Ofelia avait donc retrouvé la mémoire depuis plusieurs semaines lorsqu’elle décida d’aller se promener au jardin botanique, lieu qu’elle aimait beaucoup. Voyante ou non, être en contact avec la nature lui avait toujours fait du bien. Son réveil ayant également fait ressurgir le traumatisme de sa séquestration chez les Mangemorts, la jeune fille faisait des cauchemars la nuit. Mais, parler de ces cauchemars signifiait revenir sur ces événements. Si elle savait Euterpe parfaitement à l’écoute, elle n’avait pu s’y résoudre pour le moment, fuyant autant qu’elle le pouvait ces souvenirs qui s’imposaient bien assez souvent à elle. Elle aimait donc aller au jardin botanique pour sentir les odeurs des plantes, écouter les histoires de Wendy. Elle ne savait pas si elle pourrait faire cela ce jour-là, mais profiter du beau temps et des plantes, d’une promenade agréable, sans aucun doute. La meilleure saison pour une balade dans ce parc était le printemps, pour Ofelia, avec toutes les fleurs dont elle pouvait humer les parfums, mais elle y allait beaucoup plus souvent que cela. Ou plutôt, dans ses souvenirs en tant que Violetta, elle s’y rendait souvent. Et ce n'était pas quelque chose qui avait vocation à changer puisque sur ce point, sa personnalité n’avait pas changé, pas plus que ses handicaps n’avaient disparus. Après avoir un peu marché dans le parc, la jeune fille s’assit sur un banc prévu à cet effet. Elle avait un livre en braille avec elle, car quoi de mieux que de lire dehors, sous un beau soleil d’été ? Elle tenta de se plonger dans sa lecture, mais n’y était pas aussi attentive qu’elle l’aurait voulu, elle restait attentive à ce qui l’entourait, comme si un danger la guettait alors qu’elle savait que ce n’était ni spécialement ni spécifiquement le cas. Oh, bien sûr, le risque zéro n’existait pas, mais il n’y avait pas de raison de penser que les Mangemorts qui l’avaient autrefois capturée fussent ici et pussent la rechercher, contrairement au moment où Chiron l’avait recueillie dans son monde. Avoir conscience de cela ne changeait pas sa réaction, qui n’était pas le fruit d’une réflexion de sa part. Cela contribuait cependant à son impression d’avoir régressé à l’époque de sa rencontre avec le centaure. Elle était donc mi-lisant, mi-plongée dans ses pensées, mi-gardant une oreille sur ce qu’il se passait que Meredith la trouva lorsqu'elle vint à passer près de son banc.