-”Irena…C’est… C’est pêché ce que tu fais.. Si Margaret apprend ça…Elle va être très en colère.” Marmonne Lucy, dans sa barbe, alors que son amie termine de se changer dans une ruelle sombre pendant qu’elle monte la garde. Irena enfile son costume par-dessus sa tenue de sport et arrange le voile sur sa tête pour qu’aucun cheveux ne sorte avant de lever les yeux au ciel et de mettre dans les mains de la blonde un sac de sport sombre. -”Ce que Margaret ne sait pas, ne peut pas lui faire de mal. Deuxièmement, elle ne saura rien si TU ne dis rien… Et troisièmement, ce n’est pas pêché, c'est pour les enfants…Si dieu n’aimait vraiment pas mon plan, il m’aurait empêché d’enfiler cette tenue…” La blonde soupira. -”Tu sais bien que ça ne marche pas comme ça.. Tu dois dire tes vœux dans moins de six mois…” Irena s’arrêta et posa un doigt contre le front de l’autre jeune femme. -”Écoute, on passe notre temps à nous dire que la colère de Dieu, on doit la craindre… Je n’ai jamais vu personne être foudroyé sur place… Et ensuite… Tiens-toi à l’écart et arrête d’avoir l’air si stressé ! Burk.. Cette tenue ne me va pas du tout…” Dit-elle en voyant son reflet dans une vitrine. Enfin, tant pis, elle avait une mission et elle s’y tiendrait. Elle se mit en marche, elle savait où se trouvait le bureau de l’homme qu’elle traquait et elle avait plus ou moins réfléchi à un plan pour l’approcher. Le costume était en réalité une grande partie de ce plan.

Elle sourit quand elle vit la voiture, elle l’avait déjà remarqué, une Bentley noire, qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour faire ronronner le moteur. La jeune femme attendit que sa cible sorte de sa voiture et lui sauta dessus. Le gorille qui servait de garde du corps l’arrêta. Elle posa son regard de velours sur lui en lui souriant, quand elle entendit les paroles de son patron. Elle rit un peu et tira la langue au chauffeur avant de faire un pas vers sa cible. -”Irena… Ce sera bien suffisant. Pouvons-nous entrer ? Je meurs de chaud. Et je dois vous parler d’un sujet urgent.” Elle sourit, donnant à son visage un air angélique. -”Voyez-vous, moi et mes sœurs, offrons toute l’aide possible à toutes personnes en ayant besoin. Hors… Depuis quelque temps, la vie des personnes dans la rue est devenu… Un véritable enfer. Excusez-moi du choix de mot.” Elle fit mine d’être horrifié. -”Des femmes, abusées, parfois jeunes… Des enfants… Ils vivent dans la rue pour différentes raisons, mais une seule cause.” Elle pointa sur le politique un doigt accusateur. -”Vous.” Elle s’approcha pour que la pulpe de son doigt ne s’appuie contre le torse de l’homme. Hooo… Il était beaucoup plus beau et musclé que ce qu’elle avait imaginé en le voyant à la télévision. Elle avait envie de ronronner et de se coller dans ses bras. Peut-être plus tard, elle avait autre chose à faire. -”La politique, vous aidez les riches, vous aidez ceux qui ont déjà tout, mais les écoles ? Les hôpitaux ? Savez-vous combien de prostitués, hommes ou femmes, sont agressés dans les rues de cette île ? Et sans que personne ne lève le petit doigt ? Savez-vous combien d’enfants vivent dans la rue par manque de suivie des policiers ou des services sociaux ? Je sais que vous faites campagne. Quelque chose en rapport avec des héros ? Mauvais combat. Ces gens dans la rue, encore hier, mon ordre a trouvé sur son pallier un nourrisson abandonné par une mère qui vivant dans la rue ne pouvait donner à son fils une vie. Je ne demande pas un miracle… Je demande que cette ville donne à tous le droit et la chance de vivre une vie décente, sans avoir à vendre sa dignité ou sa vie.” Se rendent compte que son doigt n’avait pas quitté le torse de l’homme, elle laissa retomber sa main. Elle mourrait de chaud. Elle allait finir par tomber dans les pommes. -”J’ai bien évidement plus que mes accusations et mon sourire. J’ai des preuves de ce que j’avance.” Elle sourit un peu en montrant dans sa main gauche une clé USB. -”Vous m’invitez dans votre bureau ?” Oui, s’il vous plait, avant de devoir la ramasser sur le sol. Quoique.. Se serait une bonne raison d’être dans ses bras. Depuis quand l’uniforme était si chaud ? Encore une raison de ne pas dire ses vœux.

