La vie humaine… Elle demeurait toujours un mystère pour l’esprit des eaux. Il s’était éveillé depuis quelques mois et même si les faux souvenirs de Ryu lui permettaient de mieux appréhender ce monde, il se retrouvait bien souvent perdu. S’il n’y avait pas eu Chihiro, jamais il ne se serait intéressé à la manière de vivre des êtres humains, il se serait contenté de trouver une rivière, un lac ou un coin sympa dans l’océan pour y vivre. Sauf qu’elle était là, qui l’avait une fois de plus retrouver et qu’il voulait faire partie de sa vie, d’une manière ou d’une autre. De toutes ses rencontres, Chihiro était la seule qui avait réussi à réveiller des sentiments, chose rare pour les esprits qui en sont pour la plupart dénués. A quoi bon en avoir quand on est esprit… Un esprit n’est ni bon, ni mauvais, il est juste ce qu’il est…

Pour se rapprocher de la jeune femme, Haku ou plutôt Ryu car il s’agissait de son prénom sur cette île, avait réussi à se faire embaucher dans une école maternelle en tant qu’assistant maternel. Ce qui revelait du miracle, mais il avait réussi à obtenir un diplôme en grassement la patte d’une de ses connaissances. Cela n’avait pas été difficile, non ce qui l’avait été, c’était sa première rencontre avec les monstres en culottes courts, bien plus terribles que tous les esprits malins qu’il avait affrontés, plus pire que Yubaba : des enfants… Il ne comprenait pas ce que les humains leur trouver. Ils étaient bruyants, sales, stupides, tenaient à peine sur leurs jambes et pour ce qui était du langage… Non non n’en parlons pas, c’est mieux comme ça…. Ryu avait songé plus d’une fois à abandonner, mais il y avait Chihiro et le simple fait de travailler à ses côtés, le connecter à des émotions oubliées qui lui donnait de nouveau l’impression d’être vivant.

Ryu n’avait pas eu la chance de travailler durant toute l’année avec Chihiro, il s’était éveillé que quelques mois auparavant ce qui lui avait permis de travailler avec elle, 2 mois avant que les grandes vacances ne viennent mettre un terme à ses rencontres régulières avec la jeune femme. Haku se sentait ridicule, il avait l’impression d’être un pauvre type, un fou, qui cherchait par tout moyen de rentrer en contact avec une fille. Son comportement n’était pas sain, mais il ne savait pas quoi faire d’autres. Chihiro était maudite, il ne pouvait pas lui parler de leur rencontre, il ne savait même pas si elle s’en souvenait. Et même si elle était éveillée, comment se présenter devant elle. « Salut Chihiro, tu te souviens de moi ? Haku ? oui l’esprit de la rivière Kohaku a qui tu as rendu son nom et qui t’avais promis de te retrouver…. Me voilà 15 ans après !’ » C’était ridicule !!


Haku soupira et attrapa sa paille pour souffler dans son verre qui contenait un soda au gout fruité. Il regarda les bulles explosées à la surface avant de s’arrêter pour vérifier que personne ne l’observe. Non… ils étaient tous occupés à manger en attendant le début de la soirée de jeu. Haku, lui, se demandait toujours ce qu’il faisait là. Dans sa démarche vivant à se sociabiliser, il avait décidé de faire des choses humaines, comme aller au cinéma, faire ses courses au supermarché, aller à un concert, ou comme aujourd’hui participer à une soirée jeux de société…. Sauf que pour le moment, il était tout seul à sa table… Visiblement la soirée allait commencer par un Quizz sur les films et les séries des années 2000 , autant dire qu’il était foutu. Alors qu’il jouait à l’idée de partir, Haku vit apparait Chihiro et laissa échapper sa paille qui retomba par chance dans son verre. Mais que faisait-elle là. Il essaya de retenir sa joie, mais le sourire qui se dessina sur ses lèvres parlaient pour lui. Foutu sourire, comment on le retient. « Salut…Sen. » Il avait l’impression que sa voix ressemblait à celle d’un Hamster enroué…

