Encore un point commun songea-t’il alors qu’elle lui parlait de sa passion pour les chevaux. Tout comme lui, elle aimait le sentiment de liberté que lui offrait les équidés et Esteban était bien placé pour le comprendre. « Je vous aurai bien proposé de me faire découvrir les chemins de randonnée, mais j’ai l’impression qu’il va falloir reprendre ça à plus tard. » dit-il en observant son énorme ventre rond qui la rend encore plus charmante. Il n’a jamais craqué pour les femmes enceintes, il a même plutôt tendance à les fuir, préférant ne pas jouer dans cette catégorie. Surement parce qu’elles sont plus sensibles, mais aussi parce qu’il avait du mal à passer au-dessus de l’idée qu’elle appartenait obligatoirement à un autre homme et si me brun était un sale gosse, il refusait de briser des mariages, ça ne lui ressemblait tout simplement pas. Il ne promettait jamais rien à ses conquêtes, il était toujours clair sur ce qu’il recherchait et ne faisait jamais miroiter une vie de couple. « Pourquoi ne pas avoir pris des juments espagnoles ? » demanda t’il, curieux, lui qui adorait particulièrement cette race pour son côté élégant et ses allures baroques.

« Bha c’est sûr, ça ne doit pas être facile de s’occuper d’un bébé. » dit-il sans réaliser que sa phrase risque de plus l’inquiéter qu’autre chose. « Ça passe son temps à pleurer, c’est totalement dépendant de vous… » C’était terrifiant… voila pourquoi il n’en avait voulu, histoire d’avoir la paix, d’être tranquille. Remarquant qu’elle blanchit légèrement, il tente de se rattraper. « Enfin, y a plein de mamans célibataires et elles y arrivent, il n’y a pas de raison que ça ne soit pas votre cas aussi. »

Par contre pour la bouffe, elle avait besoin d’aide, ça c’était sûr et s’il n’y connaissait rien en bébé, il pouvait au moins lui permettre de manger correctement. Il haussa les épaules, il n’aimait pas vraiment les compliments, mais il appréciait le sien, et esquissa un léger sourire, presque gêné. « Ouais… enfin.. c’est comme ça, on fait avec et puis c’était pas si mal dans le fond. » Il s’était battu toute sa vie, mais à la fin il avait réussi d’une certaine manière en permettant à son frère d’y arriver. Ce dernier ne manquait pas de reconnaissance d’ailleurs, mais Esteban préférait refuser son aide, pour qu’il puisse profiter de ce qu’il avait obtenu hrace à ses efforts.

Le brun aimait le travail en extérieur, il n’aurait jamais pu travailler en extérieur, c’était un gars de la campagne, manuel, qui avait besoin de respirer le grand air plutôt que l’air pollué des villes. Des clôtures il en avait réparé et planté un paquet dans sa vie. C’était fatiguant, éreintant, mais paisible d’une certaine manière. Parfois, il jetait un rapide coup d’œil en direction de la maison, espérant observant Esperanza. Il allait abandonner l’affaire quand il la vit l’observer derrière ses rideaux. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu’il continuait son travail, ravi de l’effet qui procurait à la jeune femme. Il n’y avait pas de raisons qu’il soit le seul à souffrir dans l’histoire à devoir cohabiter avec une personne qui l’attirait plus que de raison.
Son travail enfin terminé et les chevaux broutant tranquillement, il retrouva l’intérieur de la maison et sa jolie propriétaire aux joues rougies par l’effet qu’il lui procurait. C’est vrai qu’il était bien bâti, elle avait du gout, il ne pouvait pas lui enlever et il se demandait bien, par quelle manière il allait pouvoir résister quand elle posait un tel regard sur lui. Il se pinça les lèvres et reprit contenance quand elle lui parla de la voiture. « … heu..okay.. Merci. »

Il partit en direction de la salle de bain, prit une douche rapide et s’habilla d’un jean simple ainsi que d’un tee-shirt avant de regagner le salon. « Vous voulez un truc peut-être ? » lui demanda t’il par politesse, les cheveux encore humidifiés par sa douche.

