un serpent qui se mord la queue • ft. ammara

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un serpent qui se mord la queue - feat @Ammara Suwanno

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11/08/24 - Jungle Sud - ambiance

« Hm … J’aurais peut-être pas dû aller aussi loin. » Penses-tu tout haut, alors que la chaleur et l’humidité de la jungle semblent te saper toute ton énergie. Presque toute. En effet tu en avais encore assez pour grimper aux arbres lorsque tu voulais te retrouver dans la jungle, ou encore éviter une bestiole qui ne t’inspirait pas confiance. Tu n’étais pas très dégourdi dans cette forêt primaire, car tu étais bien loin de ton milieu maritime habituel. C’était un défi que tu t’étais lancé. Stupide, mais enrichissant. Tu sous-estimais très probablement le danger naturel qui pouvait roder dans les environs, mais tu avais envie de revenir avec un trophée pour montrer que tu as bravé sans sourciller l’environnement le plus difficile et tout seul.

Cela aurait été plus prudent de demander à quelqu’un de t’accompagner.
Law pour ses compétences médicales et ses diagnostiques. Takeshi pour ses aptitudes au combat et son adresse à la découpe. Sanji pour son optimisme et sa faculté à cuisiner n’importe quoi. Non au lieu de ça ; tu es parti tout seul. Tu n’as prévenu personne, car cela semble être un rituel pour toi et tu t’es engouffré dans un nid à problème.

Si Madame Nico le savait, elle serait probablement morte d’inquiétude. Tu trouves son attitude plutôt étrange d’ailleurs. Elle est un peu trop à l’aise avec toi, mais d’un autre côté ça te fait du bien d’avoir une adulte qui ne cherche pas à te faire la leçon et qui t’écoute. Qui ne te juge pas. Toi et tes idées fantasques. Peut-être même qu’elle aurait approuvé et qu’elle t’aurait accompagné dans cet endroit.
Tu avais pris en considération la possibilité d’être allé trop loin et pourtant, opérer un demi-tour ne te traverse pas l’esprit. « Bouarf ! J’vais bien finir par tomber sur quelqu’un. » Dis-tu à l’intention de cet oiseau coloré qui t’observait et qui louchait sur ton sac. Il attendait quelque chose de ta part, mais tu y étais complètement aveugle. À la place tu te laisses glisser sur le tronc, jusqu’à retomber sur le plancher des vaches avec la discrétion d’un pachyderme. L’oiseau en question te suit, même lorsque tu reprends la route pour t’enfoncer toujours plus loin dans cette forêt. Tu as sorti un sandwich de ton sac et tu as commencé à le dévorer, laissant des miettes fort appétissantes dans ton sillage pour ce volatile.

Ce n’est pas ton animal de compagnie, tu ne le surveilles donc pas. Il te suit parce qu’il en a envie, mais à son plus grand malheur, tu entends du bruit derrière toi. Tu te retournes et pile à cet instant, tu le vois se faire croquer par un serpent. Est-ce que tu es effrayé ? Non.

Tu regardes la cruauté de la nature en œuvre et tu ne vas pas reprocher à ce reptile de se faire un petit gueuleton. C’est certes horrible, mais c’est ainsi. Tout le monde doit manger, même les prédateurs. Tu te rapproches même du serpent en question et tu te mets à rigoler ; « Tu lui as laissé aucune chance, le pauvre. » Techniquement, tu n’as rien à craindre. Tu n’es pas un oiseau, ni une sourie. Tu n’es donc pas dans son top trois des repas favoris et en plus de ça, tu as l’impression qu’il t’écoute, ce boa. Tu le trouves très beau et c’est aussi pour ça qu’il ne te fait pas peur. « Si tu faisais des kilomètres de long, tu ferais des ravages. J’me demande si tu sais nager... » Pas que lui d’ailleurs ; tous les serpents. Est-ce qu’ils sont capables de bouger dans l’eau, même s’ils n’ont pas de mains ou de jambes ? Techniquement oui, puisque il y a le cas des serpents des mers.

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Un serpent qui se mord la queue

ft. Miguel & Ammara

Elle était là depuis l’aube, soit maintenant plusieurs heures, allongée dans les fourrés de cette jungle impitoyable. C’était un exercice difficile qui requérait de la patience - chose dont elle était normalement dépourvue lorsqu’il s’agissait d’êtres humains -, mais elle y était rôdée désormais. Depuis qu’elle avait emmenagé sur cette île, elle passait énormément de temps dans les parages, à étudier un grand nombre d’espèces endémiques de serpents. En s’enfonçant profondément dans la jungle, elle savait qu’elle pouvait trouver les individus les plus intéressants et surtout être tranquille, loin de la civilisation et de certains humains exaspérants. Si cela pouvait sembler effrayant pour un grand nombre de ses semblables, la jeune femme, elle, n’avait pas peur. Elle était fascinée par ces animaux depuis toujours et partageait même sa vie avec l’un d’entre eux : Salomé, un boa constricteur de près de trois mètres de long et d’une dizaine de kilos. Un animal superbe, avec lequel elle avait toujours eu une connexion particulière et qui l’accompagnait presque partout. Elle n’était jamais très loin lors de ces excursions d’observation, et était suffisamment imposante pour en dissuader plus d’un, humain comme animal. C’est pourquoi Ammara savait qu’elle ne risquait pas grand chose en venant ici.

