You're a pain in my ass, but not the kind of pain I like ft John Hart

-”Comme dirait Sirius Black dans Harry Potter. Que serait la vie sans un peu de risque ? Franchement, la mort, c'est ce qui rend la vie intéressante à vivre.” Enfin, ça l'était à une certaine époque pour lui. Mais il était passé d'humain sexy à anomalie temporelle. La vie était étrange quand même. -”Tu es comme le 1% des bactéries qui survivent à la javel. Tu es increvable John.” Répondit Jack du tac au tac avant de s'enfiler une nouvelle gorgée d'alcool. Même s'il était plus raisonnable que son ami. Hors de question d'être ivre dans une chambre avec John. Nulle part d'ailleurs. Ou peut-être que si. Tais-toi esprit contradictoire. Et laisse l’alcool t’endormir tiens. -”Tu es la pire Drama queen de la galaxie.” Oui, là, c'était l’hôpital qui se moquait de la charité. "J'vois pas bien de quoi tu veux parler. Tu me raviverais la mémoire ?" Un petit sourire vient étirer doucement les lippes roses et charnues. Il détourna le regard en prenant le goulot de sa bouteille entre les lèvres pour cacher sa réaction. -”Si tu ne te souviens pas, dommage pour toi. Tu n’avais qu’à tenir un journal.” Alors que l’alcool coulait dans son gosier, il sentit, la main chaude de Jack sur la peau de sa cuisse à travers le pantalon en tissue qu’il portait. Il fit mine de rien et son regard bleu resta concentré dans le vide. John tentait de l’emmener sur un chemin dangereux. Et Jack… Avait bien envie de le prendre ce chemin. Mais il savait qu’il ne le devait pas. Cela n’apporterait rien de bien, pour personne. Surtout pas pour lui, ni pour cette île.

"T'as raison. Plutôt Unique. Inimitable." Un petit rire sorti de sa gorge, il avala de travers sa gorgé d’alcool et il toussa un peu en riant à moitié. Se courbant en deux. -”Hum… Disons que je ne sais pas faire autre chose. Et puis le TVA un peu comme le reste, ça m’est tombé dessus. Ce n’est pas comme si j’avais déposé mon C.V.” Une fois un peu calmé sa toux, il releva son regarde sur John qui s'était défait de sa veste rouge. Tiens, il avait un peu chaud lui aussi. Mais est-ce qu’il avait vraiment envie de se délester de son long blouson militaire ? Il était en pleine réflexion, quand il vit John s’écrouler sur le sol. Il rigola un peu et tendit le bras, voyant que l’autre homme avait du mal à attraper sa main, Jack se redressa du lit pour l’attraper par les avants bras pour le remettre sur pied. -”Je te connais bien plus résistant que ça.” Ajouta-t-il en l’aidant à se rassoir sur le lit.

"T'es toujours occupé de toute manière. Déjà à l'époque, j'avais l'impression de vivre avec un courant d'air. Surtout ces jours où cette maudite boucle temporelle te chagrinait suffisamment pour que t'en cherche une issue." Il haussa un sourcil et profitant d’être debout, il retira son blouson qui retrouva la veste rouge de John avant de laisser pendre ses bretelles le long de ses cuisses et de revenir s’asseoir à côté de Hart. -”Tu es en train de me faire une scène ? Tu vas me reprocher d’avoir pas baissé la lunette des toilettes et de pas avoir assez passé l’aspirateur ? Parce que tu aurais aimé qu’on reste dans cette boucle pour toujours ? Arrête…” Il coula un regard vers John. -”Tu vas déjà dormir ?”

"Dixit l'immortel de service. Ne me dit pas que tu attends ta prochaine mort avec impatience."

Même si je dois avouer que, même sans avoir comme lui plusieurs chances avant le repos éternel définitif, j'ai plus d'une fois flirté avec la mort en lui riant à la face sans en éprouver la moindre crainte. Il faut croire que l'âge me rend frileux. Même si, soyons d'accord, je préfère de loin me faire tuer par un Dalek que d'attendre sagement que la Faucheuse vienne me prendre dans mon sommeil. Pour des hommes tels que nous, il faut une mort qui vaille un minimum le coup.

"Moi, je suis la pire Drama Queen de l'univers? Tu t'es regardé sérieusement? T'es cent fois pire que moi dans le genre!"

Notez que ma tentative de l'entrainer sur un terrain glissant a lamentablement échoué, mais c'est pas grave, j'en ai des dizaines d'autres en stock.

"Qui te dit que j'en ai pas tenu un?"