Il trouva rapidement le véhicule, le genre qu’il aimait bien, un 4x4, pratique et spacieux, parfait. Le brun grimpa au volant et partit en direction du supermarché le plus proche. Esteban n’aimait pas particulièrement faire les courses à part quand il était obligé, ce qui arrivait toujours une fois par semaine. Il n’était pas contre plus habitué à prendre pour plusieurs et dut revoir les portions, mais arriva à s’en sortir sans trop de difficultés. Quand il arriva de nouveau à la maison, il posa ses énormes sacs de courses dans la cuisine avant de partir à la recherche de la propriétaire des lieux. Elle se trouvait dans son bureau, visiblement penché sur un dossier. Il s’approcha et passa la tête par-dessus son épaule. « Vous n’étiez pas sensée vous reposer ? » Il tourna la tête vers elle et fut surpris de remarquer qu’il était vraiment proche d’elle. Mince, il avait pas pensé à ça, pas du tout même. Il n’avait pas encore remarqué à quel point ses lèvres étaient parfaitement dessinées et terriblement pulpeuses... Elles l’attirèrent pendant de longues secondes avant que son cerveau ne tire la sonnette d’alarme. Heureusement qu’il était là ! «  Tenez ! » dit-il en lui déposant les clés dans la main. « Je vais faire la cuisine. » Oui c’était mieux… il allait faire ça !

@Esperanza Montero

Esteban aimait se sentir utile, il avait toujours été comme ça et c’était d’ailleurs pour ça qu’il avait décidé de devenir pompier volontaire. Il aidait les gens à sa manière, comme il le pouvait, mais il n’avait jamais apprécié autant le contact d’une personne. Cette fille avait du pouvoir sur lui, même si ne le savait pas encore, ou du moins, n’imaginait pas à quel point, elle pouvait en avoir. Il partit faire les courses, l’esprit léger, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Esteban était plus genre à broyer du noir qu’à voir la vie en couleurs, mais il avait l’impression que pour une fois, la chance se penchait enfin sur lui. Rien ne lui disait que cela allait continuer, mais il était bien décidé à en profiter. Il remplit son caddie de produits bien plus nutritifs et de meilleures qualités que ceux qu’elle avait dans son frigo. Des fruits, des légumes, des féculents et quelques protéines… Faire à manger pour quelqu’un d’autre le remplissait d’une joie qu’il avait cru oublier. Faut dire que depuis le départ de son frère, il ne faisait plus à manger que pour lui et cela n’était pas enthousiasmant. Il avait pas mal d’idées en tête pour cuisiner, avant de se rappeler qu’il ne cuisinait pas pour une personne lambda mais pour une femme enceinte, impossible donc de cuisiner un tiramisu comme il l’avait eu en tête…. Il se cassa la tête pendant quelques minutes histoire de trouver un dessert et un plat qu’elle pouvait manger sans risquer de mettre en danger son bébé. Heureusement, ses années passaient dans une cuisine lui permirent de rapidement trouver les menus de la semaine et il arriva aux caisses assez rapidement, en évitant de prendre la caisse où se trouvait une caissière avec qui il avait passé une nuit quelques mois plus tôt.

Les courses rangées, il observa le frigo avec une certaine satisfaction, voilà qui était bien mieux. Il n’aimait pas le gaspillage, mais n’hésita pas une seconde à jeter tous les plats préparés qu’il contenait, après tout, ce n’était pas de la nourriture mais du poison. Il aurait pu commencer à faire à manger, mais il était bien trop curieux de savoir ou elle se trouvait. Et puis, il ne voulait pas passé à côté de quelque chose de grave. Il esquissa un sourire en pensant au fait qu’il trouvait toujours une bonne excuse et celle-ci n’était pas mal dans son genre. De toute façon, il était obligé de la retrouver, les lieux étaient trop vides quand elle ne si trouvait pas et c’était bien trop calme…

Il l’observa travailler pendant quelques secondes, elle était encore plus séduisante quand elle se concentrait et cela le poussa à se rapprocher d’elle. Action qu’il regretta rapidement car s’il pensait la prendre au piège, il fut bien le premier à tomber dans ses propres filets… Il repensa aux paroles de son frère . « Surtout tu ne la touches pas ! » Oh là là, mais pourquoi lui avait-il promis, il allait en être incapable, puis il se rappela qu’elle allait bientôt accoucher et cela le refroidit assez pour qu’il revienne à la réalité. Rien ne lui disait que son mec n’allait pas revenir… Même s’il espérait que ça ne soit pas le cas à ce pourri qui méritait qui lui balance son poing dans la figure. La fuite fut sa meilleure option pour détourner son attention de ses lèvres. Il se dirigea rapidement vers la cuisine et attrapa farine, eau et sel pour se lancer dans la préparation d’une pate brisé pour faire des petites tardes de chèvres sur un lit de poireau. Il leva un sourcil en observant Esperanza arriver dans la cuisine. Il soupira avant de lever les yeux au ciel. « Mais vous etiez pas censé vous reposer ! » Si c’était le but de la manœuvre. Il attrapa les clés au vol et les glissa dans sa poche. « C’est gentil merci, mais je vais essayer de trouver quelque chose rapidement. » Il détestait devoir, il avait toujours l’impression que les gens en profitaient, alors il se mettait très rapidement en règles, histoire de ne jamais rien devoir à personne.

