Il y a peu de temps déjà qu’il parcourait cette île, il en avait connaissance à travers ses voyages, les rares moments qu’il passait hors du temps, loin des gens qu’il apprécie. Cela faisait un bon moment qu’il n’était pas affecté par des sauts temporels totalement aléatoires, il pouvait apprécier ce semblant de normalité. C'était encore étrange de voir que ce monde-ci ne lui était pas fatalement destiné, qu’il pouvait vivre dans un semblant de confort. Achille n’avait rien d’un garçon dont la richesse ferait pâlir même les plus riches, car ses maigres économies ne tenait que dans une seule poignée de main. Lui qui avait toujours connu les époques qu’il découvrait, les sauts dans le temps qu’il observait de loin, il ne connaissait pas exactement la notion de stabilité financière.
Baiame était sans aucun doute son salut, un endroit où il était accueilli, qui maintenait sa vitalité bien stable alors que sa santé se voulait bien glorieuse, forte et assez tenace. Achille avait encore bien du mal à comprendre qu’il existait un monde où il pouvait aisément faire comme les gens, s'installer dans une routine qui lui plaisait davantage que la solitude. Achille demeurait positif et ouvert, il se montrait persévérant et il avait même obtenu un travail convenable. Rien de tout cela ne pouvait rivaliser avec les plus grands, ceux qui laissaient leur argent couler à flot, mais il s’en moquait bien. Si Achille avait l’habitude de s’adapter à tous les obstacles possibles, il était loin de se douter que posséder un travail n’avait rien de facile. Toutefois, il était déterminé à prouver sa valeur, prouvé qu’il avait une tête à l’emploi, si cela voulait dire demeurer bien discret sur son passé, ce qu’il avait accompli dans cette vie mouvementé, il était prêt à mettre à son avantage quelques zones d’ombre.
Achille traînait à la boutique, il n'avait rien à voir avec ces professionnels qu’il admirait dans leur travail, un exercice qui demandait beaucoup de minutie et de précision. Le chocolat ne se limitait pas seulement à l’esthétisme, il se cachait derrière cette fabrication énormément de complexité que de saveur, ainsi qu’une recette à prendre à la lettre le moindre calcul. Achille se plaisait davantage dans le contact humain, préférant la facilité à vendre un produit plutôt que de le fabriquer. La boutique demeurait ouverte relativement tard, ce qui lui convenait amplement, ce n’était pas comme si quelqu’un l’attendait à la maison, ayant pris un petit appartement par trop onéreux. Achille observait les gens aller et venir, reconnaissant un peu quelque client qu’il avait retenu dans son esprit.
Elyan est en retard. Terriblement en retard. Il entend déjà soupirer sa petite-amie d'ici, et peut apercevoir son visage à la fois déçu mais également tendre. Elle est d'une patience inouïe et il a de la chance d'être tombé sur elle, et qu'elle souhaite encore rester avec lui. Mais bien qu'elle soit des plus patientes, et des plus attentionnées envers lui, Elyan craint pour sa vie s'il ne parvient pas à trouver un cadeau d'anniversaire dans la prochaine heure. Sans quoi il va devoir se pointer au rendez-vous les mains vides, comme un parfait loser. Et déjà les remarques acerbes de ses anciens camarades de classe refont surface, lui plombant le moral. Elyan a toujours été proie aux doutes, bien que ces dernières années, les choses aient grandement évolué - de manière bénéfique. Il suffit d'un simple imprévu pour qu'il retombe dans une introspection et une faible estime de lui-même.
C'est alors qu'il marche à toute vitesse dans la rue, à la recherche d'une idée, que son regard tombe sur une chocolaterie. Mais bien sûr ! Si sa petite-amie n'apprécie pas vraiment les cadeaux clichés, Elyan connaît sa faiblesse pour ce genre de friandises. Ni une, ni deux, il entre dans le magasin, arpentant chaque vitrine à la recherche du chocolat parfait. Tout du long, il ne fait guère plus attention aux autres clients de la boutique, eux aussi quelque peu occupés par leurs propres achats.
Du moins, avant qu'il ne vienne percuter quelqu'un dans sa hâte de trouver le cadeau parfait.
Oh, pardon !, bien que terriblement gêné, Elyan n'a guère le temps de s'excuser, ses yeux venant se figer sur l'inconnu face à lui. Un inconnu qui lui semble étrangement familier.
Les yeux, en particulier, sont sans doute ce qui l'alerte le plus. Ce sont les siens. Ou du moins, en grande partie. Mais ce sont surtout les mêmes yeux que Persée, son double au féminin, dans un autre univers. Il n'a jamais vraiment compris ce qui était advenu d'elle, et ce malgré les tentatives d'explications de Kronos (Elyan, tout comme Percy, n'a jamais été très doué pour se concentrer sur une conversation très longtemps, de toute manière). Aujourd'hui encore, il espère qu'elle va bien. Elle et son futur bébé.
Et le jeune homme face à lui, lui ressemble étrangement. A elle, et à Anael.
Alors Elyan, de manière très impulsive - et sans doute très idiote également - fait la chose la plus Percy qui soit : il parle plus vite qu'il ne réfléchit.
Tu as les yeux de ta mère.
Et oui, on dirait un mauvais remake d'une autre saga.
On va le prendre pour un fou. Mais là aussi, il a fini par avoir l'habitude.
Baiame était un véritable havre de paix, un endroit où il pouvait se réfugier, un sentiment d’appartenance comme il n’avait jamais rien ressenti. Achille se plaisait dans cette ville, malgré qu’il ne pouvait pas empêcher les voyages de venir perturber ses journées, des moments clés. Achille s’y était habitué avec le temps, elles devenaient moins fréquenté, ce qui le poussait à profiter aisément des moments de plénitude. En tant qu 'anomalie, Achille n’a jamais ressenti le besoin de se poser, il ne croyait même pas qu’un jour cela puisse lui arriver, en dehors de ses moments stationnaires au sein du TVA. Puis il avait finalement été convaincu que Baiame était la clé d’un avenir meilleur, moins incertain qu’il l’aurait pensé.
Cela l'a poussé à ne pas trop réfléchir à un avenir, une vie qu’il pouvait suivre avec détermination et ambition, mais tout cela venait de changer. Achille se plaisait donc dans son nouvel environnement, il avait un travail qui lui plaisait, un entourage qui se construisait au fil des rencontres. ainsi il se trouvait à travail dans la boutique de chocolat bien tard cette soirée, mais il se plaisait malgré le calme, malgré le monde qui envahissait rapidement l’endroit. Achille avait eu l’opportunité de goûter quelques produits qu’il préférait acheter par lui-même, n’aimait pas la possibilité de pouvoir se permettre de telle faveur sans paiement. Puis, c’est sans doute l’intonation d’une voix masculine et des propos évoquer par un jeune garçon qui attira son attention..
“Pardon? Vous connaissez ma mère Persée?”
Ce garçon lui semblait inconnu, mais il faut croire que ce dernier semblait étrangement le connaitre, alors Achille fouilla au plus profond de son esprit. Puis vient cette faible source d’inspiration au sein de sa mémoire, des souvenirs lointains, mais tout de même présent dans son esprit, lui vient instantanément.
“ Oh! Mais tu es Elyan? N’est-ce pas? Tu faisais partie du groupe d’anjea? Je suis désolé, je n’ai pas vraiment connu mes parents, mais je connais un peu ce qui s’est passé à travers les histoires qu'on me racontait… Je m'appelle Achille Chase.”