Jack passa sa main dans ses cheveux aussi blancs que les neiges éternelles. Il en avait hérité en devenant un esprit. Ses cheveux bruns avaient laissé place à cette chevelure blanche aux reflets argentés, signe de son lien avec la glace et le froid. L’apparence de Jack était saisissante, il attirait les regards, mais cela ne le dérangeait pas. Il savait ce que cela faisait de ne pas être vu, de passer des années, des siècles même à n’être qu’un fantôme et il ne voulait plus jamais ressentir ça de sa vie. Dans son monde, ils n’étaient visibles que des enfants, ceux qui croyaient en lui et ça lui suffisait. C’était un jeu auquel il s’était habitué, il existait pendant un temps dans leur vie, jusqu’à ce que la vie d’adulte les prive de leur innocence de gosse. Il arrive un jour ou plus aucun enfant ne croit, quand ils deviennent adultes, ils perdent cette faculté, mais il y a toujours d’autres enfants qui prennent la suite. Ici, sur cette île qu’il connaissait désormais assez bien, Jack était visible comme n’importe quel humain. Il avait mis du temps à si habituer et cela lui avait causé quelques ennuis.
Dans son monde, Jack jouait des tours, près de lui les chutes sans gravité n’étaient jamais bien loin. Cela est assez amusant quand on ne comprend pas d’où cela vient, ni pourquoi une boule de neige vous atteint en pleine tête alors qu’il n’y a personne autour de vous. Par contre quand vous voyez la personne qui vous joue une farce, la donne n’est pas la même et chaque l’a appris à ses dépens. Disons qu’il lui arrivait souvent d’oublier lors de son réveil qu’il était visible pour les adultes… Maintenant, cette vérité est ancrée en lui et Jack a appris à ne plus se faire remarquer. Quand au fait de jouer des tours et bien… C’est Jack Frost, il ne faut pas trop lui en demander.
Cette vie n’était pas si mal, la présence des autres gardiens lui manquait. Il s’était habitué à eux avec le temps, même à ce satané lapin. La solitude ne lui sied toujours pas au teint, mais Jack était beaucoup moins seul qu’à une époque et il en était ravi. Il avait choisi de continuer de vivre la vie de son autre, de devenir joueur de Hockey et il adorait ça. Gamin, il passait son temps à patiner sur la glace et attendait l’hiver avec impatience pour pouvoir rechausser ses patins. Il se rendait toujours sur le même lac, à la même période de l’année. Pour tous les enfants du village, c’était le meilleur coin du monde lorsque l’hiver tombait sur le petit village saxon. C’était aussi ce lac qu’il aimait tant qui avait pris sa vie lors d’un magnifique jour d’hiver. Ce lac qui d’une certaine manière avait fait de lui Jack Frost, même si pour le coup, il avait eu de la chance que l’homme lune se penche sur lui pour le transformer en esprit.
Le jeune homme referma derrière lui la porte qui menait à l’enclos d’un vieil ours polaire. L’animal avait passé la grande majorité de sa vie dans un cirque. Elsa l’avait recueilli comme de nombreux autres animaux, il était dans un sale état, mais maintenant et malgré le fait qu’il soit aveugle, il vivait une vie paisible. Jack fit le tour pour le regarder dans son bassin. Il avait pris le temps pour refroidir l’eau, donner un peu d’aide à la climatisation qui gérait la température de l’eau. Elle montrait quelques signes de fatigue, il fallait qu’il en parle à Elsa.
Elsa… Cette fille lui avait tapé dans l’œil à la seconde ou il l’avait vu… Certaines choses ne s’expliquent pas et le coup de cœur qu’il avait eu pour Elsa ne s’expliquait pas. Le truc c’est que Jack n’était pas très doué pour exprimer ses sentiments, ni pour comprendre les siens. Il savait qu’il adorait sa compagnie profitait d’ailleurs de la moindre occasion pour la retrouver. Ce soir ne dérogeait pas à la règle. Il était arrivé en fin d’après midi pour l’aider à fermer le refuge, ce qui consistait à nourrir les animaux, fermer ce qui devaient l’être, vérifier que tout le monde allait bien avant d’éteindre les lumières pour clore la journée. Pour le remercier, elle l’avait invité à venir manger avec elle, ce qu’il avait accepté avec un peu trop d’entrain.
Après une bonne douche, il était monté dans sa voiture, un petit bolide qui appartenait à Eirwen. L’homme était fan de voiture de course, Jack en avait donc hérité sans vraiment y connaitre grand-chose, mais il devait bien avouer qu’il appréciait sa corvette bleue nuit. Jack n’avait jamais eu d’argent, les esprits n’en possédaient pas et sa famille arrivait à peine à ne pas mourir de faim. Autant dire qu’il ne savait pas trop quoi faire de toute cet argent… Si ce n’est faire des dons réguliers au refuge pour le bien être de ses pensionnaires. Il donnait aussi à l’orphelinat dans le but d’améliorer la vie des enfants. Jack s’arrêta à un fleuriste et acheta un bouquet. Une mauvaise idée, car il passa ensuite 10 minutes dans sa voiture à réfléchir pour savoir s’il l’offrait à Elsa ou s’il le laissait là. Peut-être qu’elle le prendrait mal ? Peut-être même qu’elle lui dirait qu’il se faisait des idées ? Bordel pourquoi la vie humaine était si compliquée ?
Prenant son courage à deux mains, il attrapa son bouquet de fleurs, bien décidé à l’offrir à la jeune femme. Quand il frappa à sa porte, il avait préparé une magnifique tirade qui s’arrêta aux bords de ses lèvres quand une vielle femme ouvrit la porte. « Vous n’êtes pas Elsa … » La vieille dame éclata de rire avant de lui indiquer le palier d’à côté. « C’est ma voisine… » Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la vielle femme tandis que Jack quelque peu honteux fit demi-tour pour sonner cette fois à la bonne porte. Quand elle lui ouvrit, il lui tendit son bouquet, ayant tout d’un coup oublié ce qu’il avait prévu de lui dire. « Tiens… c’est pour toi… je ne savais pas trop. Enfin c’est pour te remercier de m’inviter à manger… » Entre autres, mais ce n’était pas la seule raison. « Je suis pas trop en retard ? » lui demanda t’il, conscient qu’il avait mis plus de temps que prévu, surement parce qu’il avait passé 3 heures à choisir une chemise, pour finir par mettre un polo.
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