Alors qu’elle était en pleine étude d’un reptile relativement rare, des bruits relativement sonores montèrent soudainement des fourrés alentours. Tout d’abord des pas assez lourds, puis des éclats de voix. Il n’en fallut pas plus pour que le sujet d’étude de la jeune femme prenne la poudre d’escampette, effrayé par tout ce raffut. Agacée, Ammara se redressa furtivement et marcha silencieusement dans la direction d’où provenait les bruits qu’elle avait entendus un peu plus tôt. La voix semblait être celle d’un homme, mais elle n’en était pas certaine, ne l’ayant pas perçue distinctement. Elle en aurait de toute façon bientôt le coeur net, puisque, de là où elle était, elle pouvait apercevoir une silhouette qui lui tournait le dos, semblant captivée par quelque chose. Quelques pas de plus permirent à Ammara de réaliser que l’individu en question s’intéressait à Salomé, et qu’il s’agissait bien d’un homme. Elle resta quelques secondes dissimulée derrière la végétation luxuriante de la jungle puis, à pas de loup, s’avança à découvert.

« Alors Salomé, tu as trouvé ton prochain en-cas ? », dit-elle d’une voix froide, toujours agacée d’avoir été dérangée dans son observation. À ces mots, l’animal se mit à ramper vers elle et commença à s’enrouler autour de sa jambe droite, pour finalement venir se loger sur ses épaules, sa tête reposant près de son avant-bras gauche. C’était la place qu’elle affectionnait, puisqu’elle venait régulièrement se poser là. Même si elle pesait son poids, Ammara ne se sentait vraiment bien que lorsque Salomé était près d’elle, sans vraiment comprendre pourquoi. Elle avait toujours eu le sentiment que le reptile comprenait chacun de ses mots, et prenait donc plaisir à lui parler.

Quelques secondes s’étaient écoulées, durant lesquelles la jeune femme avait eu tout le loisir de détailler l’homme qui se trouvait désormais face à elle. Enfin, un homme… Il fallait le dire vite. Il ne s’agissait en vérité que d’un jeune gringalet, tout juste sorti des jupes de sa mère à en croire la bouille enfantine qu’il avait. « Tu t’es perdu gamin ? », dit-elle en posant un regard bleu glacial sur lui. Elle ne savait même pas pourquoi elle lui parlait, elle qui montrait bien souvent un profond mépris pour la gente masculine. Peut-être voulait-elle seulement qu’il déguerpisse au plus vite pour qu’elle puisse reprendre ses activités. Si par la même occasion elle pouvait contribuer à le faire partir en lui indiquant le chemin du retour vers la civilisation, elle n’allait pas s’en priver, bien au contraire.

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11/08/24 - Jungle Sud - ambiance

Ce boa n’est pas le premier être vivant que tu croises dans cette jungle, la preuve en est avec le piaf qu’il a précédemment dévoré, mais c’est le premier qui semble vraiment t’écouter. C’est très étrange et à la fois fascinant. Tu connais la mauvaise publicité de ces animaux, à cause notamment des œuvres de fiction qui s’en servent comme monstre, prédateur ou antagoniste pour donner du fond à leur histoire, mais tu as suffisamment de détachement avec ces mêmes histoires pour ne pas les cantonner à un seul et unique rôle. De toute façon, tu as toujours eu un attrait plus prononcé pour tout ce qui était rejeté, considéré comme “anormal”. Tu apprécies le fait qu’ils ne rentrent pas dans un moule et qui s’y encroutent.
Une voix féminine te sort de ta torpeur, alors que tu hésitais à lui donner à manger. Une hésitation qui fut écourtée, puisque le serpent t’est passé entre tes jambes pour rejoindre la personne derrière toi. Tu n’as pas paniqué, tu as fait surtout attention à ne pas l’écraser avec tes pieds en te retournant et tu as repris ton casse-croûte.

Tu as mâchouillé avec indifférence, aveugle face aux grands ais que se donner cette femme. Ça reste classe, tu ne peux pas lui retirer ceci, mais tout ce que tu as retenu de la prestation, c’est le nom du serpent. Salomé donc. « Ouai, elle s’est régalée. Elle a bouffé un oiseau qui me suivait ! » Toi non. Tu n’es pas appétissant, visiblement. Tant mieux d’un sens, tu ne vas pas te plaindre ! Autrement tu vas encore avoir un savon.

« Hm … » Tu réfléchies. Est-ce que tu es vraiment perdu ?
Oui et non. Se perdre, c’est le départ de l’aventure et c’est ce que tu cherchais toi, l’aventure. Tu n’avais pas de projet, hormis trouver quelque chose d’intéressant dans cette jungle et l’ajouter au contenu de ta boite en métal. Un petit objet, mais vu les jeunes pousses de palmier ici, tu hésites à ramener carrément un arbrisseau pour le mettre dans ta chambre. « Pas vraiment, non. J’cherche un spot pour camper ce soir. J’pars pas d’ici avant d’avoir trouvé un trésor, et toi ? D’où tu sors ? C’est ton amie ? » Tu termines ton sandwich et tu regardes le duo avec cette espèce de déconnexion dans ton regard. Cette insouciance. L’environnement dans lequel vous êtes, ce n’est pas le plus facile d’approche. Il y a plein d’animaux sauvages vénéneux et autres bestioles qui pourraient vous tuer en un caprice.

