Baiame était un lieu des plus énigmatiques. Comme tout le monde ici, Barry ignorait comment il avait atterri ici. La disparition de Flash à Central City était un événement qui devait arriver, mais il semblait que cela se soit produit prématurément. Alors, c'était forcément autre chose, mais quoi ? Se reconstruire après avoir perdu la mémoire, adopter une nouvelle identité pour découvrir un jour que tout était fondé sur des mensonges, c'était difficile à supporter. Mais le plus déchirant était de savoir qu'il était impossible de rentrer dans son monde d'origine. Tout ce qu'il pouvait espérer, c'était que ses proches soient en sécurité. Heureusement, Barry découvrit qu'il n'était pas aussi isolé qu'il le pensait. Des personnes qu'il connaissait étaient également présents, y compris sa femme, Caitlin. L'ironie du sort avait fait qu'il retombe de nouveau amoureux d'elle, même en étant maudits, et que leur petite Nora avait décidé de pointer le bout de son nez à ce moment-là. Si au départ il avait hésité à endosser à nouveau le costume de Flash, la perspective de protéger sa famille dans un lieu constamment en proie au danger ne le laissait pas indifférent, ni de savoir que des innocents souffraient tous les jours.

Ce jour-là ne dérogeait pas à la règle. Alors que Barry s'apprêtait à rentrer chez lui, une épaisse colonne de fumée à l'horizon attira son regard. Sans perdre de temps, il se précipita à l'intérieur de son domicile pour récupérer son costume, embrassa rapidement sa femme en lui promettant qu'il serait de retour bientôt, puis s'éclipsa à la vitesse de l'éclair à l'autre bout de l'île. Alors que les contours du bâtiment en feu entraient dans son champ de vision, Flash percuta quelqu'un de plein fouet. La violence du choc le propulsa plusieurs mètres plus loin. Quelque peu sonné, il se releva péniblement avec quelques écorchures. S'approchant de la personne qu'il avait heurtée pour lui venir en aide, il réalisa rapidement qu'elle était aussi spéciale que lui.

Barry secoua la tête pour chasser les derniers effets du choc et posa son regard sur la personne qu'il venait de percuter. Il s'attendait à trouver un civil en détresse, mais la vision d'une femme à l'allure athlétique, vêtue de noir avec un masque qui mettait en valeur ses yeux d'un bleu perçant, le prit par surprise. Il observa avec stupéfaction les écorchures sur son visage et ses bras qui se guérissaient à une vitesse incroyable.

« Vous aussi ? » demanda-t-il, partagé entre l'incrédulité et la curiosité.

La dernière personne qu'il avait rencontrée avec des pouvoirs similaires aux siens, c'était Nora, sa propre fille venue du futur. Voir une autre speedster avait de quoi lui mettre le sourire aux lèvres, mais les réjouissances furent de courte durée. Un incendie dévastateur menaçait la vie d'innocents encore coincés à l'intérieur. Bien qu'il entendait au loin les sirènes des secours, il savait que chaque seconde était précieuses.

Flash jeta un coup d'œil au bâtiment en flammes derrière eux, le cœur lourd.

« Nous devons agir vite. » déclara-t-il fermement. « Pouvez-vous m'aider à évacuer les personnes encore à l'intérieur? » Le ton de sa voix se faisait alarmiste, tout en étant déterminé par l'urgence de la situation. Sans le savoir, Barry venait de faire la connaissance de celle qui deviendra une de ses meilleures alliées et amies sur cette île.

Offrant un sourire soulagé à la femme en face de lui, il lui était reconnaissant de l'aide qu'elle comptait lui apporter. Même s'il était Flash, il n'avait que deux bras, loin d'être suffisants pour évacuer tout le monde en une seule fois. Sa tenue ignifugée lui permettait au moins d'affronter les flammes sans risquer de prendre feu, mais la présence d'une autre speedster rendait la mission beaucoup plus gérable. Parfaitement synchronisés, ils se mirent à l'œuvre en déplaçant les personnes en danger hors du bâtiment avec une rapidité stupéfiante. La coordination entre eux semblait presque instinctive, comme s'il s'agissait de quelque chose qu'ils avaient toujours fait. Une fois tout le monde mis hors de danger, ils utilisèrent leur vitesse pour lancer du sable sur les flammes afin de ralentir efficacement la progression de l'incendie jusqu'à l'arrivée des pompiers.

