Solal écoutait d’une oreille attentive les déboires de sa patiente, cela faisait aussi partie de son métier, mais parfois il avait envie de leur dire qu’il n’était pas là pour écouter toute leur vie. Certaines de ses patientes prenaient sa consultation comme un rendez vous chez le psychologue, comme madame Carambar. Agée d’une cinquantaine d’année et ménauposé, elle continuait à venir le voir comme  le faisait un tas d’autres clientes. Sauf que cette dernière lui parlait bien souvent de ses désastres sentimentaux. Solal était gynécologue, pas sexologue et les déboires amoureux de sa cliente lui passait bien au-dessus de la tête. « Hmmm je vous comprends, ce n’est pas facile d’aller de déception en déception, mais rien ne dit que vous ne trouverez pas l’homme de votre vie en sortant de mon cabinet. » dit-il avec sympathie tandis qu’elle s’élança dans un rire tonitruant…. « C’est parfait pour moi en tout cas. » continua-t’il à dire en espérant qu’elle comprenne le message. « Merci Docteur. » laissa t’elle échapper en ramassant ses affaires avant de prendre congé. Solal lâcha un gros soupir et étira ses longues jambes sous son bureau. Il prit le temps de répondre à un message de sa fille qui lui demandait à quelle heure il rentrait. « Pas tard, attendez moi pour manger,  pas de pizza, ni de burger. » Il essayait de faire attention à l’alimentation de ses enfants, pas facile, ils étaient attirés par la mal bouffe comme un lion l’était pour une gazelle. A croire qu’une part de pizza était la seule alimentation possible pour des adolescents. Solal abandonna son bureau pour nettoyer son cabinet et le désinfecter avant le passage de sa dernière cliente de la journée. Il s’obligeait à finir tôt deux fois dans la semaine pour pouvoir profiter de sa vie de famille. C’était peu, mais pour le moment cela convenait à tout le monde.

Une fois son cabinet prêt à recevoir sa dernière patiente, il jeta un coup d’œil à son ordinateur et à son planning. Il savait qu’il ne l’avait jamais eu, il s’agissait d’une première consultation pour un suivi de grossesse visiblement. « Loïs Lane… » Il resta quelques secondes à observer son écran. Ce prénom lui disait quelque chose, mais il n’aurait pu dire quoi, cela le troubla pendant quelques secondes avant qu’il ne revienne à la réalité et à son rôle de médecin. Ce n’était pas la première fois qu’il avait cette impression de déjà vu, ça lui arrivait même trop souvent sans qu’il ne puisse l’expliquer.

Le brun ouvrit rapidement la porte de son cabinet et sortit la tête de celui-ci pour observer sa salle d’attente. « Madame Lane-Kent… » Son regard se posa alors sur une jeune femme brune qu’il n’avait jamais vu, et pourtant une fois de plus, il avait cette impression de déjà vu, sauf que là, c’était différent, ça lui semblait bien important, très important même, mais il ne savait pas pourquoi. Cette impression le figea quelque temps tandis qu’il se perdait dans son regard avant de reprendre contact avec la réalité. C’était bien la première fois de sa vie qu’une cliente lui faisait un tel effet, il était en train de reluquer. Sa déontologie le rappela rapidement à l’ordre et Solal reprit contenance. « Venez, rentrez ...» Dit-il en lui ouvrant la porte pour la laisser passer. Elle était accompagnée d’un enfant dans une poussette, visiblement en bas âge qui observa Solal en babillant. « Vous pouvez vous installer. » dit-il en indiquant les chaises confortables qui se trouvaient de l’autre côté de son bureau. Solal prit place de l’autre côté du bureau, essayant tant bien que mal de ne pas montrer qu’il n’était pas indifférent à cette jeune femme. Cela ne lui était jamais arrivé, et pourtant, il en avait eu des patientes dans son cabinet, mais celle-ci, réveillait en lui un sentiment qu’il n’arrivait pas à définir et c’était troublant. « On va commencer par voir si mon dossier est à jour. » Il arrivait bien souvent qu’il manque des informations lors des premières consultations. Il lui lu les informations inscrites sur sa fiche qui contenait, son âge, son prénom, son numéro de téléphone… « Vous êtes mariée ? » demanda-t’il en espérant que ça ne soit pas le cas. Ce qui était stupide vu qu’une femme enceinte est très souvent avec quelqu’un…


