When ectoplasm meets chemical X | Vee

Devoir courser un ennemi ? Il connaît. Se faire propulser à travers un bâtiment par le dit ennemi ? Il connaît aussi. Quotidien auquel il a fini par s'habituer après des années à jouer les justiciers, faisant de son mieux pour s'assurer que tout fantôme dangereux soit mis hors d'état de nuire. Et malgré son jeune âge, il se lamente déjà du fait d'avoir dû affronter bon nombre de criminels notoires. A croire que seuls les esprits malfaisants demeurent sur Terre après leur trépas.

En l'occurrence, ce n'est pas un fantôme qui l'a pris en grippe. Mais bel et bien un humain en cher et en os. Un humain avec des ailes. Du genre que l'on voit généralement plus dans les comics ou dans les séries fantastiques. Danny n'en a jamais vu dans son monde d'origine, mais doit admettre que Baiame apporte son lot de bizarreries en tout genre, la faute à un multivers détruit, et à un panorama de personnages aussi divers que variés.  

Mais le voilà donc, étalé sur le sol, après avoir traversé le toit du bâtiment de manière plus ou moins forcée, endommageant ainsi la structure du plafond et de certains murs. L'un dans l'autre, c'est certainement l'architecture qui a le plus souffert dans tout cet échange, Danny s'en sortant relativement bien avec seulement un bras cassé. Fracture qui guérira bien plus rapidement qu'il n'en faudra au propriétaire des lieux pour réparer les dégâts causés par un tel affrontement. Danny espère seulement que celui-ci lui pardonnera d'avoir causé un trou béant dans son plafond. Trou qui aurait sans doute pu être évité si Danny avait eu le temps - et le réflexe - de se rendre intangible avant de venir s'écraser.

Non loin de lui, un cri aigu s'élève : une jeune femme le regarde avec des yeux ronds avant de prendre ses jambes à son cou et de fuir les lieux. Danny grimace. Il est vrai que la plupart des gens paniquent et prennent la fuite lorsqu'ils sont confrontés au paranormal, et encore plus à un fantôme. Il ne s'en vexe que très peu, sachant pertinemment que son apparence spectrale n'a rien de rassurant pour le commun des mortels. Regardant tout autour de lui, il constate qu'il est tombé dans un salon de tatouage. Et qu'une autre femme, bien plus jeune que la précédente, le dévisage de tout son être. Comme si elle cherchait à le désintégrer sur place. Ah, probablement une des employés.

Désolée, madame.

Mais il n'a pas le temps de s'étaler sur la chose que, déjà, l'autre mutant volant refait surface, bien décidé à en découdre. Et Danny se dit qu'il est prêt à tout pour le déplumer une bonne fois pour toutes !

De toute évidence, il a sous-estimé l'employée. Sans même se démonter, elle se rapproche du criminel, lui faisant la morale et lui intimant même l'ordre de continuer leurs différents dehors, le plus loin de son salon. Danny hausse un sourcil de surprise, ne s'attendant probablement pas à voir quelqu'un s'interposer ainsi dans leur conflit. En soit, elle lui rappelle quelque peu Sam, tant au niveau de la personnalité que du style vestimentaire. Une douleur lui prend alors aux tripes en pensant à sa meilleure amie. Il ignore où elle se trouve, et même si elle est encore en vie. Mais ce genre de pensées n'a pas sa place en cet instant.

Focalisant à nouveau son attention sur la scène face à lui, il s'apprête à intervenir, peu désireux de voir ainsi l'employée inconnue se faire atomiser par l'écervelé ailé. S'il admire son courage et sa témérité, il s'inquiète quelque peu d'une telle impulsivité, craignant pour sa vie. Mais alors même qu'il s'avance pour s'interposer entre les deux et protéger la civile coûte que coûte, celle-ci le prend à nouveau de court, lorsqu'elle vient déposer son poing en plein dans le ventre de l'autre, l'envoyant valser à travers un des seuls murs encore un tant soit peu intact.

Danny ignore pourquoi il est autant surpris. A Baiame, il n'est pas le seul à avoir des dons particuliers, bien que la plupart des autres justiciers préfèrent revêtir une cape et partir à la rescousse d'autrui sous le regard admiratif des passants et sous le flash des caméras. La jeune femme en face de lui préfère la tranquillité d'une vie loin des projecteurs, il faut croire, troquant célébrité pour intimité et discrétion. Et en soit, il ne peut lui en vouloir. C'est bien pour ça qu'il remercie sa physiologie foireuse de l'aider à pouvoir maintenir une identité un tant soit peu secrète.

Encore désolée pour le plafond. Et le reste de votre salon.

Il continue de léviter légèrement à ses côtés, contemplant les dégâts avec une légère grimace sur le visage. Ce n'est pas la première fois que ses batailles avec ses ennemis résultent en des bâtiments détruits ou mal en point, mais c'est sans doute la première fois qu'une des employées lui fait la morale, tout en envoyant valdinguer l'ennemi à cent mètres de là.

Je peux pas vraiment aider niveau financier, mais je peux toujours aider à nettoyer. Ou ranger.

Enfin, nettoyer le peu de ce qu'il reste de cette partie du salon, en tout cas. Si une moitié est encore relativement intacte, la seconde menace à tout moment de s'effondrer et de venir les écraser.

Une moue penaude sur le visage, il s'avance de l'inconnue, lui tendant sa main, celle-ci toujours aussi spectrale. Moi c'est Danny, au fait. Et il espère sincèrement qu'elle ne viendra pas lui casser le bras pour avoir eu l'audace de se présenter ainsi, comme s'il ne venait pas littéralement de traverser le plafond et de détruire une bonne partie de son lieu de travail.