Wrong direction. Ft. Takeshi Shimotsuki. [TERMINÉ]

Wrong directions

La gare était pleine aujourd'hui, tu scrutais les voyageurs d'un œil méfiant juste au cas où. C'est quand il y a le plus de monde qu'il y a le plus de risque. Un vol passe plus facilement à la trappe. La raison de cette abondance était notamment la présence d'une classe d'enfants qui devaient faire un petit voyage dans la journée. Vous aviez été prévenus par l'école, mais tu n'avais pas été choisi pour faire partie de ceux qui les guideraient et les accompagner. C'est pas seulement dû au fait que parfois tu fais peur aux enfants non, c'est surtout parce qu'ils voulaient éviter que tu perdes une classe entière et qu'ils se retrouvent dans les faits divers. Tu t'en plaindras pas, les gamins t'as jamais su t'en occuper comme il fallait et encore moins comment te comporter avec eux. Faut dire que t'as pas eu beaucoup d’occasions de le faire, mais ça te va très bien comme ça. Quoiqu'il en soit, t'étais là, à regarder, à voir le groupe d'enfants passer avec chahut dans la gare pour rejoindre leur train.

D'un coup, tu vois les écrans se mettre à buguer et ne plus rien afficher. C'était un bon timing étant donné que la gare était en travaux en ce moment et que les bâches couvraient beaucoup d'éléments dont les panneaux par exemple. Il n'a pas fallu longtemps avant que les voyageurs commencent à paniquer, à s'inquiéter et à tourner dans tous les sens. T'étais en train de faire face à ton pire cauchemar alors que tu les voyais chercher quelqu'un pour les aider, les guider. Pas toi, il ne fallait pas qu'ils se tournent vers toi. T'as commencé à te faufiler pour éviter d'être arrêté pour te demander des conseils, mais quelqu'un a fini par te repérer. Alors tu te retrouves là, face à une rouquine qui te dit quelque chose. Tu l'as déjà vue, mais tu ne remets pas de suite. Jusqu'à ce qu'elle parle. C'est LA rouquine !

« Toi ! » Elle a l'audace de te narguer, de se la jouer voyageuse classique alors que tu te souviens bien d'elle. Tu te rappelles l'avoir vu voler dans les poches des autres. Elle était discrète, sa technique était parfaite et tu n'aurais rien vu si toi-même tu n'avais pas eu à voler plus jeune. Rien à voir avec elle cela dit. T'as essayé de la rattraper, mais c'était comme essayer d'attraper un chat qui court. Impossible de lui mettre la main dessus. Mais la revoilà, face à toi. « Tu crois vraiment que je vais faire comme si de rien n'était ? » Pourtant, tu n'as rien contre elle à part ton témoignage. Les vidéos n'ont rien repéré, elle a dû y faire attention. Tu ne peux rien lui faire et c'est ce qui lui donne cette assurance. Mais quelque part, t'es pas sûr d'avoir envie de la punir. Quelque part, t'es impressionné par son talent. Alors tu jures, dans l'impasse avant de reconnaître le numéro du quai qu'elle cherche. « Attends, t'es avec les gosses ?! Me dis pas que t'es instit... » Une voleuse institutrice, ça promet. « En tout cas, t'es plus douée pour voler que pour te repérer visiblement. » Que tu balances avec un sourire en coin. C'est l'hôpital qui se fout de la charité et ça, elle s'en rendra vite compte.

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Wrong directions

Cette voleuse était une vraie peste. Oh tu es pour l'égalité des sexes, tu n'as aucun mal à affronter une femme autant qu'un homme. C'est même un sujet sensible pour toi après ce qu'il s'est passé avec ton amie d'enfance. Elle te cherche et en aucune façon tu voudrais la frapper purement et simplement, tu abhorres ce genre de comportement, mais à cet instant, si vous vous retrouviez sur un ring de boxe, tu ne te retiendrais pas. Elle n'a pas besoin de poings elle, ses mots sont précis et vifs, plus violents qu'un coup de poing dans la gueule et elle te met KO avec une facilité déconcertante. Elle est forte et tu n'as pas besoin d'être un génie pour savoir qu'elle a dû vivre des choses désagréables dans sa vie. Ça ne l'excuse pas cela dit. Elle sait que tu ne peux rien contre elle et elle se fait un malin plaisir de te le balancer à la gueule. Et voilà qu'elle en rajoute une couche, juste histoire de te finir en beauté. Elle doit voir dans ton regard que tu fulmines et elle doit s'en régaler. Mais malgré la colère, tu ne peux pas t'empêcher d'éprouver une sentiment d'admiration. Pourquoi est-ce que tu es aussi impressionné ? Pourquoi est-ce que ça ne te touche pas tant et qu'au contraire, ça te fait l'apprécier ? Ça n'a aucun sens. Cela dit, tu as toujours apprécié les femmes avec du caractère, celles qui ne se laissent pas faire. Ça te la rappelle elle, elle que tu ne dépasseras jamais. Cette voleuse est du même cran.