Ouais, ça doit être ça. De ne pas savoir sortir des sentiers battus qu'il parcourt depuis des lustres. Alors pour peu qu'une agence temporelle ait un peu de flair, et bien sur que le Capitaine Harkness est la recrue idéale. Et comme il ne sait dire non qu'à votre humble serviteur, il se fait avoir à chaque fois.

"Tu sais qu'il n'y a pas qu'à moi que t'as le droit de dire non, n'est-ce pas? Parce que je commence à me demander si je dois être honoré ou vexé d'être une telle exception dans ton existence."

Ma chute a davantage à voir avec ses jambes au milieu du chemin et mon inattention que avec ma consommation d'alcool et le coup qu'il m'a donné, mais il y a déjà bien assez de sujets de tension entre nous pour que je lui concède ce point. Puis vu que ça me permet de profiter de sa présence et du contact de ses mains sur ma peau, ne serait-ce qu'une clef de bras pour m'aider à me relever, je ne vais pas me plaindre.

"Faut croire que j'ai perdu la main. Picoler en solitaire, c'est moins drôle que picoler à deux, j'me suis relâché."

Je m'assied sur le lit, non sans reprendre ma bouteille en main, même si je trouve plus intéressant que l'alcool pour occuper mes pensées. J'en oublierai presque mes projets de beuverie alors que je l'observe se débarrasser de son manteau (qu'est-ce qu'il lui va bien ce manteau, mais soyons honnêtes, il masque trop le fait que son pantalon met son cul en valeur à mes yeux) et faire tomber les bretelles avant de s'installer à coté de moi pour me faire une scène de ménage.

"Si j'avais su que tu mettrais les voiles à la seconde où on en sortirait, ouais, j'te confirme que j'aurai fait moitié moins d'efforts pour essayer d'en sortir, de cette boucle... avoue qu'on y était pas si mal, toi et moi? En prime, on avait pas l'Agence sur le dos pendant ce temps, c'était un sacré bonus!"

Je lui coule un sourire en coin quand il me demande si je compte aller me coucher. Oui alors, je sais que j'ai pris quelques cheveux gris depuis que nous sommes sortis ensemble, mais de là à penser que je vais aller me coucher avant le coucher du soleil et après une simple bouteille de vodka... il m'a pris pour un grabataire ou quoi?!

"Pas prévu dans l'immédiat. Encore moins en si bonne compagnie."

Mes yeux bleus se perdent dans les siens un long moment, avant que je ne rompe le contact visuel pour ouvrir le bouchon de ma bouteille.

"Mais t'es pas d'humeur. J'comprends. Alors laisse moi vider encore une ou deux bouteilles et peut-être que tu pourras profiter de mon sommeil pour filer en douce."

"Dixit l'immortel de service. Ne me dis pas que tu attends ta prochaine mort avec impatience." Jack ne répondit rien. Il préféra plutôt prendre une nouvelle gorgée d’alcool. Il bascula un peu la tête en arrière quand sa gorgée fut avalée. Il resta un moment comma ça, la tête en arrière à observer le plafond. -”Pour dire vrai, je préférerais pouvoir mourir vraiment.” Ne pas mourir, devoir rester, être toujours le seul à rester. Et se réveiller.. -”Tu ne sais pas ce que c’est. Que de les voir tous mourir dans tes bras. Et quand tu ouvres les yeux… Laisse tomber.” Une nouvelle gorgée d’alcool. Comme quoi, sur lui aussi ça avait de l’effet. Quelle idée d’aborder ce sujet avec John. Hart avait la sensibilité d’une pierre.  Il lui coula un petit sourire devant son haire horrifiée en riant un peu. -”CQFD” Dit-il en désignant John du plat de la main. -”Tu te comportes comme une pucelle effarouchée John. Mais ce n'est pas grave.”

La bouteille terminée finit sur le sol, posé au pied du lit alors qu’il croisait les mains entre ses jambes, légèrement courbé vers le sol alors qu’il eut un petit rire nasal. -”Toi ? Tu as tenu un journal ? Je demande à le lire. Tu n'as pas la patience d’attendre que ton café soit prêt et tu vas me dire que tu as pris le temps d’écrire comme une ado ta journée ? Remarque, si tu as parlé que de nos parties de jambes en l’air, Vends-le, on va faire fortune.” Il fit craquer les muscles de sa nuque, en soupirant un peu lasse. Avant de lever les yeux au ciel. -”Arrête de faire ta pleureuse, tu veux ? Je ne te dis pas toujours non. Par exemple, quand tu me demandes de partir loin de toi, je dis oui… Plus sérieusement, l’agence du temps, ce fût une erreur… Torchwood… C'était… Un moyen de retrouver le docteur. Et le TVA… C’était pour fuir le deuil. Et parce que, le type qui est venu me chercher n'était pas désagréable à regarder.”