Pourtant toi, avec ton petit sac à dos, tu n’as pas l’air d’être conscient de ce danger tout autour. Tu as surtout l’air d’un promeneur, sans tente ni couverture. Tout juste avec de quoi manger et ta précieuse boite en métal. Jamais, Ô grand jamais, tu n’as songé à prendre une trousse de secours. En d’autres termes, plus dévalorisant pour toi, tu es un touriste dans une jungle à l’affut de la moindre erreur de ta part.

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Un serpent qui se mord la queue

ft. Miguel & Ammara

Sans savoir pourquoi, Ammara n’avait jamais vraiment su faire confiance aux hommes. Elle les détestait simplement pour ce qu’ils étaient, pour cette façon qu’ils avaient de se comporter avec elle, de la regarder et de la détailler comme si elle était un vulgaire morceau de viande. Bien évidemment, le traumatisme qu’elle avait remontait à son passé d’esclave des dragons célestes, mais elle n’en gardait pas un seul souvenir. La seule chose qui restait de cette période de sa vie était la marque qu’elle portait dans le dos, et qui, selon ses faux souvenirs, était seulement un tatouage qu’elle s’était fait peu après sa majorité. Mais cela expliquait pourquoi, à l’instant T, elle observait ce garçon avec un regard méfiant et remplit de froideur. Malgré ses airs candides, il n’en restait pas moins un homme. Pourtant, celui-ci semblait totalement indifférent, plus concentré sur ce qu’il était en train de manger et sur les alentours que sur la présence de la jeune femme. « Camper ? Ici ? » Son ton était presque moqueur. Au vu de tous les dangers qui rôdaient dans cette jungle et de son gabarit de crevette, il était très probable qu’il ne passe même pas la nuit. « Tu ferais mieux de rentrer chez toi, si tu veux conserver l’espoir de trouver un trésor un jour. » En supposant qu’un trésor soit vraiment caché dans les parages, ce qui semblait tout à fait improbable.

Est-ce que Salomé était son amie ? Oui, dans un certain sens, si l’on pouvait dire cela d’un reptile. Mais si elle avait été humaine, ça aurait probablement été sa meilleure amie. Cela pouvait paraître étrange de dire cela d’un animal, mais Salomé était vraiment spéciale. Elle n’avait rien à voir avec tous les serpents qu’Ammara avait pu étudier jusque là. Elle était dotée d’une intelligence et d’une compréhension qui dépassaient l’entendement, permettant ainsi d’avoir cette connexion à nul autre pareil. Comme si un seul regard, un seul mot suffisait pour qu’elles se comprennent.

« Je suis ophiologue, j’ai une véritable raison d’être ici. », dit-elle en reprenant un air supérieur et en le toisant du haut de son mètre quatre-vingt-onze. Elle, elle n’était pas là pour une misérable chasse au trésor qui ne mènerait sûrement à rien. « En d’autres termes, j’étudie les serpents. » Elle s’était donné la peine de préciser puisque, la plupart du temps, les gens ne connaissaient pas le terme exact qui définissait cette science. Et puisque Ammara avait une certaine tendance à considérer les autres comme inférieurs, elle partait instantanément du principe que ce garçon ne devait pas y connaître grand chose. De toute façon, pour partir seul dans la jungle sans être préparé et équipé, il fallait vraiment être stupide ou complètement inconscient. Dans son cas, c’était peut-être même les deux à la fois, vu à quel point il semblait être déconnecté de la réalité. Comme si son corps était bien présent, mais que son esprit divaguait complètement ailleurs. « D’ailleurs à l’avenir, si tu pouvais être plus discret… Avec tout ce chahut, tu as fait fuir tous les reptiles à dix kilomètres à la ronde ! » Elle ne s’était pas dépourvue de son ton froid et cassant, toujours agacée d’avoir été dérangée dans ce qu’elle faisait. Un serpent aussi rare que celui qu’elle observait il y a encore quelques minutes, elle ne risquait pas d’en revoir un de si tôt.

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Tu ne prends pas offense.
Elle a beau te regarder de haut, te juger sans vergogne et te traiter à demi-mot d’incapable, tu réponds simplement par cette espèce de sourire contradictoire entre joie et envie de faire ses preuves. Un sourire candide, qu’elle traitera probablement d’idiot et qui pourtant, n’a aucune intention de s’effacer. « Bah oui. » Réponds-tu en ayant un léger mouvement de recul. Tu es surpris par ses propos, parce que ça parait évidant, la raison pour laquelle tu es encore ici. Ça te parait évidant. Elle ne semble pas être réceptive à cette évidence, alors tu lui expliques : « J’ai fait tout à pied jusqu’ici. Si j’pars maintenant, bredouille, j’l’aurais mauvaise et ça ne m’aura servi à rien. » Tu ne veux pas faire demi-tour, pas maintenant en tout cas. Tu veux ramener quelque chose pour prouver que tu es allé braver la jungle tout seul. Tu es même prêt à ramener un serpent pour ça ! Quand bien même cela va faire vriller ton grand-père si tu fais ça.

