C’est mon anniversaire ! C’est mon anniversaire ! Des cris de joie résonnent dans le palais Goetia. Ce sont les tiens, enfant solitaire isolé du monde se réjouissant d’atteindre l’âge de ses responsabilités. C’est aussi le jour où ton père, cette personne drapée de mystère que tu admires pourtant de tes grands yeux naïfs, vient te rendre visite pour te remettre ton grimoire. Tu es impatient, transporté d’enthousiasme. Un enthousiasme qui se heurte à cette réalité toujours si décevante, cruelle destinée qui repose déjà sur tes frêles épaules alors que l’on t’annonce que ta vie sera toute tracée. Fiancé à une fille que tu ne connais pas encore, forcé de regarder l’avenir avec inquiétude, promis à un futur vers lequel tu avances à reculons.

Fils de la famille royale des Goetia, tu as des frères et sœurs que tu ne connais pas, ou à peine ; tu as grandi isolé dans le Palais, ta solitude entrecoupée des visites peu régulières de ton père lors de tes anniversaires. Les livres furent ta seule compagnie, ta fenêtre sur le vaste monde et ses différents univers. N’ayant de contact qu’avec le personnel du palais, tu n’avais pas d’amis. Ta première vraie relation remonte à l’époque de cet anniversaire, celui où l’on te remis ton grimoire, celui qui scella ton destin à celui d’une inconnue, celui où tu rencontras Blitzø.
Tu vis le jeune imp pour la première fois sur scène, alors qu’il faisait une performance dans un cirque. Captivé, tu fus le seul à rire à ses blagues pourtant très drôles et c’est ce qui poussa ton père à louer Blitzø pour la journée afin d’en faire ton ami. Tu passas une après-midi entière en sa compagnie, galvanisé par l’idée réconfortante d’avoir, pour la première fois, un ami. Tu découvris l’euphorie des jeux imaginaires, le plaisir de discuter de tout et de rien, de fantasmer sur des projets futurs, des rêves d’enfants entrecoupés de rires sincères. Ce fut sans doute l’une de tes plus belles journées, l’un de tes souvenirs de cette époque le plus précieux. Et, oh, comme le temps passe et emporte avec lui toute trace de bonheur, transformant en nostalgie ce qui fut, un jour, de l’espoir.

Ton mariage avec Stella ne fut en rien heureux, unis par des liens déjà rompus avant même de pouvoir espérer construire votre union. Tu ne parvins jamais à apprécier son caractère exigeant, tyrannique, expansif - et sans doute n’apprecia-t-elle jamais le tien, toi si taciturne, si distant, si mélancolique, le bec toujours plongé dans les livres de ta bibliothèque. Pourtant, vous fîtes ce pourquoi vos fiançailles eurent lieu : procréer.
Le petit être qui devint, en un instant, la prunelle de tes yeux, un ciel étoilé dans la plus sombre des nuits. Ta fille, Octavia. Sa naissance fut le jour le plus heureux de ta vie, en une succession d’émotions si vives, si intenses, que tu en as, aujourd’hui encore, le tourni. Tu découvris la joie, le bonheur, d’être un père et en aimas chaque seconde, goûtas cette responsabilité avec une douceur dont tu ne te pensais pas capable. Tu pris grand soin de ton unique enfant, la couvant de cadeaux, supportant ce mariage mensonger pour lui apporter la stabilité d’un foyer. Les années défilèrent ainsi, les jours de joie faisant place à des années plus difficiles sous les reproches constants de Stella - et sous ses humiliations régulières.

C’est à nouveau Blitzø qui changea ton morne quotidien, comme un chevalier infiltrant le château pour venir chercher, dans sa tour, la princesse enfermée. Oh, bien sûr, tu n’es pas naïf à ce point, tu as toujours su qu’il ne venait pas pour toi mais bel et bien pour ton grimoire. Et tu vis là une opportunité car, pour la première fois, tu te sentais vivant, tu avais l’impression de pouvoir être toi-même sans contrainte ni barrière. Tu aurais pu te sentir désolé d’avoir trompé Stella, si elle avait vraiment été peiné par ton adultère, mais tu ne parvins pas à trouver en toi cette empathie - et tu ne crois pas avoir jamais éprouvé la moindre once de culpabilité. Et c’est ainsi, aux confins d’une matinée embrumée par l’alcool et les souvenirs d’une nuit passionnée, que l’idée de servir tes intérêts naquit du plus profond de tes fantasmes. Blitzø et toi passèrent un accord : en échange de ton grimoire, qui lui permettait de mener à bien son travail dans le monde humain il viendrait, à chaque pleine lune, te le rendre pour que tu puisses accomplir tes tâches. En guise de paiement : une nuit torride, emplie de sa b*** et de la manière dont il te *** avec ses ****. Extatique.