Que les ancêtres nous viennent en aide - ft Mulan

Sa recherche de Mulan lui prenait beaucoup de temps. Mais c’était infructueux pour le moment. Il avait l’impression d’avoir cherché partout, mais rien. Pas la moindre trace de la femme qu’il aimait et il commençait à sentir l’angoisse lui grignoter le cœur. Et si… Et si elle n’était pas là ? Shang ne voulait pas vivre sans Mulan, il ne voulait pas affronter le monde et les futures batailles sans elle. Il ne voulait pas essayer et pourtant, il n’était pas du genre à baisser les bras, il avait le courage et l’honneur d’un guerrier chinois. Il combattrait seul une armée de 10 000. Mais sans Mulan, son honneur et son courage ne valaient plus rien. Toutes ses années sans elle, il pensait n’avoir besoin de rien de plus dans sa vie. Mais depuis que la guerrière avait croisé son chemin et que Shang avait réussi à passer outre son handicape social pour lui parler autrement que de supérieur à soldat, il ne voulait plus vivre sans elle. Il était profondément amoureux d’elle.
Il avait quitté Eldoria pour la journée, pour reprendre ses recherches, il se sentait plus à l’aise dans son armure, mais bon pour la femme qu’il aimait, il était prêt à supporter le tissu rêche des jeans et de tee-shirt trop moulant qui lui donnait l’impression de ne rien porter. Les mains dans les poches, il commençait à ne plus savoir où chercher, où une guerrière de légende pourrait bien vivre si on lui avait retiré ses souvenirs ? Il n’en savait fichtrement rien.

Alors qu’il déambulait sans plan en tête, un bâtiment lui fit ralentir. Il l’observa, avant d’entrer. Il se sentait presque de retour chez lui, tout dans l’ambiance lui rappelait sa véritable vie. Le calme, l’ambiance, la décoration. La décoration. Il fronça le nez. Il… Il pencha la tête un peu. Dans l’un des dojos… C’était… Impossible. L’épée de… Non. Le médaillon du… Non. Impossible.

Et alors que la vue des artéfacts auraient dû lui faire comprendre que Mulan était là, il ressentit juste de la colère que des objets si précieux, du moins pour lui, soient utilisés comme de simples objets de décoration, alors qu’ils auraient dû être vénérés avec respect ! Il entra donc sans attendre une seule autorisation pour s’approcher des objets accrochés au mur, bien décidé à les prendre avec lui.

Beaucoup de monde pourrait se demander pourquoi mettre des caméras dans le hall d'un dojo, mais cela semblait évident pour la jeune chinoise. C'était à cause deux objets qu'elle avait hérité à la mort de son grand-père, un médaillon avec la marque de l'empereur de Chine et une épée qui aurait servi pour une tentative d'assassinat contre l'empereur qu'un membre de la famille Feng aurait stoppé. Xiuying a toujours cherché à savoir l'idée de ce héro mais à chaque fois qu'elle cherchait, elle ne trouvait rien. Elle se demandait même si ce n'était pas un mythe afin de donner de l'importance à des objets que ces ancêtres auraient pu acheter. Qu'importe la vérité, elle chérit ses objets étant donné que c'était tout ce qu'il lui restait de sa famille dont elle avait coupé contact depuis quelques années maintenant. Voilà la raison du fait qu'elle avait mis des caméras afin de dissuader les éventuels voleurs même si pour la plupart des habitants, ce n'était que des objets de décorations.

Xiuying ne s'était jamais imaginée qu'on allait la voler, encore moins en plein jour mais il semblerait qu'il avait bel et bien un fou pour le faire. Alors que la jeune femme travaillait dans son bureau, elle fut alertée par une petite alarme lors quelqu'un entrait dans son dojo. Elle observait attentivement les caméras afin de savoir ce que voulait la personne, elle ne pouvait pas rester en place en voyant l'inconnu se dirigeait vers les objets de décoration du dojo. La jeune chinoise s'empressait de se lever d'accourir avant de donner un coup de pied dans le vide sans toucher le visage de l'inconnu et en gardant sa jambe levée. Touchez l'un de ses objets et vous gouterez à ce coup de pieds. Dit-elle d'un ton calme et sérieux en lançant un regard noir à ce voleur. Ces objets ont été transmis de générations en générations dans sa famille, c'était les fiertés de sa famille. Son père lui avait raconté qu'un membre de la famille avait sauvé l'empereur de Chine et ce dernier lui avait offert cette épée et ce médaillon. Qui êtes-vous ? Pourquoi tenez-vous de me voler ? Dit-elle en ne quittant pas du regard l'inconnu.