« Non je n’attends personne. » répondit-il précipitamment en lui faisant de la place. « Vas y, assieds toi ! » Enfin la chance lui souriait. Il n’avait pas cessé de chercher un moyen pour l’inviter hors du travail, mais il ne se voyait pas lui envoyer un texto pour l’inviter, par crainte qu’elle s’imagine des trucs qui étaient totalement vrais ! « Tu vas bien ? Tu profites de tes vacances ? » Les vacances encore une notion qu’il ne comprenait pas, parce que dans son monde s’il décidé de disparaitre et bien il pouvait le faire… enfin pas trop non plus, pour ne pas déstabiliser son monde. « Dis-moi, tu t’y connais en film et série des années 2000 ? » 

Ne surtout pas montrer qu’il était trop heureux… Ou peut-être que c’était justement ce qui devait faire … Qu’est ce que c’était compliqué les humains, il les observait depuis des semaines, voir des mois mais il n’arrivait toujours pas totalement à les comprendre et encore moins à agir comme eux. Il y arrivait déjà mieux qu’au début, mais parfois, comme aujourd’hui, il se sentait dépassé. C’était surtout à cause de ses foutues émotions, il les sentait bondir en tout sens comme le ferait un chevreuil pour séduire une femelle. Il imagina la scène dans sa tête, mais cela semblait tellement ridicule qu’il essaya de lutter contre ces foutus sentiments qu’il n’arrivait pas à gérer. Il avait juste envie de la prendre dans les bras et de lui dire la vérité, de lui dire à quel point elle lui avait manqué, comment les années lui avaient semblé être une décennie en attendant de pouvoir enfin la retrouver. Sa joie, parce que oui, il arrivait désormais à comprendre cette émotion, de la voir heureuse dans sa vie et peut être aussi la déception de comprendre qu’elle ne le cherchait pas. Il s’en était douté, il savait qu’il y avait de fortes chances qu’elle ne souvienne pas de lui ou qu’elle pense que tout cela n’avait été qu’un rêve. Pourtant pour Haku tout avait été extrêmement réel, il ressentait encore la chaleur du corps de Chihiro sur ses écailles couleur d’ambre.

Il l’écouta parler avec plaisir avant de prendre la parole à son tour en essayant de faire comme toutes les personnes présentent ici. « Je ne savais pas que ta grand-mère tenait une boutique. » Il l’avait déjà entendu parler d’elle, visiblement, elle y était énormément attachée. Lui n’avait jamais eu de famille à proprement parler, à part son père, mais ce n’étaient pas les mêmes relations… les esprits ne sont pas liés à leurs enfants comme le sont les humains avec les leurs. Ils n’ont pas du tout la même vision de la famille. Disons tout simplement que le sens de la famille n’a pas vraiment lieu d’être dans le monde des esprits et cela était encore un mystère de plus pour Haku. « C’est quoi comme boutique ? » demanda t’il avec curiosité avant de rajouter. « Du coup quand tu as fini ton travail à l’école, tu vas aider à la boutique ? » Pendant le peu de temps ou il l’avait connu, Chihiro s’était montrée courageuse, travailleuse et surtout très attachée à ses parents. Visiblement, elle n’avait pas changé, cela le fit sourire… Chihiro demeurait Chihiro même sans ses souvenirs et lui et bien…il essayait de se faire une place dans ce monde… Mais il n’arrivait pas à l’imaginer loin d’elle.
Il était ravi d’entendre que Chihiro si connaissait plus que lui en jeux… et en surtout en pop culture, lui ne risquait pas de répondre à beaucoup de questions.

« Super, tu vas pourvoir m’instruire à ce niveau-là, parce que je n’y connais rien… Du coup on aura peut-être une chance de gagner » Et c’était peu de le dire. Il aurait aimé connaitre, mais il n’avait pas vraiment eu l’occasion d’aller dans une salle de cinéma durant sa vie. Quant à Ryu, il avait vécu dans un monde tellement protégé qu’il avait passé plus de temps à jouer du piano qu’à regarder les pokémons… « Oh rien de fou… je passe le temps en essayant de me sociabiliser. » dit-il d’une voix amusée, mais la réalité était là. Il était assez seul, mais ça ne changeait pas beaucoup de sa vie passée. « Rien de très passionnant, je lis la plupart du temps. » Il était plus à l’aise avec les livres, parce qu’il y en avait dans son univers et qu’il avait toujours adoré ça. Alors pour connaitre un peu plus ce monde, il lisait…« Tu veux boire quelque chose ? » lui proposa t’il, après tout, ils étaient dans un bar, autant commencer par là.