Il parlait. Il parlait beaucoup, et il parlait bien. Après tout, c’était son fonds de commerce. Qui pouvait lui en vouloir de bien s’exprimer ? Mais Irena n’était pas dupe. Bien qu’une partie de son esprit soit captivée par ses paroles, l’autre partie restait complètement détachée, vagabondant ailleurs. Elle observait ses lèvres bouger, certes, mais les mots qui en sortaient l’ennuyaient profondément. Elle imagina alors ses lèvres occupées à toute autre chose. Cette pensée fugace la fit sourire tandis qu’elle revenait au moment présent. Elle haussa les épaules avec désinvolture. "Vous avez votre discours tout prêt pour vous faire élire, mais, malheureusement, cela ne m’intéresse pas," déclara-t-elle, d’un ton léger mais ferme. Il y avait bien autre chose qui l’intéressait, mais elle n’était pas venue pour cela. "Vous n’auriez rien de plus rafraîchissant à offrir ? De l’eau, si vous n’avez rien d’autre…" Elle accompagna sa demande d’un sourire espiègle.
Irena se leva et fit le tour du bureau, effleurant du bout des doigts le bois lustré des meubles. Elle laissa échapper un léger rire cristallin. "Vous dominez la ville depuis votre tour d’ivoire. Comment pouvez-vous prétendre savoir ce qu’il se passe en bas ? Faites-vous parfois des bains de foule ?" demanda-t-elle, la malice scintillant dans ses yeux. Son regard fut attiré par une photo de famille posée sur le bureau. Elle prit le cadre délicatement pour l’observer de plus près. Le couple était très beau et l’enfant absolument adorable. Elle reconnut les traits de l’homme qui se tenait devant elle. "Mignon. Vous avez le même regard que votre père," remarqua-t-elle en reposant le cadre avec précaution.
Un soupir léger s’échappa de ses lèvres alors qu’elle prenait une décision intérieure. "Je vais vous montrer, mais avant..." murmura-t-elle, énigmatique. Elle attrapa le bas de sa robe et la fit glisser au-dessus de sa tête dans un mouvement fluide, la roulant en boule avant de s’étirer langoureusement. "Haaa, voilà. Bien, passons aux choses sérieuses maintenant," annonça-t-elle, son attitude mêlant assurance et détermination. Irena se sentait prête à entrer dans le vif du sujet. Elle glissa sa main dans la petite poche de son legging de sport et en sortie une clé USB. Elle la montra à l’homme et s’approcha de l’ordinateur avant de brancher sa clé.

-”Bien… Je vous préviens, certaines sont prises… Sur le vif… Alors… Ne soyez pas trop… Dégoutés.” Elle lança le diaporama. -”Voici la première, vous voyez cette gamine-là ? Dans le fond de la photo ? Elle fait partie d’un groupe de SDF, ils se font appeler la famille… Diriger par un homme violent, avec sa “compagne” qui change régulièrement, ils prennent sous leurs ailes des gamins paumés entre 10 et 18 ans… Ils leur offrent ce qu’ils n’ont pas et se servent d’eux pour voler… Et parfois, ils abusent d’eux ou les laissent aux plus offrant.” Elle continua. -”Ici des flics… Qui s’amusent avec ce pauvre gosse qui a volé dans un magasin… Ils l’auraient sûrement battue pendant un moment… Si je n’étais pas intervenu.” Elle lui coula un regard. -”Je ne suis pas sans défense.”

Et la liste continua, encore et encore. À la fin… Elle se recula un peu, fit un tour complet sur elle-même pour observer la décoration derrière le bureau avant de se reculer pour s’asseoir sur le tablier du bureau. -”Qu’allez-vous faire ? Vous voulez réduire le pouvoir de ses hommes ridiculement sexy en collant… Certes. Mais parfois, il n’y a qu’eux pour intervenir.” Elle croisa les jambes et l’observa longuement. -”Monsieur Douglas, vous devriez aussi faire du tri dans l’administration, parce que la corruption est la plus grosse gangrène… Avant de vouloir vous attaquer au bal masqué… Occupez-vous de ceux qui vous tournent autour et qui ne cherchent que plus de pouvoir.”

