La vie d’Adam Karadec n’était plus du tout la même, depuis que le TVA l’avait retiré de sa propre réalité. A cette époque, il était commandant de DIPJ de Lille et vivait une vie parfaite. Elle était réglée comme du papier à musique, parfaitement coordonnée, sans place au hasard. Tous les jeudis chez Rani, l’indien pour y manger ces délicieux Samoussas, le reste du temps, il mangeait chez lui en compagnie de son frère des plats sains concoctés par ses soins. Sa vie avait commencé à partir en vrille avec l’arrivée à DIPJ d’une toute nouvelle consultante. Consultante étant un bien grand mot, car Morgane ne possédait ni diplôme de police, ni la rigueur qui incombait à ce métier. Elle était tout le contraire, un cataclysme dans la vie si bien établie de Karadec.  Jamais dans sa vie quelqu’un n’avait réussi à ébranler autant Adam Karadec, même pas sa mère et c’était peu dire car cette dernière, bien trop curieuse, avait cette foutue tendance à mettre son nez dans ses affaires.

Morgane représentait tout ce qu’il détestait : exubérance, électron libre, réfractaire à l’autoritaire et pourtant avec le temps et par on ne sait quel miracle, il avait fini par la trouver attachante, ou plutôt attachiante, ce qui n’était pas tellement différent pour lui. Avec le temps, ses sentiments s’étaient renforcés et il avait fini par éprouver des sentiments amoureux pour cette étonnante femme. Il y avait eu un paquet de complications jusqu’à ce qu’il décide de laisser tomber, Morgane était trop borderline, il pouvait supporter pas mal de chose, mais elle était allée trop loin… Et puis tout, c’était terminé, on l’avait retiré de cette vie, sa famille et tout ce qui pour lui avait de l’importance, à part son besoin d’aider l’humanité. C’était sûrement une des raisons qui avait dû pousser le TVA à le recruter, ou l’une des raisons.  Il n’avait jamais su pourquoi, mais ce qu’il savait, c’est sa vie ne serait plus jamais la même. Lui qui était si terre-à-terre, si allergique à toutes ces foutues histoires fantastiques. Dragons, multivers, Dieux, Superhéros, vampire… Il y avait encore des moments où il se demandait ce qu’il faisait là.

Enfin bref, toutes les vérités du breton avaient volé en éclats et désormais, il se trouvait face à une réalité bien trop grande pour lui. Le travail lui permettait de garder son axe de vie, ça le rassurait, même si parfois son métier d’agent du TVA lui donnait l’impression de nager dans la semoule, surtout depuis l’écroulement de la plupart des multivers. Si déjà, il n’y comprenait pas grand-chose, là ça avait passé un autre niveau.

Adam referma la porte de son petit appartement, sa propriétaire venait de le vendre et l’agent du TVA se trouvait dans l’obligation de déménager. Petit problème, il n’avait rien trouvé d’autres à louer, si ce n’est une collocation dans le centre-ville. Cela ne lui plaisait pas, mais il n’avait pas le choix. Il détestait partager son intimité avec quelqu’un d’autre, ça c’était un fait et la simple idée de devoir supporter un colocataire lui donner envie de vomir. Il n’y avait plus qu’à espérer que la dame de l’agence qu’il n’avait eu que par mail ne lui ait pas raconter des conneries. Elle lui avait assuré que l’autre colocataire était une femme adorable et que l’appartement était neuf et moderne. Cela l’avait rassuré, mais il demeurait méfiant, ce n’était pas son genre de louer un logement par photo, mais là, il n’avait pas eu le choix, c’était ça ou vivre sous un pont. En plus de ça comme si ce n’était pas assez, dans quelques jours, il allait devoir partager son temps de travail avec une collègue. À croire que ses patrons n’étaient pas contents de son travail pour lui coller quelqu’un aux fesses. Quelle vie de merde songea-t’il alors qu’il poussait la porte de son nouvel appartement.

