Je te l'avais bien dit - Jeremy

Date d'inscription : 02/06/2024

Je te l'avais bien dit

Ses vrais souvenirs avaient regagné son esprit en pleine nuit, ils l’avaient inondé sans aucune considération pour elle. Tout lui était revenu : les douleurs, les joies, les pertes, les nouvelles alliances, les défaites et les victoires, puis la solitude. Harper s’était effacée pour laisser place à Nasuada. Elle s’était réveillée en sursaut dans sa chambre, dans les bras d’un homme. Sur le coup de surprise, elle s’était reculée dans le lit, prise de panique. Jamais de sa vie, elle n’avait partagé la couche d’un homme. C’était impensable, inimaginable même. Nasuada se devait de conserver sa chasteté jusqu’au jour de son mariage, mariage qui risquait d’ébranler le monde tant il était important. Elle avait toujours tout fait pour en retarder l’échéance, pour ne surtout pas faire de choix. S’il y avait une chose qu’elle espérait préserver, c’était son intimité et son cœur. Hélas, au fil des mois, la pression se refermait sur elle et peu à peu, Nasuada commençait à perdre espoir. Elle savait que son rôle de reine lui demeurait bien plus de concessions que celle qu’elle avait déjà consenti en tant que chef des Vardens, mais parfois, il lui arrivait de se demander si elle avait fait le bon choix. Si donnait toute sa vie à la cause était la solution. Elle prit une grande inspiration, puis une seconde et doucement elle arriva à reprendre une respiration presque apaisée. Son regard se posa sur l’homme qui dormait à ses côtés et elle esquissa un léger sourire. Ses souvenirs étaient mélangés avec ceux d’Harper, elle se souvenait de tout ce qu’elle avait vécu avec Jeremy et aurait sûrement fuit le lit si elle ne le connaissait pas sous un autre nom : Murtagh. Il dormait paisiblement et elle l’observa pendant quelques secondes en sachant ce que cela représentait pour lui. Depuis qu’elle le connaissait, il n’avait sûrement jamais dû passer une nuit comme elle-ci, pas dans leur monde en tout cas. La vie de Nasuada n’avait pas été facile, mais celle de Murtagh était remplie de haine et de colère qu’il avait réussi à combattre malgré tout. C’était un survivant… Même s’il ne voulait pas l’entendre. Elle ne savait pas pourquoi elle était tombée amoureuse de lui, sa mère lui avait toujours dit que l’amour ne s’explique pas, qu’il n’y aucun règle et bien souvent, il vous surprend vous-même. C’était un peu le cas pour Nasuada qui s’était entiché du fils de Morzan, le parjure. Cela équivalait à aimer le fils du pire ennemi de son peuple et pourtant, cela n’avait rien entaché à ses sentiments, même pas après les séances de torture qui lui avait infligé. Elle l’avait pardonné, parce qu’il n’avait pas eu le choix, elle l’avait compris et accepter. Ce qu’elle avait moins accepté par contre, c’était de le voir partir sans lui donner la moindre nouvelle. Elle savait qu’il en avait besoin qu’on lui avait trop pris et qu’elle ne pouvait rien lui demander, mais cela n’avait pas empêché sa colère. Sans Murtagh, Eragon et Arya, Nasuada s’était sentie terriblement seule, mais le destin lui avait offert Fryda sa dragonne. Son cœur manqua un battement puis un deuxième jusqu’à ce qu’elle porte sa main à ses yeux. La marque des dragonniers y était toujours présente et au fond d’elle, elle ressentait la présence de sa dragonne. C’était lointain, mais présent. La jeune femme laissa échapper un soupir de soulagement avant de s’extirper du lit pour sortir de la chambre en catimini. Elle était incapable de se rendormir après ce qu’elle venait de comprendre, encore moins avec Murtgah à côté d’elle, elle ne voulait pas lui mentir, mais comment lui avouer la vérité. En avait-il conscience ? Où se croyait-il dans la vie d’un autre ?

°°°°°°

Elle ne chercha pas plus loin les jours suivants et reprit ses habitudes et le quotidien d’Harper. Elle aimait la tranquillité de cette vie et elle qui avait toujours aimé les chevaux pouvaient enfin en profiter sans qu’on ne lui interdise. Dans son monde, elle avait passé la plupart de sa vie sous terre, loin de tout. Aujourd’hui elle pouvait profiter du plein air, des chevaux, du cinéma ou d’autres choses comme manger des sushis. C’était tellement loin de tout ce qu’elle connaissait que parfois elle avait du mal à se dire qu’il s’agissait de sa nouvelle réalité. Nasuada s’était rendu au bureau du TVA en ville, elle avait appris l’essentiel des choses à savoir. Sa réalité s’était écroulée, comme beaucoup d’autres, elle était une réfugiée du multivers. Le multivers… Elle avait encore du mal à accepter son existence… Mais d’après ce qu’elle avait compris, il existe de multiples terres, bien différentes les unes des autres et celle ou elle vivait s’était écroulé comme un paquet d’autres. Dans sa malchance, elle n’était pas arrivée seule ici, Murtgah était avec elle, sauf qu’il ne se rappelait de rien. Elle se voyait mal glisser dans la conversation, durant leur soirée télé, qu’il était originaire d’un autre monde et que c’était son père qui par colère lui avait fait cette marque dans le dos, qu’il était dragonnier et un très bon d’ailleurs et qu’après avoir été soumis à un tyran, il avait réussi à reprendre sa liberté. En fait, elle ne savait même pas si elle voulait lui dire la vérité, parce qu’elle le voyait heureux dans la vie de Jeremy, et elle aussi l’était dans celle d’Harper. Elle aurait pu se contenter de ça, mais elle avait de plus en plus de mal à lui mentir… Parce qu’elle savait que l’homme qu’elle connaissait, aurait aimé savoir la vérité.