La discrétion ? Li Shang n'y avait pas pensé un seul instant. Il était dans un endroit privé et aurait dû faire attention. Mais la vue de ces deux objets... si mal traités. C'était un affront à l'honneur de l'empereur et à celui de Mulan. Le médaillon, symbole de bravoure et de sacrifice, était éraflé, et l’épée, autrefois scintillante, était ternie. Une colère sourde monta en lui alors qu'il se rappelait le jour où l'empereur lui avait remis ces objets. C'était un témoignage de la gratitude de tout un empire envers la famille Fa, pour le courage inégalé de leur fille. Tandis qu'il tendait la main vers le médaillon, son instinct, affûté par des années de bataille, se réveilla. Il se retourna juste à temps pour esquiver un pied qui frôla son visage avec la précision d'une lame bien aiguisée. Il devait reconnaître que l'attaque démontrait une maîtrise parfaite des arts martiaux. Son cœur accéléra. Seul un adversaire extrêmement compétent pouvait l'approcher ainsi sans éveiller sa vigilance. Son réflexe fut de répliquer d'un coup de pied tout aussi rapide, avant de froncer les sourcils pour scruter son assaillant.
-"Je m'appelle Li Shang, et ces objets appartiennent à la famille Fa. Cadeau de l'empereur pour leur fille qui..." Son regard chocolat se perdit sur le visage de la jeune femme. Un visage qu'il connaissait mieux que le sien. Sa surprise fut telle que sa garde tomba, et ses bras retombèrent le long de son corps. Les ancêtres avaient entendu sa prière. Elle était là... Après tous ces mois passés dans le brouillard, tout ce temps à chercher, à espérer contre toute logique... Elle était là. -"Mulan..." murmura-t-il, presque incrédule.
Le nom lui-même semblait porter un pouvoir magique, un espoir de rédemption. Sa voix était un mélange d'émerveillement et d'incrédulité. S'il avait retrouvé la mémoire, elle aussi, non ? La sauveuse de la Chine ne pouvait pas être encore touchée par cette étrange malédiction ! Il se remémora les rumeurs de sorcellerie, de maléfices lancés pour briser l'esprit des plus forts. Mais Mulan ? Elle était l'incarnation même de la détermination et du courage. Elle avait défié les attentes de tout un empire pour sauver son pays, et Shang avait foi en la force de son esprit. Il sentit une vague de désespoir le traverser à l'idée qu'elle pourrait ne pas se souvenir de lui, de leur passé partagé. Que lui restait-il s'il ne pouvait pas retrouver son amour perdu ? Il tenta de réprimer ce doute, mais il persistait, sournois.
Mais s'il était attendu de Shang qu'il soit assez doué sur le plan sentimental pour rendre la mémoire à sa bien-aimée... c'était peine perdue. Combattre un contre cent ? Pas de souci. Grimper un mât de dix mètres avec des poids ? Les doigts dans le nez... Séduire une femme ? Impossible. Même si cette femme était techniquement sa fiancée ! Il se souvenait avec une certaine amertume de ses tentatives maladroites de la courtiser après leur retour triomphal à la capitale. Pourtant, il y avait quelque chose de magnétique chez elle, une force qui l'attirait irrésistiblement, bien qu'il soit souvent incapable d'exprimer correctement ses sentiments. Sa maladresse dans l’art de la séduction ne l’avait jamais autant frustré qu’à cet instant. Alors, il pria de tout son cœur et de toute son âme, espérant qu'elle lui sauterait au cou et qu'il pourrait l'emmener avec lui à Eldoria.