Observant avec fierté l'acte d'héroïsme qu'ils venaient d'accomplir, Barry se tourna vers sa nouvelle alliée. « Encore une bonne chose de faite. On fait une bonne équipe, vous ne croyez pas ? » dit-il avec un sourire sincère, tendant la main vers elle. « Flash. Ou Barry Allen, si vous préférez. J'avoue ne pas encore m'habituer à l'idée que nos identités ne soient plus secrètes. » Il n'était pas rassuré, surtout. Non pas pour sa propre sécurité mais pour celle de ses proches. Dans le passé, bon nombre de ses ennemis avaient tenté de l'atteindre en s'en prenant à ceux qu'il aimait, mettant ainsi leur vie en danger. Cela l'avait conduit à éloigner ses proches, à continuer à mentir pour les protéger, et même à rompre avec l'une de ses ex pour ne pas avoir à lui révéler sa véritable identité.

Un silence olympien s'installa subitement entre eux. Pensif, Barry se remémorait tout ce qui s'était passé depuis son arrivée à Baiame. Les visages de ses proches, de ses amis, et de la vie qu'il avait laissée derrière lui défilaient dans son esprit. La réalité de ne peut-être jamais les retrouver le peinait terriblement. Son sourire se dissipa lentement, laissant place à une profonde mélancolie qui se lisait sur son visage et résonnait au fond de son cœur. « C'est vraiment bizarre. Cette île n'est pas si grande et pourtant nos chemins ne se sont jamais croisés. Ce n'est pas comme si les speedsters passaient inaperçus. » Barry haussa les épaules d'un air finalement amusé. « Enfin...Il faut croire que cet endroit nous a encore joué des tours. Les surprises ne manquent pas ici. » C'était peu de le dire. « Mais je suis vraiment content de rencontrer quelqu'un d'autre avec des pouvoirs similaires aux miens. » Son sourire s'adoucit, à la fois curieux et soulagé. Quelque chose lui disait qu'ils allaient avoir beaucoup de choses à se raconter.

Il l'observa avec un mélange de curiosité et de soulagement. Le sourire de Stéphanie était contagieux, et il trouvait réconfortant d'être en compagnie d'une autre speedster. En l'entendant parler de son univers, Barry avait un étrange sentiment de déjà-vu. Lui aussi avait affronté de terribles adversaires et même s'ils ne voulaient pas toujours lui faire personnellement la peau, ils cherchaient à semer le chaos à Central City. En toute honnêtté, Flash était bien placé pour comprendre la fatigue et la vigilance constante que Stéphanie devait avoir.

Barry hésita un instant avant de finalement retirer son masque, révélant ses traits à la lumière du crépuscule. « Je dois bien l'admettre, ça fait du bien d’être juste soi-même de temps en temps. » s'exclama-t-il avec un sourire sincère, sentant une légère tension quitter ses épaules. La vulnérabilité de ce moment apportait une sensation de liberté qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps. « Ça ne vous dérange pas qu'on se tutoie ? » Le ton de sa voix était amical, cherchant à établir un lien plus direct avec Stéphanie. Cette demande, simple en apparence, revêtait en réalité d'une dimension symbolique. Flash espérait franchir une barrière invisible et bâtir une relation basée sur la confiance. Après tout, n'avaient-ils pas sauvé des gens ensemble ?

« En parlant d'étrange, j'en viens encore à me demander comment nous avons atterri sur cette île. Mais personne ne semble avoir la réponse à cette question. Une chose dont je suis presque certain, c'est que je n'y suis pour rien cette fois-ci. Enfin, je crois. » Il semblait pensif, tout d'un coup. Barry était bien conscient que ses voyages dans le temps avaient eu des conséquences dramatiques sur le multivers, et il ne pouvait s'empêcher de se demander si ce bouleversement n'était pas encore le fruit de l'une de ses erreurs. Il plongea un instant dans ses pensées, son visage trahissant une légère inquiétude. Ses actions passées avaient souvent des répercussions imprévues, et l'idée que cette situation soit une conséquence indirecte de ses voyages temporels le préoccupait profondément.