« Tu ne devrais pas le monter… » Laissa t’elle échapper tout en brossant Titan qui ne bronche pas d’une oreille. « Ses gens sont fous… et Scapin a besoin d’être rééduqué, il n’a rien connu que la cravache et les coups dans les flancs, faut tout reprendre avec lui… » Harper et maintenant Nasuada était du genre à prendre son temps avec les chevaux, elle pratiquait l’équitation éthologique… Elle passait énormément de temps à pied et cela payait. Jeremy n’avait hélas pas cette chance, il était payé pour écouter le directeur de l’écurie et cet abruti ne pensait qu’à l’argent. « Tu veux que j’aille lui parler ? » demande t’elle, mais Jeremy est têtu et ne l’écoute pas. Nasuada roule des yeux avant de le regarder s’éloigner et elle lui crie « Mets une bombe au moins ! » Puis elle détache la longe de Titan pour le ramener au pré. « Dragonnier ou cavalier, mais toujours aussi buté ! » Laisse t’elle échapper rien que pour elle tout en gagnant le pré ou Pompon un vieux shetland attend son meilleur copain. Les deux sont inséparables. Nasuada a juste le temps de lâcher Titan dans le pré qu’elle entend un gros bruit en direction de la carrière. Scapin galope comme un fou, ces rênes se sont prises dans ses antérieurs. Murtagh lui se trouve au sol contre une des barrières de la lice. Une peur vieille comme le monde envahit la poitrine de Nasuada et la comprime. Elle s’élance vers lui et se laisse tomber dans le sable. « Murtgah ! » Elle se pince les lèvres avant de se rappeler qu’elle n’est pas en face de l’homme qu’elle a toujours connu, mais de Jeremy… « Je t’en prie répond moi. » Une vilaine plaie lui barre la tête. Elle lui avait pourtant dit de mettre une bombe. S’il s’en sort, il va entendre parler d’elle. Sans perdre son temps, la jeune femme attrape son téléphone pour composer le numéro des urgences. Son appel est vite pris en charge et elle raccroche le téléphone pour reporter son attention sur le brun toujours au sol. « Tu m’entends ? » lui demande t’elle tout en glissant sa main dans la sienne pour la serrer avec tendresse. « Les pompiers arrivent. » précise t’elle dans l’espoir qui puisse l’entendre et rester avec elle.

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Je te l'avais bien dit

@Harper Carpenter @Jeremy Bayer

Après plus d'une heure de discussion sérieuse avec Scapin, la dernière acquisition un poil chatouilleuse d'un de ces propriétaire plein aux as qui achète un cheval sur papier sans même savoir la robe qu'il a, j'ai fini par réussir à seller l'étalon gris cendre, à force de caresses et de flatteries.

« Tu ne devrais pas le monter… »

Pas besoin de tendre l'oreille pour savoir à qui appartient la voix mélodieuse, même chargée d'inquiétude, qui s'élève depuis un box voisin.

« Ses gens sont fous… et Scapin a besoin d’être rééduqué, il n’a rien connu que la cravache et les coups dans les flancs, faut tout reprendre avec lui… »

Je passe le filet autour de la tête du cheval, abandonnant l'idée du hackamore pour un mors simple, et après avoir réglé le tout pour le lui rendre le plus confortable possible, je passe les rênes par dessus ses oreilles pour le mener en main. Réflexe immédiat, piaffer en relevant la tête, comme si j'allais le frapper. Harper n'a pas tord sur ce point, ce cheval a totalement besoin de reprendre confiance en l'humain avant de songer à le faire travailler.

"C'est bien pour ça que je préfère que ce soit moi qui le monte plutôt qu'un autre. J'ai récupéré trop de chevaux passés dans les mains de certains dresseurs de notre connaissance, et ils n'étaient pas aussi traumatisés que lui au départ. Ca va être à lui de nous accorder assez de confiance pour faire un pas vers nous."

Je flatte l'encolure du cheval, en apparence calme, mais la fine pellicule de sueur que je sens sur son poil et sa manie de grincer des dents me prouve aisément le contraire.

« Tu veux que j’aille lui parler ? »

Mon regard suffit à dire sans mots ce que nous savons tous les deux. Que ça ne servirait strictement à rien, et pire, que ça desservirait et nos intérêts et ceux de Scapin. Je me contente de lui voler un baiser rapide en passant, récupérant mon Stetson avant de le poser sur mon crâne juste quand elle me dit de mettre une bombe. Ca, c'est un truc que j'ai pas fait depuis mes quinze ans.

Je fais tout d'abord marcher l'étalon en main le long de la carrière, lui permettant d'appréhender son environnement et les endroits qui pourraient éventuellement le faire paniquer, me disant en moi-même que si le chat a la bonne idée de jaillir du rosier qui pousse dans un angle comme un zébulon, j'en ferai du pâté. Une fois cela fait et le grison marchant d'un pas moins cahoteux à coté de moi, je l'arrête pour le ressangler avant de mettre le pied à l'étrier, non sans cesser de lui parler et de flatter son encolure. S'il recule d'abord, rétif, il finit ensuite par accepter d'avancer, m'emmenant dans un trot totalement désordonné. Ne comptant pas le braquer, plutôt que de tenter de le ralentir à tout prix, je le laisse aller, lui offrant cependant assez de soutien dans les rênes pour qu'il régularise un peu son allure.

Une méthode qui semble faire ses preuves, même si le galop a remplacé le trot, mais hormis sa fuite en avant, il ne tente pas davantage de me résister. Au moins jusqu'à ce qu'un vol de pigeons passant au dessus de nous ne me fasse tiquer, à peu près une demi-seconde avant que je ne ressente le changement notable dans l'allure de ma monture, qui ne s'appuie plus sagement sur son mors, mais secoue la tête en tous sens, jusqu'à ce que ses foulées se changent en réels sauts de mouton. Je sais tenir à cheval, ok, mais je n'ai jamais été un champion du rodéo non plus.

Si je vois le sol m'arriver dessus? Je sais que je tombe, c'est sur, mais les chutes, hormis de 25 étages j'imagine, c'est jamais vraiment descriptible. On tombe, point, surtout quand on reste dans les vapes suite à la dite chute.

Thorn, Nasuada, Eragon, Nasuada, Thorn, l'Alagaesia, Galbatorix... tout me revient si clairement que je me demande comment j'ai pu l'oublier. Ma chute en revanche... soyons honnêtes, la dernière chose dont je me rappelle c'est d'avoir convenu de monter Scapin aujourd'hui. Hier? Et Harp... Nasuada... leur ressemblance n'est elle qu'un hasard ou sont-elles une seule et même personne? J'ai bien assez mal au crâne pour ne pas réfléchir davantage.

"Nasu..." Je fronce les sourcils, tentant ensuite d'ouvrir les yeux pour les refermer aussitôt. "Il va falloir que nous arrêtions de nous retrouver de la sorte. Toi à mon chevet et m..." La pensée des évènements de la fois précédente, après mon combat face à Bachel et ses sbires, me voit pris d'une vague de panique assez forte pour achever de me réveiller, me redressant péniblement. "Thorn? Dis moi q.." Mon esprit embrumé finit cependant par capter celui de mon Dragon, si légèrement qu'il me semble qu'il dorme d'un sommeil de plomb. Un sommeil sans rêves. Dont la carapace est si solide que je ne parviens qu'à grand peine à l'effleurer.