Xiuying n'avait pas réfléchi aux conséquences, car certes l'homme voulait la voler mais si elle le blessait cela allait être de sa faute. Heureusement pour elle, ce dernier esquiva son coup et elle se mettait à penser que cet homme ferait une excellente recrute pour son dojo même si ce n'était pas le moment de penser à ça. Elle devait surtout contrer le coup de son adversaire, elle positionnait ses deux mains afin qu'elles encaissent le coup avant de bloquer la jambe de ce dernier afin de immobiliser et d'écouter ce qu'il avait dire. La jeune chinoise ne semblait pas comprendre ce qu'il lui disait, pourquoi parler de la famille Fa ? C'était la famille Feng qui avait obtenu ces cadeaux de la part de l'empereur. Vous faites erreur, monsieur Li ! Ces objets appartiennent à la famille Feng, à ma famille. Elle fronçait les sourcils en lui disant ça. La colère montait doucement et elle se demandait pourquoi ce Li Shang voulait tant ces objets vieux et en mauvais état. Malheureusement, le temps avait gagné contre ses objets mais il fallait peut-être qu'un jour qu'elle songe à les nettoyer.

La jeune femme se demandait si elle ne devait pas être un aimant à personne étrange. Elle devait se reconcentrer sur le jeune voleur qu'elle tenait toujours tandis que ce dernier chuchotait le nom, Mulan. Fa ? Mulan ? Elle fit très vite le lien avec Fa Mulan comme la légende chinoise qu'elle appréciait tant à l'école. Mulan n'est qu'un légende Monsieur Li ! Est-ce que vous sentez bien ? Elle avait très bien remarqué l'état de ce dernier qu'elle avait lâcher sa jambe. Qu'est qu'il pouvait le mettre dans cet état ? On aurait dit qu'il avait vu un fantôme. Même si ce dernier avait tenté de la voler, elle ne pouvait pas empêcher de s'inquiéter pour son état. Elle posait sa main sur son épaule et l'autre sous son avant bras pour le guider sur l'un des fauteuils de l'accueil. Attendez moi, j'arrive ! Dit-elle calment avant de partir chercher une bouteille pour qu'il s'hydrate. C'était surement la cause de son délire, enfin c'était ce qu'elle pensait. Après quelques minutes, elle revenait vers lui avant lui tendre la bouteille et s'asseoir à coté de lui. Tenez, buvez donc ! Qu'est qu'il s'est passé pour que vous soyez dans cet état ? Êtes-vous sûr d'avoir bien bu aujourd'hui ? C'était plus fort qu'elle de lui venir en aide malgré ce qu'il avait tenté de faire. Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait l'impression qu'elle devait lui venir en aide d'une manière ou d'une autre.

Se réveiller dans un monde qui n’était pas le sien avait déjà grandement chamboulé le fier soldat chinois. Mais là, voir l’indifférence dans le regard de celle qui avait volé son cœur, c’était pire que tout ce qu’il avait subi dans sa vie. Shang était un homme timide et maladroit, et séduire Mulan lui avait demandé des ressources qu’il ne pensait pas posséder. Pourtant, il avait gagné son amour et son respect, malgré toutes les épreuves qu’ils avaient dû surmonter ensemble. Il l’observa, sous le choc. Il ne s’était pas trompé. C’était bien Mulan. Il l’aurait reconnue aveugle au milieu d’une foule. Cette détermination dans le regard, cette aura indomptable, et puis les objets accrochés au mur ne mentaient pas. Mais c’était d’autant plus douloureux pour lui.
Mulan sentant son trouble surement, le guida doucement vers un fauteuil, et il se laissa faire, encore étourdi par l’ampleur de ce qu’il vivait. Shang n’avait rien compris à son réveil, ni pourquoi, ni comment il s’était retrouvé ici. La seule chose qui l’avait tenu debout, c’était l’espoir de retrouver Mulan. Et maintenant qu’elle était là, devant lui, tout cet espoir semblait s'effriter comme du sable entre ses doigts. Pourtant, même sous le choc, Shang n’était pas homme à abandonner si facilement. Maintenant qu’il l’avait retrouvée, il pourrait essayer de raviver sa mémoire, de faire renaître ce qu’ils avaient perdu. « Attendez-moi, j'arrive ! » dit-elle avec un sourire chaleureux, mais qui semblait dépourvu de la reconnaissance qui aurait dû l’accompagner. Shang la regarda partir, son cœur se serrant davantage. Il fit un geste instinctif, tendant la main comme pour attraper la sienne, mais il suspendit son mouvement et laissa ses doigts retomber dans le vide, se sentant étrangement seul. Elle revint avec une bouteille d’eau, qu’il prit sans grande envie, conscient que ce n’était pas de l’eau dont il avait besoin, mais de retrouver celle qu’il aimait. Pourtant, il trempa ses lèvres dans le liquide, par politesse, pour lui faire plaisir, tout en sachant que le véritable problème n’était pas la déshydratation. C’était cette distance inexplicable entre eux, cette barrière invisible qui les séparait maintenant. Le goût de l’eau sur ses lèvres lui parut fade, insipide, à l’image de la situation. Chaque seconde passée ainsi lui donnait l’impression d’être piégé dans un cauchemar dont il ne savait comment s’échapper. “Merci…” Il ferma les yeux, trente secondes, quarante, une minute entière peut-être.