Il n’a pas une sainte horreur des serpents, mais il n’a rien pour l’accueillir, ton serpent et s’il devait dire oui à toutes les fantaisies que tu lui as proposé en guise de souvenir, votre petite maison en bord de mer serait une véritable Arche de Noé et un véritable bazar.

Ce qui est un énième sujet de dispute entre vous, d’ailleurs.

Tu l’écoutes t’expliquer, sans que tu l’aies demandé, sa raison quant à sa présence ici. « Ça a l’air super intéressant. » Tu lances ça sans aucune once de moquerie. Tu le penses sincèrement, parce que tu supposes qu’elle a eu la patience de faire de longues études là-dedans pour obtenir ce titre. Une patience que tu n’as pas eu de ton côté, mais parce que tu as une tout autre approche de l’apprentissage. Tu n’es pas fait pour rester cloitré entre quatre murs et ce sont des expériences sur le terrain que l’on apprend le mieux. Une patience qui est également preuve d’une passion de sa part et ça, c’est cool. C’est toujours respectable, les gens qui arrivent à vivre de leur passion.
« Si j’croise celui qui fait du bruit et qui t’empêche de regarder les serpents, je lui dirais ! » Tu n’as écouté que la moitié de ses propos. Tu n’as écouté finalement que ce qui pouvait t’intéresser. Tu regardes derrière elle et tu jauges à peu près ce qui s’y trouve. « Donc si tu passes beaucoup de temps ici, ça veut dire que tu connais bien la jungle. Tu sais ce qui est comestible ? Hormis les oiseaux et les serpents bien sûr ! Je parle plutôt de végétation. »

C’est vrai quoi ! Si elle est si forte, elle devrait pouvoir te renseigner. Surtout que tu commences à tomber en rade de nourriture dans ton sac, parce que tu ne sais pas gérer ta gourmandise et ton ventre sur pattes. Ce qui peut être le meilleur motivateur pour te pousser à faire demi-tour, mais ça ne t’empêchera pas de revenir. « Du coup, tu connais les serpents de mer ? Ça s’étudie comment, ces machins-là, parce que personne n’en a attrapé et en plus, ils cassent les bateaux. » Comme les Kraken finalement, mais en plus vicieux.

Parce que oui, tu es sûr qu’ils existent. Autrement il n’y aurait pas d’illustrations d’eux, pas de rumeurs à leur sujet, pas de fantasme autour. Ça sort bien de quelque part, tout ça. Peut-être même que c’est l’un d’entre eux qui pousse les bateaux sortant de l’île à retourner s’échouer près de vos côtes. Si c’est le cas, c’est vraiment une saleté !

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Un serpent qui se mord la queue

ft. Miguel & Ammara

Elle ne parvenait pas à le cerner. En temps normal, elle plaçait tous les hommes dans le même panier, à savoir pervers, obsédés, stupides et inutiles. Mais ce gamin renvoyait quelque chose de différent, elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus mais elle le sentait. Certes il semblait complètement débile et à côté de la plaque, ça c’était une évidence qu’elle ne pouvait nier, mais il y avait un petit quelque chose en plus. Il ne dégageait aucune mauvaise intention, seulement de la naïveté et de la pureté. Ce n’était pourtant plus vraiment un enfant, il devait avoir au moins dix-huit ans, mais dans son regard on pouvait encore apercevoir l’innocence de la jeunesse. Cependant, Ammara n’avait actuellement pas la patience de lui expliquer par A plus B pourquoi dormir dans cette jungle était une mauvaise idée. Même elle ne s’y serait pas risquée, et pourtant elle commençait vraiment à bien connaître les lieux. « Mais enfin, t’es stupide ou quoi ? Si tu meurs ici, c’est sûr que ça n’aura servi à rien. » Pourquoi se prenait-elle la tête avec lui ? Après tout, c’était son problème et surtout sa vie, il en faisait bien ce qu’il voulait, ça ne changerait rien à celle de la jeune femme s’il se faisait dévorer par on ne sait quel prédateur et qu’il mourrait dans d’atroces souffrances.

Il n’avait absolument rien compris à ce qu’elle lui avait dit, ou plutôt rien écouté. Encore une fois, il avait l’air complètement à la ramasse, déconnecté de la réalité. Comment faisait-il pour être aussi exaspérant ? « Mais c’est toi qui… Rah, laisse tomber ! » Il n’y avait décidément rien à tirer d’un gamin pareil et, face à la colère montante de la jeune femme, même Salomé semblait s’agiter. Il était grand temps qu’elle s’en aille, elle perdait clairement son temps ici, un temps qu’elle aurait pu utiliser pour retrouver le spécimen rare qui avait pris la fuite quelques minutes plus tôt. Elle était donc sur le point de tourner les talons et le laisser en plan au milieu de la jungle, lorsqu’il lui demanda son aide. Il n’avait donc pas abandonné l’idée de camper ici cet imbécile heureux. « Tu comptais manger quoi si tu ne m’avais pas croisé ? Tu es venu ici sur un coup de tête, ce n’est pas possible… » Même si la jungle regorgeait de baies, un grand nombre d’entre elles n’étaient absolument pas comestibles et un ignorant aurait bien vite fait de mourir empoisonné s’il en mangeait.