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Je te l'avais bien dit

@Jeremy Bayer

Nasuada connaissait les chevaux depuis peu de temps à vrai dire, elle n’avait jamais eu l’occasion dans son monde de vraiment s’intéresser à eux. Sa condition de fille du chef des Vardens puis de reine l’avait souvent amené bien loin des écuries… Encore plus des longues galopades à cheval, surtout en ayant vécu sous terre pendant quasiment la totalité de son existence sous terre. Elle savait monter à cheval bien sur et était follement amoureuse du sien qui la transportait sur de longue distance, mais voilà, elle n’avait jamais pu approfondir la relation avec ce dernier. Et quand elle avait voulu rester un peu plus dans les écuries, elle avait bien compris que ce n’était pas la place d’une femme et encore moins d’une femme de sa condition. Il lui était souvent arrivée de se demander ce qu’aurait été sa vie si elle avait été une fille sans titre. Sûrement peu enviable à la vue de la condition féminine dans son monde… Le simple fait qu’elle soit une femme à la tête d’une rébellion était un miracle à lui seul et cela lui avait valut énormément de concessions et de sacrifices. Nasuada avait donné sa vie à la cause sans jamais réfléchir à une autre possibilité. Maintenant que sa vie était différente, elle commençait tout doucement à entrevoir tout ce qu’elle avait perdu et donner. Les souvenirs d’Harper, bien que pas toujours heureux, avaient au moins un avantage d’avoir été pleinement vécus. Elle avait assouvi ses passions et ses désirs, craquant pour Jeremy alors que ses parents lui prévoyaient un fils de bonne famille, de son milieu… Harper s’en moquait, elle était prête à se battre toute sa famille à dos pour gagner sa liberté et cette volonté d’être maitresse de sa vie avait fini par gagner Nasuada qui voulait désormais penser à elle. Murtgah était à ses côtés et elle ne voulait pas le voir partir, pas avant de lui avoir dit ce qu’elle ressentait et ce qu’elle avait désiré en le voyant revenir… A l’époque, elle savait que tout le monde s’opposerait à son retour, les humains sont souvent cupides et ceux détenant le pouvoir encore plus. Murtagh était pour la plupart, une excroissance de Galbatorix, mais pour elle, il ne l’avait jamais été et elle lui faisait bien plus confiance qu’à ses conseillers. Elle avait réussi à leur entendre raison, pendant un temps du moins, en soulignant l’importance d’avoir le dragonnier à ses côtés plutôt que contre eux, tout en se servant du caractère de sa dragonne qui avait refusé de continuer son entrainement avec Firnen. Fryda le trouvait trop stricte, trop ennuyeux et dépourvu de fantaisie… Quant à Saphira et bien elle n’était pas là et Nasuada craignait que les deux dragonnes ne soient pas de grandes amies. Resté donc Murtagh et son dragon Thorn. En vérité, Nasuada était presque sûre que Fryda avait fait exprès de se montrer de plus en plus désagréable avec le dragon vert dans le simple but de pouvoir permettre à Nasuada de passer plus de temps avec Murtagh. Elle en était bien capable, même si elle ne lui avait rien dit. Aujourd’hui tout cela n’avait plus vraiment d’importance mais la jeune femme ne pouvait pas faire comme si de rien était. Sa vie passée faisait d’elle la femme qu’elle était aujourd’hui et rien ne lui disait que son combat ne reprendrait pas un jour. Elle n’en savait rien et préférait ne pas y penser pour vivre à sa manière durant le temps qui lui était octroyé.

Nasuada connaissait Murtgah, tout comme Jeremy et les deux hommes bien que différents se ressemblaient sur de nombreux points. Ils avaient une foutue tendance à ne jamais l’écouter et à se croire plus fort que la terre entière… Oubliant souvent le retour de bâton. A croire que Murtagh était fait pour être casse pied ! Elle tressaillit au contact de ses lèvres, électrisée par ce simple effleurement. Harper et Jeremy s’étaient embrassés à de multiples reprises et avaient fait bien plus que ça. La seule évocation de ses souvenirs dans ses pensées la fit rougir et elle s’en voulu aussitôt d’être aussi idiote. Elle devait se reprendre, agir en adulte et pas comme une gamine amoureuse. Ce qu’elle était dans le fond. Nasuada savait gouverner un royaume et une armée, se faire aimer des peuples et créer des alliances, mais pour le reste, elle était comme une petite fille qui découvrait la vie. Elle aurait pu réfléchir pendant toute l’après midi à ce baiser échangé, mais bien évidement ce qu’elle avait prédit arriva, et ce dernier s’effaça de son esprit remplacé par la peur panique de perdre cet homme qui avait dérobé son cœur.

Quand il se réveilla dans son lit d’hôpital, Nasuada avait eu le temps de s’arracher plusieurs cheveux et de se ronger les ongles, tellement elle était dévorée par l’inquiétude. Elle avait perdu trop de gens qui comptaient pour elle, pas Murtagh, c’était impossible. Pour se rassurer, mais aussi pour qu’il ne se sente pas seul, elle avait calé la main dans la sienne et sursauta quand elle entendit sa voix et surtout le début de son prénom. Elle aurait aimé lui sauter au cou, faire comme aurait fait Harper, mais elle était tellement en colère que c’était impossible. « Si tu m’écoutais plus, ça n’arriverait pas… Bien qu'il semble que cela soit le seul moyen que j'ai pour te retrouver» laissa t’elle échapper tout en lui laissant le temps de revenir à lui. Ses lèvres se tordirent quand il l’entendit parler de Thorn, elle vivait aussi la même inquiétude. « Ce monde est différent… Je cherche Fryda aussi, mais elle est là, je peux la sentir… » Elle n’enleva pas se main dans celle du jeune homme et laissa échapper un soupire. « Tu m’as fait peur, pourquoi faut-il toujours que tu n’en fasses qu’à ta tête. Ce n’est sûrement pas Thorn le plus buté des deux...» Laissa t’elle échapper avant de rajouter d’une voix inquiète. « Comment tu te sens ? » Parce que oui c’était peut-être le plus important dans toute cette histoire…

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Je te l'avais bien dit

@Harper Carpenter @Jeremy Bayer

Sa réaction me confirme ce que j'avais semble-t-il naturellement pressenti. Qu'elle aussi est réveillée. Elle-même, je veux dire. Ce qui est pour le mieux, je dois dire. Je n'aurai pas été très bon à lui dissimuler mon changement de personnalité, pas quand on se connaissait si bien. Nasuada, Harper, Murtagh, Jeremy... je pense que ça va demander une conversation ou deux pour faire le point. Et s'éviter une migraine. Quoique pour ça, c'est un peu tard.