@Lois Lane-Kent

Elle était charmante, un peu trop peut-être, il n’arrivait pas à chercher dans son esprit où il avait bien pu la voir. C’était un sentiment déroutant et troublant qui sembla aussi passer dans le regard de la jeune femme quand leurs regards s’accrochèrent. Solal n’était pas du genre romantique, ça le dépassait, mais il n’avait jamais ressenti ça. Pour lui le coup de foudre était une idiotie qui n’amenait rien de bon, il essayait d’ailleurs de protéger ses enfants de ce genre de conneries, histoire qu’ils ne se fassent pas avoir dès que leur cœur commencerait à battre pour quelqu’un. Sauf que là et bien, ce n’était pas un simple battement de cœur, non c’était plus profond, plus complexe. A tel point qu’il ne pouvait l’expliquer. Ce n’était pas non plus du désir, bien qu’il la trouve tout à fait à son gout, non c’était d’une autre catégorie plus spirituelle et indéfinissable. De ses petites choses qui font la vie et qu’on ne peut pas expliquer mais qui existe pourtant bel et bien.

En temps normal, Solal se montrait peu curieux de la vie de ses patientes pour la seule et bonne raison que cette dernière ne le regardait pas. Il aurait donc dû poser une question plus neutre à madame Lane, plutôt que de ruer dans les brancards en lui demandant directement si elle était mariée… C’était idiot et pas très subtile. Heureusement pour lui, elle sembla ne pas le remarquer, ou si elle l’avait fait, elle ne le montra pas. Solal ne savait pas quelle mouche l’avait piqué, mais une chose était certaine, il n’était pas insensible à cette femme et cela le déstabilisait. Cela ne lui était jamais arrivé en des années d’exercices. Bien sur, parfois il trouvait des patientes charmantes, qui lui plaisaient mais cela n’allait jamais plus loin. Solal inspira un bon coup, bien décidé à reprendre les contrôles de ses émotions. Il esquissa un sourire et remarqua un malaise chez sa patiente, elle aussi semblant ne pas être à son aise. « Désolé, je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise. » dit-il en posant un regard réconfortant sur sa patiente. Il jeta ensuite un coup d’œil à la petite fille qui dormait tranquillement dans sa poussette. « Elle vous ressemble. Comment s’appelle-t ’elle ? » dit-il pour essayer de détendre un peu l’atmosphère. Solal détestait ce genre d’ambiance, elles étaient mauvaises pour le boulot et ne permettaient pas de détendre les patientes déjà tendues de se rendre dans son cabinet. Il inscrivit - mariée - sur son pc avant de reporter toute son attention sur Madame Lane. « C’est un retour de couche ? » demanda-t’il poliment en indiquant la petite du regard. A vu d’œil, elle n’avait pas encore un an, Solal lui donnait entre 6 et 8 mois, mais n’était pas non plus un grand spécialiste, c’était plutôt le pédiatre qui réussissait à trouver l’âge d’un bébé d’un simple coup d’œil. « Vous avez d’autres enfants ? » Ce n’était pas précisé, mais c’était une donnée importante pour lui qui lui permettait d’en apprendre un peu plus sur sa patiente. « Vos derniers règles remontent à quand ? » demanda t’il pour conclure son dossier. C’était bien le plus important dans l’histoire pour essayer de dater la grossesse, même si à ce niveau-là, son équipement se montrait toujours bien plus pointu que lui. « On va pouvoir passer à l’examen, voir si tout va bien et essayer de dater tout ça … Est- ce que nous devons attendre votre mari ? Ou vous passez l’examen seule ? » Solal était habitué aux arrivées impromptues des maris, souvent en retard. Il demandait donc souvent à ses patientes si monsieur était en retard, aux toilettes ou tout simplement pas là. Cela permettait aussi de savoir si la future maman allait vivre sa grossesse seule ou pas et cela avait son importance non négligeable pour leur moral.

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Solal ne comprenait pas ce qui était en train de se passer dans son cabinet. Il sentait cette femme mal à l’aise, mais il ne savait pas pourquoi. Il ne comprenait pas vraiment d’où cela venait, même s’il s’était peut-être montré trop curieux. Il joua avec l’idée de lui demander si elle allait bien mais se ravisa, préférant rester concentré sur ce qui était le plus important, à savoir la grossesse de cette patiente. Il tenta tout de même d’apaiser la situation en lui parlant de sa fille qui dormait paisiblement dans sa poussette. Cela ne marcha pas vraiment, mais il avait au moins essayer. « C’est un joli prénom. » dit-il avant de rajouter.  « J’ai failli appeler ma fille comme ça, mais j’ai décidé de l’appeler Charlie. » précisa t’il sans se douter qu’il allait enfoncer encore un peu plus le couteau dans le cœur de la femme qui lui faisait face. Le brun n’avait aucune idée de son identité passée, il ne savait pas qu’il se trouvait en face de sa femme, ni de leur fille et que dans son univers, il aurait tout fait pour être à leurs côtés. Pourtant, il sentait bien qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, qu’une partie de lui essayait de briser le mur qui emprisonnait ses souvenirs, mais il mettait ça sur le fait qu’elle le trouble. Il ne pouvait pas vraiment imaginer qu’il se trouvait en face de sa femme et qu’en fait il venait d’un autre univers, totalement différent ou il possédait une identité secrète celle de Superman et ou il était très heureux en ménage avec la femme qui lui faisait face.