Il l’observe ensuite se lever, retirer sa veste et prendre une nouvelle bouteille avant de s’effondrer sur le sol. En riant un peu, il l’aide, avant de se défaire de son blouson et de ses bretelles, avant d’attraper une autre bouteille avant de revenir, de s’asseoir sur le lit à côté de John. "Si j'avais su que tu mettrais les voiles à la seconde où on en sortirait, ouais, j'te confirme que j'aurai fait moitié moins d'efforts pour essayer d'en sortir, de cette boucle... avoue qu'on y était pas si mal, toi et moi? En prime, on avait pas l'Agence sur le dos pendant ce temps, c'était un sacré bonus!" Jack leva les yeux au ciel avant d’ouvrir et d’entamer sa bouteille. -”Arrête. Toi et moi ? On se serait tué ou on aurait provoqué la fin du monde.” Et si Jack était resté avec John… Il savait qu’il serait devenu un véritable enfoiré, déjà qu’il n’était pas un enfant de chœur. -”Quoi ? Tu voulais qu’on se marie ? Qu’on fasse des gosses et qu’on s’achète une maison avec vu sur Mars ?” Bon, il se cacha bien de lui dire que techniquement les enfants…  Oui, non. Il préféra boire plutôt. Il avala une grande dose d’éthanol avant de secouer la tête. Il tourna la tête et son regard est aspiré par celui de John. Il hausse un sourcil quand le fou de la gâchette détourne le regard, mais il ne dit rien.  Il boit en silence, un petit moment avant de poser sa bouteille sur le sol. Il devait bien avouer qu’il trouvait le comportement de John plutôt étrange. Il n’avait pas essayé de lui sauter dessus. Ce que John trouvait à la fois étrange… Et vexant. -”Je ne suis jamais partie en douce.” Dit-il un peu piqué. C’était vrai quoi, il était quand un gentleman… Il se rapprocha de John pour prendre sa bouteille de Vodka de ses mains. Puis, il en prit une longue gorgée avant de s’essuyer les lèvres avec le dos de sa main. Avant d’approcher son visage de celui de John. -”Tu es malade ?” Quoi il y avait de quoi se poser la question. Ils avaient encore tous leurs vêtements sur le dos. Son regard bleu glissa lentement des yeux de John à ses lèvres.

Laisser tomber? Oui, c'est surement ce que je vais faire. Car lui et moi avons chacun notre manière d'affronter la perte de nos alliés. Lui pleure chacun des siens, culpabilisant de leur survivre et passant des mois (et maintenant des années je présume) à se refaire le film en boucle pour savoir ce qu'il aurait pu changer pour les sauver. Moi, quand j'les tue pas moi-même, mes alliés, je me remet assez rapidement de leur mort, voyez vous. Le concernant? Mon égo me ferait dire que je le met dans le même panier. En vérité, je l'ignore, et à présent on est de toute manière pas prêts d'avoir besoin de la réponse à cette question, donc ne pas avoir à y réfléchir, c'est bien aussi.

"Une pucelle effarouchée?! T'es pourtant bien placé pour savoir que j'suis ni une pucelle, ni effarouché.

Je hausse un sourcil quand il affirme que je suis tout sauf patient, et surement pas au point d'écrire un journal. On se connait suffisamment bien, lui et moi, pour que je n'essaye pas de le contredire. De toute manière, il a raison, dans le fond. Le problème, c'est qu'on ne m'a pas toujours donné le libre choix de mes actes. Enfin, sur les grandes lignes. Dans le détail, je sais respecter les consignes tout en en faisant qu'à ma tête en passant.

"C'est un truc stupide des cures de désintox ça. Le fameux journal. En vrai, il m'est arrivé de m'amuser à noircir les pages. Surtout quand ils ne se battaient ni pour les lire, ni pour analyser chaque mot. Les thérapeutes, c'est amusant parfois. Et d'autres fois, c'est intéressant."

Je le laisse deviner dans quelles mesures. Soyons honnêtes, j'ai pris assez de bon temps en cure de désintox pour ne pas vraimentrefuser d'y retourner de temps à autres. Surtout que l'Agence n'a jamais su me trouver de coéquipier arrivant à la cheville de Jack après sa défection, alors plutôt que d'attendre dans un placard qu'on me trouve une mission dont personne d'autre ne voulait... ça me faisait quinze jours de vacances.

"L'Agence était un doux rêve pour les idéalistes que nous étions. Pas seulement toi et moi, mais la plupart d'entre nous. Le problème, c'est que ceux qui tiraient les ficelles étaient moins altruistes que nous. Et je t'arrêtes tout de suite, y a plus un gramme d'altruisme en moi, je sais. Mais ils avaient bien vendu le truc au gamin pommé que j'étais à l'époque."