Je glisse une main à mon crâne, me massant les tempes pour tenter de faire disparaitre le mal de tête, alors que Nasuada me répond, mi-figue mi-raison, supposant que ma présence ici est de ma faute (et me connaissant, je la crois sur parole), mais que grâce à cette erreur de ma part, nous avons pu nous retrouver une fois encore.
Elle répond ensuite à mon inquiétude concernant Thorn, me révélant que, si elle n'a pas encore retrouvé Fryda, elle peut sentir sa présence près d'elle. C'est un peu plus tranquille que je cesse les recherches, en profitant pour laisser mon esprit frôler le sien un instant, juste de quoi me confirmer que je ne rêve pas, et que c'est bel et bien Nasuada que j'ai devant les yeux.

"Nasuada. Je suis content de te revoir moi aussi. Comment tu... Harp..."

Non, j'ai trop mal au crâne pour les explications compliquées pour maintenant. Plus tard, quand on pourra s'installer autour d'un verre. En attendant, je souris, amusé, quand elle me dit que Thorn n'est pas le plus têtu de nous deux, tout en m'assurant que je l'ai inquiétée. Vu l'endroit où nous nous trouvons, je l'imagine, mais en vérité, il va falloir qu'elle me donne plus de détails que ça. J'ai pris un coup sur la tête, c'est certain, mais ne me demandez pas comment, vous répondre, ça, c'est hors de mes compétences.

"Thorn a appris à mon contact à se montrer raisonnable pour nous deux." Je serre machinalement sa main que je peux sentir dans la mienne, tâchant de lui apporter un peu de réconfort par ce geste alors que je la sens bouleversée, sans avoir besoin de me rapprocher de son esprit pour cela. "J'ai l'impression de m'être fait piétiner par un Dragon. Tu peux m'expliquer ce qui s'est passé?"

Si je dois formuler une théorie? Je devais aller aux écuries ce matin, alors ça se joue entre l'accident de voiture et la chute de cheval. Pitié, si je me suis cogné en descendant d'un trottoir, il faut vraiment que ça reste entre nous. Thorn se roulerait par terre de rire de l'entendre, celle-là. Et un Dragon qui se roule de rire, ça fait un peu l'effet d'un tremblement de terre.

Date d'inscription : 02/06/2024

Je te l'avais bien dit

@Jeremy Bayer

Nasuada déteste les hôpitaux, elle ne sait vraiment pas pourquoi. Cette odeur, ces lumières, cette couleur blanche, ça ne lui plait pas. Elle se sent oppressée, pas à son aise, mais elle ne risque pas de partir, bien trop inquiète pour le dragonnier. Quand elle y réfléchit, rien dans son passée ne peut expliquer cette crainte, il n’y avait pas d’hopitaux dans sont monde, du moins pas comme ça. Nasuada est plus habitué aux camps de fortunes, à l’odeur du sang qui macère et aux cris de douleurs… Ici les choses sont presque paisibles, la mort silencieuse, si elle ferme les yeux et fait abstraction de l’odeur, elle pourrait se croire ailleurs hormis le bip des machines. Elle sait que cette crainte des hôpitaux, vient de sa fausse identité, d’Harper, qui a fait plusieurs tentatives de suicide et a passé plusieurs semaines entre ses murs. Depuis sa naissance, Nasuada a vu bien trop de personnes mourir, sa mère, son père, des amis et des alliés, d’un certaine manière la mort la suivait à la trace... En arrivant ici, après s’être éveillé, elle s’était imaginé, bêtement, que cela cesserait enfin, que sa route serait désormais semée de joie et de vie, plutôt que de tristesse et de mort. Elle ne se faisait pas d’illusions, elle savait que son règne en Alaglesia n’était que le début d’un long combat. Le retour de Murtagh, bien qu’heureux, lui avait aussi amené la nouvelle d’une autre menace, peut-être plus importante que celle de Galbatorix. Cela signifiait de futures batailles à venir, de nouvelles morts et de nouvelles décisions qui creuseraient encore plus les sillons douloureux dans son âme. Quand elle s’était éveillée ici, sur l’île de Baiame, la jeune femme avait mis du temps à comprendre, elle s’était renseignée et avait fini par en apprendre plus. Elle n’était pas la seule… Ce qu’elle avait le plus eu du mal à encaisser c’était la fin de son monde et des gens qui comptaient pour elle. Elle ne savait pas encore comment elle allait pouvoir l’avouer à Murtagh, il avait tellement donné pour l’Alaglesia… Pourtant, au fond d’elle, Nasuada appréciait cette situation, parce qu’elle offrait une multitude de possibilités qu’ils n’auraient jamais pu avoir dans leur monde. Ici, elle pourrait être celle qu’elle voulait et Murtagh goutait enfin à la liberté sans que personne ne le regarde avec haine et mépris.

Elle sent l’esprit de Murtagh caresse délicatement le sien, cherchant sans doute à vérifier qu’il s’agit bien d’elle et elle lui répond, usant de la magie qui coule désormais dans ses veines pour effleurer le sien, caresse délicate et intime qu’elle apprécie plus que de raison. C’est un contact qui la rassure depuis qu’elle a appris à reconnaitre l’esprit du jeune homme. « C’est bien moi, mais j’étais aussi Harper. » Elle ne peut s’empêcher de rougir en pensant à ce que cela implique pour eux, mais ce n’est sûrement pas le moment d’en parler, ce qui arrange bien Nasuada. Elle ne peut s’empêcher de rouler des yeux, quand elle l’entend parler de son implication dans le comportement de son dragon, disons qu’elle n’est pas vraiment sûr que Murtagh est quelque chose à voir la dedans. « Il a bien fallut qu’il apprenne pour éviter à son dragonnier de mourir inutilement. » dit-elle, tranchante, en faisant référence au fait que ce soit Thorn qui ait décidé de le ramener auprès d’elle. Si Murtagh avait été en mesure de décider, elle était presque sûre qu’il aurait choisi d’essayer de guérir tout seul dans une grotte. Cette idée la terrifia et elle sentit des frisons parcourir son corps transit de peur à l’idée qu’il aurait pu ne jamais revenir.