« Oh… » dit-il l’air intrigué. Il n’avait jamais été gourmand, surement parce qu’il avait passé des années dans un monde ou l’alimentation était un outil pour aliéner les individus. Il se nourrissait parce qu’il le fallait et même si parfois il prenait du plaisir, il demeurait méfiant. On ne sait jamais ce qu’on peut glisser dans votre nourriture. Ryu lui était un mangeur compulsif, quelqu’un de très gourmand qui aurait surement dévaliser la petite boutique de la grand-mère de Sen. « J’irais faire un tour. » Il pouvait toujours acheter une pâtisserie, histoire de se faire plaisir sans pour autant en abuser. « Tu aimes beaucoup ta grand-mère. » Un sourire s’était dessiné sur les lèvres d’Haru qui reconnaissait Chihiro dans chaque mimique et chaque parole prononçaient par Sen. La jeune fille qu’il avait connue, était là, même si elle ne s’en souvenait plus. Heureusement, Haku savait se montrer patient. Il était près à attendre qu’elle se souvienne et cela viendrait, il en était certain. Il n’était plus à ça près, après tout, il avait déjà attendu de la retrouver pendant plus d’une décennie, un peu plus ne changerait pas la donne. Quand on est un esprit, le temps ne s’écoule pas de la même manière que pour les êtres humains dont la vie est aussi courte qu’un battement de cil. « Je ne sais pas comment tu fais…. Moi quand j’ai fini ma journée de boulot, je m’écroule, ils m’ont tellement usé que j’ai l’impression que ce sont des vampires en devenir, sauf qu’ils ne se nourrissent pas de sang humain, mais de notre énergie… » dit-il avec sérieux en revoyant les enfants pendus à sa chemise le suppliant de dessiner une nouvelle marelle disparue à cause d’une averse de pluie. Haru n’avait jamais été aussi fatigué que depuis qu’il travaillait avec Sen. Le travail des hommes était épuisant… Et il s’en serait bien passé.

« Moi aussi, mais là, ça ne suffira pas. » plaisante t’il, connaissant parfaitement ses lacunes. Autant dire que la culture des humains, ça ne le connaissait pas trop. « Par contre je veux bien écrire les réponses sur l’ardoise, c’est un rôle important. » dit-il d’une voix amusée, conscient que cela n’aiderait pas beaucoup, mais c’était peut-être mieux que de rester à ne rien faire. « Tu dis ça, mais tu passes ta vie à t’occuper des enfants des autres et tu adores ça, je pense que c’est quand même faire preuve de sociabilité. » Sen était sociale, tout comme l’était Chihiro, elle n’en avait peut-être pas conscience, mais elle aimait les gens, là ou lui avait bien plus de difficultés.

« Ok, je vais nous commander ça et dire qu’on est deux dans l’équipe. » Il partit rapidement au bar, passa sa commande et revint s’installer à la table. « Ils viendront plus tard voir si on veut manger. » précisa t’il tandis qu’il reprenait sa place. « Hmmm un peu de tout à vrai dire, je ne suis pas difficile. » Haku lisait de tout, de grands auteurs, comme des auteurs inconnus, il pouvait passer de la philosophie à un thriller, ou lire de la poésie et finir par lire le seigneur des anneaux. Tout dépendait de ses envies, mais la lecture lui permettrait d’en apprendre plus sur les humains. « En ce moment je lis autre monde de Maxime Chattam et toi tu aimes lui ? »

