Persuasion en chocolat ∣ Aster

Persuasion en chocolat

@Aster Spleaster

Aster savait pertinemment, que tout le monde n’avait pas les moyens de s’acheter du chocolat, et comparé à du chocolat de supermarché le sien en tant qu’artisan chocolatier était évidemment plus cher. Pourtant, à chaque fois qu’il voyait la liste d'ingrédients quand il partait faire des courses, il ne pouvait s’empêcher de s’agacer en se demandant comment on pouvait oser vendre des trucs pareils. Le pire était peut-être le chocolat en poudre, il prenait soin de sélectionner les fèves de cacao idéales pour ses kit à chocolat chaud, une fois fermenté et séchées il s’occupait de la torréfaction avant de de les concasser. De cette manière il pouvait se permettre de créer des saveurs uniques, à l’image des chocolats qu’il avait dans sa boutique et sans conservateurs dégueulasses. Les industriels eux n’en avaient manifestement rien à carrer et ça le mettait hors de lui. Que le processus soit plus économique que ce qu’il faisait, d’accord pas de problème mais jouer avec la santé des gens ça c’était hors de questions.

Alors il avait charbonné, et avait produit plus de kit à chocolat chaud, que d’habitude. Une partie du stock était destiné à la vente, l’autre l’était pour des associations locales afin de venir en aide aux plus défavorisés. Aster estimait, que ce n’était pas une raison pour tout le temps avoir les mêmes produits dégueulasses. En plus, l’hiver était la saison propice aux chocolats chauds justement, alors autant en profiter. S’il pouvait rendre le sourire à quelques personnes, tant mieux et puis c’était ça en moins pour engraisser les gros bonnets de l’industrie alimentaire.

La clochette de la porte d’entrée tinta, signe qu’un client devait être arrivé, Aster qui était dans l’arrière boutique, plus précisément dans son laboratoire -qu’il préférait appeler atelier- se dirigea vers le comptoir pour prendre la commande, et fronça les sourcils. Qu’est que Sarah Fisher, la fabricante de glace, venait faire ici ? Ils s’étaient pourtant vu Lundi et ils avaient vu ensemble les modalités de sa commande. Il lui manquait des trucs ? Elle aurait pu l’appeler si c’était le cas, a moins que ce ne soit un achat personnel et non pas pour la boutique, mais elle aurait aussi pu le lui dire Lundi. Après, c’était peut-être pour une réunion de famille ou il ne savait pas quoi. Il pouvait pas lui en vouloir là-dessus, ce genre de trucs qui nous tombent dessus au dernier moment étaient difficiles à prévoir. C’était également possible que ce soit un cadeau pour quelqu’un, et généralement c’était plutôt une démarche spontanée quand on offrait quelque chose, et au moins elle savait ce qu’elle voulait pas comme certains clients qui mettaient 3 plombes à se décider, comme s’il n’avait que ça a faire attendre que des personnes étant incapables d’avoir la capacité de réfléchir AVANT de se décider fassent leur choix.

-Bon…Jour ? Commença Aster. Il vous manquait des trucs la dernière fois ? Ou c’est pour un cadeau, au besoin j’ai de quoi faire des emballages dit-il

Mieux valait demander quand même des fois que, c’était pour savoir s’il le mettait sur le compte professionnel ou bien si c’était personnel. Non parce que administrativement parlant, c’était pas la même chose, et c’était déjà suffisamment chiant comme ça alors pas besoin de rajouter des complications.

“Dites” S’éleva une voix, “ces chocolats, je suis certaine qu’ils n’étaient pas comme ça la dernière fois.”

Madame Anderson, comme de bien entendu…Toujours là pour mettre de l’animation quand il en avait pas envie. Elle était toujours a fond sur son histoire de chocolaterie hantée ou elle avait regardé un autre reportage de théorie du complot ? Des fois, il avait envie de lui répondre sur le même ton mais il était un professionnel, se moquer des clients aussi bêtes soient-ils il ne pouvait pas.

- Madame Anderson, c’est exactement le même moule utilisé et les mêmes ingrédients. Peut-être devriez-vous penser à faire corriger votre vue.

“Je sais ce que je dis. Ces chocolats n’étaient pas comme ça la dernière fois”

Il soupira, Bordel ça allait pas recommencer

- Madame Anderson, comme vous pouvez le voir je suis avec une cliente, qui a besoin de régler ses achats. Dit-il en insistant bien sur les mots cliente et achats. Alors, si vous voulez on en rediscutera plus tard.

Cela sembla la calmer pendant un moment, et le chocolatier reporta son attention sur sa cliente, s’excusant auprès d’elle pour le désagrément occasionné. Manque de bol, cela ne dura qu’une poignée de seconde.