Avec habilité, il commença à pétrir la pâte, ses gestes étaient fluides, preuve du temps qu’il avait passé à cuisiner. Il aurait pu devenir cuisiner d’ailleurs, mais à la mort de l’homme qui lui avait tout appris, il avait abandonné l’idée, se sentant incapable de travailler dans son restaurant. Enfin bref, c’était du passé. « Tenez… » Il indiqua du coin de l’œil les tablettes de chocolat déposait près d’un placard avant de lui sourire. « Bon peut-être que vous pouvez couper les poireaux… » dit-il en déposant ses derniers devant le nez de la brune. « Je vous ai pas demandé d’ailleurs, y a des choses que vous n’aimez pas ? »

@Esperanza Montero

Il ne la connaissait pas depuis longtemps, quelques mois, depuis qu’elle le défendait et il devait avouer que même dans son bureau, ça n’avait pas été facile de se retenir de ne pas la draguer. Il l’avait fait d’ailleurs, incapable de résister à ses charmes, mais elle était professionnelle et n’avait rien laissé paraitre. Après tout, des clients qui la draguait, elle avait dû en croiser un paquet, mais Esteban avait toujours senti qu’il y avait ce truc entre eux, même quand elle le sermonnait sur son comportement inadéquat. Ici, chez elle, loin de la fonction qu’elle devait représenter, il la sentait abaissé délicatement ses barrières et cela lui plaisait, le réconfortait dans ce qu’il ressentait, même si pour le moment, il avait encore du mal à bien saisir de quoi il en retournait.

Esteban remarqua rapidement qu’il prenait plaisir à se retrouver aux fourneaux, cela lui avait manqué. Il avait peut-être raté sa vocation en refusant de bosser dans le monde de la gastronomie, mais aucune porte n’était fermée, il pouvait toujours y réfléchir. « Il me faudra bien une voiture à un moment, je ne vais pas toujours prendre la votre, mais bon je crois que je vais quand même vous l’emprunter pendant quelques temps. » Vu son compte bancaire, il n’était pas près de pouvoir acheter en voiture, à part en vendant Quiero, mais ça c’était inenvisageable. Il aimait bien trop ce cheval et préférait se débrouiller autrement que de le vendre.

Il l’observe à la dérobée pendant qu’elle découvre le chocolat qui lui a acheté. Par chance, il a fait le bon choix, ce qui est assez étonnant vu toutes les références du magasin. « Je me suis dis que vous étiez le genre de femmes à apprécier le chocolat noir… » Mais il aurait été incapable de dire pourquoi, c’était juste une très très grosse intuition qui s’était avérée la bonne.

Une fois la pâte pétrie, il la recouvre et la laisse de côté pour qu’elle se repose tandis qu’il attrape une casserole et y verse du lait et de la crème pasteurisés, tandis qu’Esperanza s’occupe des poireaux. « Beau coup de couteau »plaisante t’il . « Vous voyez vous n’êtes pas si nulle que ça on dirait…Quoique ça manque quand même de régularité. » fait-il remarqué, taquin, tout en fendant une gousse de vanille pour en récupérer les grains qu’il plonge dans sa préparation de glace à la vanille. « Je vais essayer de m’en rappeler » Pour éviter de lui faire à manger quelque chose qu’elle n’aime pas, mais pour le coup, rien de ce qu’il a prévu ne contient les aliments à bannir. Il l’observe d’un regard envoutant, descendant de ses yeux jusqu’à ses lèvres parfaites, « Tout..c’est peu de le dire… » Oui, il aimait tout chez elle pour le moment et était avide d'en apprendre plus, même s'il n'était clairement pas là pour ça. Puis comme si de rien était, il rajoute. « A part les choux de Bruxelles, ça c’est pas possible ! »


@Esperanza Montero

« J’ai comme l’impression qu’on ne parle pas de même régularité… » dit-il d’une voix amusée en la modulant pour qu'elle devienne plus sensuelle « Vous serez surprise de savoir comment je suis régulier » Et il ne parlait pas uniquement de la façon dont il coupait les légumes. « Plus vous les couper d’une manière régulièrement et uniformément et plus ils peuvent cuire harmonieuse. » Oui oui, ils parlaient bien de légumes. « Je vous montre… » Il attrape le couteau et un bout de poireau qu’il coupa dans les règles de l’art avant de rendre le couteau à Esperanza. « Voilà ça c’est du boulot d’expert ! » dit-il en la gratifiant d’un sourire charmeur, tout en se disant qu’il allait devoir arrêter de se jouer à ce petit jeu au risque de se brûler les ailes. Il ne lui en restait plus beaucoup, autant préserver le peu qu’il possédait encore.