Son regard s’écarquilla en grand tandis qu’il observait tout ce qui se trouvait autour de lui. Il ne voyait qu’une chose : Du bordel et pas qu’un peu. Mon dieu, il n’allait jamais pouvoir survivre ici, il allait mourir, sûrement rongés par les acariens ou pire, il finirait par choper une maladie nosocomiale… Comment pouvait-on vivre dans un tel foutoir. Adam du prendre tout son courage pour refermer la porte derrière lui. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il trouve quelque chose d’autre, il pouvait le faire… En-tout-cas, il mettrait les bouchées doubles pour trouver un nouveau logement digne de ce nom. Il avança un peu dans la cuisine et observa une part de pizza à moitié consommée et un soutien-gorge rose pétant qui pendait à la cafetière… « C’est une blague… » laissa t’il échapper avant de continuer sa route levant les pieds au-dessus d’une paire de talons pour ne pas se caser la figure. C’est alors que son regard se posa sur une femme qu’il reconnut en l’espace d’une fraction de seconde. Elle se trouvait dans le salon, les écouteurs sur les oreilles, en train de danser… « Mo…mor.. » Il s’en décrocha la mâchoire, alors ça, il ne s’y était pas du tout attendu. Morgane Alvaro était en train de danser en culotte devant lui … et ça, il ne l’avait pas du tout prévu.
@Morgane

L’agent du TVA ne s’était pas attendu à ça et il ne savait pas vraiment s’il était heureux de la savoir là ou si cela le dérangeait. D’une certaine manière, la retrouver le ramenait à son ancienne vie et aux sentiments amoureux qu’il avait développés pour elle et tenter de mettre sous cloche, parce qu’elle représentait un défi bien trop important pour lui. Il l’aimait, ça, il le savait, mais il savait aussi qu’il n’arrivait pas à gérer toute sa personnalité et ses mensonges. Pourtant, la savoir ici, lui réchauffait le cœur et le reconnectait avec ses émotions laissées de côté depuis qu’il était arrivé ici, à Baiame. Il se sentait aussi triste qu’elle ait été retirée, de sa réalité, de ses enfants, de tout ce qu’elle connaissait, mais il savait qu’elle avait sûrement du mieux s’adapter que lui, après tout, on parlait de Morgane.

« Adammm ! » dit-il en posant ses affaires là où il le pouvait. « Appelez-moi, Adam, c’est comme ça qu'on m'appelle au TVA.. » Et puis il aimait bien cette idée qu’elle l’appelle enfin par son prénom et pas son nom de famille, mais il savait bien qu’elle risquait de continuer à l’appeler comme elle voulait. Elle arrivait toujours à lui trouver un nouveau surnom, à croire qu’elle passait ses nuits à en chercher. Alors qu’il pensait que rien ne pourrait être pire que l’état de l’appartement. Adam vit arriver un énorme chien blanc. « Morgane ? Cette chose ? C’est à vous ? » Demanda t’il en indiquant le canidé du regard. Il espérait que cela ne soit pas le cas, mais quelque chose lui disait qu’il avait laissé sa chance à l’entrée de l’appartement.

« Mais rhabillez vous !!! » Il soupira avant de se tourner, gêné, même s'il ne pouvait nier qu'il aimait ce qu'il voyait. En tout cas, il était, incapable de continuer une conversation saine d’esprit en la voyant à moitié nue. Il sentit une pression sur sa jambe et sursauta quand il remarqua le chien blanc en train de renifler son pantalon. Il allait faire une crise d’angoisse. Il sentit son cerveau se déconnecter pour chercher le nombre de microbes que trimballait un chien sur lui. Il n’y avait rien de pire comme nids à bactéries que les bestioles… Adam prit une grande bouffée d’air frais en espérant ne pas trop respirer d’acariens et se retourna en entendant Morgane lui adressait de nouveau la parole.