« Te débrouiller toute seule ? Visiblement, ça t'a bien réussi jusque là. » Elle s'est quand même retrouvée sans sa classe et incapable de retrouver son train. Elle arrivait peut-être à t'étaler avec ses mots, mais au final elle n'était pas plus débrouillarde que toi. Bon, peut-être un peu plus. « Pas question que tu t'éloignes. Je peux peut-être pas prouver ce que t'as fait, mais je te laisserais pas recommencer. » Tu ne la lâcheras pas, pas cette fois, pas alors que tu la tiens. Hors de question qu'elle s'en prenne à d'autres, même s'il ne s'agit que des mieux habillés. T'as remarqué qu'elle ne s'en était pris qu'à ceux qui avaient des moyens, ceux qui l'exhibaient même. Est-ce que c'était intentionnel ? Tu ne pouvais pas le savoir. Tu pointes une direction du doigt. « Allez, c'est par là, dépêche toi si tu veux pas rater ton train. » Et tu la suivras jusqu'à ce qu'elle soit à bord. Le truc, c'est que tu viens de lui donner une direction complètement opposée, même si tu t'en rends pas compte. Vous arriverez tout simplement aux toilettes de la gare, mais ça vous ne vous en rendrez compte chacun qu'en y étant. « N'essaye même pas de m'échapper. » Elle est peut-être douée, mais maintenant que tu l'as à côté de toi, tu sais qu'elle ne pourra pas s'enfuir. Toi aussi t'es doué, plus qu'elle ne le pense.

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Wrong directions

La miss semblait toujours avoir réponse à tout, le genre de femme qui sait toujours se sortir d'une situation et qui n'a jamais rien à se reprocher. Tu te demandais bien comment quelqu'un comme elle pouvait s'occuper d'enfants, comme une femme qui vole et qui tacle sans retenue pouvait gérer des enfants et les mener dans la bonne direction. Tu ne doutais pas de son autorité, clairement, mais de sa patience et sa capacité à repérer le bien du mal. Toujours cette langue acerbe, toujours ce sale caractère. Bon, tu ne la connais que depuis peu, mais tu vois bien comment elle parle, comment elle se comporte. Malgré le fait que tu l'aies aidé. Du moins, tu pensais l'avoir aidé. Tu te rends compte, en même temps qu'elle, que tu l'as guidé jusqu'aux toilettes et tu restes sans rien dire, essayant de comprendre. « Depuis quand les toilettes ont changé de place ? » Non, ce n'était pas ton sens de l'orientation qui ne valait pas un clou, c'était forcément les chiottes qui avaient bougé. Bien sûr, elle te fait la remarque sur ton erreur, mais tu évites tout contact visuel. Tu n'as déjà pas été assez bon pour la guider comme il faut, tu ne voulais pas en plus aggraver ton cas avec sa langue fourchue. Elle commence à s'éloigner et tu te dis que mieux vaut la laisser faire jusqu'à ce qu'elle te lance quelque chose: ton portefeuille. « Sale... ! » La garce, elle te l'avait pris sans que tu t'en rendes compte. Mais étonnamment, ce ne fut pas la colère qui prit place. Son geste t'arracha un sourire amusé. Elle était vraiment douée. Il y a un point, cela dit, que tu remettais en cause. Elle n'était pas mauvaise et tu venais d'en avoir la preuve. Juste chapardeuse.