On se serait entre-tués ou on aurait détruit le monde? Sur le long terme, certainement. Mais en cinq ans, on a pas trop eu à se plaindre, moi je dis. Quand il pousse ma réflexion à l'extrême en parlant mariage, gosses et pavillon avec vue sur Mars, je manque sérieusement m'étouffer avec le contenu de ma bouteille à cause du fou rire qui me prend.

"Sans aller dans de tels extrêmes, ta compagnie, l'équipe qu'on formait, ton corps contre le mien... ça m'importait. Pour le reste, des gosses issus de tes reins ou des miens, ça, ça serait une vraie malédiction pour le monde."

Si je suppose un peu vite que ça n'est jamais arrivé? Disons que ça rejoint les rangs de mes alliés tombés au combat, je m'en carre royalement. Je compte bien m'offrir une nouvelle gorgée de vodka suite à ce constat, mais, plus rapide que moi, il me dérobe la bouteille dans ma main avant d'y boire à son tour.  Je hausse un sourcil intrigué quand, après avoir relâché son regard, il en vient à me demander si je suis malade, se rapprochant dangereusement de moi. A ma connaissance, pas un rhume depuis une bonne paire d'années, mais de toute façon, j'ai toujours été coriace. Comme un cafard, qu'il disait. Même la Grippe Espagnole ne m'a pas eu la peau, et pourtant, j'ai du faire la sieste la plus longue de mon existence quand j'ai eu la mauvaise idée d'atterrir aux Etats-Unis en 1918.

"Jamais. J'ai encore plusieurs décennies à vivre, que ça te plaise ou non. Seulement, j'ai jamais tenu en place. Hormis ce qu'on a vécu dans cette boucle temporelle, je suis jamais resté plus de quelques semaines au même endroit sans avoir besoin de bouger. Ici, j'ai ces souvenirs résiduels d'une vie qu'une part de moi est convaincue d'avoir vécu. Et faut croire qu'avoir l'impression d'être resté cinq décennies au même endroit, ça donne l'illusion de vouloir se poser. Arrêter de courir, au moins. J'en sais rien."

Je croise de nouveau son regard, abandonnant finalement l'idée de le soutenir pour préférer reluquer ce que je peux voir d'un point de vue si rapproché. Finissant par m'attarder sur ses lèvres, sur lesquelles je finis par glisser un pouce après avoir porté ma main à sa mâchoire. Avant de l'embrasser, me moquant bien de prendre une tôle, alors que mon autre main se pose à sa hanche, tentant de se glisser sous sa chemise.

Il rigola un peu à la réaction de John, il avait beau dire que ce n‘était pas vrai, il réagissait quand même comme une vierge effarouchée. -”Après c’est vrai, mais tu te comporte comme tel pourtant… Ma petite pucelle.” Lui lança-t-il en lui envoyant un petit clin d'œil avant de reprendre l’activité du moment. C'est-à-dire, boire. -”Déjà, je ne comprends pas ce que tu aimes tant dans les cures. J’veux dire, on passe son temps à te dire ce que tu n’as pas le droit de faire. Te connaissant, tu dois vriller. Combien de thérapeutes tu as sauter ? Allez ? Les docteurs sont souvent sexy… Enfin pour ce que j’en sais.. Je ne vais pas te cacher le fait  que ça fait un moment que je n’ai pas mis les pieds dans un hôpital.” Il était vrai qu’avec son immortalité, les docteurs, il n’en voyait pas, passé, le dernier c’était Owen, et Owen… Disons que c’était pas un rayon de soleil. -”Ianto en tenait un aussi… Un journal. Il n'aimait pas que je le lise et pourtant il était toujours en train de le laisser traîner sur mon bureau ou dans ma chambre.” Il sourit un peu, au souvenir de la moue réprobatrice de Ianto. -”Tu en as un ici ? Que je peux lire ? Qui parles de moi, c’était mes passages  favoris dans le journal de Ian.” Dit-il dans un sourire en coin. Même s’il était certain que le vocabulaire de John serait beaucoup moins… Plus fleurie que celui du coffee boy. -”Pas besoin d’être psy pour décréter que tu es complètement fou en tout cas. Et pas besoin non plus de lire ton journal pour savoir que les cures sont inutiles dans ton cas.”

