Les années trente, ce n’était pas une panacée. La guerre, l’intolérance, la violence. Harry vivait dans un monde qui était en proie aux plus grands bouleversements des derniers siècles. Il était ami avec lui, avec Peter. Il l’aimait, terriblement. Il était son âme sœur, et il le savait, seulement, le monde ne voulait pas autoriser ces sentiments, alors ils cachaient ce qu’ils avaient, le chérissaient de toute la force de leurs deux âmes de jeunes adultes. Peter était journaliste, il suivait son rêve, probablement. Harry… c’était différent, pression familiale, père qui lui demandait de venir travailler avec lui, ça lui plaisait, mais… il aurait aimé faire comme il le voulait. Il visait d’autres objectifs, pas seulement celui de remplir le porte-monnaie d’Oscorb Industries.

Puis… le drame. Harry n’a pas pu s’empêcher de penser à cet enchaînement de… merdes de cette manière. Son père découvre un sérum étrange qui le change, qui le transforme petit à petit, et il le voit se dégrader, devenir progressivement le Bouffon Noir, un criminel notoire. Et parallèlement à cela, Peter commençait à lui mentir, à s’absenter, sans lui donner d’explications. Et Spider-Man débarque dans l’équation, et quand Harry découvre le pot-aux-roses, il déchante, il est en colère et de la rancœur s’installe quant il apprend que l’ennemi de son père n’est autre que celui qu’il pensait aimer. Ils se séparent, se laissent, parce que Peter ne peut gérer la relation familiale entre le Bouffon Noir et Harry, et parce que Harry n’arrive pas à abandonner son père qu’il pensait alors malade.

La Seconde Guerre Mondiale éclate, et les États-Unis entrent dans le conflit en 1941, Spider-Man, Peter, part pour l’Europe afin d’aider, et laisse tout le reste derrière lui. Seulement… la ville change, la ville tombe aux mains des Sinistres Six, dirigés par Norman Osborn. Harry lui… tombe sur le sérum de son père, et sera contaminé par celui-ci, devenant progressivement la même entité que son père, bien qu’il puisse conserver parfois des pensées cohérentes et plus organisées. Le Nouveau Bouffon Noir aidera son père dans l’ombre, aidera à faire régner la violence et le profit dans une ville où la clémence est balayée. Mais Spider-Man revient à New-York et commence probablement le plus dur de ses combats. Harry, rongé par les remords, retournera sa veste afin d’aider l’ancien amour de sa vie, il aidera à balayer les Sinistres Six.

Suite à cela, il décide de partir, broyant les sentiments qu’il a encore pour Peter au fond de son cœur et il prend le large vers les îles britanniques, s’installe à Londres pour tenter de trouver une solution à son problème de Bouffon interne. C’est là-bas qu’il vivra, dans son laboratoire à tenter de trouver un remède, à tenter de noyer son chagrin dans la recherche et dans la boisson qu’il découvrira en parallèle de chercher à découvrir où sont les limites de ses nouveaux pouvoirs. Une ambiguïté qui lui vient complètement de ce qu’il est devenu : profiter de ce qu’il est tout en le rejetant profondément, comme si c’était le reflet de ce qu’il avait perdu.

Énorme changement dans sa vie. Harry découvre que son monde n’est plus, qu’il est envoyé dans un autre univers, et c’est… il n’est pas surpris, il se doutait bien que sa conception de l’univers n’était pas optimale, et il avait raison. Seulement, il ne s’en est pas rendu compte tout de suite, parce qu’il y avait cette malédiction, celle qui entourait les habitants de Baiame. Lui, il était un homme lambda, un quidam comme on en rencontre dans toutes les villes du monde, et il était heureux. Adam Spencer. Un foutu agent immobilier. Mais il vivait sans se soucier des conséquences, il vivait à en perdre la raison. C’était une période de faste pour lui, parce qu’il n’était plus ce qu’il était, il était sociable, il vivait entouré des autres, à ne pas s’inquiéter pour les raisons évidentes de ses problèmes de santé précédents. Adam était celui qui brûlait la chandelle par les deux bouts, et ce rythme de vie effréné lui plaisait, lui donnait l’impression d’être vivant.

Mais alors qu’on lui diagnostique un dysfonctionnement du foie à cause de l’alcool qu’il ingère et également en cause sa santé fragile qu’il avait depuis sa naissance, le déclic est tellement puissant qu’il se souvient de tout, de tout son passé et sa fausse identité se brise immédiatement. Harry titube dans le cabinet du médecin, et il se pose sur un mur et sent immédiatement revenir à lui la conscience du Bouffon Noir, et la violence des couleurs de ce monde lui agressant la rétine, il finit par s’enfuir, se délite dans la nature de cette île dans laquelle il vit avec un décalage complet.

Harry retrouve aussi ses pouvoirs, et avec ceux-ci, un espoir de guérison, l’angoisse dans un premier temps éprouvée disparaît immédiatement et est remplacée par cette soif de violence intrinsèque à son nouvel être, à ce qu’il était avant que son monde ne disparaisse, parce qu’il a bien compris que quelque chose était arrivé à son univers d’origine. Le Bouffon Noir reparaît et avec lui la noirceur de son âme, la violence inhérente, la colère et l’injustice qui en découle. Harry bouillonne, Harry a envie d’exploser, mais il se canalise, il essaie en tout cas.

Dans un premier temps, il continue de chercher un remède, un moyen d’éloigner l’âme du Bouffon Noir, et il trouve un emploi dans l’hôpital de l’île de Novacrest, chercheur en médecine et en biosciences spécialisé dans les neurosciences, mais… la nuit c’est une autre histoire, sa double personnalité se réveille, embrasse le monde du crime et de la violence, n’hésitant pas à aller contre les règles, les lois. Harry déteste tout cela, il lutte avec lui-même, et il tente tant bien que mal de donner un sens plus lumineux à cette part d’ombre, de l’ombre vient la lumière et c’est ce qu’il essaie de prouver autour de lui.