« A votre avis ? » demanda t’il légèrement énervé et quelque peu perdu… « J’ai dû rendre mon appartement et l’agence vous a recommandé. » il ne put s’empêcher de rire. « Encore une qui vend nous et n’importe quoi. » Parce que le petit appartement nickel était bien loin d’être ce qu’il imaginait. Il reprit cependant son sérieux avant de s’avancer vers elle. « J’ai été retiré de ma réalité il y a quelque temps désormais, après que j’ai tiré sur Klaus… » Rien ne lui disait qu’ils avaient été extrait de la même temporalité, mais il reconnaissait la Morgane qu’il avait connu. « Et vous ? Vous êtes là depuis longtemps ?» demanda t’il en posant son carton contenant le peu d’affaire qu’il possédait sur la table basse.

@Morgane

C’était du délire, du grand délire, mais pas plus inhabituelle que ce qu’il vivait depuis qu’il était devenu agent du TVA. Disons que l’étrangeté faisait désormais partie du quotidien et que bon gré malgré il s’y habituait. Il n’avait pas le choix de toute façon et puis à force de rencontrer des personnes extraordinaires ou des dieux, il avait appris à accepter que tout ce qu’il connaissait, n’existait plus. Parfois il se demandait si cette vie lui convenait, mais il n’avait franchement pas de réponse, ça dépendait des jours et de son humeur, c’était assez changeant. Adam n’était pas le genre à trop broyer du noir, même s’il n’était pas non plus le genre à voir tout en rose. Non sa personnalité était assez posée et il faisait avec les épreuves de la vie, même si visiblement il ne s’était pas attendu à celle-ci, à retrouver la fameuse rousse qui jouait si bien avec ses nerfs. Surtout qu’il était toujours très en colère contre elle, après qu’elle ait profité de ce qui lui avait dit pour aller voler des informations sur son pc du boulot. Malgré ça une partie de lui était heureuse de la retrouver car elle était là, avec lui. Il sentit presque le besoin de se rapprocher d’elle quand il entendit le prénom de son chien. « Pardon ?! » Il soupira, ce n’était pas possible, elle ne changerait jamais. « Vous avez donné mon nom de famille à ce truc poilu et remplis de puces et remplit d’acariens ? » Il regarda le chien s’éloigner pour retrouver sa maitresse, toujours aussi peu habillée.

Il roula des yeux à sa remarque avant de rajouter. « C’est vous qui m’avez vu nu dans ma salle de bain je vous rappelle, je n’ai pas dans mes habitudes de regarder des femmes nues se promener dans leur salon. » Aussi bien foutu, soit-elle, même s’il devait avouer que cette vision n’était pas vraiment désagréable. « Sérieux Morgane, Vous ne pouvez pas manger ce truc… » Il n’avait même pas eu le temps de le dire, qu’il n’y avait déjà plus aucun cookie, elle l’avait avalé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

« Non, pas vraiment, disons que mon bail prenez fin… » Il n’aimait pas ça, mais de toute façon il n’avait pas le choix. « Enfin bref, nous allons devoir cohabiter pour un moment, avant que je retrouve quelque chose. » Et Autant dire qu’il allait se dépêcher, parce qu’il savait que cohabiter avec Morgane et Karadec risquaient de le rendre dingue. Il s’approcha de Morgane pour observer l’état des canapées et ne put s’empêcher de grimacer, il allait passer sa journée à faire du ménage, ça c’était certain. Quand elle lui apprit à quel moment elle avait été retiré de sa réalité, il manqua de s’étrangler avec sa propre salive. « Encore ?! » demanda t’il sur les fesses avant de rajouter « De Timothée ? » Il n’avait pas vraiment aimé leur relation d’ailleurs, mais ça ne le regardait pas…. « Morgane, vous avez volé des informations sur mon ordinateur de travail, si je ne vous avais pas couvert vous auriez finit en taule ! Vous avez trahi ma confiance, tout ce que je vous avais dit ! Et tout ça pourquoi ? Pour manquer de vous faire tuer ! »

@Morgane