Il s’étira un peu, avant de hausser un sourcil. -”Idéaliste ? Toi et moi ? Si quelque chose m’a poussé à devenir un agent du temps. Ce n’est sûrement pas l’idéalisme… Toi si?” Franchement, le Jack de l'époque n'était pas idéaliste, c’était…Un petit con. Sexy. Mais un con. Étrangement, l’idéalisme était venu avec le docteur, mais avait aussi grandement contribué au malheur de Jack. Heureusement que l’alcool coulait à flot. Parce qu’il pourrait commencer à ressasser. -”Tu étais pommé ? Je ne sais pas. Je ne me souviens pas de m’être dit que tu étais paumé le jour où je t’ai rencontré. Jolie petit cul… C’est ce que je t’ai dis le jour où je t’ai rencontré. Je me souviens.” Et il n’en avait pas du tout honte. Le jour où il aurait honte de quelque chose… Il tomberait des pierres. Pompéi… Oué techniquement il tombait des pierres… Et pourtant, même si Jack avait été y faire un tour, il n’avait eu honte de rien.

-”L’équipe qu’on formait était pas mal. Sur le moment. Mais elle faisait sortir le pire de nos personnalités respectives. Pour le reste. Le sexe était pas mal. Quant aux enfants… C’est un sujet que j’ai pas envie d’aborder.” Oui, sa grossesse, les enfants qu’il avait eu, qu’il avait regardé mourir. C’était pas forcément un sujet qu’il voulait aborder. Encore moins dans un stand de tir, à demi ivre avec John. "Jamais. J'ai encore plusieurs décennies à vivre, que ça te plaise ou non. Seulement, j'ai jamais tenu en place. Hormis ce qu'on a vécu dans cette boucle temporelle, je suis jamais resté plus de quelques semaines au même endroit sans avoir besoin de bouger. Ici, j'ai ces souvenirs résiduels d'une vie qu'une part de moi est convaincue d'avoir vécu. Et faut croire qu'avoir l'impression d'être resté cinq décennies au même endroit, ça donne l'illusion de vouloir se poser. Arrêter de courir, au moins. J'en sais rien." Ha oui. Cette histoire de faux souvenirs. C’était un peu le genre de choses dont il devait s’occuper aussi normalement. -”De toute façon… Sans un membre du TVA, tu ne peux pas quitter cette île. Alors tu es obligé d’arrêter de courir.” Ce qui était plutôt pas mal, comme ça lui pourrait garder un oeil sur les agissements de John.

Je me contente d'un coup d'œil lui conseillant fortement de ne pas aller plus loin sur ce terrain avant de retrouver de l'intérêt pour ma bouteille, au moins jusqu'à ce qu'il passe totalement à coté du sujet. Et c'est moi la vierge effarouchée?

"La première fois, j'ai vrillé ouais. Après, j'me suis bien marré. C'est incroyable la liste de trucs qu'on t'interdit de faire en cure que tu n'aurais même pas pensé à faire si on ne t'en avait pas parlé. Je ne suis même pas sur d'être venu à bout de la liste. Et pourtant, j'y ai mis tout mon cœur. Quant aux thérapeutes, tu vas mettre un sacré paquet d'années à me rattraper sur le sujet, crois-moi. Et les patients...rien de tel qu'une cure de désintox contre le sexe pour croiser tous les nymphos de l'univers... j'crois que j'aurai pu y rester, sur celle là."

Je l'observe alors qu'il parle de Ianto et de son journal, remarquant qu'il semble moins triste à évoquer cette simple anecdote. C'est peut-être vrai ce qu'on dit. Que parler de ses morts aide à faire son deuil. J'ai pas prévu de creuser la question aujourd'hui, voyez-vous.

"J'en ai un, mais pas un qui te plaira. J'ai surtout joué les agents du Temps trop sérieux qui ont pris soin de noter les bizarreries de cette ile. Faut croire que je m'ennuyais."

Je retiens un rire, me contentant d'un sourire en coin, quand il affirme que je suis fou. Ne le sommes nous pas tous un peu quelque part? Pour ma part, je dirai simplement que ceux qui voient la folie des autres devraient la rechercher en eux-mêmes.

"J'ai grandi dans une véritable apocalypse. Quand l'Agence m'a approché, ouais, j'pense que j'y ai vu une occasion d'améliorer les choses. Avant d'me dire que les améliorer pour mon compte était largement suffisant. J'ai pas dit que l'idéalisme m'avait suivi longtemps."

C'est peut-être ce qui m'a mené à sortir Gray de sa galère avant même de savoir qu'il était le frère de Jack. Parce qu'une part de moi s'est revue dans ce gosse perdu, laissé pour mort au milieu des cadavres de ses proches.

"C'est ce que tu dis de tous ceux que tu rencontres. J'suis à peu près sur que tu reconnais plus facilement les gens à leur cul qu'à leur tête."