Elle sert délicatement sa main en retour avant de jeter un rapide coup d’œil autour d’elle. Ils sont seuls pour le moment, mais elle va devoir faire attention à ce qu’elle raconte pour ne pas être prise pour une folle. Pas certains que les médecins et autres soignants qui s’occupe du jeune homme soient au courant de l’existence de leur univers. « Si c’était un dragon, tu ne serais surement pas là pour en témoigner. » dit-il dans un soupire avant de reprendre la parole. « Tu a fait une grosse chute de cheval, de Scapin. » Elle avait mis du temps à pouvoir le rattraper d’ailleurs et avait du profiter de la présence des pompiers pour le ramener à l’écurie. Elle ne s’était pas gênée pour faire un esclandre au près du propriétaire des écuries, se moquant bien de ce que cela pouvait entrainer, mais il avait besoin d’elle pour valoriser ses chevaux, il n’était pas près de la virer. « Tu n’avais pas mis de bombe, bien évidemment, le chapeau c’est bien plus classe. » dit-il d’une voix qui indiquait qu’elle pensait tout le contraire. « Bref, la chute a été violente, tu as pris un gros coup sur la tête, et j’ai cru que j’allais te perdre… » lui avoua t’elle encore sous le choc. « Quand au reste… C’est compliqué, mais nous ne sommes plus chez nous… et personne ici n’a conscience de qui nous sommes. » lui précisa t'elle par mesure de sécurité.

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@Harper Carpenter @Jeremy Bayer

Je croise son regard avant de baisser les yeux vers les draps sous lesquels je suis installé, songeant qu'il va falloir que je réfléchisse, que nous réfléchissions, à ce que ces doubles identités signifient pour nous.

"Depuis quand le sais-tu?"

Non, je ne suis pas accusateur, bien que la part de mon être qui n'apprécie vraiment pas de ne pas avoir le contrôle sur ce qui lui arrive se demande depuis combien de temps elle me joue la comédie. En même temps, si elle m'avait sorti au petit déjeuner qu'elle était redevenue la reine d'un Royaume lointain où les Dragons voleront bientôt de nouveau librement dans le ciel... je pense sincèrement que l'homme que j'étais jusque là aurait bien rigolé. Ou se serait inquiété. Difficile à dire. En vérité, je me demande plutôt depuis quand elle se torture avec ce secret, à devoir faire attention à ses paroles ou ses gestes pour ne pas me mettre la puce à l'oreille, et à supporter ma proximité et mes attentions à son égard. J'ouvre la bouche pour ne rien dire, ne sachant quoi dire en vérité, hormis une énième bêtise assurément. Vaut mieux que je m'abstienne.

"J'ai tendance à foncer tête baissée sans me préoccuper de ma sécurité, je ne te le retire pas. Mais je n'irai pas mourir "inutilement". Pas quand ma mort entrainerait celle de Thorn." Mais je sais de quoi elle veut parler. De mon retour non désiré à Illiréa, entièrement dû à la volonté de mon Dragon, et certainement pas de la mienne. "J'aurai confié mon mal aux shamans Urgals d'Uvek, s'il l'avait fallu. Thorn a surréagi. Mais rien que pour te revoir, je suis heureux qu'il l'ait fait."

Sa main restée dans la mienne, un contact infime et duquel pourtant je ne parvient pas à détacher mon attention, elle m'explique finalement ce qui s'est passé pour que je me retrouve dans la situation actuelle. Une mauvaise chute de cheval? Définitivement, c'est une information que Thorn ne DOIT pas avoir. Je vais en entendre parler pendant des siècles, du Dragonnier incapable de rester en selle sur un fichu cheval.

"Scapin... J'suis pas surpris. Fallait bien que ça arrive. Enfin, mieux vaut moi qu'un gamin, à choisir."

J'imagine qu'elle ne partage pas mon point de vue, mais rappelons que ce cheval a été acheté pour une gamine qui sait à peine tenir en selle sur Poupoune, 25 ans, 90cm au garrot et une vitesse de pointe de 3.5km/h quand on lui tend une carotte sous le nez. J'dis pas que ce cheval est dangereux de nature, je dis qu'il n'est absolument pas adapté pour ce qu'on attend de lui, et le cadre de vie qui lui est offert. C'est forcé que ça finisse mal, ce genre de mauvais plan, et on sait encore qui va trinquer.

"Pourquoi nous? Il y a des centaines de milliers d'êtres en Alagaesia. Et si personne n'a conscience de qui il est, pourquoi nous sommes nous éveillés?" La pauvre, je lui saute dessus, j'en ai conscience, mais je n'apprécie guère de ne pas avoir toutes les informations, de même que cette sensation trop commune à mes yeux de me réveiller d'une nouvelle machination dans laquelle je n'ai une fois de plus été que le pantin d'un plus puissant que moi. "Pardon, t'as peut-être autant de questions que moi, et je te harcèle."

En attendant, je ne compte pas rester à demi allongé dans ce lit d'hôpital plus longtemps que nécessaire, alors prochaine étape, me lever. Et si c'est un peu trop tôt? Je suis du genre tenace, à ce qu'il parait.

Date d'inscription : 02/06/2024

Je te l'avais bien dit

@Jeremy Bayer

Nasuada cherchait encore à calmer les battements de son cœur, affolé par la simple idée de pouvoir perdre Murtagh. Pourtant, elle avait de l’expérience en la matière et savait contenir ses sentiments. Pourtant depuis qu’elle était ici, et qu’elle s’était réveillée, elle se sentait plus fragile, plus à fleur de peau. Peut-être à cause des souvenirs d’Harper qui elle, contrairement à Nasuada était une véritable éponge émotionnelle. Ce n’était pas facile, mais elle se sentait revivre depuis qu’elle arrivait à ressentir aussi bien les choses. Elle se sentait vivante et surtout libre de ressentir ce qu’elle désirait. Quand elle était en Alaglesia, elle ne s’accordait que peu de moment de lâcher-prise, à part dans ses vrais moments de solitudes, lorsqu’elle refermait les portes de sa chambre et qu’elle pouvait enfin faire preuve de fragilité. Ici, dans cet hôpital, Nasuada savait qu’elle pouvait être elle-même, personne ne la jugerait pour ça. Elle expira tout l’air de ses poumons, puis s’assit à côté de Murtagh sur le coin de son lit. Cette proximité lui plaisait et elle était heureuse de pouvoir se l’accorder, ce qui aurait été assez impensable dans leur monde. Nasuada avait dû faire preuve d’énormément de diplomatie pour faire accepter la présence du fils de Morzan à ses côtés et elle n’y serait sûrement jamais arrivé sans sa dragonne et son foutu caractère.