“Regardez, ils sont beaucoup plus arrondis. Ce qui signifie que ce ne sont pas les mêmes”

- Eh ben c’est sûrement, les petits lutins du Père Noël qui les ont remplacés ironisa-t-il Ils ont dû se paumer après les fêtes de Noël et rester plus longtemps que prévu avant de repartir au Pôle Nord. Il se tourna de nouveau vers la glacière. Désolé, dès qu’elle voit une nouvelle émission sur les théories du complot elle devient insupportable. On en était où déjà ?

Avec tout ça, il avait perdu le fil de sa discussion avec la marchande de glace, Madame Anderson devait sûrement s’être déplacée dans un autre coin de la boutique afin de ne surtout pas toucher les “chocolats maudits” ou il ne savait quelle autre connerie.

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@Aster Spleaster

Sûrement ? Aster était pas spécialement expert en ce qui concernait Noël, et puis après tout c’était peut-être du second degré pour ajouter à ce qu’il avait dit un peu plus tôt pour que Madame Anderson arrête de lui casser les pieds. C’était peut-être aussi, pour en rajouter une couche puisque la fan de théorie du complot n’était pas suffisamment loin pour ne pas entendre leur conversation. Dans le doute, il préférait ne rien dire valait mieux, non parce que si ça se trouvait ses théories n’avaient absolument rien à voir avec la réalité, il se souvenait qu’en période de fêtes des enseignants lui racontaient tout ce qu’ils faisaient pour leurs élèves croyant toujours au Père Noël, si ça se trouvait elle entrait dans cette catégorie et c’était juste un genre de déformation professionnelle. Aster n’avait d’ailleurs rien contre les gens qui essaient d’entretenir un peu de magie auprès des plus jeunes. De son point de vue, les enfants étaient des êtres innocents qui ne devraient pas grandir trop vite et profiter pleinement de cette période. Lui malheureusement, n’avait pas eu cette chance et c’était peut-être pour ça qu’il se sentait heureux lorsqu’un petit ressortait de sa chocolaterie le sourire aux lèvres.

Mais le fait d’être sympa avec les enfants ça avait aussi ça part d’emmerdes, entre les parents qui pensaient qu’il pouvait faire garderie le temps qu’ils fassent le tour de la boutique, ceux qui se mêlaient de tout en lui demandant quand est-ce qu’il envisageait d’en avoir étant donné son “don” avec les petits la personne partageant sa vie devait forcément avoir envie qu’ils forment leur famille. Aster se contentait généralement de ne rien dire, et d’encaisser les clients, il savait que s’il n’appliquait pas cette technique il leur demanderait clairement de se mêler de leurs affaires et pas de la manière la plus polie qu’il soit. Parce que déjà, ça le regardait merci il y avait pas à se mêler de ce qui les regardaient pas et ensuite mais qu’ils s’occupent de leur cul merci bien. Il ne partageait sa vie avec personne et ça lui allait parfaitement ainsi. Et bien sûr parce que certains et certaines n’avaient absolument aucune honte, il y avait ceux qui lui faisaient du rentre dedans de manière pas du tout subtile. Honnêtement, ça le mettait hyper mal à l’aise parce que merde il était pas un bout de viande, il y avait des applis pour ce genre de choses alors qu’ils les utilisent sur des gens qui en avaient envie. Aster lui, n’avait aucune envie de se faire draguer par qui que ce soit.

- O…kay dit-il simplement lorsque la femme en face de lui -qui s’appellait Carol et n’était pas Sarah Fisher- lui dit qu’elles se ressemblaient mais n’étaient pas jumelle. Encore un truc chelou et inexplicable, parce que le coup du “on a tous un sosie quelque part” ça avait été démontré que c’était faux. De toute façon, c’est pas comme s’il avait envie de se prendre la tête sur le sujet.

S’occuper de ce que la cliente lui demandait , ça c’était déjà plus dans ses cordes, et il s’occupa immédiatement de lui donner ce qu’elle souhaitait. Madame Anderson semblait toujours être dans son coin, mais il préféra jeter un coup d'œil en biais des fois que pour le confirmer. Et effectivement, elle n’avait pas bougé. Il se contenta de hausser les épaules parce qu' après tout, c’était pas ses affaires ce qu’elle fichait tant qu’elle ne lui volait rien.

- Il vous faudra autre chose ? Demanda-t-il à sa nouvelle cliente. Et tant qu’a faire, j’teste une nouvelle recette comme Pâques arrive bientôt et que mes expérimentations pour la St Valentin sont terminés. Si ça vous tente de goûter…Termina-t-il en lui indiquant la coupelle à côté de lui.

Pour ce test, il l’avait réalisé au format ballotin. C’était un chocolat noir à la vanille de Madagascar et fève de tonka. Exercice difficile car les deux ensembles pouvaient parfaitement annuler le goût de l’autre, mais c’était justement le challenge qui intéressait Aster, faire en sorte que les deux goûts se ressentent dans le chocolat.

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