Si j'en suis jaloux? Alors, première chose à savoir quand vous craquez pour un type comme Jack, c'est que la jalousie n'a pas sa place dans le tableau. Sinon ce serait vraiment un coup à se rendre malade. D'un coté, comme faut pas attendre beaucoup plus d'exclusivité de ma part, on a au moins l'avantage d'être clairs sur le sujet. Ca n'a jamais empêché une crise ou deux entre nous, mais rien qu'on ait pas su résoudre sur l'oreiller.
Je fronce les sourcils quand il rebondit encore une fois négativement sur cette histoire de gosses. A force de me dire qu'il ne veut pas en parler, il va forcément finir par me faire mettre les deux pieds dans le plat, il est bien au courant? Cela dit, j'ai l'impression que c'est un sujet sensible et que j'ai levé assez de lièvres pour aujourd'hui... mais rien ne dit que demain, j'me rappelle pas à lui.

"Ca tombe bien que j't'ai trouvé alors."

Même si en vérité, je n'argumenterais pas avec lui sur le sujet, pas dans l'immédiat en tout cas, parce que j'ai bien plus intéressant en tête dans l'immédiat. Et si je risque fort de prendre une tôle? Et bien je prendrais une tôle. Il m'a déjà pété le nez pour aujourd'hui, j'suis plus à ça près.

Le regard de John ne le perturba pas plus que ça. Et puis ce n’était pas John qui allait lui faire peur. Attention, John était un maniaque, mais bon, ils avaient connu pire ensemble. S’il avait dû avoir peur de Hart, il aurait eu peur à leur rencontre. Ce qui n’avait pas été le cas. Il sourit donc mais n’ajouta rien, sifflant son Whisky comme si c’était du petit lait. Il écouta les prochains mots de son compagnon de beuverie avec attention. Tout y passait, ses partenaires, son enfance tragique. Jack ne dit rien. Ils avaient eu la même vie à quelques détails prêt. Il fit tourner son alcool ambré dans sa bouteille avant de soupirer un peu. -” Ne me lance pas de défis. Je risquerais d’avoir envie de m’y coller. Et je suis censé enquêter pas organiser des orgies.. Quoi que, ça fait un moment que j’ai pas organisé d’orgie..” Il prit une grande gorgée. -”Vraiment ? Tu as fait ça ? Toi ? J’avais du mal à te tirer des phrases cohérentes quand j'enquêtait sur la boucle dans laquelle nous étions prisonniers et tu me dis que là tu tiens un journal ?” Il haussa un sourcil. -”J’aimerais le lire. Après tout, tu étais un bon agent du temps, ça pourrait m’être utile.” Parce que John n’avait pas que des défauts et que s’il devait être honnête, Jack devait bien lui reconnaître que quand il voulait, il pouvait être un bon agent. -”Est-ce que je t’ai jugé? Tu as fais ce qu’il fallait pour survivre… Crois-moi… J’ai fais des choses à la tête de Torchwood Cardiff qui te ferait hausser un sourcil.” Oué, il en avait fait des choses Jack, il en avait du sang sur les mains. Mais il avait pris les décisions que personne ne voulait prendre. Il avait sacrifié pour sauver. Mais il n’y avait que le docteur pour croire qu’on pouvait éviter la mort. -”L’idéalisme ne tient jamais longtemps. J’ai eu ma période. Mais, j’ai compris que quand on doit protéger le monde de menaces venues des étoiles, contre des ennemis qui sont prêts à tout, l’idéalisme est une connerie.”

Une nouvelle rasade d’alcool, la brûlure ne lui faisait plus rien. -”J’ai voulu l’être. Pour le docteur… Le docteur… Pour lui je suis une monstruosité de la nature. Je ferais n’importe quoi pour le revoir… Mais même idéaliste Jack n’a pas suffit à le faire changer d’avis sur moi. Cependant, j’aimerais autant que mes actions ne lui remontent pas aux oreilles. Il trouverait à redire…” C’était même sûr, il voyait d’ici son regard déçu et peut-être même en colère. Il rigola cependant à la suite des mots de John. -”Alors…C’est pas vrai. Mais tu avais vraiment un beau cul… Et le reste n'était pas mal non plus. Moi aussi j’étais jeune à l’époque ne l’oublie pas. Je n’allais pas aussi vite aux choses sérieuses. Je crois me souvenir que ton regard m’avait pas mal plut aussi…Mais j’étais plus romantique à l’époque. Moins amère et blasé.” Ben quoi…Oui Jack Harkness avait été jeune lui aussi. Mais c’était y’a bien longtemps et il avait beaucoup perdu en innocence et romantisme.