« Depuis quelques semaines… 3 je dirais. » Elle était un peu honteuse d’elle, mais cela lui expliquerait sûrement le changement de comportement d’Harper qui c’était tout de suite montrée plus distante avec Jeremy. Nasuada ne pouvait en effet rien envisager avec lui, en le sachant maudit. Elle aurait eu l’impression de le trahir, et c’était inenvisageable pour lui. Jeremy lui avait d’ailleurs demandé ce qu’il se passait, s’il avait fait un truc de mal, et Nasuada inventait des excuses pour ne pas trop qui s’inquiète… Cette situation n’aurait pas pu tenir longtemps… Heureusement pour Nasuada c’était désormais une histoire ancienne. « Je ne savais pas comment te dire la vérité. Ce n’est pas le genre de chose qu’on peut avouer facilement sans être pris pour une folle. » Elle ne pouvait pas dire à Jérémy, qu’il s’appelait en fait Murtagh et qu’il était un dragonnier, que son père était un parjure et qu’il avait été soumis à un fou qui l’avait brisé… Non, elle ne pouvait pas, c’était au-delà de ses forces.

Un rire amusé sort de la bouche de l’ancienne reine tandis qu’elle lève les yeux au ciel. « Tu trouves ? » lui demanda t’elle amusé. « Quelle bonne nouvelle, de savoir que tu n’as aucune envie suicidaire. » dit-elle, un peu exaspéré, mais cela était surtout dû à son inquiétude. Murtgah tout comme son frère d’ailleurs, avait cette foutue capacité à aller en devant des problèmes. Il agissait et réfléchissait après, ce qui bien évidemment ne finissait pas toujours bien. « Thorn n’a pas surréagi, quand tu es arrivé, tu étais presque mort ! aucun Urval n’aurait pu te soigner, déjà que mes magiciens ont cru ne pas y arriver ! » Nasuada était légèrement dépassée par ses émotions, elle avait tellement eu peur de le voir mourir, qu’elle revivait la scène et toute la peur qu’elle eut, l’irradiait de nouveau. Elle retira avec vivacité sa main de celle du dragonnier, comme un animal cherchant de fuir, puis elle se redressa pour marcher dans la chambre et s’adosser à la fenêtre pour observer la montagne Olympe au loin. Les paysages étaient loin d’être aussi saisissant que dans leur monde, mais c’était mieux que rien.

« Tu n’aurais surtout pas dû le monter. Il n’est pas prêt… » Ce cheval avait besoin de tout réapprendre, que cela plaise ou non à sa propriétaire. « Il n’est pas adapté pour sa propriétaire. » Et c’était peu de le dire, beaucoup de gens achetaient parfois des chevaux sans réfléchir. Sauf qu’un cheval comme Scapin nécessitait un professionnel et surtout une longue rééducation pour calmer ses craintes et sa peur de l’être humain.

Nasuada se retourne pour plonger son regard dans celui de Murtagh, elle s’adosse délicatement contre la fenêtre avant de croiser les bras, pensive. Elle avait eu tout le temps de se renseigner quant à ce qui leur étaient arrivés, mais elle manquait de réponse, car finalement personne ne savait vraiment toute la vérité. « J’ai eu le temps de me renseigner, mais il n’y a pas de logique. Les univers se sont écroulés, certains de leurs habitants se sont retrouvés ici. Mais il n’y a pas de règles. Beaucoup de personnes recherchent leurs proches, tous ne les retrouvent pas, ou les retrouvent maudites. On est tous arrivé de la même manière, avec une nouvelle identité, certains comme toi et moi finissent par se souvenirs, mais d’autres non… ça semble être différent selon les gens. J’ai essayé de retrouver Eragon, Arya, Orik ou encore Angela, mais je n’ai trouvé personne…» Elle savait qu’elle n’avait peut-être pas assez cherché, mais une partie d’elle, n’avait pas envie de retrouver certaines personnes… « Je ne suis pas certaine… » Elle marqua une pause avant de reprendre la parole. « de vouloir tous les retrouver… pour certains si, comme pour ton frère… et Arya… Mais pour d’autres, comme pour Orik ou pour les membres du du Vrangr Gata… » dit-elle en soupirant, car si certains pensaient qu’elle n’aspirait qu’au pouvoir, la vérité était autre et maintenant qu’elle avait trouvé un semblant de paix, elle ne voulait pas retrouver sa place de reine. Elle était bien dans cette vie. « Et pour Thorn et Freya, c’est compliqué, ils sont surement devenus humains… » Et cela les rendait difficile à retrouver. Son regard plongé dans celui de Murtgah, elle hausse les épaules. « J’ai eu le temps pour me préparer à tes questions. J’espérais que tu réveilles rapidement, la situation commençait à devenir difficilement gérable pour moi. » Elle n’aimait pas mentir, encore moins aux personnes proches d’elle et surtout pas à Murtagh, ils avaient dépassé ce stade il y a longtemps, depuis qu’ils avaient appris à partager leurs pensées et à toucher leurs esprits. « J’ai décidé de garder mon identité cachée, cette vie me convient assez… , il va falloir que tu fasses un choix aussi » lui demanda t’elle. Au fond d’elle, elle craignait qu’il ne s’éloigne, qu’il reprenne sa liberté et décide de vivre loin d’elle, ce qu’il avait d’ailleurs totalement le droit de faire, mais Nasuada était bien trop attaché à lui pour le voir partir s’en avoir le cœur brisé.

(c) 0tsana

Date d'inscription : 02/06/2024

Je te l'avais bien dit

@Harper Carpenter @Jeremy Bayer

Trois semaines? Je réfléchis un instant, avec mon cerveau anesthésié, pour placer les choses dans leur contexte. Ok, ça explique deux ou trois trucs. Et en y réfléchissant, je me dit qu'il y en a un paquet d'autres sur lesquels il va nous falloir faire le point, elle et moi. Mais nous ne sommes pas forcés de tout voir en dix minutes. C'est totalement impossible, à mon humble avis.

"Je comprends, ne t'inquiètes pas. Je n'envie pas ta place, pour tout dire. J'ignore ce que j'aurai fait si les rôles avaient été inversés."