Plus le temps passait et plus il comprenait qu’elle prenait autant de plaisir que lui à jouer à ce petit jeu, ce qui le rendait encore plus intéressant… Le truc c’est qu’il n’était dans cette maison que depuis quelques heures, il préférait éviter de penser à ce que ça serait dans quelques jours… Il n’avait plus qu’à espérer que leur attraction se calme, après tout, peut-être qu’à force de se côtoyer, ils finiraient par tellement se détester que ce petit jeu prendrait fin. Il n’aimait pas vraiment cette idée, mais il la gardait dans un coin de sa tête, juste au cas où.

Il ne faut pas longtemps à Esteban pour éplucher des oignons et en balancer une partie dans une poêle et une autre dans un gros faitout.  Au programme ce soir, mini tarte poireau chèvre, spaghettis bolognaises et fraises melba, histoire de bien finir le repas et de tout faire glisser. C’était le début de la saison des fraises, autant en profiter, surtout qu’il adorait ça depuis qu’il était gamin. Il redresse la tête, attentif à ce qu’elle lui disait. « Ah bon, vous ne prenez pas de tequila ? » lui demanda-t’il, toujours aussi taquin avant de rajouter après avoir réfléchi quelques instants. « Vous n’auriez pas une bière plutôt? si je bois je trop, vous risqueriez de profiter de moi, faut que je garde les idées claires ! » Même si en vérité, qu’elle profite de lui, ne le dérangeait pas le moins du monde. « J’ai pris des trucs pour l’apéro si vous voulez, je les ai rangé dans le placard. »

@Esperanza Montero

« Oh mais je n’en doute pas. » Esteban ne se dégonfle pas, ça serait mal le connaitre, il prend un malin plaisir à faire de nombreux sous-entendu et le plus enivrant dans tout ça, c’est qu’Esperanza ne se débine pas. Elle saisit la perche qui lui tend, jouant à son tour avec ses nerfs. « Vous ne serez pas déçue. » Personne ne l’était, c’était impossible, il était bien trop doué pour couper des poireaux… La cuisine peut rapprocher les gens, c’était le cas de le dire car la température montait doucement en flèche sans que les feux de cuisson ne soient encore allumés. Heureusement qu’il ne lui avait pas demandé de pétrir la pâte… Il essaya de s’enlever cette idée de la tête tandis qu’une autre si implanter. Peut-être qu’il pouvait tout simplement lui demander de l’étaler ?

« Heu vous voulez étaler la pâte ? » Et bam, il n’avait pas pu s’en empêcher, mais quel crétin !!! « Je peux vous montrer ...» Comme si y avait quelque chose à apprendre, c’était facile d’apprendre à étaler de la pâte. « Enfin non, oubliez, je vais le faire ça sera plus rapide. » Oui, voila c’était mieux, parce que s’il la touchait, il n’allait pas pouvoir s’arrêter. Il allait être un gentil garçon et restait bien sage…

« Sérieusement ? » lui demanda t’il au sujet de la téquila. « Je vous voyais plus boire des cocktails ou des mojitos ! » Vous savez les petits cocktails avec des petites olives et mini parasols, mais pas de la téquila. Lui n’était pas trop l’alcool fort, ce n’était pas vraiment son truc, même s’il en buvait par ci par là. « Vous pourrez peut-être me faire changer d’avis, qui sait après une bière ou deux. » En vérité, il n’avait besoin d’aucun alcool pour succomber au charme de la brune. Le truc c’est qu’elle était enceinte et que pour une fois, même si elle attirait grandement, il ne se voyait pas, juste tirer son coup. Non il voulait autre chose, sauf qu’il ne savait pas vraiment comment faire, faut dire que ce n’était pas du tout dans ses habitudes.

Il l’observa s’éloigner de lui et prit une grande bouffée d’air frais. « Calme toi mon vieux, on dirait que tu as 15 ans, bordel… » Il retira du feu sa préparation vanillée et la glissa dans un récipient avant la mettre au congélateur, histoire de pouvoir en faire de la glace. La cuisine, il allait se concentrer sur ça. Il lança sa préparation de sauce bolognaise et attrapa sa fameuse pate pile au moment ou Esperanza réapparut. Il attrape sa bière et en boit une gorgée qu’il recrache dans la foulée quand elle parle de son odeur. « Pardon ! » dit-il en attrapant un torchon pour essuyer sur le visage d’Esperanza... « Je vais peut-être prendre une tranche de citron… » dit-il en l’observant du coin de l’œil, tout en ajoutant. « Votre parfum ? y a de l’orange sanguine non ? » dit-il tout en rapprochant son nez de son cou pour s’en assurer.

@Esperanza Montero