Malgré son agacement, elle n’allait quand même pas le laisser mettre n’importe quoi dans sa bouche, si ? « Tu vois les baies là-bas ? Celles-ci peuvent être mangées, celles-là non, à moins de vouloir finir rapidement six pieds sous terre. », dit-elle en désignant à tour de rôle les baies concernées. Avec un peu de chance, il pourrait même trouver des bananes. Sinon s’il préférait se mettre un peu de viande fraîche sous la dent et qu’il avait de quoi chasser, il était aussi possible de croiser la route de gros rongeurs. Cependant, à moins d’être assez vif, il était assez difficile d’en attraper. Enfin, c’était son problème, pas celui d’Ammara, qui comptait bien rentrer chez elle et profiter du confort de sa maison. Mais pas tout de suite visiblement, elle allait être coincée avec lui - d’ailleurs elle ne connaissait toujours pas son prénom - encore un moment. « Des serpents de mer qui cassent des bateaux ? Laisse-moi rire, les plus gros spécimens ne font pas plus de deux ou trois mètres, pas de quoi en faire toute une histoire. » dit-elle sur un ton redevenu moqueur. Elle ne savait pas qui avait bien pu lui raconter ça et surtout pourquoi il y croyait, mais plus rien ne l’étonnait venant de lui.

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11/08/24 - Jungle Sud - ambiance

Mourir ici ? Tu penches ta tête légèrement sur le côté et tu la regardes avec un air perplexe. Qu’est-ce qu’ils ont tous, à avoir un discours aussi pessimiste à ton encontre. Tu n’as pourtant pas l’intention de mourir. Pas aux dernières nouvelles en tout cas. « C’est pas c’que j’ai dit. J’me rappelle pas avoir dit que j’voulais mourir ici. » Tu refais tes derniers dialogues dans ta tête et oui, tu n’as pas fait mention d’une envie de mourir dans l’immédiat, alors tu te demandes d’où elle sort cette idée. Tu croises tes bras, ce qui donne un nouveau souffle à tes airs songeurs, alors que tu reprends assez vite : « C’est sûr que mourir, c’est pas très utile. Suffit juste de pas clamser du coup. »

Quelle évidence !
Bien sûr, c’est sûr !

C’est à se demander si tu ne le fais pas exprès, de ne pas être réceptif ou de comprendre ce qu’elle te dit. Ce qui est tout à fait légitime, quand on remarque assez vite que tu ne fais que reprendre ce qui t’intéresse et que tu le déformes pour que ça aille dans ton sens. Quand bien même tu le ferais exprès, tu as cette bouille insouciante, innocente, qui laisse à penser que tu n’es pas suffisamment mesquin ou malin pour la faire tourner en bourrique. Que tout ce que tu lui as dis jusqu’à maintenant, c’était dit avec une sincérité effarante.
La voir s’énerver, ça t’amuse. Tu te mets à ricaner, parce qu’elle se met dans tous ses états, ce qui casse l’image de la femme sérieuse que tu t’en faisais. Cela détonne tellement avec sa droiture, que ça l’adoucit d’une certaine manière et donc, ça la rend abordable, parce que cela prouve qu’elle n’est pas qu’une façade de marbre à tes yeux. Qu’il y a une âme derrière ces grands airs et que tu as réussi à la faire ressortir. Tu en es un petit fier, on ne va pas se mentir, mais tu ne te moques pas d’elle pour autant. Tu attends simplement que cela passe pour lui demander un coup de main, et tu es aveugle à son étonnement. Comme quoi, tu n’es pas si stupide, puisque tu penses à demander de l’aide face à une situation dont tu ne connais pas la solution.

Ce que tu comptais manger ? Tu ramènes ton sac à dos devant toi et tu en sors tes sandwichs emballés dans du film plastique alimentaire, avec un petit sopalin. « Ça ! J’en ai pas beaucoup par contre, alors c’est au cas où si j’tombe en rade. » Ce qui va très vite arriver, ne nous mentons pas, car tu es le meilleur prêcheur de la gourmandise et tu enfiles un peu trop vite le moindre casse-croûte qu’on te confie. « Un p’tit peu, oui ! Mais j’veux aussi montrer à papy et à Law que j’suis capable de me débrouiller tout seul. » Le premier aveu sensé sort enfin de ta bouche. Tu reconnais que ta petite escapade dans la jungle est un gros coup de tête de ta part. Un coup de tête que tu as pris en songeant à l’aventure qui pouvait t’attende et dans laquelle tu as sauté à pied joint. Tu continues de penser que si tu avais tout programmé à l’avance, ce ne serait pas vraiment une aventure. Ce serait plutôt ; un voyage, ou une croisière.

L’un comme l’autre ne t’aurait pas posé souci, car tu apprécies le voyage et la découverte. Tu n’es pas contre un peu de confort de temps en temps, pour te reposer notamment, mais ce n’est pas le confort, ta priorité du jour.