Hormis faire comme si de rien n'était. Ca je n aurai pas du faire. Pas avec la relation qui unissait J... qui nous unissait. Non, c'est vraiment un concept qu'il va me falloir un temps pour comprendre et accepter, cette double vie et cette double personnalité, ces souvenirs empruntés d'une existence qui est la mienne sans être la mienne... il va me falloir faire du tri dans mon esprit... de manière objective. Parce que subjectivement parlant, je garderai bien dans la partie visible de l'iceberg plus d'un souvenir en réserve qui ne m'appartient pas, mais que je considère comme précieux.

"Il a surtout eu le choix entre la peste et le choléra. Le Du Vrangr Gata avait bien plus de risques que les Urgals de profiter de ma faiblesse pour me tuer. Même en faisant fi de tes ordres. Et tu tiens cela d'un homme qui a vu les Urgals commettre les pires atrocités sous le joug de Galbatorix."

Sa main quitte la mienne précipitamment, ne me laissant guère le loisir de penser la retenir, alors qu'elle s'éloigne de moi pour marcher dans la pièce puis se rapprocher de la fenêtre.

"Tu as un bon contact avec le père de la fillette je crois, non? Propose lui de te confier son entrainement. Ca me permettrait d'avoir le temps de reprendre les bases avec lui, plutôt que de devoir le presser. On en fera pas un cheval pour elle, clairement, mais il a plus de chances de trouver une meilleure maison plutôt que le couteau si il envoie pas son cavalier aux urgences."

Jeremy a le contact facile avec les chevaux, Murtagh monte un Dragon, et peut accessoirement user de vagues de calme pour tempérer la peur irrationnelle du cheval... ouais, en combinant les deux ça pourrait le faire. Et puis, ça me fera quelque chose de concret à faire le temps de trouver ma place dans ce monde étrange. Même s'il y aurait surement plus urgent à faire pour moi que dresser un cheval. Retrouver mon dragon par exemple.
Je laisse Nasuada m'exposer ce qu'elle a appris de notre situation durant ces trois semaines, me redressant davantage sur mon séant quand elle me dit texto que Thorn et Freya sont surement devenus humains. Je retiens un commentaire, mais je ne doute pas que l'agitation de mon esprit est parvenue jusqu'à elle. Son explication finie, son regard se plante dans le mien alors qu'elle me précise que la situation dans laquelle elle se trouvait, nous nous trouvions, jusque là ne lui convenait pas.

"Donc, ce que tu me dit, c'est que l'Alagaesia est anéantie? Azlagûr? Et si tel est le cas, pourquoi sommes nous ici?"

Je n'ai jamais vraiment écouté les cours de théologie, surtout quand ces derniers affirmaient que Galbatorix était le sauveur de tout le royaume face à la menace que représentait l'Ordre des Dragonniers de jadis, mais ça ne ressemble vraiment pas à mon idée de la vie après le trépas.
Je réfléchis un instant à ses paroles, à ce choix qu'elle me demande de faire, tout en pensant que j'ai passé la plupart de mon temps hors des murs de Gilead, puis de Nal Gorgoth à prétendre être un autre que moi-même, sachant que tous en Alagaesia ne verraient que le fils du parjure, puis le parjure lui-même, sans m'accorder le bénéfice du doute. Je rejette un instant la tête sur l'oreiller, réfléchissant aux véritables implications de ce choix, autre que mon confort personnel, avant de me démener pour sortir du lit, arrachant notamment plusieurs fils parfaitement inutiles qui me tenaient attaché aux instruments.
Si on me demande, la table de chevet est assez utile pour m'aider à rester debout, mais ce n'est pas ça qui m'arrêtera de la rejoindre, glissant bientôt ma main sur sa joue, sans doute le plus intime des contacts physiques que j'aurai avec elle à l'avenir.

"Jeremy reflète à merveille mon coté "sauvage", comme dirait Thorn, mais il est bien mieux intégré à ce monde que Murtagh ne sera jamais toléré en Alagaesia. Tant que tu sais qui je suis vraiment, le reste du monde peut bien l'ignorer. Et puis, prétendre l'ignorance peut aider à en découvrir plus sur nos ennemis, si tu souhaites continuer ce combat."

A d'autres occasions, Thorn dirait que je suis le plus dragon des deux pattes de sa connaissance. Il faut dire qu'avoir un Dragon dans la tête en permanence doit donner ce genre d'effet secondaire, sur le long terme. Cela dit, il aurait plutôt qualifié Galbatorix de vipère, alors sans doute que tous les Dragonniers ne s'identifient pas au même reptile...

Date d'inscription : 02/06/2024

Je te l'avais bien dit

@Jeremy Bayer

Nasuada n’avait pas aimé lui mentir. En vérité, elle avait même détesté ça, mais elle n’avait pas trouvé d’autres solutions. Elle avait espéré qu’il se réveillerait rapidement pour que la situation ne dure pas trop longtemps. Trois semaines ça lui avait déjà paru un temps excessivement long quand on doit faire attention à chacune de ses paroles et tenir ses distances avec quelqu’un qui n’y est pas habitué. Encore plus quand vous n’avez justement pas envie de vous trouver à distance, mais Nasuada voulait que ce soit Murtgah qui cherche à se rapprocher d’elle, pas Jeremy. Elle était heureuse d’enfin le retrouver, il semblait de ne pas avoir changé, d’être celui qu’elle avait connu en Alaglesia, avec ses défauts et ses qualités, comme elle. Même si souvent elle se disait que ce monde l’avait changé, les souvenirs d’Harper agissait sur sa manière d’être qu’elle le veuille ou non. « Heureusement que tu t’es enfin réveillé, je ne sais pas comment j’aurais fait pour tenir plus longtemps… » Chaque jour était un combat qu’elle menait de front, entre garder ses distances avec Jérémy sans pour autant lui briser le cœur. Si elle était partie, il ne l’aurait pas compris et elle ne voulait pas lui mentir, en lui disant qu’elle ne l’aimait plus. Parce que ce n’était pas le cas, Harper aimait Jérémy. Elle avait juste disparu pour que Nasuada reprenne sa place et ça elle ne pouvait pas lui avouer, surtout qu’elle savait très bien qu’il s’agissait de Murtagh. Inconsciemment, elle ne pouvait pas lui dire ça, parce qu’elle transférait ses propos aux siens… Sauf qu’elle savait parfaitement ce qu’elle ressentait pour le dragonnier et c’était très proche de ce que ressentait Harper pour Jérémy. En Alaglésia, elle se battait tous les jours contre ses sentiments pour ne lui envoyer des signes, mais parfois elle échouait, le corps parle parfois plus vite que l’âme… Malgré sa condition de reine, Nasuada se savait observer et elle savait que personne n’accepterait qu’elle donne son cœur à Murtagh… La question ne se posait pas de toute façon, car elle n’avait jamais été certaine des sentiments du brun à son égard.

