Un Spectacle Explosif [PV Pietro Maximoff]

Il y a des héros, c’est vrai. Certains sont nés pour ça, comme si une lumière intérieure les poussait à courir au secours du moindre chat coincé dans un arbre ou à tendre la main à chaque veuve et orphelin qu’ils croisent sur leur route. Prenez Captain America, par exemple, ou le Professeur Xavier. Des mecs tellement altruistes qu’on se demande parfois s’ils dorment la nuit ou s’ils passent leur temps à rêver de sauver le monde. Puis, il y avait Pietro Maximoff. Un gars... plus compliqué. Pietro avait traversé tellement de phases dans sa vie qu’on pourrait croire qu’il jouait à la roulette russe avec sa propre morale. Gentil, méchant, un peu des deux — franchement, on ne savait jamais sur quel pied danser avec lui. Parfois, il jouait les vilains, simplement pour faire plaisir à papa, parce qu’avoir un père comme Magneto, ça tord la boussole éthique de n’importe qui. Et puis, à un moment, il a lâché l’affaire et s’est mis à faire le contraire, parce que, de toute façon, “Papa est un con”. Simple comme ça. Il avait même flirté avec l’idée d’être un héros. Ça n’a pas duré. Pas vraiment. Jusqu’au jour où Pietro avait fait un vrai virage : destructeur d’univers. Ah ouais, rien que ça. Il s’était pris pour Dieu ou un truc du genre. C’était l’époque où tout ce qu’il touchait semblait destiné à tomber en ruines. Après ça, le virage suivant avait été tout aussi brutal : le désintérêt total. Aujourd’hui, il en était là. Plus rien ne comptait. Ni les Avengers, ni les X-Men. Ils n’existaient plus ici, comme des pages déchirées d’un vieux livre qu’il avait cessé de lire. Oh, il avait bien entendu quelques noms circuler ici et là — paraît-il qu’il restait encore des héros en collants qui faisaient leur truc. Tant mieux pour eux. Pietro, lui, n’en avait plus rien à faire. Ce qu’il voulait ? Juste qu’on le laisse tranquille. Fin de l’histoire. Il en avait fini avec les leçons de morale débitées sur un ton solennel. “De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités...” Bla-bla-bla. Comme si les pouvoirs n’étaient pas déjà une malédiction en soi. Et puis quoi encore ? La marmotte, elle emballe le chocolat dans du papier d’alu aussi, c’est ça ? Non. Pietro n’était pas un héros, et il ne le serait jamais. C’était juste un gosse grincheux, un peu paumé, avec des pouvoirs beaucoup trop puissants pour qu’on les lui ait confiés sans mode d’emploi. Et tant qu’il avait ces pouvoirs, il comptait bien en profiter à sa manière. Pas de grandes causes, pas de drapeaux à brandir, juste lui et sa propre vitesse, filant à travers le monde comme une balle qu’on a tirée sans savoir où elle finirait.

Pietro était d’ailleurs en train de piquer des bonbons dans un petit magasin de quartier quand des cris lui parvinrent de la rue. Les cris, il connaissait. Ils étaient familiers, comme un bruit de fond qui l’accompagnait depuis toujours. Pillage ? Explosion ? Braquage ? Peu importe. Ça sentait le chaos.
Il fourra une poignée de fraises Tagada dans sa bouche, un sourire en coin. La boutique n’avait aucune chance de le voir payer. Il avala le sucre en un clin d’œil avant de sortir en trombe. D’un coup de vent, il s’éleva sur un toit voisin pour jeter un œil sur ce qu’il se passait. Une foule en panique. Des gens qui couraient dans tous les sens. Le genre de merdier où quelqu’un finirait bien par jouer au héros. Sauf que ce quelqu’un, ce ne serait pas lui. Il n’était pas d’humeur à jouer au sauveur.

Mais alors qu’il s’apprêtait à ignorer la scène et filer, un détail capta son attention : le regard terrifié d’une petite fille, accrochée à la main de ce qui semblait être son petit frère. Elle chercha désespérément de l’aide autour d’elle, mais personne ne s’arrêtait. Pietro soupira. Pourquoi les enfants devaient-ils toujours avoir ce regard-là ?

Sans réfléchir davantage, il fonça. En un battement de cils, il attrapa les deux gamins par la taille et les emmena à toute vitesse vers un endroit plus sûr. Lorsqu’il les déposa enfin dans un coin tranquille, il leur tendit le sac de bonbons volés.
— “Vous mangez pas tout, hein...” lança-t-il avec un clin d’œil.
Les enfants hochèrent timidement la tête, encore trop choqués pour parler. Pietro se redressa en faisant craquer sa nuque d’un geste nonchalant, un sourire amusé au coin des lèvres.
— “Bon… Qui a besoin d’un petit coup de pied au cul ?” marmonna-t-il, avant de se retourner vers le chaos en contrebas.