Haku crevait d’envie de dire la vérité à Chihiro. Il détestait lui mentir, il la connaissait et se souvenait très bien de sa personnalité. Elle était honnête et n’apprécierait surement pas son comportement à son éveil. Le problème c’est qu’il ne savait pas comment aborder la chose et qu’il était encore plus incapable de se tenir à distance. Il avait passé des semaines à l’observer de loin dans son monde, sans savoir comment venir à elle. Maintenant qu’il avait réussi à recréer un lien, il était incapable de reprendre ses distances, surtout qu’il sentait bien qu’il y avait quelque chose qui était en train de se créer entre lui et Sen.Il avait passé énormément de temps à penser à elle, peut-être trop d’ailleurs. Kohaku n’avait jamais abandonné l’idée de la retrouver après tout il lui avait promis, mais il était un esprit et le temps n’avait pas la même emprise sur lui. Chihiro était humaine, elle avait grandi, fait ses expériences et avec le temps elle avait sûrement dû oublier le village perdu ou elle avait croisé la route de l’enfant esprit qu’il était à l’époque. Pour autant, il ne voulait pas abandonner l’idée qu’une part d’elle n’avait rien oublié de tout ce qu’ils avaient vécu. Désormais Haku faisait face à un double problème, rien ne lui disait que Chihiro serait heureuse de le retrouver et ce monde lui avait retiré ses souvenirs. IL craignait qu’à son réveil, elle ne lui en veuille pour avoir essayé de sa rapprocher d’elle sans lui avouer la vérité. Il s’était foutu dans une situation qui le dépassait, mais il n’arrivait clairement pas à en sortir. De toute façon, il ne voulait pas, la seule chose qui lui importait, c’était d’être à ses côtés.

« Vu que j’aime tout ce qui est sucré, ça ne devrait pas être problème. » plaisante t’il tout en se rapprochant de Sen, amusé par cette petite confidence. Avec elle, il n’a jamais eu de problème à communiquer. Cela lui a même toujours semblé facile mais ce n’est pas le cas avec les autres êtres humains. « Tu y es quand, je pourrais peut-être passer quand t’es là, comme ça tu pourras me conseiller et me protéger au cas ou des attaques sucrées de ta grand-mère » Ne peut-il s’empêcher de dire en espérant qu’elle ne prenne pas ça pour une tentative de se rapprocher d’elle, ce qui était clairement le cas. Leur conversation devient cependant plus sérieuse et l’esprit deux eaux sent son cœur se serrer quand elle lui raconte son histoire. Il a beau savoir ce n’est pas vraiment la sienne, mais des faux souvenirs, cela le touche plus qu’il ne l’aurait pensé. Comme quoi à force de la côtoyer, il commence tout doucement à s’humaniser à son tour. « Je suis désolé, je ne savais pas… Tu as eu de la chance d’avoir ta grand-mère. » Elle aurait surement pu se retrouver dans un orphelinat ou chez des personnes qu’elle ne connaissait pas, si elle n’avait pas eu quelqu’un de sa famille capable de l’accueillir. Haku s’était rapidement détourné de sa fausse famille, même si celle-ci continuait à essayer d’entretenir le lien, lui n’y voyait aucun intérêt… Il se contentait de jouer aux abonnés absents, espérant que les membres de sa fausse famille se réveillent et le finissent par le laisser tranquille.

« J’ai surtout l’impression que tu aimes les gens… tu es très sociable. » Il l’avait tout de suite compris. Quand Chihiro était arrivée, elle s’était rapidement fait des amis, même les plus incongrus. C’était comme ça, elle avait cette facilité à créer des liens et surtout à se faire aimer, ce n’était pas donné à tout le monde. « Que ce soit des enfants ou des petits vieux, tu t’en occuperais avec autant d’énergie. » et d’amour, mais il n’osa pas ajouter ce mot, il était encore très dur à prononcer pour lui, surement parce quand son monde ce sentiment n’existait tout simplement pas. Haku était surement l’un des seuls esprits à l’éprouver. En rentrant chez lui, il avait pensé à tord que cela finirait par passer, mais c’était le contraire qui c’était passé. Avec le temps, les sentiments qu’il éprouvait pour Chihiro avait grandi, ils s’étaient installés durablement et Haku n’avait alors jamais cessé d’espérer réussir à la retrouver. Il avait juste mis plus de temps que prévu.