“Désolé…Vous…Vous ressemblez à une femme… Que j’ai connu. Il y a longtemps.” C’était la seule chose qu’il pouvait dire. Il pinça les lèvres, blanc comme un linge. “Pardonnez-moi… Je ferais mieux de partir…” En voulant poser la bouteille, il loupa l’accoudoir du fauteuil et reversa tout sur le sol. “Pardonnez-moi !” Il se redressa d’un bon et retira son pull à capuche pour essuyer le sol. “Je ne suis pas en forme en ce moment.”

Xiuying avait beau être énervée sur le fait qu'on avait essayé de la voler, son altruisme prenait le dessus en voyant l'état de l'homme. Qu'est qu'il avait vécu pour se retrouver dans cet état là ? C'était parce que Xiuying ressemblait à une femme qu'il connaissait. Comment l'avait il perdu de vue ? Était-elle morte ? Tant de questions indiscrétes se basculaiant dans la tête de la jeune femme. Elle ne savait pas quoi lui répondre à sa phrase, elle se sentait désemparée face à tout ça mais ce n'était que le début. Le jeune homme se levait, Xiuying avait peur que ce dernier se lève un peu trop vite en vue du "malaise" qu'il venait de faire et elle mettait ses mains autour de lui afin de contrôler une éventuelle chute. Ce n'était pas lui qui avait chuté mais la bouteille. Ce n'est pas grave, je vais chercher la serpillière.... Coupait-elle sa phrase en voyant le jeune homme se déshabiller pour essuyer la flaque d'eau. Le rouge montait sur le visage de la jeune chinoise, même s'il était quand même vêtu d'un t-shirt qui cependant il montrait le corps musclé de l'homme. La petite minute d'égarement de la jeune femme fut terminée lorsqu'il lui adressait la parole, son visage était devenu encore plus rouge.

Est-ce-qu'il avait remarqué qu'elle était entrain de le scruter ? Elle sentaint honteuse mais au moins elle avait repris ses esprits. Ne vous excusez pas, ce n'est pas grave ! Donnez votre pull, je vais le nettoyer. Demandait-elle avant de se lever pour aller chercher la serpillière et essuyer la flaque d'eau. Si vous n'êtes pas en forme, je vous invite à vous reposer dans la salle de repos du dojo, monsieur Shang. Elle marquait une légère pause afin de réfléchir avant de reprendre. Si vous refusez, je vous assomme ! Argumentait-elle sérieusement. Elle ne pouvait pas laisser cet homme partir dans son état, elle s'en voudrait clairement si quelque chose lui arrivait. Elle approchait de lui pour prendre son haut mouillé de ses mains et venir l'aider à se relever. Il n'avait pas le choix d'accepter l'aider de Xiuying de toute façon car elle ne comptait pas de lâcher comme ça. Elle le guidait jusqu'à sa salle de pause avant de lui montrer un fauteuil qui était très confortable, elle l'adorait. Reposez-vous ici ! Je vais avoir bientôt un cours mais je viendrais vous voir après ! Ne comptez pas à filer en douce, je le remarquerai ! Déclarait-elle, car il devait passer devant sa salle de cours pour quitter ces lieux donc elle le verrai forcement partir et si ce n'est pas le cas, ça sera par les caméras. Pour votre pull, je vais le nettoyer maintenant  mais je ne pense pas qu'il sera sec dans l'immédiat ! C'es possible d'avoir votre numéro, ainsi je vous enverrai un message quand il sera propre et sec. Ajoutait-elle en laissant un stylo et un papier avant de laisser se reposer et faire ce qu'elle avait à faire :  la lessive et son cours qui allait bientôt commencer.