Tes yeux suivent les indications de la dame, qui te désigne tour à tour des baies comestibles selon ses dires. Est-ce que tu auras retenu toutes les informations ? Seule la main du destin en décidera en temps et en heure. « Ok ! Merci pour tes conseils ! C’est quoi ton nom, aux faites ? » Si elle te l’a dit, tu n’as probablement pas écouté, mais tu ne te rappelles pas l’avoir entendu non plus. Ni entendu quelque chose qui se rapproche de présentation. Maintenant que tu as vu que tu pouvais et entendu que tu pouvais trouver à manger dans cette jungle, tu tapes sans vergogne un croc dans ton sandwich, que tu as déballé bien sûr. Tu n’as plus besoin de te rationner, ou essayer du moins, si tu as de quoi te nourrir ici.
La conversation dérive et vous en revenez au sujet des serpents. Ça t’a traversé l’esprit, parce que tu t’es souvenu subitement des histoires au port et tu ne comprends pas pourquoi elle s’insurge. Tu ne saisies pas la rêverie que tu viens de lui dire, car tu ne sais pas faire la différence entre les rêves et la réalité. Ou plutôt, tu sais faire cette différence, mais tu ne vois pas l’intérêt de te priver de ces rêveries. « Peut-être parce qu’on ne les a pas encore trouvés et ça va faire comme pour les calmars géants. Ça fait treize mètres, un calmar géant femelle, ça commence à causer en termes de taille et Papy dit que c’est eux que les marins appelaient un kraken. Moi j’pense qu’ils existent, les serpents de mer. Juste, on ne les a pas encore trouvés ou trouver l’espèce qu’on appelait comme ça. »

Si elle ne te croit pas, elle n’aurait qu’à chercher sur le net, mais pour tout ce qui touche aux animaux marins, autre que les serpents ; là elle ne peut pas t’avoir. Ce n’est pas pour rien que ton papy insiste autant pour que tu reprennes tes études. Tu es passionné par l’océan et la curiosité nécessaire pour l’étudier. Ça le rend dingue que tu t’entêtes à rêver d’eau fraiche et d’aventure, alors que tu pourrais avoir ce qu’il appelle un “vraie vie”.

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Un serpent qui se mord la queue

ft. Miguel & Ammara

En plus d’entendre uniquement ce qui semblait l’arranger, ce gamin était vraiment doté d’une logique… particulière. Si cela avait le don d’agacer Ammara, lui n’était pas plus perturbé que ça et continuait de débiter des âneries comme si de rien n’était. Bon sang mais dans quoi s’était-elle engagée en venant lui parler ? Habituellement elle ne parlait presque pas aux hommes, peu importe leur âge. Elle se contentait la plupart du temps de les ignorer et, en de rares occasions, elle se servait de sa beauté et de son charme pour obtenir quelque chose qui l’intéressait. Mais ça n’allait jamais plus loin. Alors pourquoi avait-elle eu la bonne - mauvaise - idée de l’aborder ? Il n’avait rien à lui apporter si ce n’est de la colère et de l’agacement. Si seulement elle s’était contentée de rappeler Salomé de loin, les choses auraient été beaucoup plus simples. Néanmoins, si elle n’était pas intervenue, peut-être qu’elle aurait retrouvé ce gosse mort le lendemain, après avoir ingéré une plante ou une baie toxique. En effet, les sandwichs qu’il venait de tirer de son sac n’allaient probablement pas faire long feu s’il comptait effectivement passer la nuit ici. « Que ce soit pour toi ou pour les autres, essaie quand même de ne pas manger n’importe quoi, ça m’éviterait de ramasser un cadavre demain matin. Ou juste tes os, si un prédateur tombe sur toi avant moi. »

Ses mots n’avaient rien de rassurant, mais elle n’était clairement pas là pour le dorloter. De toute façon, au vu de son niveau d’insouciance et d’ignorance, ce n’était pas ça qui allait l’arrêter ou même l’effrayer, elle en aurait mis sa main à couper. Cependant, elle ne comprenait pas ce désir de vouloir à tout prix prouver quelque chose à quelqu’un, elle qui avait toujours fait en sorte de vivre pour elle et non pas pour les autres. Il faut dire que, n’ayant jamais réellement eu de famille, elle n’avait jamais vraiment aimé, ni même été aimée, et n’avait donc jamais rien eu à faire pour impressionner qui que ce soit. Ce gamin, lui, avait l’air d’être bien entouré, au moins par son grand-père et ce fameux Law. « Si tu veux un conseil, vis pour toi-même, pas pour les autres. Ne te soumets pas à des attentes, la seule personne que tu as besoin d’impressionner, c’est toi-même. »