« Parfait ! » dit-il en attrapant son ardoise, bien décidé à écrire les réponses de Sen afin de gagner la partie. Il était un esprit, quasiment un dieu, hors de question qu’il perde face à des humains, ce n’était tout simplement pas envisageable. Il était en train de s’amuser à dessiner sur le coin de son ardoise tout en l’écoutant avec attention, quand elle évoque le château de Hurle, il s’immobilise pour l’observer avec curiosité. Quand il s’est éveillé la première chose qu’il a faite, c’est de se renseigner sur l’univers dont il était issu. Un univers imaginé par un réalisateur japonais qui avait réalisé de nombreux films en plus du sien, dont un qui l’avait regardé et apprécié et qui était issu d’un ouvrage : La château de Hurle. C’était une perche qui ne pouvait pas laisser passer. « Je connais. » dit-il avant de rajouter. « Je l’ai lu quand j’étais gosse, puis quand le château ambulant est sorti au cinéma, je suis allé le voir. » Ok, là il mentait clairement, mais il n’avait pas trop le choix s’il voulait amener sur le tapis l’univers dont ils étaient issus. « J’ai adoré l’univers de Miyazaki et j’ai tout regardé. J’ai une préférence pour le voyage de Chihiro… tu connais ? »

« Hmmm ça semble terrifiant. » Laisse échappa le jeune homme en faisant mine d’être terrifié par cette possibilité. Pour autant, s’il y avait bien une personne qu’il ne craignait pas, c’était Zeniba… Plus maintenant en tout cas. Il l’avait crainte à l’époque ou il travaillait pour sa sœur. Elle ne l’appréciait pas à l’époque, surement parce que Yubaba l’envoyait régulièrement commettre quelques vols chez sa sœur. Le dernier avait d’ailleurs failli le tuer, mais c’était aussi Zeniba qui l’avait sauvé, touché par l’amour que lui portait Chihiro. A vrai dire, il était même assez curieux de la rencontrer dans ce monde. Il ne savait pas si elle était réveillée ou si elle ignorait tout de son monde, mais en tout cas, il était assez curieux de gouter ses pâtisseries. Elle, au moins, ne chercherait surement pas à l’empoisonner ou à voler son âme comme le faisait si bien sa sœur. « Surement un brin de magie, mais ça on ne peut pas le dire. » Ne peut s’empêcher de répondre Ryu d’une voix amusée. Zeniba avait toujours eu plus d’un tour dans son sac, c’était surement encore le cas.

Une sœur ? Il n’en avait jamais entendu parler. En tout cas, ce dont il était certain, c’est que dans son monde Chihiro était fille unique. Cependant sur cette île, elle n’était pas la seule à se découvrir une nouvelle famille, c’était aussi son cas. Sauf que désormais, il savait que ses frères et sœurs ne l’étaient pas réellement et cela lui allait bien. Haku aimait le fait d’être unique… Les esprits ont peu d’enfants, pour éviter de trop se compliquer la vie. « Je ne savais que tu avais une sœur. » Elle avait peut-être dit et il ne l’avait pas retenu, ce qui était assez surprenant, car Ryu était le genre de personne à avoir l’oreille bien pendue.

Parler de l’œuvre du maitre japonais en matière d’animation était une chance, car c’était grace à lui que leur histoire était connue dans le monde des humains. Il avait d’ailleurs apprécié le dessin animé qui était assez proche de ce qu’ils avaient vécu tout les deux durant la courte période où ils s’étaient côtoyés. Même s’il appréciait le château ambulant qu’il avait aussi regardé, comme Porco Roso ou le château dans le ciel. Ryu avait envie de savoir si Chihiro, c’était déjà intéressé à son histoire, à ce fameux voyage qu’elle avait entrepris alors qu’elle n’était qu’une petite fille. Pendant un instant, il crut que ses souvenirs lui revenaient, mais cela fut si fugace qu’il crut qu’il l’avait tout simplement rêvé. Il ne put masquer sa déception quand elle parler de Hauru. « Mais pourquoi toutes les filles en ont après lui… » dit-il quelque peu désabusé. « Il passe son temps à draguer les filles et ce n’est qu’un magicien. » Oui, un magicien, qui ne faisait rien d’extraordinaire. « J’ai toujours préféré Haku, déjà parce que c’est un esprit et en plus de ça c’est aussi un dragon. J’ai adoré la relation qui l’unie avec Chihiro et la promesse qu’ils se font quand elle s’en va pour retrouver sa vie. » Il aurait tellement aimé la suivre, mais Haku devait lui aussi rentrer dans son monde et prendre enfin ses responsabilités en main.