« Sauf que je ne t’ai pas quitté une seule seconde… » laissa t’elle échapper pensive. Elle aurait pu, partir et le laisser aux soins de ses magiciens, mais Nasuada ne leur avait jamais fait confiance. Alors elle était restée à ses côtés, la présence de sa dragonne changeait bien des choses. Elle était plus perméable à la magie, elle la comprenait mieux et était beaucoup moins facile à berner que lorsqu’elle n’était pas dragonnière. Le plus dur pendant ces quelques jours, c’était d’obliger Fryda à rester cacher, alors qu’elle n’espérait qu’une chose, rencontrer enfin un de ses semblables. Heureusement, Murtagh n’était pas resté endormi très longtemps même si pour Nasuada ça avait semblé sans fin. Elle avait tellement cru le perdre, mais elle n’avait pas pu montrer sa tristesse pour ne pas éveiller les soupçons. Elle était restée à ses côtés en prétextant que s’il y avait bien une personne capable de gérer le dragonnier, c’était bien elle…

Doucement la réalité la rattrape et elle soupire en pensant au père de la fille qui possède Scapin. « Il me drague, tu veux dire… » C’était un gros porc, elle le détestait, mais oui, elle pouvait parler avec lui… Il n’attendait que ça de toute façon. Elle grimaça à cette idée, elle n’aimait pas ça, ce sentiment d’être un morceau de viande pour certains hommes. Si elle partageait encore ses pensées avec Fryda, elle l’aurait surement entendu claquer ses dents et déclarer que s’il s’approchait trop près d’elle, elle en ferait son gouter. Cette idée la fit sourire, sa dragonne lui manquait, mais elle la savait vivante et cela apaisait un peu sa souffrance. « Je lui parlerai, il est possible qu’il accepte, c’est une bonne idée… Surtout que c’est un cheval qui a des moyens. » Scapin faisait partie de ses chevaux délicats, sensibles, qui nécessitaient un cavalier doux et à l’écoute, ce qu’il n’avait jamais eu. Par peur, il réagissait avec force et violence pour s’échapper et fuir, la seule défense du cheval.

Elle aurait aimé lui dire autre chose, lui dire que leur monde était encore beau et fleurissant, empli d’une énergie nouvelle depuis la mort de Galbatorix, que tout ce qu’il avait fait, n’avait pas servi à rien, mais cela était un mensonge, car leur monde n’était plus. « Comme beaucoup d’autres, tout les mondes…. Ici, nous ne sommes qu’une histoire, nous sommes des personnages issus de romans, d’autres sont issus de films, de série tv… Nous ne sommes pas uniques non plus. Le multivers propose différentes alternatives à certaines histoires. Tu peux te promener et tomber sur un autre toi, avec une histoire totalement différente. Je crois qu’il y a par exemple plusieurs Spiderman sur l’île. » Cela dépassait de beaucoup Nasuada… Elle avait vécu dans un monde fantastique, mais là, le multivers ça dépassait de beaucoup son entendement. « Nous avons eu de la chance, ce n’est pas le cas de tout le monde. Il y a un bureau dans la ville, le RVA, les gens y vont quand ils s’éveillent pour chercher leurs proches. Il y a tellement d’annonces… mais beaucoup des disparus ne sont pas retrouvés. » dit-elle d’une voix qui trahissait son désespoir quand elle pensaient à ses gens qui avaient vu leur famille entière décimée. « La magie est aussi différente ici, je pense que c’est pour ça que nous ne pouvons pas communiquer avec nos dragons. Je suis allée au RVA et on m’a expliqué que l’île bridait les pouvoirs. » Cela ne dérangeait pas vraiment Nasuada qui n’avait pas encore atteint un niveau de magie très élevée, mais elle déplorait de ne plus pourvoir communiquer avec sa dragonne. « Visiblement, nous sommes tous arrivés et avons hérité de nouveaux souvenirs, d’une fausse identité. J’ai choisi de garder celle d’Harper… Certaines personnes se réveillent plus vite que d’autres, il n’y a pas de règles, si ça se trouve Thorn et Fryda vivent leur vie d’humain sans se douter, qu’avant ils étaient des dragons… »

Quand elle entend le bruit des draps qui se froissent, Nasuada détourne la tête de la fenêtre pour poser son regard sur Murtagh qui se lève du lit pour la rejoindre. Elle ne peut s’empêcher de rouler des yeux, elle aurait préféré qu’il ne quitte pas tout de suite son lit, surtout après la chute qu’il avait faite, mais c’était Murtagh et elle savait très bien que quoi qu’elle dise, il se serait tout de même levé. Au contact de sa main sur sa joue, elle ne peut s’empêcher de laisser échapper un frisson de plaisir tandis que sa main à elle part se poser délicatement contre celle du dragonnier. Pendant quelques secondes, elle profite du moment, le savoure même, plongeant son regard dans celui, si profond du dragonnier. «Ici, Murtagh, tu peux être ce que tu veux. Reprendre ton nom, garder celui-ci. Plus d’empire, plus de Du Vrangr Gata. Tu ne seras pas un parjure ici même en reprenant ton nom. » C’était une chance pour lui, mais aussi pour elle. Nasuada allait enfin pouvoir vivre pour elle et elle était bien décidé à le faire. « J’ai toujours su qui tu étais Murtagh… » Et elle ne parlait pas de sa fausse identité, elle parlait de l’homme qu’il était en Alaglesia, celui qui avait tout fait pour lui rendre sa liberté et qui avait trouvé la force de combattre Galbatorix pour libérer le monde de son oppression. Elle aurait aimé que tout l’Alaglesia puisse le voir comme elle le voyait, mais les blessures de leur monde étaient encore trop profondes. Sauf que ce monde n’existait plus. Délicatement, elle se lova contre lui, se moquant bien que ce contact le surprenne. Elle en avait juste besoin et ici, personne ne risquait de s’offusquer de la voir se comporter ainsi avec lui. « Reste près de moi, c’est tout ce que je te demande… » Ce n’était pas un ordre, encore moins une obligation, juste une demande...

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