Tout en parlant, elle s’était déplacée afin de s’asseoir sur une épaisse racine qui se trouvait un peu plus loin. De son côté, Salomé en avait profité pour glisser de ses épaules afin de s’aventurer dans les fourrés, à la recherche d’une nouvelle proie à se mettre sous la dent. Cette rencontre imprévue allait sans aucun doute s’éterniser, alors autant être installée convenablement. « Je m’appelle Ammara. Et tu es ? », dit-elle en haussant un sourcil et en croisant nonchalamment les jambes. Pour être tout à fait honnête, la réponse ne l’intéressait pas plus que ça, puisqu’elle n’avait pas du tout l’intention de le revoir. Néanmoins, il était peut-être temps d’arrêter de l’appeler « ce gamin » ou « ce gosse » pour enfin mettre un prénom sur ce visage candide. Mais peut-être que finalement, elle pouvait juste se contenter de « cet emmerdeur de première », puisqu’il semblait s'obstiner sur la soi-disant existence des serpents de mer géants, alors qu’elle venait tout juste de lui dire que ça n’existait pas. « Tu n’écoutes donc jamais quand on te parle ? Je viens de te dire que ça n’existait pas. Imagine la taille qu’il devrait faire ton serpent, pour réussir à briser un navire… Et puis où voudrais-tu qu’il se cache ? Avec toutes les explorations qui ont déjà été menées, si de tels reptiles existaient, nous les aurions déjà trouvés. » Elle leva les yeux au ciel, de nouveau exaspérée. Décidément, il n’y avait rien à en tirer de celui-là.

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11/08/24 - Jungle Sud - ambiance

Il n’y a même pas un hochement d’épaule, lorsque tu écoutes ses consignes. Aucune réaction. Aucune inquiétude. Tu ne l’avais écouté que d’une oreille, parce que tu étais sûr de toi. Tu savais ce que tu venais faire ici, ce que tu cherchais et ce que tu comptais faire ensuite. Tu ne vas pas t’attarder indéfiniment. Juste passé une nuit, trouvé quelque d’intéressant à ramener, puis repartir. Tu as d’autres chats à fouetter et en plus de cela, ce n’est même pas certains que tu t’en tiennes à ton propre plan. Un imprévu accapare ta curiosité et c’est fichu ; tu seras reparti ailleurs, peut-être même loin de cette jungle.

« Ok, j’retiens ! » Tu ne retiens rien du tout. Tu dis ça juste pour lui faire plaisir.
Tu as juste pris ce qui t’intéressait, à savoir : manger. Le “n’importe quoi” couplé à la négation est passé à la trappe, mais tu te fis à ton instinct et tu as quand même retenu ce qu’elle t’a montré. Donc tu te contenteras de ça. De ces deux trucs pour survivre jusqu’à demain soir dans cette pampa hostile. Avec du recul, tu trouves même que cet endroit est parfait pour dresser un camp. Suffisamment loin de la ville et suffisamment dégagé pour allumer un feu sans que celui-ci se propage sur la végétation aux alentours. Tu as même des arbres assez rapprochés sans trop l’être pour accrocher ton hamac et ta toile de tente. Ou plutôt, ce qui te servira de toile de tente. Tout en regardant autour de toi pour jauger et trouver à quel endroit tu vas accrocher tes affaires, tu l’écoutes.

Ton sourire trouve un nouvel élan.
Un nouvel éclat. « Je sais. C’est ce que j’fais. »

Ce que tu fais ? Impressionner toi-même. Même si ton motivateur reste tes proches et démontrer que tu es capable de te débrouiller, tu es loin de cracher sur une fierté personnelle à avoir réussi là où tout le monde te disait le contraire. C’est ta façon à toi de te rendre unique, de protéger ta volonté et de mettre en déroute ce qui douterait de tes capacités, qui serait trop néfaste pour ta propre personne et qui passerait leur temps à te pousser à la remise en question. Tu as aussi ce côté égoïste, mais tu ne t’en rends pas compte. Il fait rendre chèvre tout ceux que tu côtoies et il suffit de voir comment tu te comportes avec ton papy pour comprendre que oui, tu fais passer tes intérêts avant ceux des autres. « C’est un défi que je me lance. Ça m’a pris sur un coup de tête, quand j’ai repensé à mon aventure avec Takeshi en forêt. Il m’a sauvé la mise plus d’une fois, surtout face à un gros sanglier pas content. Mais en y repensant, je me suis demandé ce que ça aurait été, s’il n’avait pas été là. Donc c’est pour ça que j’suis ici, pour répondre à cette question. Si j’manque de mourir ? Tant pis, c’est que je n’étais pas assez fort pour survivre. Si j’réussi ? Tant mieux, j’me prouverais que j’en étais capable et en plus, ça m’fera un bon argument à présenter face à ceux qui doutent de ma débrouillardise. »

Tout en lui expliquant ta vision des choses, même si tes propos sont logiques et limpide, il y a toujours cette insouciance qui plane au-dessus de ta tête, malgré le fait que tu avances, à plusieurs reprises, que tu sais ce que tu fais. Tu grimpes aux arbres, tu fais des nœuds et dans ceux-ci, on reconnait la patte d’un marin puisque ces nœuds sont ceux que les pécheurs utilisent pour les cordages sur un bateau. Complexe, difficile à défaire quand on sait sur quelle corde tirer, mais impossible pour que la corde ne se défasse pas d’elle-même. « J’m’appelle Miguel, enchanté Ammara ! »

