invitant à finir ce qu'il avait commencé à dire plus tôt. Marco resta silencieux un instant, cherchant les mots justes pour s'engager sur un terrain encore flou pour lui. Un sourire familier se dessina sur ses lèvres, et il hocha la tête en signe d'approbation. « Rien ne t'échappe, en effet. » Sa voix, légèrement plus grave, trahissait l'émotion qui l'envahissait. Il avait bien remarqué le regard d'Ace, un regard qui s'était attardé sur ses lèvres, ne serait-ce que pour une fraction de seconde. Cela l'avait troublé, surtout avec tout ce que son propre cœur tentait de lui révéler depuis qu'il avait soulevé Ace du sol plus tôt, craignant de le perdre à nouveau. « Toi et moi, on n'a jamais vraiment eu le temps... » Il haussa les épaules, secouant la tête avec une nonchalance feinte, ne sachant pas exactement comment terminer sa phrase. Posant les mains sur ses hanches, Marco continua, « L'équipage de Barbe Blanche n'est plus... et cette seconde chance, je ne veux pas la gâcher. Nous étions des pirates, je voulais juste réaliser le rêve de Père, avoir une famille. Mais maintenant je veux m'accrocher à toi, moi aussi. » Il reprit même les mots qu'Ace avait utilisés plus tôt. « Comme une sangsue, c'est bien ce que tu as dit ? » Le rire chaleureux qui résonna dans l'ambulance fut le sien, allégeant un peu l'atmosphère.

« Je ne peux pas les abandonner, je dois y aller. » Le rire de Marco résonne à nouveau, se rendant compte qu'il se répète encore une fois. Il faut dire que revoir Ace, en chair et en os, l'a complètement bouleversé. « Mais si tu crois que je t'aurais laissé seul, tu te trompes. Je veux rester avec toi. Tu as toujours été important pour moi, et tu l'es encore. » Un pas en avant, un pas vers Ace. « Si tu veux voir père ce soir, on ira le voir. Mais si tu préfères qu'on gare l'ambulance et qu'on aille chez moi, alors c'est chez moi qu'on ira. Je n'habite pas loin de l'hôpital, et tu as besoin de te reposer. » Marco inspire profondément, sentant une envie pressante de serrer Ace dans ses bras, de toucher ses cheveux. Mais il se retient. Le temps a une signification différente pour lui, il a vécu bien au-delà de ce que la plupart des gens peuvent imaginer. Il ne veut rien forcer, rien faire qui pourrait rendre Ace mal à l'aise. « Alors, qu'est-ce que tu veux, Ace ? » Quand on regarde bien, la ressemblance avec Roger est frappante. Marco a tout de suite retrouvé les traits du roi du pirate sur son visage la première fois qu'il l'a rencontré.

Marco avait vu Ace s'approcher, comblant le mince espace entre eux, et pendant un bref instant, il y avait cru. Marco, qui pouvait anticiper les mouvements d'un amiral pour se mettre en travers de son chemin, avait presque pressenti qu'Ace l'embrasserait. Mais ses sens l'avaient trahi. Ce moment n'irait pas plus loin qu'un souffle tiède effleurant ses lèvres, qu'un frisson inédit le long de son dos. Ses paupières s’étaient à demi fermées, peut-être surinterprétant également cette tension entre eux. Il fit des efforts pour ne pas céder à la tentation. Depuis la disparition d'Ace, Marco avait eu le temps de réfléchir, de poser des mots sur tous les regrets qu'il avait eus. Jamais il n’aurait imaginé avoir une seconde chance, une opportunité de corriger les erreurs du passé. Il écoutait maintenant Ace, figé, les bras tendus le long de son corps, paralysé par la simple proximité de celui qui lui avait tant manqué. « Tu as toujours été plus que ça toi aussi... et tu méritais de connaître cette nouvelle ère qu'on était sur le point de connaître. » Dit-il un murmure.

Et puis, la chaleur qui s’éloigne, Ace qui recule, et le monde qui reprend sa place autour de lui. Le bruit extérieur s'estompe, et Marco rouvre les yeux. Il n'a jamais répondu aux avances qu'on lui a faites, que ce soit de la part d'hommes ou de femmes, pas même des infirmières du Moby Dick qui auraient volontiers passé du temps à ses côtés. Personne n'a jamais gagné la confiance du Phénix, si difficile à accorder. Qui, à part Barbe Blanche, pourrait l’aimer sans arrière-pensée, sans désirer ses pouvoirs mythiques ? Ace, peut-être, car ils se comprennent. Deux hommes que l'on pouvait si facilement qualifier de "monstres" à l'exception de leur équipage. D’un geste doux mais inattendu, Marco attrape le poignet d’Ace pour l’empêcher de s’éloigner davantage. « Non Ace, tu n'es pas ridicule... Et je n'ai jamais perdu mon temps avec toi, je t'interdis de dire ça. » Sa voix est douce, mais il marque une pause pour choisir ses mots. « Je t’ai perdu sans avoir pu te parler une dernière fois. Est-ce que c’est égoïste de vouloir passer du temps avec toi maintenant, pour rattraper ce qu’on n’a jamais pu avoir ? »

Il le tire doucement vers lui, jusqu’à le serrer contre lui.

« Ces gens ont peut-être besoin de moi, mais moi... j’ai peut-être besoin de toi. Est-ce que ça fait de moi quelqu’un d’égoïste ? »

Les mots étaient enfin sortis. Il avait perdu Thatch, son frère, son meilleur ami, sans jamais avoir eu l'occasion de lui dire ce qu'il avait sur le cœur, et Ace était parti. Marco avait fini par tout perdre, y compris le rêve de construire une famille aux côtés de Barbe Blanche. Il n'aurait pas de regret pour cette seconde chance.

La proximité retrouvée entre eux était différente cette fois-ci. Marco prit enfin ce qu'il désirait depuis un moment. Ace l’avait torturé plus tôt, souffle contre souffle, et cette fois, Marco ne se retint plus. Il se pencha pour l’embrasser, un baiser délicat, presque timide, mais chargé de tout ce qu'il n'avait jamais exprimé. C’était bref, trop bref pour le satisfaire pleinement, mais suffisant pour lui donner envie de plus.

« Reste. » Sa voix était redevenue un murmure, plus proche d’une supplication que d’une demande. Il l’embrassa à nouveau, avec plus d’assurance cette fois, une, deux fois, tandis que ses bras entouraient la taille d’Ace, l’attirant contre lui avec une passion retenue depuis trop longtemps. L’envie était pressante, presque incontrôlable, et sans qu'il s'en rende compte, l’une de ses mains avait glissé jusqu’à la nuque d’Ace. Quand Marco s’éloigna enfin, il était à bout de souffle, ses bras se desserrant lentement.