« Voilà monsieur. » Eugène récupéra les papiers que lui tendait la secrétaire pour mettre fin à ses semaines de calvaire. Son état s’était remarquablement amélioré, les médecins ne comprenaient pas pourquoi. Il aurait dû passer encore des moins en rééducation mais depuis quelques semaines, Ceylan arrivait à se tenir debout… Selon les médecins il était un cas rare… Sauf qu’il n’y avait rien de miraculeux dans sa guérison, juste les pouvoirs extraordinaires de sa belle blonde. Bien sûr, pour ceux qui n’étaient pas éveillés, ça pouvait ressembler à un miracle, mais Eugène lui y était habitué. A croire qu’il passait son temps à se blesser… Bon oui d’accord, ça lui arrivait souvent, mais c’était parce qu’il prenait des risques. Il n’y était pour rien. Ok oui, il aimait prendre des risques. Même s’il s’était rangé, il ne restait pas passif et ne refusait jamais une bonne course sur les toits. Raiponce avait beau lui dire de faire attention, c’était plus fort que lui et visiblement ça l’avait suivi dans ce monde. Cascadeur, ça lui allait bien et il était hyper content d’avoir toutes ses nouvelles compétences grâce à l’expérience de Ceylan.
Eugène abandonna l’accueil de l’hôpital pour sortir à l’extérieur. Il n’avait plus de fauteuil, ce qui ne le dérangeait pas. Il était heureux de pouvoir enfin retrouver le contact du sol sous ses pieds, même si c’était encore loin d’être parfait. Eugène devait utiliser des béquilles et s’il s’amusait souvent à les utiliser pour faire le poirier ou d’autres trucs du genre, la plupart du temps, il les utilisait pour avancer, reculer. Bref pour faire ce que fait n’importe qui avec deux jambes valides. Ce n’était pas hyper pratique et il lui tardait de pouvoir s’en débarrasser, mais pour le moment ses jambes étaient encore trop faibles pour le porter totalement. Bien sûr, Raiponce aurait pu arranger ça, mais pour une fois, Eugène préférait se montrer prudent. Il ne voulait pas que les gens autour d’eux puissent se douter de quelque chose, alors il préférait que sa guérison ne soit pas trop accélérée.
D’ailleurs en pensant à Raiponce, il commençait sérieusement à s’inquiéter. Lui était toujours en retard, elle jamais. Ce n’était pas son genre, surtout qu’elle lui avait promis de venir le chercher. Il la connaissait assez pour savoir que si elle avait pu être là, elle serait à ses côtés en train de lui tenir le bras pour éviter qu’il ne se fasse mal en descendant les marches. Elle avait toujours été comme ça… Refusant d’attendre plus, Eugène son sac à dos sur l’épaule prit la direction du premier arrêt de bus. Il comprit rapidement que se déplacer en béquilles était une belle galère. Il prit cependant énormément de plaisir à retrouver son autonomie, même prendre le bus lui avait manqué. Ici, plus d’hôpital, plus de médecin, il se sentait beaucoup plus libre et ça lui faisait un bien fou.
Quand le but s’arrêta au centre-ville, Eugène en sortit. Heureusement que Raiponce lui avait donner son adresse. Son passé d’ancien voleur lui octroyait une très bonne mémoire, surtout des adresses. Il lui fallut cependant plusieurs longues minutes de marche pour arriver face à l’immeuble ou elle résidait. Il était crevé, en sueur et puait la transpiration. Plus jamais de sa vie, il ne marcherait 8 kilomètres en béquilles ! Elle avait intérêt à avoir lui donner une bonne raison parce que là il lui en voulait clairement de l’avoir oublié et obligé à se taper la route tout seul. Par chance l’immeuble disposait d’un ascenseur, une invention qu’il aurait aimé avoir dans son monde. Arrivé au bon état, Eugène sortit de la boite de métal et se dirigea vers le numéro 240. Il grimaça en voyant la porte entrouverte et n’hésita pas pour rentrer. Il avait oublié toute la colère ressentit quelques minutes avant, elle était remplacée par la peur. Pourquoi sa porte était-elle ouverte ?
« Raiponce ? » demanda t’il en avançant dans l’appartement. Il la trouva rapidement, elle était agenouillée dans son salon rongée par l’emprise de la pierre de Lune. Eugène jura mais garda ses distances, il fit demi-tour pour revenir dans la cuisine dans laquelle, il était déjà passé et attrapa le premier récipient qu’il trouvait : une casserole. Il remplit cette dernière d’eau et balança tout le contenu sur la jeune femme pour la ramener avec lui.
« Raiponce ! » répéta t’il haletant de trouille, mais aussi de fatigue.
@Evangeline Suntear