crépuscule du soir • ft. ilian

La colère. Le défaut mortel d’Ilian. Il ne sait pas pourquoi, il ne comprend pas, mais il est toujours en colère. En colère contre les autres, contre le monde, contre la vie, le soleil qui brille, la pluie qui mouille, la mer qui se déchaine, le sable qui gratte et contre lui-même. Il est tellement en colère contre lui-même que parfois, il en vient à se détester. Pas de temps en temps. Tout le temps. Il se hait d’avoir tué ce gosse. Oui, certes, il n’était qu’un gosse aussi, mais c’était toujours un meurtre. Au troisième degrés, avait dit son avocat, il n’avait pas voulu sa mort. Et pourtant, s’il devait être honnête seulement une seconde, dans le fond, il l’avait poussé plus fort que la situation l’exigé. Peut-être qu’il était seulement un monstre en devenir et que si on ne l'avait pas arrêté à l’époque il aurait fait un carnage. Le foyer avait été un enfer, pas pire que la prison surement, mais un enfer tout de même. Et il n’avait rien fait pour améliorer son quotidien. Il n’avait été sympa avec personne, se renfermant sur lui-même. Il y avait bien eu Ambrose, il était ce qui s'était le plus rapproché d’un ami. Même si Ilian ne lui avait jamais dit pour le meurtre. Ni même pour son homosexualité qu’il cachait et qu’il n’assumait pas. Se privant de toutes les expériences des jeunes de son âge. Mais Ambrose était quand même un ami. Autant qu’il était possible d’être ami avec Ilian qui ne s’ouvrait pas. Sur pas grand-chose. Lui tirait un sourire était un exploit et en savoir plus sur lui digne des plus grands héros grecs.

Alors quand en sortant du travail, il avait reçu un sms d’Ambrose, il était resté un moment sur le trottoir à regarder l’écran de son téléphone. D’ailleurs, il n’avait même pas répondu. Il ne savait pas quoi dire. La dernière fois qu’ils s’étaient vus… Non, il n’avait pas envie de penser à la façon monstrueuse dont il avait traité son ami. Sa colère une fois encore avait explosé. Il grimpa dans le bus et s’assit dans un coin, le sms flottant dans un bout de son esprit, ses mains cachés dans ses poches.

Ilian une fois chez lui hésite longuement, une cigarette, une douche, une cigarette… Il finit par sauter dans des vêtements plus ou moins propre avant de quitter son palace et de se rendre au jardin botanique. Il n’en a pas très envie, mais il doit au moins s’excuser auprès d’Ambrose. Il l’a déjà fait, mais peut-être que ce n’était pas suffisant. Il entra dans le jardin botanique, observant alentour. C’était la première fois qu’il entrait ici, il trouvait cet endroit légèrement féérique, même si c'étaient des mots qui ne sortiraient pas de sa bouche. Le foyer lui avait appris qu’un homme ne devait pas dire ce genre d’âneries. Mais c’était beau, calme et il s’y sentit bien. Même s'il n’y connaissait pas grand-chose en plante et que pour lui une fleur était une fleur. Ilian, mit quelques minutes à trouver Ambrose dans ce labyrinthe vert et il finit par approcher lentement. Un peu honteux. Il pencha la tête quand il l’accueillit avec un café. Il tendit la main, attrapa le gobelet. En effet, c'était froid. Mais peu importe finalement. -”C’est pas grave…” Il avait bu pire que du café froid. Il fit tourner le gobelet entre ses doigts sans rien ajouter. Il n’était pas bavard, Ambrose n’était pas bavard… Heureusement, le lieu était assez beau pour occuper les yeux. Alors que le silence commençait à s’éterniser et se rendant compte que ce n’était pas polie pour son ami qui l’avait invité et offert un café, même froid, il souffla pour prendre la parole. -”Tu veux qu’on parle de nouveau de mon coup de sang ? Je suis désolé… Je… Je suis désolé.” Il n’avait rien de plus à dire. Désolé