Dans cet arbre, tu as l’air d’un petit singe ! Pour la regarder lorsque tu lui donnes ton nom, tu te suspens à une branche épaisse par les jambes et tu la dévisages. Tu as la tête en bas, elle est à l’envers et pourtant, tu aimes bien ta position. Tu restes ainsi pendant de longues secondes, avant de finalement tendre les bras vers le sol pour te réceptionner et déplier tes jambes pour lâcher prise, afin de retourner sur le plancher des vaches. « Dans les abysses ! Il y a de la place et des montagnes sur des kilomètres de longs. De quoi lui donner un coin confortable pour se reposer. J’suis sûr qu’il est pépère au pied de l’une d’entre elles. » Tu te mets à rire de bon cœur. Tu es sûr de ce que tu avances, mais elle commet l’erreur de te pousser à t’en remettre à ton imagination.
C’est dangereux de te lancer sur ce terrain, car tu es capable de ne plus t’arrêter. De confondre rêverie et réalité, même si tu es persuadé que dans un monde aussi vaste, tout est possible. « Il devrait être sacrément gros, ouai ! C’est pour ça qu’en cherchant bien, c’est difficile de le louper ! Raison de plus pour mettre les voiles or de cette ile alors, pour t’en ramener un. » Tu cesses de glousser, mais tu continues de sourire. Malgré l’énormité de ce que tu avances, tu es sérieux. Tu songes vraiment à en tirer un jusqu’ici, juste pour lui montrer qu’elle a tort de nier leur existence.

CODAGE by Voxiferus

Date d'inscription : 06/08/2024

Un serpent qui se mord la queue

ft. Miguel & Ammara

La mort ne semblait pas l’effrayer plus que de raison, mais comment à son âge pouvait-on avoir aussi peu de considération pour la vie ? Son raisonnement était si égoïste que même Ammara le remarqua, elle qui n’était pourtant pas avare sur ce point-là. Mourir s’il n’était pas assez fort, quitte à faire de la peine à tous ceux qui l’entouraient et qui tenaient à lui. Non, elle ne parvenait pas à comprendre, elle qui, malgré son sale caractère et tous ses mauvais côtés, aurait tout donné pour protéger les siens et pour ne pas les décevoir. « Je ne sais pas qui est ce Takeshi dont tu parles, mais m’est avis que s’il t’a sauvé les fesses plusieurs fois, il verrait probablement d’un mauvais œil ce que tu es en train de faire. » L’insouciance d’une jeune personne était bien souvent mignonne à voir, presque attendrissante. Mais l’insouciance de ce gamin était presque effrayante. Dangereuse même. Si par malheur il lui arrivait un jour de tomber enceinte, pourvu qu’elle ne donne pas naissance à un énergumène de ce genre, dénué de discernement et de bon sens. « Après réflexion, je peux comprendre pourquoi ils doutent de cette fameuse débrouillardise… », marmonna-t-elle, presque pour elle-même. Elle n’était avec lui que depuis peu de temps et elle n’avait pour le moment pas vu grand chose qui aurait pu prouver quoi que ce soit, contrairement à ce qu’il affirmait haut et fort. Enfin, peut-être allait-il la surprendre, qui sait.

Miguel, donc. « Enchantée… je suppose. » L’était-elle vraiment ? Malgré son côté insupportable et tout ce qu’il faisait pour l’agacer - aussi inconscient cela soit-il -, peut-être que cette rencontre n’était finalement pas si désagréable que ça. Dans un premier temps, elle appréciait fortement le fait qu’il ne s’attarde pas sur son physique. Au contraire, il avait même l’air complètement détaché, à des années lumières d’un quelconque intérêt pour sa personne. Il était rare qu’elle n’éveille pas le désir chez un homme et le fait qu’il se montre totalement indifférent aurait pu l’agacer davantage mais, dans le cas présent, elle trouvait cela plutôt satisfaisant. Une chose d’ailleurs tout à fait ironique lorsqu’on savait que son alter ego aurait tué pour qu’il s’intéresse un tant soit peu à elle. Dans un second temps, maintenant qu’il se balançait face à elle, la tête en bas, accroché à une branche d’arbre, elle le trouvait plutôt chou. Toujours complètement inconscient, mais mignon. Enfin, si on omettait son obsession plutôt évidente pour une chose qui n’existait tout simplement pas. « Justement, si on se base sur ce que tu avances, vu sa taille, des scientifiques auraient déjà dû trouver une telle espèce. Or, ce n’est pas le cas, désolée de te décevoir. » Mais déçu, il n’en avait pas l’air. Il riait, comme si cette discussion était la chose la plus drôle qu’il ait jamais entendue. Comme si rien n’avait d’importance et que tous ses rêves, tous ses espoirs, étaient à portée de main. Ce rire, léger et cristallin, suffit à toucher le coeur de la jeune femme et, en l’espace de quelques secondes, tout l’agacement qui l’habitait s’atténua. « Bien, admettons qu’ils existent. Comment ferais-tu pour m’en ramener un ? Ce n’est pas avec tes petits bras que tu vas y parvenir, Miguel. », dit-elle avec beaucoup plus de douceur dans la voix et en esquissant pour la première fois un léger sourire.

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» Ammara || Même si le monde entier te pardonne, moi, je ne te pardonnerai jamais !
» Ammara || Le monde peut penser ce qu'il veut, je suivrai toujours mon cœur.