William avait abandonné Lizzie très tôt ce matin-là. Elle dormait à poings fermés quand il s’était extirpé du lit. Ne voulant pas la réveiller, il s’était contenté de déposer un tendre baiser sur son front avant de gagner la salle de bain. Le jeune homme bossait moins au bar depuis qu’il proposait aux gens de partir faire un tour en bateau sur le Maverick. Il proposait depuis quelque temps des sorties à des biologistes ne possédant pas de bateaux, ou préférant faire appel à William pour éviter de déranger la faune. Son bateau, le Maverick, un voilier magnifique avait un avantage sur les bateaux à moteur. Il était silencieux. William avait le choix d’utiliser son moteur ou la force du vent, ce qui faisait le plus souvent. Les seuls moments où il utilisait le moteur, c’était pour sortir du port ou quand les vents n’étaient pas de la partie, mais cela arrivait rarement autour de cette île. Il en avait d’ailleurs découvert de nouvelles, elles étaient sorties de terre quelques jours plus tôt, après qu’il ait cru que le monde allait s’écrouler. Par chance, cela n’était pas arrivé. Visiblement, ils avaient eu de la chance… William s’était renseigné et avait appris que les super-héros de l’île s’étaient occupés de la menace qui avait plané sur leurs épaules. Au fond de lui, il aurait aimé leur venir en aide, mais ils n’en avaient pas les capacités. William était un marin, un homme de la mer, il se battait à son niveau, mais ne pouvait pas affronter des menaces comme celles qu’avaient affrontées leurs sauveurs. Il n’avait aucun super pouvoir et aspirait désormais à une vie paisible, après avoir failli finir sa vie en tant que capitaine du hollandais volant. William avait eu peur que tout cela s’arrête, qu’ils ne puissent pas profiter de sa vie avec Elizabeth et de leur enfant a naître, mais heureusement pour eux, tout était revenu dans l’ordre et William était assez curieux de partir visiter les autres îles. Le temps lui manquait cependant et il ne pourrait pas y aller ce matin. Il devait amener plusieurs scientifiques sur une zone bien particulière et ne pourrait donc pas partir pour découvrir ces nouvelles îles. Il sortit de sa maison en silence accompagné de son plus fidèle compagnon, son chien Ice au regard d’un bleu saisissant. L’animal savait parfaitement où il allait et se dirigea directement vers le bateau sur lequel il monta en aboyant, visiblement impatient de prendre la route. Aux environs de 5 heures du matin, le Maverick sortit du port et resta en mer jusqu’à midi avant d’entamer le chemin du retour. Si le temps s’était montré clément pendant la quasi-totalité de la matinée, le retour avait été catastrophique. Malgré sa tenue de pluie, William était trempé et prit la direction du premier restaurant qui se trouvait sur la route, dans l’espoir de pouvoir manger chaud et de trouver un peu de chaleur. Il aurait très bien pu rentrer chez lui, mais Elizabeth n’y était pas, sans oublier qu’il devrait marcher 10 minutes de plus sous la pluie et il n’en avait aucune envie. Il venait régulièrement manger ici, le restaurant accepté son chien, ce qui n’était pas le cas de tous, hélas. Il demanda à la serveuse s’il pouvait s’installer, conscient qu’il se présentait tard, et cru bien devoir rebrousser chemin jusqu’à ce que la voix du chef se fasse entendre et lui sauve la mise. « Merci… » dit-il en s’engouffrant dans le restaurant, suivi par son chien qui ne se fit pas prier. Il espérait que l’odeur de chien mouillé ne dérange pas trop, mais Ice était bien moins humide que son maitre, car lui avait pu s’abriter dans la cabine, pas son maitre. « Qu’est-ce qu’il fait bon ici. » Laissa échapper le marin avant de s’asseoir au bar. « ça ne vous dérange pas pour mon chien ? » demanda t’il poli, ne voulant pas imposer sa présence, même si Ice était le genre d’animal à se faire oublier. « Oh merci beaucoup… » dit-il en réponse à l’homme qui se proposait d’aller lui chercher. « Mes vêtements de pluie n’ont pas tenu, la mer était déchaînée. » Mais il avait ramené tout le monde à bon port et c’était bien le plus important. Il plongea ensuite son regard sur la carte et redressa la tête pour attraper la serviette que l’homme lui tendait. Il le remercia une fois de plus et passa la serviette dans ses cheveux trempés. « Non pas encore, je suis assez indécis ? Qu’est-ce que vous me proposez ? » Autant profiter de la présence du chef pour savoir ce que lui préférait, c’était toujours intéressant. « Je viens assez souvent, mais je n’ai jamais eu l’occasion de vous voir, du coup je suis assez curieux de savoir ce que vous me conseillez. »