Rester professionnel, c’est la seule chose qui compte vraiment, mais c’est bien la première fois de sa vie qu’il a autant de mal à l’être. La tristesse de cette femme le saisit en plein cœur et il doit presque s’empêcher de passer par-dessus son bureau pour aller la réconforter, comme si cela s’agissait de la chose la plus naturelle qui soit.  Il redresse la tête quand elle le tutoie avant de se rependre et plisse les yeux, toujours aussi troubler par ce qu’il est en train de vivre. Il préfère se concentrer sur son travail et se relève pour lui indiquer le fauteuil d’examen. « Allez on va voir si tout se passe bien. » dit-il d’une voix amicale tout en préparant ce dont il a besoin.
« C’est parfait, tout va bien » dit-il avant de rajouter. « Je vous fait écouter le cœur. » C’est le moment qu’il préfère, ces petits battements de vie qui retentissent dans sa salle d’examen. « Vous êtes à environ 8semaines. » En tout début de grossesse donc. Restant toujours aussi professionnel qu’il puisse l’être, Solal lui sort tout le pitch qu’il fait à chacun de ses clientes avant de la raccompagner à la porte. « Bonne journée. » lui dit-il en lui ouvrant la porte avant de rajouter, incapable de garder sa langue dans sa poche. « Excusez-moi, mais est-ce qu’on s’est dejà rencontré ? » Il ne peut s’empêcher de se dire qui la connait, que cette femme a de l’importance et il n’a tout simplement pas envie de la laisser partir.

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Solal n’arrivait pas à se sortir de la tête cette idée qu’il la connaissait. Ce sentiment de déjà vu l’énervait car il lui arrivait de plus en plus souvent, mais avec elle c’était autre chose. Logiquement, il passait au-dessus, là il n’y arrivait pas. Il savait pourtant qu’il devait rester professionnel et il essayait de garder sa ligne de conduite. Surtout que sa patiente ne semblait pas vraiment à l’aise. « En fait j’ai des jumeaux » lui répondit-il en pensant que faire la conversation permettrait d’apaiser la situation. « Charlie et Noa. » Il tourna le cadre de sa photo qui se trouvait sur son bureau pour les montrer à la femme qui se trouvait en face lui. « Ils ont 16 ans. » Et ce n’était pas de la tarte de les gérer tous les jours. Dire qu’à l’époque ou ils étaient nourrissons, il avait pensé, à tort, qu’il s’agissait de l’état la plus difficile. Aujourd’hui, il ne changeait plus leur couche, mais ils lui prenaient beaucoup de temps, sans parler de l’inquiétude. Enfin bref, c’était ça être parent… Surtout que lui était en solo.

« Je comprends, c’est des moments qu’on apprécie vivre à deux. » lui dit-il alors qu’il termine son examen. Solal voyait bien la joie des couples qui découvraient leur enfant ensemble, c’était des moments rares qui n’appartenaient qu’à eux. Il voyait aussi, parfois, des personnes comme sa patiente qui venait seule pour un diverse de raisons différentes mais il n’était pas là pour juger. Il termina son examen et raccompagna la jeune femme à la porte, se battant contre son instinct qui était en train de lui dire qu’il faisait une belle connerie. « ça serait avec plaisir, mais j’ai du monde, j’ai votre numéro, je vous recontacterai. » Il voyait bien dans son regard qu’il y a quelque chose qu’elle voulait lui dire et que c’était important, mais ils étaient dans la salle d’attente et tous les regards s’étaient tournés vers eux. Solal la laissa donc partir à contre cœur et retourna dans son cabinet pour tout nettoyer avant de recevoir une nouvelle patiente. Il repassa devant son bureau et posa une nouvelle fois ses yeux sur son dossier. « Loïs… »

Solal sentit une déflagration envahir son esprit, elle brûla tout sur passage, sa vie, tout ce qui croyait pour que de ces cendres, ses vrais souvenirs renaissent. Son arrivée sur terre, sa rencontre avec les Kent, sa vie sur terre, son adolescence parfois compliquée avec la découverte de son pouvoir. Puis son choix de devenir Superman, sa rencontre avec Lois, puis Kara, la naissance de sa première fille et l’annonce de la nouvelle grossesse de Loïs… Tout lui était revenu en l’espace de quelques secondes. Il se précipita à l’extérieur devant les regards médusés de ses patientes qui se demandaient sûrement ce qui lui arrivait.