-”Parce que tu crois que je vais te balader d’un coin à l’autre de la galaxie et du temps ? Dans tes rêves John.” Il n'avait pas autre chose à faire. Mais il n’avait pas envie. C’était un coup à se retrouver piégé dans une boucle… -”Et puis je n’ai pas le droit.” Pas du tout. Mais c’était une excuse comme une autre. Même s' il n’avait pas besoin d’excuses.

Pas crédible. Rembobine et recommence, s'il te plait.

"Comme si toi et moi on n'avait jamais enquêté tout en organisant des orgies." Des souvenirs? Quelques uns, mais on aura tout le temps d'y repenser plus tard je dirai. "Tu rédigeais mieux que moi. Quel intérêt j'aurai eu à faire des rapports alors que tu gérais?" Si ça s'appelle avoir une queue de vache dans la main? Ca s'appelle surtout se répartir efficacement le travail. "J'te trouverai ça. Mais t'attends pas à y trouver toutes les infos que tu recherches. Je n'ai commencé à poser les infos sur papier qu'il y a quelques semaines, quand le dragon est sorti de la montagne. J'me suis dit que sur un malentendu, ça pourrait servir."

Je hausse un sourcil intrigué quand il me rétorque qu'il ne me juge pas, pour une fois que je prenais les devants sur un jugement à venir de sa part. Si je l'avais vue venir celle-là.

"Comme tu dis. L'idéalisme c'est bon pour ceux qui pensent régler tous les problèmes du monde sans avoir besoin de se salir les mains. Sauf qu'à être sur le terrain, on apprend vite que si on se salit pas les mains, on fait pas grand chose non plus." Une nouvelle gorgée avant qu'il n'embraye sur un sujet qui me parle surement plus qu'il ne le pensait en l'évoquant. Son fameux Docteur. "J'te rassure, c'pas moi qui irait lui raconter quoi que ce soit. Je pense qu'il m'a catalogué dans les monstruosités de la nature moi aussi. Et même pas besoin d'être immortel pour ça."

Nan, il a simplement fallu un flingue et une incompréhension de sa part sur la situation dans laquelle il débarquait comme un cheveu sur la soupe. Ces seigneurs du Temps et leurs certitudes, on se demande franchement pourquoi on en croise si peu de nos jours tiens...

Tu vas me dire quoi? Qu'on était jeunes et cons à l'époque? J'te rassure, jeunes, on l'est peut-être plus, mais cons ça..." Je ris franchement, alors que mes yeux accrochent les siens, comprenant ce qu'il veut dire. Physiquement, il n'a quasi pas changé depuis que nous nous sommes quittés à l'époque de l'agence du Temps. Pas autant qu'il aurait du le faire au cours des années en tout cas. Mais il a le regard d'un homme qui a trop vécu.

Sur sa dernière déclaration en revanche, je m'insurge clairement. "Et depuis quand tu respecte le règlement exactement? Quoi, toi et moi en mission comme par le passé, ça te dit vraiment pas? A moins que tu te sois trouvé un meilleur acolyte parmi tes petits copains du TVA?"

-”Je le faisais mieux surtout parce que tu n’avais pas envie de le faire. J’aurais dû te laisser prendre les choses en mains, ça m’aurait évité bien des maux de tête.” Parce que quand on était avec un associé qui ne voulait rien gérer on se retrouvait à devoir prendre ses responsabilités. -”Je le prendrai quand même on verra. Tu as l’habitude, tu as pas être pensé ou vu quelque chose qui m’a échappé.” Parce qu’on pensait ce qu’on voulait de John, quand il le voulait, il pouvait être un très bon élément. Enfin, si on aime gérer les emmerdements. -”Être idéaliste n’est pas un mal. Seulement, on ne peut pas tous l’être.” Il en fallait toujours un pour faire avancer les choses et ce n’était jamais les idéalistes. Sauf peut-être le docteur, qui avait tendance à presque toujours trouver un moyen de sauver les autres. Presque toujours. Le presque était important. Et Jack n’était même pas étonné par la suite des mots qu’il entendait. Même pas étonné un tout petit peu. -”C’est le contraire qui m’aurait surpris… Tu n’es pas du tout le genre que le doc apprécie… Remarque, c’est la même chose pour moi.” Le goulot épousa de nouveau ses lèvres. -”Le docteur a un truc pour les blondes, ça nous met hors course directement.” Ce qui était rageant quand on y pensait. Mais c’était comme ça. Et puis, même si le Docteur était le saint graal, ça ne voulait pas dire qu’il allait se laisser aller. C’était bien mal connaître Jack. Il n’avait pas vécu dans un couvent durant toutes ses années. Quoi que si, il avait passé du temps dans un couvent…Mais c’était bien plus amusant que ce qu’on voulait faire croire. -”Je veux dire que…Les choses étaient moins compliquées, entre nous. On était juste deux jeunes qui pensaient avoir la vie devant eux. On parlait pas de futurs on parlait de rien. Et puis…On c’est retrouvé dans cette boucle… Et cette boucle à tout changé. Elle nous a fait entrevoir ce que notre vie pourrait être si on… Peu importe c’est fini. Et tu es toujours con, mais pas moi. J’ai mûri comme le bon vin.” Ouais, du moins il espérait avoir fait entrer un peu de sagesse dans cette caboche sexy.
Il ne répondit pas tout de suite à John, il fit tourner l’alcool dans sa bouche avant d’avaler et de répondre enfin. -”Quoi tu serais jaloux si c’était le cas ? C’est un coup qu’on se retrouve encore dans une boucle temporelle, ça ne te fais pas peur ?” Lui, un peu. -”Bon, on fera un test, mais c’est moi qui dirige et si tu m’obéis pas, je te largue à Pompéï ou dans la gueule d’un T-Rex et je me casse.” Quoi ? Vous pensiez qu’il n’en était pas capable ? C’était bien mal le connaître. Mais en réalité, il n’avait pas de partenaire, il n’avait plus d’équipe et on pouvait pas dire que le docteur avait sauté au plafond de le revoir. -”J’ai toujours respecté le règlement… En le tournant à ma façon.”