@Alexandre Dima

Quel temps… À ne pas mettre un chien dehors. Pourtant, Ice se trouvait fidèlement au côté de son maître. Il avait eu de la chance de tomber sur lui quand il n’était qu’un chiot. À l’époque, il avait déjà le pied marin, car William avait découvert l’animal alors qu’il était encore maudit, sur le pont du Maverick qui à l’époque était encore en rénovation. Maintenant, que William prenait la mer plus souvent, Ice était toujours de la partie et il ne risquait pas de manquer une occasion. Il adorait ça autant que son compagnon à jambes et adorait se prélasser sur le pont ou courir le long du bateau pour observer les mammifères marins. William ne savait pas ce qui fascinait autant son chien quand il se retrouvait face à des dauphins ou à des baleines, mais c’était amusant à observer, même si cela demeurait assez incompréhensible. Heureusement, le brun faisait partie de ce petit groupe de personnes qui appréciait les mystères et qui les aimait non résolu.

La chaleur du restaurant réchauffa William qui était trempé. Il aurait pu rentrer chez lui, mais cela lui aurait valu de marcher sous la pluie et il n’en avait pas le courage. Le temps finirait par tourner, ça arrivait très souvent par ici, la météo était changeante et il fallait tout simplement s'adapter. « Merci, tout le monde ne les accepte pas, je vous promets qu’il ne vous dérangera pas. » Habitué à sortir, Ice se coucha tranquillement contre la chaise de son maître, visiblement lui aussi appréciait de ne plus se mouiller. « Oh super merci » dit-il en acceptant poliment la boisson chaude qu’on lui tendait. Il respira avec plaisir les effluves du café, il adorait ça et il allait particulièrement apprécier celui-ci. William laissa la chaleur de la tasse se répandre dans ses mains, c’était déjà un début pour se réchauffer. « Il s’appelle Ice. » A l’énonciation de son prénom, le chien redressa la tête, mais comprenant que son maître ne lui parlait pas directement, il baissa la tête et la reposa sur ses pattes. « Parfais, faisons ça ! » Dit-il avant de rajouter en plaisantant. « Je n’ai jamais été déçu en venant manger ici, je prends le risque. » Il avait vécu des aventures bien plus dangereuses, enfin à part si ce plat l’amenait à visiter les tréfonds de l’océan, mais William en doutait.

Il but tranquillement son café pendant que le patron du resto s’occuper de préparer le plat. Rapidement, des effluves lui parvinrent de la cuisine et il sentit son ventre se tordre, il avait faim, c’était peu de le dire. « Pas vraiment, j’ai une entreprise de whale whatching, j’amène des gens voir les baleines et les dauphins qui vivent près de chez nous. Il m’arrive aussi de travailler pour des chercheurs et de les amener en mer, comme aujourd’hui. » Ils étaient d’ailleurs tous partis en courant dans leur voiture, une fois que William avait amarré le Maverick au port. « Je suis en train d’ouvrir en parallèle une entreprise de coutellerie. » Il venait de commencer les démarches et pour le moment ça se passait assez bien. « Et vous ça fait longtemps que vous êtes cuisinier ? » William se redressa pour laisser plus de place à l’homme qui lui faisait face. « De l’eau, ça sera très bien. » Il buvait parfois, mais c’était assez rare. « Merci. Ça a l'air délicieux » Il se servit avant de tendre la cuillère au cuistot. « Je m’appelle William et vous ? »
@Alexandre Dima

