Little kitten in madhouse [ Feat - Natsu ]

Revoir Laxus t’avait redonné du baume au cœur. Tu allais pouvoir sortir d’ici ! D’une manière ou d’une autre et rentrer chez toi. C’est ainsi que tu voyais les choses et tu ne pouvais qu’être enthousiaste à l’idée de retrouver les tiens. D’autres mages. D’autres personnes ayant foi en la magie et qui ne relaient pas tout ce que tu racontes à un conte de fée. Bien entendu, tu étais à des lieux de t’imaginer la complexité de ta situation. Ça n’allait pas être aussi simple de te remettre dehors, parce que tu avais tout de même détruit l’entièreté de la quarante-septième avenue de Novacrest City, l’une des avenues les plus fréquentées pour son passage oblige vers le centre-ville et tout ce qui te protège de l’étape prison, c’est que tu sois traité comme un détraqué mental.

Un fou. Un pauvre sot qui passe ses journées à raconter des bêtises et dont l’imagination est trop débordante. Qui n’a pas la même notion de réalité que le commun des mortels, mais à qui ont donne suffisamment de crédit pour le traiter comme le pire criminel.

Des songes qui te font revenir à la réalité, alors tu soupires de lassitude. Tu n’aimes pas quand c’est compliqué, quand ça te prend la tête. Pourquoi tout dans cette ville est aussi difficile à appréhender ? En plus tu ne l’aimes pas. Dès que tu mets ton nez dehors, tu as toutes ces odeurs de ferrailles, d’essences, de bruler qui te montent à la tête. C’est aussi agréable à sentir qu’une paire de chaussette sale à l’abandon depuis des semaines dans un coin.
Ce n’est pas le ventre vide que tu allais trouver une solution, alors tu t’es rendu à la cantine de l’hôpital. À force d’être enfermé ici depuis ton arrivé, tu avais fini par trouver un peu d’aise. À moins que ça ne soit à cause de ton état engourdi provoqué par ces cachets qu’on te fait avaler. Des calmants, soi-disant. En tout cas tu es moins nerveux par rapport à tes premiers jours. Moins colériques également, parce que tu as l’air constamment crevé, si bien que maintenant ils osent te mêler aux autres. Tu es néanmoins surveillé, car ils craignent ce qu’ils appellent une rechute de ta part, et que tu t’enflammes sans prévenir. Au sens propre.

Ta priorité, une fois que tu as ton plateau-repas en main, c’est de trouver une place à laquelle t’asseoir. Peu importe en face de qui tu vas, tu t’en fiches tant qu’on te laisse manger. C’est ainsi que tu t’es retrouvé face à lui. Un type tout en blanc, qui te parle de chat.

« Non, j’ai pas peur. » Si tu avais peur de tous les types siphonnés du bocal dans cet hôpital, tu ne sortirais pas beaucoup de ta chambre.

Tu lui réponds sans agressivité, alors que tu t’enfiles ta purée. Tu le regardes et tu as cet air affable. Tous les chats te font pensés à ton Happy, que tu n’as plus à tes côtés et qui te manque affreusement. Comme beaucoup. Elle est amère subitement, cette purée, mais tu as tellement faim que tu ne la mets pas de côté. Tu essayes de penser à autre chose, notamment en écoutant ton vis-à-vis. « T’sais, j’ai l’impression qu’ils ont peur de beaucoup de truc ici. Faut pas chercher à comprendre. Chat blanc, c’est un Exceed ? » Comme Kara, celui qui accompagnait Wendy ? Tu en doutes. Personne ici ne croit à tes histoires de dragons, de fées, de mages ; alors si tu commences à parler de chats volants venus d’un univers parallèle au tien d’origine, tu vas les perdre. Ou alors, ils te mettront à l’isolement.

Alors que ta dernière cuillère de purée allait droit vers ton gosier, tu t’arrêtes en cours de route. Ton ouïe surdéveloppée te permet d’entendre ces bruits de talons qui se rapprochent de vous à grande vitesse.  C’est tellement net qu’à force de les entendre dans les couloirs, tu es capable de compter le nombre de seconde que ça va lui prendre avant de venir vous enquiquiner. « Tu veux une bonne blague ? » Dis-tu à ton voisin de table, avant de revenir sur ta décision de finir ta purée. Au lieu de ça, tu te retournes et tu vises avec ta cuillère les pieds de cette doctoresse. Ce n’est pas une réussite, puisque ça atterrit en plein dans ses yeux, mais ça a le mérite d’être drôle dans tous les cas.