Petit sourire mutin aux lèvres, elle saisit avec élégance le verre à pied qu’on lui avait tendu, savourant le tintement cristallin des glaçons qui s’entrechoquaient dans le liquide transparant. Ses doigts fins, caressèrent distraitement la surface lisse du verre. Elle ancrait maintenant son regard sombre, magnétique, dans celui tout aussi ténébreux du politicien debout en face d’elle. Sans se détourner de ses prunelles obscures, elle porta lentement le verre à ses lèvres, les effleurant à peine avant de boire, chaque gorgée marquée par une tension palpable, presque électrique. Quand elle eut fini, elle laissa le verre descendre en un mouvement fluide et maîtrisé. Elle glissa lentement son pouce contre ses lèvres pour en chasser les dernières gouttes, le geste empreint d’une sensualité étudiée, calculée. Un sourire carnassier, presque félin, étira ses lèvres, dévoilant la maîtrise absolue qu’elle avait de la situation. “Disons que je sais d’expérience comment faire entrer mon… message… dans… l’esprit… d’un homme.” Sa voix était douce, mielleuse, chaque mot dégoulinant de sous-entendus. Son sourire de chat devant un bol de crème ne la quittait pas, étincelant de malice et de contrôle.

Elle reposa le verre avec nonchalance sur le bureau en bois verni, le son sourd du verre rencontrant la surface ajoutant une ponctuation discrète à sa déclaration. Puis, sans se presser, elle se bascula un peu sur le bord du bureau, laissant ses jambes graciles se balancer dans le vide. Elle ferma les yeux une demi-seconde pendant qu’il parlait, avant de se redresser, toujours assise sur le bureau. “Pourquoi en voulez-vous autant à ses superbes éphèbes en collant ?” Elle sourit un peu. “Ils sont certes au-dessus des lois… Mais les lois sont faites pour êtres contournés non ? Ces gens sont incontrôlables. Mais je serais ravi d’entendre vos propositions à la télévision pour mettre en laisse un homme tel que Superman… Croyez-moi, je serai la première intéressée par ce type de pouvoir…” Elle tendit la main et attrapa doucement la cravate de l’homme qu’elle enroula doucement autour de son poignet gracile. “Ho..Madame Douglas va donc avoir besoin de protection à ce qui me semble.” Elle sourit et continua. “Allez au fond des choses hein ?” Elle laissa un petit rire sortir de ses lèvres et elle relâcha la cravate qu’elle lissa d’un coup de paume. “Vous voulez donc vous servir de moi, pour servir votre intérêt… Charles… Ce n’est pas comme ça qu’on traite une dame.” Elle sauta du bureau d’un coup de reins rapide et repris sa marche dans la pièce. Elle tournoya sur elle-même, sa crinière noire créant une auréole autour de sa tête. “Comprenez ceci… Charles. Je ne suis pas une femme faible qui attend que les hommes mènent ses combats.” Elle glissa sa langue mutine sur ses lèvres. “Mais soit… Je peux vous accepter comme…. Comment est-ce le nom de cet enfant en short qui se bat au côté du chevalier noir ? Ha oui.. Vous pouvez être mon Robin si vous voulez. Vous seriez adorable en short.” Dit-elle dans un nouveau petit rire. “Je dois cependant vous mettre en garde.” Et son regard se fit plus sérieux. “Dans moins de six mois, je ne serais plus libre de mes mouvements, enfermer par un serment entre les murs d’un couvent…” Quelque chose dans son attitude changea et la perte de liberté future se lut sur son visage. “Je ferais donc tout, pour que mes contacts gagnent votre confiance. Cependant, ce sera vous. Et pas un garde du corps ou un intermédiaire.” Elle revient vers lui, si proche qu’elle pouvait compter ses cils. “Je vous aiderais jusqu’à la fin de ma liberté, mais vous devez me jurer de continuer le combat… Charles. Vous, pas un garde du corps, pas un policier. Vous-même…” Elle remonta sa main pour revenir attraper sa cravate entre deux doigts. Alors que son autre main, beaucoup plus discrète, venait voler les papiers de l’homme. “Regardez-moi dans les yeux, Charles. Et Jurez-moi que vous mènerez ce combat vous-même. Sans intermédiaire et peu importe ce que cela vous coûte. Ou à moi.” Elle sourit, la cravate toujours dans sa main. “Jurez le sur ce que vous avez de plus cher et de plus précieux. Jurez-le sur votre vie.” Son autre main avait son butin et elle fit discrètement glisser la carte dans son legging. “Je suis sur la piste d’une femme terriblement dangereuse. Une femme qui fait surement partie de votre entourage d’ailleurs, qui se fait passer pour la présidente d’une association qui vient en aide aux femmes battues. En réalité… Elle les vend au plus offrant, les utilisent comme monnaie d’échange. Je veux la voir tomber avant de devoir entrer dans les ordres. Et je vais vous y aider. Mais vous devez aussi savoir une chose.” Elle se recula d’un pas sans lâche la cravate. “Parfois, il faut jouer avec les règles de ses ennemis… Pour les faire tomber.” Elle tira d’un coup sec sur la cravate pour le faire tressaillir. “Êtes-vous prêt à tout ?”