L’humidité s’était infiltrée dans chacun de ses vêtements et avait humidifié sa peau. Le froid avait commencé à s’emparer de son corps, mais depuis qu’il se trouvait dans le restaurant, son corps se réchauffait doucement. Il savait qu’il ne devait pas trainer pour éviter de finir malade. L’océan ne faisait pas de cadeaux, même à lui, qui avait été un temps une de ses créatures. Pendant un bref instant, il se rappela de ce que ça faisait d’être le capitaine du hollandais volant, mais bien rapidement cette image se brouilla et Willam retrouva sa nouvelle réalité. Ici, il était loin de tout ça, il avait eu de la chance et était bien décidé à en profiter. De son ancienne vie, rien ne lui manquait, si ce n’est la présence de son père, maudit lui aussi sur le pont de sa navire fantôme. Il avait tout ce qu’il voulait ici, un contact avec l’océan, sa femme, un enfant à naitre et même un nouveau compagnon de vie qui se trouvait sous ses pieds et qui dormait paisiblement, roulé en boule. Ice le suivait partout et William n’allait jamais dans les endroits qui refusait l’accès à son chien. Il faisait partie de la famille et le suivait donc où qu’il aille. « C’est super, merci. C’est pas toujours facile à trouver. » Certaines personnes n’aimaient pas les chiens, William le comprenait et ne cherchait pas à leur imposer la présence d’Ice. Cela le limitait assez dans ses déplacements, mais il s’y était habitué et faisait avec. « C’est un chien marin… » dit-il d’une voix amusée avant de rajouter. « Parfois je crois qu’il aime plus ça que moi. » Il suffisait de voir la joie avec laquelle il montait sur le bateau pour le comprendre ou son excitation dès qu’il voyait un souffle apparaitre à l’horizon. Ice était sans doute son meilleur détecteur à cétacés, un collègue de choix dont il ne pouvait plus se passer.

Il redressa la tête vers son interlocuteur quand il se mit à lui parler de couteau. William n’avait pas vraiment réfléchi au fait qu’il pourrait trouver de la clientèle chez les restaurateurs. Ce qui était assez stupide, parce qu’ils étaient des clients de choix. Pour le moment, il était encore en train de bosser son projet et tomber sur quelqu’un intéressé était une chance. « Oui j’ai pas mal travaillé le métal dans mes jeunes années… » Des couteaux bien entendus, des haches aussi mais surtout des épées. Ici, il était quasi certain de ne pas vendre ces dernières, mais il savait que les couteaux étaient devenus pour certain presque des œuvres d’arts. «  Si vous êtes d’accord, on peut peut-être travaillé ensemble pour lancer une gamme de couteau de cuisine, je ne suis pas assez au fait de ce que vous recherchez, j’aurais bien besoin d’aide… » Il pouvait les tester, lui dire ce qu’il devait améliorer ou garder pour réussir à créer des couteaux d’exceptions. William ne faisait jamais rien de médiocre, on lui avait appris à toujours rechercher la perfection, c’était important pour lui dans son travail. Attentif, William écoutait son interlocuteur, curieux de nature, il avait toujours aimé découvrir les gens et appréciait toujours entendre des histoires de famille. « C’est donc une histoire de famille… » laissa t’il échapper en passant sa main dans sa tignasse encore humide, mais bien moins mouillé depuis que le cuistot lui avait offert une serviette pour qu’il se les sèche.

William ne se fit pas prier pour plonger sa fourchette dans le plat fumant, il en prit une bouchée, puis deux. Il était affamé et s’il avait été seul, il ne se serait surement pas arrêté avant d’avoir tout terminé. « C’est délicieux. » Et salvateur quand on était trempé jusqu’aux os. « C’est quoi ? » demanda t’il curieux avant de se servir en verre d’eau. Il aurait pu prendre du vin, mais vu son état, il préférait éviter. Sans oublier qu’il buvait assez rarement et toujours avec modération… Quand on a vécu non loin de Jack Sparrow pendant quelques temps on apprend rapidement à s’éloigner des bouteilles, en particulier celles qui contiennent du Rhum. « Pas de souci, on peut se tutoyer. » dit-il en replongeant sa fourchette dans le plat pour déguster une autre bouchée. « La prochaine fois que je viendrai, j’amènerai ma femme, elle va adorer. » Il en était certain. Peut-être même qu’elle était déjà venu, mais ils n’avaient jamais aborder ce sujet lors de leurs conversations.  
@Alexandre Dima