« Lois ? » hurla t’il dans la rue avant de la voir, elle était en train de traverser la rue avec sa poussette. Une voiture filait droit sur elle, sans conducteur, le frein à main venait de lâcher et son propriétaire criait pour faire dégager la route, mais elle ne semblait pas l’entendre. Il ne fallut qu’une fraction de seconde pour que Clark retrouve sa super vitesse et se glisse entre Lois et la voiture, qui s’écrasa contre lui avant de s’arrêter, l’avant totalement détruit… Ses pouvoirs étaient revenus en même temps que ses souvenirs, heureusement d’ailleurs, parce que sinon il aurait fini écraser comme une crêpe. « Tu vas bien ? » lui demanda t’il avant de la prendre dans les bras avec tendresse. « Je viens de me souvenir… » lui glisse t’il à l’oreille alors qu’il passe tendrement la main dans les longs cheveux de sa femme…

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Des aventures, Clark en avait vécu pas mal, mais aucune comme celle-ci. Il ne s’était jamais retrouvé dans un monde qui n’était pas le sien, dans une vie qui n’était pas la sienne. Les souvenirs qui l’avaient envahi s’étaient replacés au bon endroit. Ils avaient repris leur place avec intensité, sans laisser la moindre possibilité aux souvenirs de Solal d’avoir une vraie existence. Ils existaient bien sûr, présents dans son esprit, mais Clark savait qu’ils n’avaient pas vraiment existé, qu’ils n’étaient qu’une illusion. Pourtant, il savait que lorsqu’il rentrerait chez lui ce soir, Noa et Charlie l’attendrait. Ce n’était pas vraiment ses enfants, il ne les a pas adoptés, pourtant, l’amour qu’il ressentait pour eux, lui, n’avait pas disparu. Il était bien là, présent, fort, et protecteur. Alors même s’il n’avait pas signé les papiers d’adoption, pour Clark cela ne changerait rien. Ce qui changeait par contre, c’était cette patiente, qui ne l’était plus. C’était sa femme… et sa fille. Il n’hésita pas une seconde à leur venir en aide, comme il n’aurait pas hésité à le faire pour une autre personne. C’était ça, sa vie, il en sauvait d’autres et faisait tout pour que les habitants de la terre puissent vivre en sécurité. Il était Superman, c’était son destin et il l’avait accepté. Mais sa vie, il ne l’avait pas dédié qu’à son costume, il avait aussi fait le choix d’être un époux et un père et c’était ça qui lui donnait sa force, qui le poussait à continuer tous les jours. Il ne savait pas pourquoi il avait oublié, mais il était tellement soulagé de se rappeler enfin. Dire qu’il aurait pu la laisser partir sans la reconnaitre…

« Lois… » il lui caressa tendrement la joue, elle était visiblement sous le choc. Il pouvait la comprendre, en l’espace de 30 minutes, elle avait du passé par une multitude d’émotions. « Elle est là… » Amy, visiblement peu stressée par ce qui s’était passé, dormait tranquillement dans sa poussette qui se trouvait jute à côté d’eux. Clark joua avec l’idée de la prendre dans ses bras pour la serrer contre lui, mais il se ravisa, elle dormait tellement bien qu’il ne voulait pas la réveiller. Il observa la main de la jeune femme se posait sur son ventre et sourit. C’était aussi pour ça qui l’aimait, parce que c’était une mère merveilleuse. « Ils vont bien, j’entends les cœurs battre. » lui dit-il avant de se souvenir qu’il ne l’avait pas prévenu pendant la consultation… parce qu’elle était stressée, qu’il était troublé et qu’il n’avait pas osé lui dire de but en blanc qu’elle attendait des jumeaux. Il avait pensé la rappeler pour faire un rendez-vous de vérification dans la semaine… Sauf que tout ne s’’était pas vraiment passé comme prévu. « Ce sont des jumeaux… » précisa t’il avant de poser tendrement son front contre celui de sa femme, la tirant avec tendresse contre lui pour l’envelopper de ses bras.


@Lois Lane-Kent