Tu pensais reprendre ton chemin ou en tout cas, tenter de le retrouver, mais tu vis que la jeune femme était bloquée par un homme plus grand et plus costaud qu'elle. Il semblait en colère et n'étant pas loin, tu réussi à entendre pourquoi. « Toi là, c'est toi qui m'a chouré mon fric, je te reconnais. » Bordel, mais qu'est-ce qu'elle avait fait ? Tu le voyais se préparer, semblant vouloir l'attraper ou la frapper, mais il n'en était pas question. En un bond, tu réduisis la distance entre vous jusqu'à te planter devant la rouquine pour bloquer le poing avec une de tes mains, utilisant l'autre pour le frapper au niveau du ventre. Le coup fit mouche, assez fort pour le pousser à se pencher. La surprise avait aidé aussi. Tu profitas de l'occasion pour attraper sa tête et la diriger droit vers ton genou. L'homme se retrouva à terre et la voleuse, intacte. Tu ne faisais rien de moins que ton boulot après tout. Non, c'était plus que ça. C'était instinctif. Tu ne sais pas pourquoi, mais ton corps avait agi de lui-même. Comme s'il refusait de voir la jeune femme prendre un coup. Comme si tu devais protéger une amie. « Est-ce que ça va ? » Tu ne doutais pas de ce dont elle était capable et vu sa capacité à voler, tu la pensais assez douée pour rivaliser avec un abruti réclamant son argent. Malgré tout, tu te devais de t'assurer de son état. « Celui-là méritait ce qui lui est arrivé. » Chercher à la frapper parce qu'elle l'avait volé, c'était minable. Il méritait de s'être fait voler. Tu utilises ta radio pour appeler un collègue, pour qu'il vienne le chercher et en profite pour demander ton chemin. « Tu vas devoir me supporter encore un peu, juste au cas où. » Tu connaissais la direction désormais et tu t'y avançais avec entrain, sans te rendre compte que c'était déjà dans le mauvais sens par rapport à ce que t'avais indiqué ton collègue. Elle l'avait entendu aussi, il fallait espérer qu'elle soit meilleure que toi en orientation.

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Wrong directions

Le pire avait été évité, la jeune femme était saine et sauve. Elle semble un peu perdue sur le coup, mais pas démontée pour autant. Tu peux pas la laisser seule, au cas où, mais tu n'es pas capable de la diriger, même avec des indications claires et précises. Chacun son talent, le tien c'est de se débarrasser des trous du cul dans la gare. Ses mots t'arrêtent et tu te retournes vers elle qui part déjà dans la bonne direction visiblement. Il ne t'en faut pas plus pour la suivre et tu gardes en tête de ne pas la lâcher du regard pour ne pas te perdre. Même accompagné, ça t'es déjà arrivé de te tromper de chemin. Cinq minutes. Elle ne devait pas le rater. Pas de soucis, tu suivais ses pas en allant à son allure qui semblait pressée. « C'est une simple petite erreur ! » C'est faux et vous le savez tous les deux. Avec les bonnes indications et en laissant la passagère guider, vous arrivez finalement au bon quai. Ce que vous auriez pu faire en deux minutes en avait finalement pris dix ou quinze. Mieux vaut ne pas s'attarder sur le sujet, tu ne préfères pas.

Tu l'accompagnes jusqu'à son train sur le point de partir. Personne d'autre n'était venu l'emmerder et tant mieux. Vous aviez peut-être mis du temps à arriver, mais finalement, tu dois reconnaître que tu t'étais bien amusé. Elle était plus amusante que tu l'aurais cru et ton envie de la coffrer t'étais passé. Tu devrais peut-être y venir à nouveau si elle recommençait, mais pour l'instant, tu te rends compte que t'as simplement passé un bon moment avec elle. Tu la laisses monter dans le train, sûr qu'il ne lui arrivera plus rien maintenant. Quand bien même, elle saurait s'en occuper à n'en pas douter. « Je m'appelle Takeshi. Shimotsuki. Si jamais. » Si jamais quoi ? Tu ne sais pas, mais il avait fallu que tu le dises. Si jamais elle avait besoin d'aide, si jamais elle avait besoin d'un guide pour se perdre encore une fois. Peu importe. Tu restes sur le quai tandis que tu observes le train s'éloigner avec un léger sourire sur les lèvres. C'était une rencontre inattendue, mais que tu ne regrettes pas.

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