Surtout à l’entendre râler et jurer à l’autre bout de la pièce, alors qu’elle venait juste d’entrer.

Tu as beau plissé des yeux en espérant que cela t’aide à mieux te concentrer, on ne va pas se mentir ; tu bites que dalle à ce qu’il te raconte. Tu essayes de faire des connexions, des liens logiques, mais tu as surtout l’impression que ça te fait des nœuds dans la tête. Un peu plus et tu allais avoir mal à la tête, à force. Tu sens bien qu’il essaye d’expliquer quelque chose, mais tu as l’impression qu’il enrobe ça dans des propos sans queue ni tête. Alors tu laisses tomber, tu te contentes d’écouter. Vu comment il est bavard, ça doit lui manquer d’avoir quelqu’un pour lui faire la conversation.

Ou quelque chose qui y ressemble.

Dans ton monde d’origine, bercé par la magie, il y a bien des étrangetés et ce qu’il te décrit, ça ressemble à une façon simplifier de décrire des personnes, avec des capacités d’animaux. Quelque chose qui n’est pas si “étrange”, quand on n’a conscience dans le monde dans lequel vous vivez. Ton sourire est sur ton visage, mais il n’est pas moqueur. Il est amusé, c’est vrai, mais il y a une pointe d’incompréhension qui le fait vaciller et l’empêche d’être éclatant comme auparavant.
« Comment un papillon peut avoir l’ascendant sur un chat ? C’est beaucoup plus gros. Les chats, ça s’amuse même à jouer avec, parfois à les manger. »  Globalement ce que tu retiens de tout ça, c’est que le chat blanc face à toi s’est fait bolossé par des insectes. Ce qui est triste, d’une certaine manière, même si tu n’as pas encore tous les éléments pour comprendre. Vu le personnage que tu as en face de toi, tu ne les auras probablement jamais. Pas de sa bouche, en tout cas, ni clairement. « Ouai, c’est un chat. Ça a des ailes et ça vient d’une dimension parallèle, où on a tous une copie de nous-même et où ils ont même un royaume. Ils vivent dans un palais, dans les nuages, sur une île qui flotte. »

Ce qui tu dis n’a aucun sens, si on ne vient pas de là où tu viens. C’est même assez bizarre, comme si tu avais pris des substances illicites caché dans la cage d’escalier et que tu étais en train d’imager tout, de toute pièce. Pourtant toi, ça ne te parait pas étrange ni anormal. Pas plus qu’un chat qui parle à la troisième personne et qui se fait dominer par des insectes.

Le plateau repas étant vide dorénavant, tu l’avais mis de côté et tu le regardais t’imiter. Cette doctoresse venait de recevoir une deuxième salve de purée et toi, ça t’amusait. Tu te mets même à rire de bons cœurs, car tu estimes que ça ne vaut pas le coup de faire comme si de rien était, de vous cacher. Elle vous avait déjà remarqué avant même de s’approcher, alors à quoi bon ? Ce serait une perte de temps. « Tu vises mieux que moi, bien joué ! » Enthousiaste, tu ne prends pas conscience du danger, parce que tu estimes qu’il n’y a pas mort d’homme. Vous n’avez fait que tâcher sa blouse avec de la purée, rien de méchant en somme. C’est même plutôt innocent, en comparaison à ce qui peut arriver ici, avec tous ces détraqués.

Pourtant, ça ne lui a pas plu. Tu vois bien qu’elle commence à grincer des dents et qu’elle se méfie aussi. Jamais deux sans trois, comme on dit. Elle attrape sa tablette, qui a reçu quelques éclaboussures aussi, mais qui a été majoritairement préservée grâce à son bras en guise de bouclier, et elle pianote dessus. D’ici tu ne sais pas ce qu’elle fait. Si elle se contente de noter des observations ou si elle est en train d’appeler la sécurité pour vous ramener de force dans vos chambres et tu ne t’en soucis pas trop. Tu te contentes de regarder, accoudé à la table, en sirotant ta flotte.