"Y a un paquet de trucs sur lesquels t'aurai dû me laisser prendre les choses en main."

Plus un marmonnement échappé d'une pensée qui n'aurait pas dû franchir mes lèvres qu'autre chose, auquel succède une nouvelle gorgée de vodka, comme pour signifier que je n'attends pas franchement de réponse, voir mieux, qu'il n'en tienne carrément pas compte, c'bien aussi.

Je hausse un sourcil quand il me concède sans le dire à voix haute que mon aide n'est pas toujours bonne à jeter. Il n'y a pas si longtemps qu'il pensait le contraire, quand je lui ai proposé de rester un peu du coté de Cardiff. J'ose penser qu'un Torchwood à moitié enterré n'aurait pas trouvé un ex "bon" Agent du Temps, pour reprendre ses termes, de trop pour se remettre d'aplomb. Surtout au milieu d'une ex-flic et d'un garçon de café.

Je ris carrément quand il me répond que le problème du Docteur, c'est qu'il a un truc avec les blondes. A cause de la pensée qui vient de me traverser l'esprit, notamment.

"Et t'as jamais pensé à te décolorer pour rentrer dans ses bonnes grâces? J't'ai connu prêt à pire pour obtenir ce que tu voulais. Ou qui tu voulais."

Je fronce les sourcils, mon expression illustrant certainement ma perplexité, quand il me sort que le problème entre nous est survenu avec cette histoire de boucle temporelle. Je passe au dessus de sa bravade sur la connerie qui m'aurait davantage atteint que lui (c'est beau de se voiler la face, n'est-ce pas Jack?), cherchant davantage d'informations dans son regard azuré.

"Et tu crois quoi? Que j't'aurai demandé en mariage et qu'on aurait élevé des poulets ensemble? On était bien ensemble j'dis pas, mais même en étant aussi imaginatifs qu'on a pu l'être pour passer le temps, la routine, c'pas mon truc. Tu l'aurai p't'être compris si tu t'étais pas barré la seconde suivante."

Jaloux? J'ai déjà répondu à cette question, je crois. Eprouver de la jalousie en côtoyant Jack Harkness, c'est se rendre malade pour rien. En même temps, c'est ce qui m'amusait chez ce regretté Ianto, même si je me demandais bien ce que Jack pouvait lui trouver. Je suis à peu près sur que j'aurai pu réussir à l'énerver à jouer sur sa jalousie si on m'avait laissé un peu plus de temps pour le faire. Allez savoir, il aurait peut-être réussi à me claquer le bec rien qu'une fois. Oui, ça aurait surement été amusant. Mais laissons le passé au passé, ce n'est pas moi que l'on prendra à souffrir de nostalgie.

Ce que je remarque surtout de ses paroles concernant Pompéi ou le dinosaure? Qu'il a cédé du terrain. Il y a trente secondes, j'avais droit à un "non" catégorique. Encore un peu et ça sera un véritable oui.

"J'ai connu bien pire qu'une boucle temporelle, alors non, ça ne m'effraye pas. Plus, t'es un sacré bonus ajouté à n'importe quelle malédiction qui peut s'abattre sur moi."